Eglises d'Asie

Publié à l’issue du septième Congrès national des représentants catholiques, un rapport détaille le chemin parcouru depuis 1998 et souligne l’importance de « l’éducation politique » dans l’Eglise

Publié le 18/03/2010




Après le septième Congrès national des représentants catholiques, tenu à Pékin du 7 au 9 juillet dernier (1), un rapport de travail a été rendu public. Signé par Mgr Michael Fu Tieshan, évêque « officiel » de Pékin, qui a été réélu à la présidence de l’Association patriotique des catholiques chinois, ce rapport présente un panorama du chemin parcouru depuis 1998, date du précédent congrès. On peut y remarquer, entre autres choses, que l’accent est mis sur l’importance de « l’éducation politique » dans l’Eglise.

Concernant le chemin parcouru depuis 1998, le rapport précise que quinze évêques et huit coadjuteurs ont été ordonnés ces sept dernières années. Il ajoute que 700 nouvelles églises ont été bâties, portant le nombre total des églises en Chine à 6 000. Au sujet des fidèles, on apprend que leur nombre est de 5,3 millions, soit une augmentation de 10 % par rapport à 1998. Ils sont servis par 1 700 prêtres – dont 613 ont été ordonnés depuis 1998. Tous ces nouveaux prêtres ont été formés en Chine, dans les douze grands séminaires (officiels) du pays. Au total, petits et grands séminaires confondus, on compte plus de 2 000 séminaristes. Toujours durant la même période, le rapport dit que 345 religieuses ont prononcé des voux perpétuels ; 3 000 autres ont prononcé des voux temporaires ou sont novices. Enfin, la refonte des diocèses, entreprise depuis plusieurs années et visant à faire correspondre la carte des diocèses à celle des divisions administratives civiles, se poursuit : elle est achevée dans neuf des 31 provinces, régions ou municipalités autonomes du pays.

Au-delà de ces chiffres, le rapport met l’accent sur l’importance de la formation du clergé, des religieuses et des laïcs. Il se félicite du chemin parcouru à cet égard et note que l’importance de « l’éducation politique » a été soulignée de façon répétée ces dernières années. Concernant l’amélioration du niveau de formation, le rapport indique qu’un effort particulier a été mis dans la formation des formateurs, que ce soit par des sessions sur place ou des séjours à l’étranger. Un programme standard a été mis au point pour tout le pays et au moins sept grands séminaires ont été agrandis et rénovés. A propos du séminaire national de Pékin et du séminaire du Hebei, le rapport note que ces deux institutions ont été évaluées en 2000-2001 par le gouvernement et que leur direction a été « rectifiée » pour « formuler et améliorer leurs règlements et systèmes de fonctionnement » (2On se souvient qu’en janvier 2000, les séminaristes du séminaire national avaient refusé d’assister aux ordinations épiscopales organisées par le gouvernement lors de la fête de l’Epiphanie ; ils avaient chèrement payé leur geste, une partie d’entre eux ayant été renvoyés dans leur foyer (3). Enfin, le rapport insiste sur l’importance du travail accompli par les responsables de l’Eglise pour diffuser au sein de l’Eglise la ligne politique définie en 2002 lors du 16e Congrès national du Parti communiste chinois. L’autonomie et l’indépendance de l’Eglise de Chine ont été rappelées dans les manuels en usage dans les séminaires et ailleurs dans l’Eglise, indique le rapport.

Le rapport fait aussi mention de la partie « clandestine » de l’Eglise. Il dit à propos de ces « frères dans le Seigneur qualifiés de « perdus qu’ils ont été « éduqués et aidés à accroître leur compréhension ainsi qu’à se défaire de leurs incompréhensions, afin qu’ils puissent être menés sur la route de l’amour du pays et de l’Eglise ».

A propos de la canonisation le 1er octobre 2000 de 120 martyrs de l’Eglise de Chine à Rome (4), le rapport rappelle que l’Association patriotique et la Conférence épiscopale ont publié un communiqué pour dire leur opposition à cette cérémonie. « Cette action a reçu l’approbation des masses et a établi une bonne image de l’Eglise peut-on lire.

A noter enfin une nouveauté dans ce rapport : l’apparition d’une section consacrée au développement des services sociaux de l’Eglise (secours aux sinistrés de catastrophes naturelles, éducation des enfants pauvres, soins aux personnes âgées, aux handicapés et aux malades). Les dons caritatifs ont atteint 5,4 millions d’euros et l’Eglise a fait construire 60 écoles primaires contribuant ainsi à l’instruction de 3 630 élèves pauvres. Enfin, vingt-deux jardins d’enfants et 174 cliniques et hôpitaux sont gérés par l’Eglise. Au-delà de ces chiffres – difficiles à vérifier -, le fait que ce type de services soit mentionné officiellement semble indiquer que le rôle positif de la religion dans le développement de la société est reconnu, ouvrant ainsi d’éventuelles nouvelles perspectives de développement.