Eglises d'Asie

A Shanghai, l’Eglise s’appuie sur les sessions estivales de catéchisme pour transmettre aux jeunes enfants la foi et des valeurs chrétiennes

Publié le 18/03/2010




Dans le district de Jinshan, en zone rurale, au sud-ouest de Shanghai, l’Eglise organise chaque été des sessions de catéchisme intensif. Selon le P. Thomas Zhao Fengxian, curé de la paroisse de Baijiacun, ces classes ont un objectif qui va au-delà du simple apprentissage du catéchisme. « Nous apportons une éducation complète aux jeunes qui concerne la croissance de tout leur être précise-t-il, car ce qu’ils apprennent à l’école se limite « aux manuels scolaires, au patriotisme et au socialisme ».

A titre d’exemple, le P. Zhao cite l’usage qu’il fait du classique « Kong Rong offre des poires » auprès des 52 enfants, scolarisés dans le primaire ou le premier cycle du secondaire, qui ont fréquenté cette année la session. Dans ce récit illustrant le devoir de piété filiale, le petit Kong Rong, âgé de 4 ans, choisit de garder la plus petite poire pour lui-même et d’offrir les plus grosses à ses frères aînés, signe du respect qu’il leur doit, et à ses plus jeunes frères, signe de l’attention qu’il leur manifeste. L’usage de tels récits traditionnels de la culture chinoise est nécessaire, explique le P. Zhao, car les sessions ne peuvent se cantonner au seul enseignement de la foi catholique. Dans cette région rurale, défavorisée sur un plan scolaire en comparaison de la zone urbaine de Shanghai, la « communication » entre les parents et les enfants n’est pas très profonde, dit encore le P. Zhao, les parents étant le plus souvent absorbés par leurs activités professionnelles.

En dépit du bienfait évident retiré de ces sessions par les enfants, le P. Zhao se désole du peu de relais que son enseignement trouve au sein des familles. « Les parents parlent rarement de la foi avec leurs enfants et n’évoquent que peu les questions morales, telle l’autodiscipline. L’éducation dans la famille tourne principalement autour des résultats scolaires note-t-il, ajoutant que la génération des parents, au sein des familles catholiques, n’est pas très pratiquante. Ce sont les grands-parents qui emmènent leurs petits-enfants à l’église, les parents se montrant plutôt indifférents quant à leur foi.

Pour le P. Joseph Zeng Hongqin, curé de la paroisse Notre-Dame de Lourdes, si les parents ne sont pas activement partie prenante, il est difficile de stimuler l’intérêt des enfants pour la religion. Dans un tel contexte, « si la société, les familles et les écoles ne coopèrent pas, les classes de catéchisme ne peuvent avoir qu’un impact limité ».

Environ 2 000 enfants prennent part chaque année aux sessions de catéchisme organisées par le diocèse de Shanghai. A l’issue de ces camps d’été, intensifs et d’une durée de deux semaines, une partie d’entre eux font leur première communion et ceux d’entre eux qui ne sont pas catholiques sont baptisés. Le diocèse jouit là d’un traitement de faveur, fait remarquer le P. Zeng, car la loi chinoise interdit de baptiser une personne avant sa majorité, à 18 ans. Shanghai fait exception, le Bureau local des Affaires religieuses exigeant simplement d’être informé à l’avance des dates et du nombre d’inscrits de chaque session catéchétique.

Par contraste, le diocèse de Wenzhou, dans la province voisine du Zhejiang, s’est vu interdire par les autorités l’organisation de sessions semblables. Le diocèse prévoyait une dizaine de classes pour un total de 1 600 enfants, avec un programme intensif calqué sur le rythme scolaire. L’initiative a dû être annulée après que la Sécurité publique et le Bureau local des Affaires religieuses ont mis en garde aussi bien les catholiques « officiels » que « clandestins » que l’instruction religieuse des mineurs n’était pas autorisée.