Eglises d'Asie

Réunis pour leur synode annuel, les responsables de l’Eglise catholique se sont intéressés aux causes et aux conséquences de la violence domestique

Publié le 18/03/2010




Réunis du 20 au 23 juillet dernier à Phnom Penh pour leur synode annuel, les responsables de l’Eglise catholique se sont intéressés à la violence domestique, ses causes et ses conséquences sur le couple, les enfants et la jeunesse du pays. Venus des trois circonscriptions que compte l’Eglise du Cambodge, les délégués étaient au nombre d’une centaine et comprenaient, outre les ordinaires, des prêtres et des religieuses, des responsables laïcs de communauté. Après avoir écouté des experts et partagé leurs expériences pastorales, les délégués n’ont pas caché que les familles catholiques du pays ne faisaient pas exception au reste de la population et connaissaient elles aussi des problèmes de violence domestique, immergées qu’elles sont dans le climat qui est celui de la société cambodgienne d’aujourd’hui.

Pour le P. Gérald Vogin, prêtre des Missions Etrangères de Paris et auteur d’une récente étude sur la violence domestique au sein des communautés catholiques rurales de la préfecture apostolique de Kompong Cham, “l’histoire récente du pays se caractérise par la guerre civile, l’incertitude politique et la corruption à tous les niveaux de la société”. Sans même prendre en compte la violence inhérente à la nature humaine, ces trente dernières années ont apporté leur lot de souffrance à quasiment tous les Cambodgiens. “Un quart de la population a péri entre 1970 et 1998, en particulier sous le régime Khmer rouge de 1975 à 1979. Durant cette période, la désorganisation de la société a été presque totale, les structures sociales précédentes ayant été pratiquement détruites a-t-il précisé.

Selon Mgr Antonysamy Susairaj, préfet apostolique de Kompong Cham, les exposés entendus lors de ce synode ont été éclairants car ils ont permis à chacun de réaliser à quel point la violence domestique est répandue. “Avant, a-t-il dit, beaucoup d’entre nous pensaient que la violence domestique était due à l’alcoolisme et à l’extrême pauvreté. Désormais, nous avons compris que ceux qui ne boivent pas et ceux qui sont aisés financièrement connaissent eux aussi des problèmes de violence.” Nos responsables de communauté ont réalisé, a-t-il poursuivi, que la véritable cause de la violence domestique est dans le fait que l’homme considère sa femme comme sa propriété et tient à l’affirmer. Vicaire apostolique de Phnom Penh, Mgr Emile Destombes s’est dit impressionné par la liberté de ton manifestée par les participants au synode. Les laïcs ont fait preuve d’une grande spontanéité pour évoquer les conséquences négatives de la violence dans leur propre famille, a-t-il déclaré.

Organisés depuis 1991 – soit deux ans après le retour des premiers missionnaires dans le pays – (1), les synodes de l’Eglise catholique du Cambodge ont pour objectif de renforcer l’unité de l’Eglise locale et de favoriser le soutien mutuel par l’échange d’expériences pastorales. Réunis deux fois par an entre 1992 et 1998, les synodes ont pris depuis un rythme annuel ; selon leurs organisateurs, ils visent à générer un nouveau dynamisme au sein de cette Eglise d’un peu moins de 20 000 fidèles, après la tourmente des années 1970-1998 et le génocide perpétré par les Khmers rouges.