Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er juillet au 31 août 2004
Publié le 18/03/2010
Le 25 juin, Hun Sen et Ranariddh parviennent à un accord de gouvernement entre le PPC et le FUNCINPEC : les députés procéderont à un vote bloqué, à main levée, pour accorder leur confiance au nouveau gouvernement et élire le bureau de l’Assemblée nationale. Pour cela il faut modifier la Constitution. Claude Goure, juriste français, collègue de Ranariddh à l’université d’Aix en Provence et désormais au service de Hun Sen, justifie cette modification de la Constitution. Une semaine auparavant, Sam Rainsy assure qu’il soutiendra cette procédure, à condition que le vote bloqué porte également sur le programme du gouvernement, négocié pendant près d’un an, et à la condition que le roi accepte de manière explicite cet amendement.
Le 4 juillet, Ranariddh menace Sam Rainsy, qui déclare ce vote bloqué anti-constitutionnel, de ne pas lui donner de postes au sein du gouvernement. Sam Rainsy qualifie la procédure du vote bloqué, à main levée, comme « un coup d’Etat institutionnel Le 5 juillet au soir, Sam Rainsy écrit une lettre à Chéa Sim, président du Sénat, et à Hun Sen, leur proposant de ne modifier que l’article 40 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, sans toucher à la Constitution. Il propose qu’on y ajoute qu’en cas d’impérieuse nécessité, les votes de confiance au gouvernement et les nominations soient faits à main levée. « Nous avons reçu ce courrier, et après en avoir discuté, nous avons décidé de le renvoyer à l’expéditeur sans l’ouvrir affirme le porte-parole du PPC.
Le roi Sihanouk réagit le 4 juillet en citant sur son site Internet une « belle lady » qui déplore « ces inventions à dormir debout, vote bloqué, vote à main levée, chaque invention plus anti-démocratique et plus anti-constitutionnelle l’une que l’autre, le tout enveloppé dans un galimatias juridique par le juriste mercenaire… vrai chef d’ouvre de l’art de maquiller un viol répété et redoublé de la Constitution et des principes fondamentaux de la démocratie Say Bory, ancien membre du Conseil constitutionnel, s’oppose également à la procédure. Plusieurs ONG cambodgiennes de défense des droits de l’homme signent une pétition contre le vote bloqué à main levée.
Le 6 juillet, le roi Sihanouk fait part de sa « décision d’abdiquer dans un proche avenir (.) lorsque le Conseil de la Couronne, avec ses membres au complet, sera en mesure de recevoir sa lettre officielle de démission (.) et d’élire un nouveau roi du Cambodge Pour Sam Rainsy, la lettre du roi est le signe de son désaccord sur la politique du PPC. Il déclare le texte anti-constitutionnel et laisse les députés de son parti voter selon leur conscience. Le 7 juillet, Ranariddh propose au PSR les portefeuilles des ministères de la Santé et des Cultes ainsi que plusieurs secrétariats d’Etat, dont un aux Finances, et des sous-secrétariats d’Etat.
Le 8 juillet, l’Assemblée nationale se réunit pour adopter la loi instituant le vote bloqué. Les 24 députés du PSR boycottent la réunion. Chéa Sim (PPC), Khek Vandy et Mme Norodom Vachéara (FUNCINPEC) sont absents. Le texte de sept articles est adopté par 96 voix, sans débat, à main levée. Sam Rainsy traite les députés FUNCINPEC de « couards les ONG de défense des droits de l’homme déplorent ce vote et y voient une pente glissante vers la dictature. Le 12 juillet, le Sénat approuve le texte, sans débat, par 48 voix sur 49 présents ; les trois sénateurs PSR, ainsi que Chéa Sim, président du PPC, Sisowath Chivanmonirath, premier vice-président, sont absents.
Le 12 juillet, Sam Rainsy interviewé par VOA (Voice of America) accuse Ranariddh d’avoir passé un accord secret avec Hun Sen (pour la succession au trône ? des pots de vin ? On parle de 3, 30, ou 60 millions de dollars). Ranariddh se croit obligé de démentir.
Coïncidence, le 25 juin au soir, date de l’accord Hun Sen-Ranariddh, un nouvel hélicoptère Alouette français arrive par cargo à Sihanoukville, acheté par Ranariddh, qui se rend à Phnom Penh à ses commandes le 27.
En mai, le gouvernement Hun Sen a remis le Falcon-20E à Ranariddh. Cet avion avait été offert au prince en 1993 par une société privée, puis confisqué lors des événements du 5-6 juillet 1997. L’avion est réparé aux frais de l’Etat. « Ce n’est pas un pot de vin, il appartient au prince se doit de préciser Nhiek Bun Chhay, vice-président du Sénat, le 11 juillet.
Le 13 juillet, Chéa Sim, président du Sénat, qui aurait dû signer la loi constitutionnelle au nom du roi, part pour Bangkok, accompagné par Hok Lundi, chef de la police, officiellement pour raisons de santé. Nhek Bun Chhay, vice-président du Sénat, signe la loi à sa place. Le matin du départ de Chéa Sim, vers cinq heures du matin, d’importantes forces de police sont déployées autour de son domicile, pour prévenir, selon le porte-parole du gouvernement, une attaque à la grenade du Conseil constitutionnel ou, selon Heng Samrin, pour prévenir une attaque contre le Sénat. Une coupure générale accidentelle de l’électricité à Phnom Penh, vers 11 heures 30, cause la panique. Sam Rainsy félicite Chéa Sim pour son courage, et dénonce un « triple coup d’Etat » : contre la Constitution, contre le Sénat, et coup d’Etat interne au PPC. Il refuse toute légitimité à la signature de Nhiek Bun Chhay car, en l’absence du roi et du président du Sénat, c’est le président de l’Assemblée qui doit signer. Toutes les hypothèses sont émises concernant le départ précipité de Chéa Sim : dissensions au sein du PPC, la partie fidèle à Chéa Sim aurait été lésée dans le partage des postes ?
Chéa Sim rentrera discrètement au Cambodge le 22 juillet. Il ne fera aucune déclaration. Le 28 juillet, avec un jour de retard, dont on ne s’explique pas la cause, il préside le 13e congrès annuel des moines. Hun Sen, dans une déclaration écrite, diffusée à la radio et à la télévision le 27 juillet, tient à démentir que Chéa Sim ait exprimé quelque réserve que ce soit au sujet du « vote bloqué
Le 25 août, Ranariddh lèvera une partie du mystère en affirmant : « Si on n’avait pas résolu le problème cette nuit-là, le sang aurait coulé et cela aurait été bien plus violent que lors des événements des 5 et 6 juillet 1997. Et ce n’est que quand j’ai résolu le problème avec Hun Sen, que Sam Rainsy est rentré au pays ».
Le 14 juillet, le roi Sihanouk signe un décret nommant Hun Sen Premier ministre, « en référence aux résultats des élections du 27 juillet 2003 et à la loi constitutionnelle additive du 13 juillet 2004 Le FUNCINPEC propose au sénateur PSR Ou Bunlong le poste de secrétaire d’Etat aux finances. Sam Rainsy lui demande de quitter le PSR et d’agir à titre individuel. Le 15 juillet, 96 députés accordent, à main levée, leur confiance au nouveau gouvernement. Ranariddh parle de « journée historique de « succès brillant alors qu’il a tout abandonné de ses revendications initiales. Pour le PSR, la démocratie cambodgienne s’est transformée en « Etat dictatorial et mafieux Même dans les rangs du FUNCINPEC, certains se sentent trahis par Ranariddh.
Hun Sen devient le plus ancien Premier ministre du Sud-Est asiatique et affirme vouloir mener un gouvernement de coalition pendant encore vingt ou trente ans. Ce gouvernement comprend 332 ministres, secrétaires d’Etat et sous-secrétaires d’Etat, ce qui a permis de contenter tout le monde. Le nouvel exécutif a donc grossi de 54 %, notamment le nombre des secrétaires d’Etat qui sont passés de 54 à 135. Les sous-secrétaires d’Etat sont au nombre de 146, soit cinq de plus que dans le précédent gouvernement.
Le gouvernement comprend 28 ministres, dont sept chargés de « missions spéciales avec cinq secrétaires d’Etat par ministère (sept au Conseil des ministres), et autant de sous-secrétaires d’Etat. Quinze anciens ministres deviennent conseillers. Les ministères-clefs restent entre les mains du PPC, mais le FUNCINPEC peut se targuer d’avoir obtenu, en valeur absolue, autant de postes que dans le précédent gouvernement. Hun Sen a renouvelé sa confiance à tous les précédents ministres PPC. Ranariddh, pour sa part, fait entrer Norodom Sirivuddh et Nhiek Bun Chhay, jadis très opposés à Hun Sen, comme deux des huit vice-Premiers ministres, l’un, de plus, comme co-ministre de l’Intérieur, et l’autre comme co-ministre de la Défense. Mu Sochua et Bopha Dévi sont remerciés, mais Norodom Ratana Dévi, fille de Ranariddh, est nommée secrétaire d’Etat au tourisme. Ranariddh, en plus de la présidence de l’Assemblée nationale, reçoit la présidence du Conseil de développement du Cambodge, porte d’entrée des investissements. (Son beau-frère, « Monsieur 20 % pourra peut-être reprendre du service !). Le FUNCINPEC déclare officiellement n’avoir pas trahi le PSR, et garder la porte ouverte pour lui confier des postes.
Selon les calculs de l’ONG d’observation électorale Comfrel, l’augmentation d’effectifs engendrera une dépense supplémentaire de 500 000 dollars, chaque mois, soit 6 millions par an, simplement pour les rémunérations officielles, sans compter les frais alloués à chaque personnalité (salaire officiel d’un vice-Premier ministre : 1 000 dollars ; d’ancien ministre : 750 ; d’un ministre : 500 ; d’un secrétaire d’Etat : 450). « C’est une insulte au peuple déclare la présidente du Centre pour le développement social.
Selon le journal l’Express du 26 juillet 2004, chaque candidat a dû acheter son poste, déboursant jusqu’à 100 000 dollars.
La société civile cambodgienne s’inquiète devant une telle inflation, et regrette que peu de place ait été faite aux techniciens, mais davantage aux politiciens, « comme dans les pays communistes ». « Plus il y a de postes, plus il aura de corruption (.). Cette manière d’agir tue la nation et va conduire le gouvernement tout droit à son autodestruction disent les responsables de deux ONG cambodgiennes de défense des droits de l’homme.
De Pyongyang, le roi Sihanouk, à sa façon, donne son avis :
« – France : superficie 549 000 km , population : 57 500 000 habitants
– Cambodge : superficie : 181 020 km , population : 13 000 000 habitants.
Gouvernement :
– France : 44 membres : 1 Premier ministre, 17 ministres, 13 ministres délégués, 13 secrétaires d’Etat.
– Cambodge : 332 membres : un Premier ministre, sept Vice-Premiers ministres, 15 ministres d’Etat, 18 ministres, 135 secrétaires d’Etat, 148 sous-secrétaires d’Etat.
Tout commentaire de ma part serait superflu. »
Le 15 juillet, Hun Sen et Ranariddh invitent le roi à rentrer au pays. Il refuse le 16. Il demande aux deux hommes de ne pas lui rendre visite à Pyongyang. « Je n’ai plus qu’une solution, c’est l’abdication, mais je refuse de la faire en dehors de ma patrie déclare-t-il. Il annonce que les prochains rois du Cambodge seront des marionnettes à 100 % d’un régime dictatorial.
Le 9 août, les députés commencent à percevoir leurs arriérés de salaire des huit derniers mois. Mille dollars par mois et 800 pour frais divers, soit 12 millions pour l’ensemble. Cet arriéré sera versé en deux fois. Les députés du PSR dénoncent la décision de verser des émoluments aux parlementaires sortants pour les mois d’octobre et de novembre 2003, date à laquelle la nouvelle législature était déjà entrée en fonction. Ils dénoncent cette décision, prise le 8 août par le comité permanent de l’Assemblée nationale, comme « inconstitutionnelle Le PPC fait porter à Ranariddh la paternité de cette décision : « Le prince a mis en avant le fait que ses élus étaient passés de 43 à 26. Pour les remercier de leurs efforts au cours de la campagne électorale, il a pensé à ce petit geste. »
L’Assemblée nationale emploie 700 employés, soit 40 % de plus par rapport à la précédente législature. Une façon, sans doute, de mettre en pratique le principe du partage des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif. Ils étaient 200 à la fin de la première législature en 1998, puis 500 à la veille des élections de juillet 2003. Le PPC a embauché « seulement » 70 personnes, le FUNCINPEC 150 nouveaux collaborateurs. Pour Son Chhay, député PSR, « ce recrutement ne répond à aucun besoin défini et s’est effectué selon une logique clanique et familiale. » Ces employés toucheront un salaire compris entre 75 et 150 dollars. Selon Son Chhay, certains toucheront 300 dollars, ou même 500 dollars. Il accuse en outre les responsables de la précédente Assemblée d’avoir touché un pot-de-vin de 15 millions de dollars dans le cadre de la construction du bâtiment de la nouvelle Assemblée nationale. Le nouveau bâtiment coûtera 25 millions de dollars. Les deux réparations qu’a eu à subir le toit de l’actuelle Chambre des députés auraient été largement surfacturées, passant d’un coût total de 400 000 dollars à 1,6 million de dollars. Ce que démentent les intéressés.
Le 2 août, les députés adoptent à main levée le règlement intérieur de la nouvelle Assemblée par 94 voix sur 116. Aucune modification n’est apportée : pas de convocation du Premier ministre devant l’Assemblée deux fois par mois, ni de mise en place d’un comité spécial pour débattre des levées de l’immunité parlementaire. Le FUNCINPEC semble avoir mis sous le boisseau tout le fruit des négociations des derniers mois.
Haro sur le PSR
Le 17 juillet, Ranariddh promet des postes lucratifs aux membres du PSR qui abandonneraient le parti pour se rallier au FUNCINPEC. Sam Rainsy est en France. « Ne servez pas Sam Rainsy, dit-il, il s’est déjà enfui en France dit Ranariddh. Cinq élus du PSR sont approchés par téléphone. Cependant, son offre ne reçoit aucun écho.
Le 18 juillet, à l’occasion de la cérémonie de passation de pouvoirs au ministère de l’Intérieur, dont Sirivuddh est devenu co-ministre, Hun Sen accuse « un parti qui n’est pas entré au gouvernement » d’avoir créé une milice paramilitaire depuis le 6 décembre 2002, semblable à celle des CCF (‘Cambodgiens luttant pour la liberté’). Il brandit une liste de 280 membres supposés de cette « armée avec noms, photos, adresses et numéros de téléphone, le tout signé par Sam Rainsy. Il lit quelques noms et appelle les membres de cette armée à se rendre au gouvernement dans les trois semaines, après quoi il sévira. Hun Sen annonce la création du service militaire obligatoire.
Les ONG de défense des droits de l’homme accueillent l’annonce de Hun Sen avec scepticisme. Certains y voient une manouvre pour obliger les nouveaux ministres, notamment Sirivuddh et Nhiek Bun Chhay, nouveaux Vice-Premiers ministres et proches de Sam Rainsy, à prendre position. Il voudrait ainsi briser la moribonde Alliance des démocrates et montrer qu’il tient le FUNCINPEC dans sa main. D’autres voient en cette déclaration une attaque d’ONG étrangères critiques du gouvernement, ou tout simplement une volonté de détruire le PSR en éliminant les opposants les uns après les autres et en encourageant les membres du PSR à rejoindre le FUNCINPEC.
L’opposition réagit violemment et nie l’existence d’une telle « armée de l’ombre Elle voit dans les propos du Premier ministre une tentative de provoquer une scission au sein du PSR. Une vingtaine de membres du PSR se réfugient au siège du parti. Cinq membres du PSR affirment avoir subi menaces et intimidations pour avoir refusé des postes au sein du nouvel exécutif. En fait, le PSR a mis sur pied un comité n° 14, dirigé par le député PSR Cheam Channy, chargé de récolter des renseignements concernant les retombées de la politique gouvernementale, un peu comme les « gouvernements de l’ombre » britannique ou australien, notamment pour collecter des informations concernant les litiges fonciers, la démobilisation ou les violations des droits de l’homme par les forces de police et les militaires. Mais il ne s’agit en rien d’une structure militaire. Seize membres du PSR mis en cause dans cette affaire écrivent au roi Sihanouk pour demander sa protection. Le roi demande à Hun Sen de leur « pardonner
Le 20 juillet, Long Sérey, membre du PSR au passé politique problématique, directeur d’une ONG fantôme, annonce que 40 membres du PSR sont prêts à se rendre au gouvernement. Ses déclarations le font se couvrir de ridicule et renforcent la conviction que ces « 40 membres » sont des agents du gouvernement infiltrés dans le PSR. (Ils éprouvent le besoin d’affirmer qu’ils n’ont pas reçu de pots de vin pour témoigner contre le PSR !). Les « enfants des pagodes milice au service du pouvoir, « facilitent » leurs interrogations et leurs déclarations.
Le 27 juillet, sur son site Internet, le roi Sihanouk estime que le Cambodge connaît une crise « extrêmement grave et qui ira, dans les jours et le mois à venir, en s’aggravant
Le 28 juillet, Amnesty International et Human Rights Watch signent un communiqué commun dénonçant les menaces contre les opposants au régime et les confessions de membres présumés de cette « armée contre des promesses d’emploi et d’argent ou des menaces d’emprisonnement.
Le 2 août, de retour des Etats-Unis, Sam Rainsy annonce qu’il a « chassé Ranariddh de la présidence de l’Alliance des démocrates mais ne précise pas comment. Il insiste que la coopération à la base entre les membres des deux partis reste « vivante « même si certains dirigeants ont trahi la promesse et l’idéal d’unir les amoureux de la démocratie Fort du soutien de plusieurs personnalités et institutions américaines, il doute que Hun Sen puisse mettre à exécution ses menaces contre le PSR. « Seule la vérité triomphera dit-il.
Les 3 et 4 août, la Cour militaire convoque deux militants PSR. Réfugiés au siège de leur parti, ils refusent de se rendre à la convocation, « de peur d’avoir à faire de faux aveux sous la menace dit l’un d’eux. « Cette convocation ne consiste qu’en un interrogatoire pour obtenir de simples éclaircissements assure le juge. Les organisations de défense des droits de l’homme (Adhoc et Licadho) ainsi que le bureau de l’ONU, prient l’association d’aide juridique Cambodian Defender Project (CDP) d’assurer la défense des opposants. « Près de deux cents personnes se sont présentées dans les provinces de Banteay Meanchey et de Battambang indique Mol Roup, chef du service de renseignement militaire.
Le 9 août, les présidents et vice-présidents de chaque commission, tous élus du PPC et du FUNCINPEC, désignés par le « vote bloqué » du 15 juillet, décident que le PSR ne sera représenté dans aucune des neuf commissions de la nouvelle Assemblée nationale. Il ne pourra donc pas participer à l’élaboration des lois et se retrouve exclu de tous les organes de décision. « Ce n’est pas très démocratique, je suis très surpris commente Sam Rainsy. Les députés du PSR déplorent cette « violation flagrante des droits de plus d’un million d’électeurs du PSR Le 12 août, les députés PPC et FUNCINPEC approuvent à l’unanimité, à bulletins secrets, commission après commission, la composition des neuf commissions de l’Assemblée nationale. Les 24 élus du Parti Sam Rainsy, présents à l’ouverture de la séance, s’abstiennent ou votent contre lors du vote des deux premières commissions, puis quittent l’hémicycle. « L’Assemblée nationale n’est plus digne de porter son nom déclare Sam Rainsy. Le 19 août, Ranariddh justifie l’exclusion du PSR : le PPC et FUNCINPEC ont tenu à faire payer au PSR son boycott de la séance consacrée à l’adoption de la loi constitutionnelle instaurant la procédure du vote bloqué.
Le 20 août, les sénateurs votent pour compléter leurs commissions : le PSR en est exclu.
Hun Sen et Ranariddh se rendent en France, séparément, à titre privé. Ils y auraient eu trois rencontres et rentrent au Cambodge le 18 août.
Le 24 août, une centaine de militants du PSR, dont douze membres du comité directeur du parti, passent au FUNCINPEC. « Ils obtiendront tous un poste en fonction de leurs compétences précise Séreï Kosal, secrétaire général adjoint du FUNCINPEC. « Cela pourra être sous-secrétaire d’Etat ou vice-gouverneur de district ou de province. » Au PSR on insiste sur le fait que « ces éléments s’en vont parce qu’ils sont attirés par l’argent et les honneurs Par contre, le 25 août, Mme Mu Sochua, ancienne ministre des Affaires féminines, jouissant d’une réputation d’intégrité et d’une popularité certaine dans les milieux humanitaires, annonce officiellement qu’elle quitte le FUNCINPEC, qu’elle avait rejoint en 1995, pour le PSR. « Je souhaite voir vivre les gens dans la dignité, même si c’est dans la pauvreté. Je cherche seulement à trouver un endroit qui me permette de poursuivre ma lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme. Je choisis un parti politique me permettant de m’exprimer librement dit l’ancienne ministre. Pour le FUNCINPEC, Mme Mu Sochua est dépitée de n’avoir pas été mise en meilleure position pour la députation de Phnom Penh. Ranariddh profite du ralliement pour traiter Sam Rainsy de « gesticulateur qui ne rentre dans le jeu qu’une fois la situation réglée sans aucun projet politique, et qualifie le PSR de parti « perturbateur. »
Le secrétaire du PSR commente ces défections : « Le FUNCINPEC s’est engagé dans une stratégie suicidaire en proposant à des nouveaux venus des postes alors que les anciens n’en ont pas. Cela va déboucher à coup sûr sur une crise interne. »
Menace d’abdication du roi
Le 6 juillet, le roi Sihanouk fait part de sa « décision d’abdiquer dans un proche avenir (.) lorsque le Conseil de la Couronne, avec ses membres au complet, sera en mesure de recevoir sa lettre officielle de démission (.) et d’élire un nouveau roi du Cambodge. »
Le 9 juillet, le roi repousse la date de son abdication de quelques mois, mais sa décision est « irrévocable Il s’installera à Siemréap, en septembre ou octobre prochain. Le 10, le roi annonce qu’il revient sur sa décision, en réponse à la demande expresse du vénérable Tep Vong, patriarche suprême de l’ordre Mohanikai, proche du PPC. Le roi semble ulcéré de constater qu’on se passe très bien de lui pour résoudre les problèmes du pays.
Le 28 juillet, le roi annonce qu’il ne rentrera pas au Cambodge tant qu’il ne pourra pas mettre à exécution son projet d’abdication. Le 29, dans son ensemble, la classe politique se dit opposée à l’intention du roi d’abdiquer. Le 2 août, le roi réitère son intention d’abdiquer, dès que le vénérable « Tep Vong lui en donnera l’autorisation ». Il se retirera alors à Siemréap, sans cabinet, ne répondra plus à son courrier, fermera son site Internet, n’enverra plus de photos dédicacées, n’accordera plus d’audiences diplomatiques. Il attendra la mort dans la sérénité. A son retour de Pékin où il a rendu visite au roi, le 6 août, le vénérable Tep Vong appelle « tout le monde » à cesser de s’agiter sur cette question d’abdication.
Le roi a quitté le Cambodge le 19 janvier pour la Chine où il est resté trois mois, puis a vécu quatre mois dans son palais à Pyongyang. Le 3 août, il rejoint Pékin. Il y attendra le moment où il sera autorisé à abdiquer.
Ruom Ritt, « ami d’enfance du roi, domicilié dans les Pyrénées orientales » (qui n’est autre qu’un pseudonyme du roi), reprend sa correspondance avec le monarque pour fustiger le royaume utopique du Keampucham « kafkaïen et ubuesque » au nombre pléthorique d’« excellences et où « il est plus aisé de compter les étoiles dans le ciel que celles des généraux
Le 3 août, le roi signe un décret instituant la reine Monique « ancienne reine du Cambodge en cas d’abdication et de mort du monarque.
Le 4 août, Hun Sen se prononce sans ambiguïté sur l’abdication du roi, qui est, en quelque sorte, prisonnier de la Constitution qui ne prévoit pas son abdication. Sam Rainsy avait proposé, la veille, d’amender la Constitution, par respect des libertés individuelles, mais Hun Sen répond qu’il n’est pas un enfant pour s’occuper de cette histoire d’abdication, qu’il n’a pas le temps pour cela, et craint les conséquences d’une abdication subite. Le 5 août, le roi déclare qu’il se murera dans le silence, loin de son pays.
Le 18 août, dans une volte face dont il a le secret, le roi Norodom Sihanouk annonce qu’« ayant reçu les sollicitations du vénérable Tep Vong et de ses compatriotes bien-aimés il retournera au Cambodge avant la fête de Phchum Ben, (la fête des morts, le 13 octobre), sans poser aucune condition. Cette annonce est interprétée comme un signe d’apaisement. Le 20 août, le roi précise qu’il n’a pas changé d’idée quant à son abdication : « Je n’abdiquerai que lorsque j’aurai obtenu de Sa Sainteté Tep Vong sa haute permission de le faire. »
Le 18 août, Sam Rainsy s’envole pour Pékin en « visite touristique et familiale mais annonce qu’il y rencontrera le roi. Les responsables des deux autres partis annoncent qu’ils iront, eux aussi, rendre compte au roi de la résolution de la crise politique.
Décentralisation
Les deux srocks de Battambang et de Siemréap, dans les provinces du même nom, ont été retenus pour mettre en ouvre un projet pilote de décentralisation. Les fonctionnaires devront théoriquement désormais rendre des comptes à leurs administrés. Trois grands bureaux vont ouvrir leurs portes dans chacun des deux srocks : un conseil de consultation chargé d’étudier des projets de développement ; un guichet unique pour faciliter l’ensemble des procédures administratives ; un bureau des citoyens. Cette structure vise à réduire la corruption. Asia-Urbs, la fondation Konrad Adenauer ainsi que deux collectivités locales allemande et italienne soutiennent financièrement le projet. Vingt à trente fonctionnaires viendront renforcer les effectifs actuels et percevoir un complément mensuel de rémunération de 50 dollars. Au total, le gouvernement a prévu d’allouer à chaque district un budget de fonctionnement annuel de 6 000 dollars environ.
Montagnards
A la fin du mois de juin, quinze députés de l’opposition écrivent à la reine, présidente d’honneur de la Croix-Rouge cambodgienne (CRC), pour lui demander l’aide de la Croix-Rouge en faveur des 250 demandeurs d’asile, cachés dans les forêts infestées de malaria de Ratanakiri et de Mondolkiri. La reine intervient auprès de Hun Sen. Au début du mois de juillet, le roi Sihanouk demande au ministre du Palais royal de faire distribuer des aides, qui, selon le ministre, s’élèvent à 54 dollars par famille. Cependant, le 4 juillet, les envoyés royaux, en compagnie de ceux de la Croix-Rouge cambodgienne, ne parviennent pas à rencontrer les réfugiés qui préfèrent rester cachés. L’association de défense des droits de l’homme ADHOC regrette que l’on ait fait appel à la CRC, qui fonctionne comme agent du gouvernement, de préférence au HCR (Haut Commissariat aux réfugiés) ! Les officiels tentent d’offrir de l’argent aux Montagnards cambodgiens qui leur indiqueront les caches de leurs congénères vietnamiens et menacent de prison ceux qui viennent en aide aux réfugiés.
Les tribus montagnardes du Cambodge sont des Kreung, des Tapoun, des Brau, des Kavet ; elles ont eu souvent, par le passé, à lutter contre les tribus Djarai présentes au Vietnam. Malgré tout, elles se sentent solidaires d’un même combat, pour la défense de leurs terres ancestrales prises par les Vietnamiens ou les Khmers.
Le 6 juillet, Hun Sen assure que les autorités gouvernementales et provinciales n’ont trouvé aucune trace des réfugiés. Il estime d’autre part que ces réfugiés fantômes pourraient être des forces hostiles à Hanoi, cherchant à faire sécession. Il menace d’envoyer l’armée pour les refouler. La veille, cinq Djarais, terrifiés et à demi morts, avaient été interviewés.
Le 11 juillet, le HCR reçoit l’accord « non officiel » du gouvernement pour dépêcher des équipes à Ratanakiri. Le 16 juillet, une équipe du HCR, une importante délégation des ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur, les autorités provinciales de Ratanakiri et de l’Adhoc, se rendent à O Ya Dao, dans la province de Ratanakiri. Les membres de l’Adhoc conduisent l’équipe du HCR auprès des réfugiés qui font confiance au HCR. Plus de 294 Montagnards sont soignés et acheminés progressivement à Phnom Penh dans les semaines qui suivent. Le gouvernement cambodgien fait savoir que le HCR a un mois pour leur trouver un pays d’accueil, sinon ils seront renvoyés au Vietnam. Hanoi critique violemment le HCR, l’accusant d’attirer les Montagnards au Cambodge.
Phnom Penh et le HCR s’opposent toujours en ce qui concerne la réouverture de deux bureaux du HCR à Ratanakiri et à Mondolkiri. Le 25 juillet, un journaliste de Radio Free Asia et un reporter du Cambodia Daily qui accompagnent des réfugiés sont arrêtés par les autorités provinciales qui répètent que « seul le HCR a le droit d’emmener les Montagnards dans ses locaux Ils sont relâchés le 27 juillet.
Selon l’Adhoc, un groupe de 46 nouveaux réfugiés, dont dix femmes, est arrivé au Cambodge début août. Mais la police bloque les routes de la région, interdisant tout contact avec eux. Le 9 août, le gouvernement autorise le HCR à leur rendre visite, en compagnie de fonctionnaires. Par contre, il maintient l’interdiction d’ouvrir des centres d’hébergement pour les réfugiés, puisque leur séjour au Cambodge n’est que provisoire. Le 12 août, l’équipe du HCR prend en charge le nouveau groupe de 46 Montagnards. A peine les avait-elle trouvés et conduits à l’abri dans une villa de Banlung que la présence d’autres réfugiés, une cinquantaine au total, lui est signalée à Andong Méas : deux groupes avec douze personnes gravement malades, huit autres dans le district de Lumphat. Ce groupe est transporté à Phnom Penh le 21 août, mais l’Adhoc annonce qu’une trentaine d’autres sont encore terrés dans la forêt.
Selon la presse officielle vietnamienne en date du 13 août, neuf membres de minorités ethniques Edé et Djaraï, des Hauts Plateaux du centre du Vietnam, sont condamnés à des peines allant de cinq à douze ans de prison pour « activités anti-gouvernementales
Le 20 août, le quotidien gouvernemental vietnamien Tuôi Tre a annoncé la suspension « temporaire » des migrations et l’implantation de colonies de peuplement sur les Hauts Plateaux du centre, pour ne pas aggraver la pression foncière. Plus d’un million de Kinhs (l’ethnie majoritaire du Vietnam, avec 87 % de la population) se sont installés dans les Hauts Plateaux du centre depuis la fin de la guerre du Vietnam, en 1975. Les autorités rasent les espaces forestiers pour promouvoir l’agriculture, en particulier la production du café. Les ethnies de la région y sont désormais en minorité.
Diplomatie
Le 7 juillet, Hun Sen annonce que le Cambodge refusera de se rendre au sommet Asie-Europe (ASEM), en octobre, à Hanoi, à moins que l’Union européenne (UE) ne revienne sur sa décision de fermer la porte à la Birmanie. Il affirme rester solidaire du régime de Rangoun. L’UE a demandé que ses dix nouveaux membres puissent y participer, en échange de quoi Hun Sen demande que les trois derniers membres de l’ASEAN (Birmanie, Cambodge, Laos) y participent également, sans condition.
Le 10 août, le général Khin Nyunt, Premier ministre du Myanmar, effectue une visite éclair de six heures à Phnom Penh ; il est accueilli avec faste. Cette visite vise à resserrer « les liens d’amitié et la coopération entre les deux pays
Les pêcheurs cambodgiens se plaignent de plus en plus souvent de l’intrusion de bateaux vietnamiens dans les zones de pêche cambodgiennes. On parle de centaines de bateaux qui utilisent de grands filets, causant d’innombrables dégâts dans les eaux cambodgiennes. La saison de pêche en mer commence après le nouvel an khmer et finit vers octobre.
– Le 28 juin, deux marins cambodgiens sont tués par les garde-côtes vietnamiens, un troisième est relâché.
– A la fin du mois de juillet, près de 80 pêcheurs vietnamiens, embarqués sur dix chalutiers immatriculés au Cambodge sont arrêtés à Sihanoukville. Ils sont reconduits à la frontière le 3 août.
– Le 19 août, 17 pêcheurs vietnamiens sont interpellés au large de Kampot et poursuivis pour entrée illégale sur le territoire cambodgien et pêche illégale.
Le 29 juillet, le vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères se rend en visite pour cinq jours au Cambodge. Cette visite est entourée du plus grand secret.
ECONOMIE
Le 4 août, le représentant du FMI (Fonds monétaire international) dresse un bilan sombre sur dix années d’aide internationale au Cambodge. Il prévoit une chute de la croissance pour 2005, passant de 4,3 % cette année à 1,9 % en 2005. S’il refuse de qualifier le Cambodge d’« Etat mafieux comme le fait un article du Figaro, il se montre pessimiste sur l’avenir. Après la disparition des quotas américains en 2005, les exportations de confection textile devraient chuter de 11,5 %. Avec 300 000 jeunes arrivant chaque année sur le marché de l’emploi, le pays devrait créer beaucoup d’emplois en développant la production de matières premières (lesquelles ?) et réduire les coûts de production.
L’aide étrangère, représentant 12 % du PIB, a été absorbée à 5 % par la coopération technique, dont une grande part sert à régler les salaires des expatriés. Seuls 8 % ont été consacrés au développement rural, alors que 80 % de la population vit de l’agriculture. Si 36 % du territoire est cultivable, soit 6,5 millions d’hectares, seuls 2,4 millions d’hectares sont exploités, et 0,3 million irrigués.
Le 20 août, le roi évoque le modèle ultra-libéral qui prévaut et « qui rend possible, et sans doute de plus en plus musclé, un capitalisme khmer et étranger qui sanctifie une corruption généralisée du haut jusqu’en bas de la hiérarchie, sans frein, sans limite et immortelle, qui écrase sur son passage les petits et les sans-grade, le petit peuple qu’on prive de ses terres et de ses droits fondamentaux et qui élève au rang de souverains absolus les compagnies khmères, khméro-étrangères et étrangères, les ‘naturalisés’ richissimes, les mafiosi
Avec la formation d’un nouveau gouvernement, les prix de l’immobilier augmentent de 5 à 15 % à Phnom Penh, de 20 % dans la périphérie de la capitale, de 10 à 40 % à Siemréap. En conséquence, les loyers baissent en raison de l’augmentation de l’offre.
Bois
Le 6 juillet, Global Witness dénonce une nouvelle fois la gestion des parcs nationaux dont des pans entiers sont cédés à des intérêts privés. 18 000 hectares de la réserve de Botum Sakor, près de Koh Kong, sont cédés à la société sino-khmère Green Rich pour les transformer en plantation d’acacias.
Le 19 juillet, le directeur du parc national du Bokor se plaint de ce que des militaires de haut rang et des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture organisent le pillage de sa forêt.
Le 22 juillet, le ministère de l’Agriculture envisage de lever l’interdiction de transport des grumes coupées avant l’interdiction de Hun Sen en décembre 2001. Les ONG de défense de l’environnement et les représentants des pays donateurs voient dans cette mesure une autorisation larvée de coupes illégales des forêts cambodgiennes. La BM serait d’accord avec la levée de l’embargo, au grand dam de Global Witness qui écrit une lettre de protestation à la BM, qui lui « donne l’impression de soutenir les crimes forestiers et de favoriser les intérêts des puissantes sociétés plus que ceux des Cambodgiens pauvres
Le 20 août, la Société générale de surveillance (SGS), observateur indépendant de la politique forestière du gouvernement, rend public son deuxième rapport trimestriel depuis son entrée en fonction en février dernier. L’agence déclare que les 223 cas de crimes forestiers qui lui ont été signalés ont été « convenablement traités » par l’administration des forêts. Celle-ci « a répondu aux rapports des ONG et de SGS, et est intervenue dans l’ensemble des affaires que la SGS a contrôlées auxquelles l’agence a eu accès Cependant, pour un conseiller de Global Witness, tout est dans la nuance : « auxquelles l’agence a eu accès ». « La SGS n’a pas le droit de mener des investigations par elle-même, elle n’a accès qu’aux affaires que le gouvernement lui soumet. L’agence n’est pas indépendante, elle est muselée. La SGS n’a pas été en mesure d’enquêter sur des affaires plus graves rapportées au département des inspections par Global Witness. »
A la fin août, la sécheresse s’installe dans plusieurs provinces du pays, menaçant les récoltes. Kompong Speu compte parmi les provinces les plus touchées avec Takéo, Prey Veng et Svay Rieng. La déforestation massive semble ne pas être étrangère à cette catastrophe.
Les paysans délaissent leurs rizières pour attraper les serpents qui se vendent entre 2 et 20 dollars le kilo. Cependant, cette chasse aux reptiles fait pulluler les rats, qui se vendent par quantités astronomiques aux Vietnamiens, friands de cette chair délicate, à environ 30 centimes d’euro le kilo.
Le 23 août, quatre hommes, sans doute deux gardes du corps du gouverneur provincial, le responsable du bureau des relations avec l’Assemblée nationale et le Sénat, ainsi que le responsable du service des constructions au bureau provincial du PPC, ouvrent le feu sur le bureau de l’administration forestière du district de Tbeng Meanchey, dans la province de Préah Vihéar. Ils ont sans doute agi pour protester contre l’arrestation d’auteurs de crimes forestiers, libérés par le gouverneur.
Sel
D’importateur de sel, le Cambodge est passé au statut d’exportateur : jusqu’en 2002, il importait du sel de Chine ou du Vietnam, il en produit désormais 110 000 tonnes contre 80 000 tonnes l’an dernier, alors que sa consommation n’excède pas 70 000 tonnes. Une société coréenne serait prête à en importer 50 000 tonnes chaque année, ainsi que du manioc.
Commerce
Le commerce avec le Vietnam s’est accru de 31 %, passant de 98 millions de dollars en 2002 à 129 millions en 2003. Les produits vietnamiens sont désormais peu chers et de bonne qualité.
Le ministère des Postes et Télécommunications interdit à six casinos situés à la frontière thaïlandaise d’utiliser les réseaux « Thaï Interphone » et « Leased line Ils doivent se brancher sur le réseau cambodgien avant le 30 septembre. De même, le gouvernement veut supprimer les communications pirates par Internet, l’Etat perdant entre 1 et 2 millions de dollars chaque année.
Aviation
Le 8 juillet, le Cambodge reprend le contrôle aérien d’une partie de son territoire, contrôlée depuis trente ans par son voisin thaïlandais. Cependant, un accord conclu entre le gouvernement avec la compagnie thaïlandaise Samart laisse à cette dernière le contrôle effectif de la zone rétrocédée. En 2001, Samart a investi 11,5 millions de dollars dans un radar de surveillance, et va en investir 5 millions supplémentaires dans un système de surveillance de l’aéroport de Siemréap.
L’élargissement de la piste de l’aéroport de Pochentong, de 40 à 45 m. est achevé, permettant ainsi l’atterrissage des Boeing 747. Cela a nécessité un investissement de 5 millions de dollars. Une nouvelle zone d’arrivée pour les vols intérieurs de 1 550 m est également achevée, pour un coût de 400 000 dollars.
Après près de deux ans de négociations, le gouvernement signe un contrat avec la compagnie thaïlandaise Phuket Air, qui devrait injecter 6 millions de dollars en cash, sur un capital estimé à 8 millions, et Air France Consulting, gestionnaire de la nouvelle compagnie, dont le directeur général sera un ancien France. Le président du conseil de surveillance sera un Cambodgien. Le gouvernement entrera dans le capital par le biais d’un apport en nature (droits de trafic, mise à disposition d’un bureau à l’aéroport et d’un hangar pour la maintenance des appareils). La nouvelle compagnie nationale bénéficiera en outre d’un droit de « priorité » en cas de concurrence sur une même ligne. Air Cambodia, qui disposera à ses débuts d’au moins deux Boeing 737, devrait voler à destination de Hongkong, Bangkok, Singapour, Kuala Lumpur ou encore Shanghai. L’utilisation de Boeing 757 est encore conditionnée à la possibilité d’exploiter la ligne Phnom Penh-Séoul.
Tourisme
Au début du mois d’août, cinq touristes japonaises sont ligotées dans leur chambre d’hôtel tandis que trois hommes armés les délestent de leur argent. Dans la nuit de 10 au 11 août, un couple de Canadiens et une Anglaise subissent une mésaventure similaire, à Sihanoukville. Les autorités prennent des mesures pour éviter que ne soit ternie l’image du pays. Le 1er avril, une Canadienne, âgée de 25 ans, avait été violée à Kompong Som par un homme armé.
Le 13 août, le ministre du Tourisme demande à une délégation de parlementaires venue de Thaïlande une aide de 1 à 1,5 million de dollars pour bâtir les nouveaux locaux du ministère.
Le 22 août, un hôtel de 50 chambres, situé sur la route des temples à Siemréap, est victime du cambriolage des coffres de sécurité mis à la disposition des clients. Deux Français, un couple d’Australiens et un Franco-Thaïlandais ont perdu argent, carte de crédit et passeport. Le climat d’insécurité grandit à Siemréap où les agressions en plein jour se multiplient.
Pierres précieuses
Durant la première semaine d’août, une société commence des travaux de recherche de pierres précieuses à Ratanakiri, avec de gros moyens mécaniques, au terme d’un accord secret avec le gouvernement.
Investissements et aides
Selon un rapport de la Banque mondiale (BM), le Cambodge se doit de dynamiser la productivité des entreprises et travailleurs cambodgiens, qui sont loin derrière celles de la Chine, de l’Inde, du Pakistan et du Bangladesh. La corruption en tête de liste des problèmes. 71 % des grandes compagnies privées interrogées auraient indiqué payer « fréquemment » des pots-de-vin, qui représenteraient plus de 5 % de leur chiffre d’affaires, une proportion deux fois plus élevée que celle enregistrée par les entreprises installées au Pakistan, au Bangladesh ou en Chine. La durée de mise en place d’une compagnie est une des plus longues d’Asie du Sud-Est : il faut 94 jours pour monter une entreprise au Cambodge, contre 42 chez son voisin thaïlandais. Le nombre des inspections du gouvernement est exceptionnellement élevé, en moyenne seize par an. Les délais à l’importation et à l’exportation, la masse de documents à remplir et les pots-de-vin à verser à la frontière pour accélérer le passage contribuent à faire fuir les investisseurs et à ralentir les échanges. « Il est aujourd’hui impossible de savoir où nos politiciens placent leur argent : dans les banques, à l’étranger, sous leur matelas dit le ministre du Commerce.
Le 20 août, lors du Forum du secteur privé, Hun Sen présente les réformes que le gouvernement entend mettre en ouvre « immédiatement » pour dynamiser le secteur privé. Les investissements directs ont en effet chuté de 242 millions de dollars en 1998 à 53,8 millions en 2001, d’après les chiffres de la Banque mondiale. La BM relève la quasi-inexistence d’un secteur privé capable de répondre aux exigences de la pression démographique. « Si on ne se débarrasse pas de la corruption, nous perdrons tout investissement et nous mourrons s’écrie le Premier ministre. Hun Sen annonce la création, pour le 1er septembre, d’un processus d’inspection conjoint entre les douanes et l’agence Camcontrol, afin d’accélérer les entrées et sorties de marchandises. A partir du 1er septembre, le coût des formalités passera de 615 dollars à 177 dollars. Parallèlement, les démarches d’enregistrement pourront être accomplies en dix jours, contre trente actuellement. Enfin, depuis le 13 août, les investisseurs recevront théoriquement une réponse à leur demande sous 28 jours. « Maintenant que les engagements sont pris, il sera difficile au gouvernement de ne pas les tenir commente un entrepreneur optimiste.
A la fin de l’année 2003, 2 200 km de routes nationales, soit environ la moitié du réseau du pays ont été réparées ou reconstruites, ainsi que 3 000 km de routes secondaires ou tertiaires (sur un total de 7 672 km). En dix ans, près de 2 milliards de dollars ont été dépensés pour la réfection des routes. En 2003, est lancé un programme de maintenance de 1,75 million de dollars, financé par le Japon.
Le 11 juillet, est lancé le chantier de « la route Hanoi d’une dizaine de kilomètres, au nord de Phnom Penh. Les travaux coûteront 600 000 dollars, dont 300 000 versés par la ville de Hanoi, le reste par la municipalité de Phnom Penh (280 000) et la Banque asiatique de développement. Les travaux sont interrompus à la fin août, suite à l’intervention de l’ONG américaine PILAP, qui défend les droits des expropriés.
Le 30 août, sont lancés les travaux de réfection de la route Kampot-Trapéang Ropeuou et du pont de Kampot, financés par la Corée du Sud. La Corée avait menacé de suspendre son aide à cause de l’attribution du contrat à une société cambodgienne dans des conditions douteuses.
Les 48 km de la ligne de chemin de fer Poïpet-Sisophon vont être réparés, grâce à un don en matériel de la Malaisie, pour une valeur de 8 millions de dollars. Au total, les travaux s’élèveront à 16,5 millions.
Deux patrouilleurs de la marine australienne mouillent au port de Sihanoukville, du 31 août au 3 septembre. « Cette visite renforce les liens étroits établis entre l’Australie et le Cambodge à travers le Programme australien de coopération en matière de défense et suit la visite de deux bâtiments démineurs en mai 2003. »
Une société coréenne lance un vaste projet de développement agricole dans la région de Battambang et offre la garantie d’acheter les produits. Actuellement, 200 hectares font partie du projet, mais on prévoit d’étendre ce programme sur 20 000 hectares.
SOCIETE
Chômage des diplômés
Chaque année, 300 000 jeunes arrivent sur le marché du travail, dont 35 000 détenteurs d’un diplôme de cycle supérieur. Un peu moins de 10 % des étudiants ayant achevé leur cursus universitaire obtiennent chaque année un emploi. Ce chômage est dû en grande partie à l’étroitesse du marché du travail, et plus particulièrement à la faiblesse du secteur privé. « Les jeunes instruits se tournent plein d’espoir vers les organisations humanitaires, alors que cette voie est embouteillée, et qu’au fil des ans les effectifs seront amenés à être réduits. » Les investisseurs étrangers, la plupart chinois, donnent souvent la préférence à leurs proches et à leurs amis, et non aux plus qualifiés. Seuls les secteurs de l’éducation et de la santé offrent des emplois aux diplômés. L’Education nationale aurait déjà embauché 5 000 jeunes diplômés.
Les diplômes ont souvent peu de valeur, du fait d’un enseignement inadéquat ou bien parce qu’ils ont été achetés. Les jeunes veulent tous apprendre l’anglais et les nouvelles technologies, alors que le pays est encore majoritairement agricole et que c’est dans le secteur du développement rural que l’on en aurait besoin. Selon un chercheur du CDRI, le pays s’encombre de sur-diplômés souvent incompétents, et s’expose à une crise que doit à tout prix prévenir le gouvernement. Avoir étudié longtemps pour se retrouver chômeur ou à des postes inférieurs à ses compétences génère frustration et colère, prévient-il. « Jusqu’à présent, les étudiants ne se sont pas révoltés, parce que le parti au pouvoir les tient sous son contrôle. Mais si leurs problèmes sont encore trop longtemps ignorés, des émeutes pourraient éclater. » C’est une situation semblable qui a poussé beaucoup de jeunes intellectuels des années soixante vers les Khmers rouges.
Le 19 juillet, un chercheur de la Banque mondiale affirme que l’an dernier, le gouvernement n’a versé que 38 millions de dollars au titre de la protection sociale, alors que les ONG et pays donateurs en ont déboursé près de 500, dont 200 dans le soutien direct aux indigents. Déjà, en avril 2004, un rapport de la BM estimait que 43 % de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté (38 % en 1992), en dépit des milliards de dollars déversés sur le pays depuis dix ans et des multiples plans de lutte contre la pauvreté.
Mouvements sociaux
Le 1er juillet, plus d’une centaine d’employés de l’usine textile Top World Garment manifestent en protestation contre la direction qui refuse de suivre la décision du Conseil d’arbitrage lui demandant de payer les frais de transport de ses employés pendant six mois, suite à un déménagement de l’usine. Le 13 juillet, la Cour municipale de Phnom Penh, saisie par la direction de l’usine, confirme la décision du Conseil d’arbitrage. En revanche, elle autorise la direction à suspendre 27 grévistes, le temps de réunir des preuves susceptibles de justifier leur licenciement définitif.
Une pétition signée par 97 représentants de l’Union syndicale de l’hôtel Raffles de Siemréap, signée par l’IRI (International Republican Institute), l’OIT (Organisation internationale du travail), l’ACILS (American Center for International Labor Solidarity), le CLO (Cambodian Labor Organization), le CCHR (Cambodian Center for Human Rights), le FOS (Fund for Development Ccooperation), la Licadho et l’Adhoc, demande à la direction singapourienne de régler rapidement le conflit. NGO Forum, structure regroupant 70 ONG, demande pour sa part la réintégration des 97 employés licenciés en avril. Le 30 juillet, la Korean Confederation of Trade Unions demande aux ambassades de Corée de boycotter les hôtels du groupe Raffles. Le 3 août, les trois plus importantes fédérations syndicales russes écrivent à l’ambassade de Russie à Phnom Penh pour leur demander de boycotter les deux hôtels Raffles du pays. Cela est d’autant plus important qu’un hôtel Raffles doit ouvrir ses portes à Moscou. Le même jour, la branche asiatique de Union Federation dépose une plainte devant l’OMC. Une collecte est organisée par la Licadho pour venir en aide aux grévistes privés de tout moyen de subsistance. Cependant, l’unité des grévistes s’effrite devant les difficultés de la vie sans revenu.
Le 9 août, 75 employés sur les 97 licenciés auraient apposé leur empreinte sur un document dénonçant la « trahison » de la Fédération des employés du tourisme à laquelle appartient le syndicat du Royal. La direction du Royal aurait proposé au directeur du syndicat de l’hôtel d’engager les discussions pour la réintégration des employés à trois conditions : que le syndicat coupe ses liens avec la Fédération, que les employés cessent leurs appels au boycott et enfin qu’ils certifient par lettre qu’il n’y a plus de problème au Royal afin de restaurer la réputation de l’établissement.
Le 12 août, le Conseil d’arbitrage somme le Grand Hôtel Angkor, de Siemréap, de réintégrer ses quelque 200 employés licenciés.
Le 12 juillet, 500 ouvriers de l’usine You Chheng se mettent en grève. Ils dressent une liste de 27 revendications, dont la réintégration de douze représentants syndicaux abusivement licenciés, et le renvoi du nouveau responsable de l’administration. La police disperse les manifestants.
Le 27 juillet, environ 1 000 employés de l’usine textile Ocean Garment se mettent en grève pour protester contre un cadre de maîtrise bengali qui a frappé une ouvrière et lui aurait proposé 1 dollar de dédommagement. La direction est contrainte d’en offrir 500.
Le 16 août, 154 ouvriers de l’usine de confection textile Theer View sont pris de divers malaises et conduits à l’hôpital Préah Kossomak, où l’on diagnostique des carences en calcium et de l’hypoglycémie, mettant en cause les conditions de travail auxquelles ces ouvriers sont soumis.
Aux environs du 15 août, un millier d’ouvriers de l’usine Genuine cessent le travail en protestation contre le comportement d’une contremaître. Le 25 août, les policiers les dispersent à coup de matraques. La déléguée syndicale est elle-même blessée. A Kompong Chhnang, la présidente du syndicat qui a appelé à la grève dans l’usine Im Ve est interrogée pendant deux heures par la police.
Spoliations
Le 23 juillet, 66 personnes, représentant 21 familles du village de Ang Méas (province de Kompong Speu), viennent déposer une pétition au cabinet du Premier ministre pour expropriation abusive de quinze hectares par un exploitant de carrière, aidé par l’armée.
Le 26 juillet, 60 personnes représentant 200 familles d’un village de Poïpet tentent d’alerter les autorités locales sur la menace d’expulsion qui pèse sur elles, lancé par le nouveau ministre du Développement rural qui prétend être propriétaire du terrain où vivent ces familles depuis 1991.
Vers le 15 juillet, plus de 150 familles de Phnom Srouch, dans la province de Kompong Speu, qui avaient acheté des terres l’an dernier, apprennent que, le 4 mars dernier, le ministère de l’Agriculture a loué 4 900 hectares de terres, pour 70 ans, à la société agro-alimentaire cambodgienne Henan. Des bulldozers conduits par des militaires commencent leur travail. Un litige foncier portant sur 800 hectares oppose 806 familles à la secrétaire d’Etat aux Affaires féminines, You Ay, qui a racheté 1 000 hectares à la société Henan l’an dernier. Le 10 août, suite à une manifestation de 200 représentants des familles, la secrétaire d’Etat leur offre 100 hectares pour s’installer.
Une ONG américaine, Public Interest Legal Advocacy Program (Pilap), financé par l’USAID, défend les droits des personnes expropriées. La loi foncière cambodgienne de 2001 prévoit un versement de dédommagements équivalents aux pertes, avant les expulsions. Ainsi, les expropriations le long de « la route Hanoi en périphérie de Phnom Penh constituent le premier dossier de ce nouveau programme. « Nous voulons défendre des affaires de grande envergure, faire beaucoup de bruit, pour que les citoyens finissent par connaître leurs droits. Nous ne voulons pas nous battre avec le gouvernement mais travailler avec lui pour qu’il apprenne à résoudre ce genre de différends en respectant ses propres lois dit le responsable de l’ONG. Depuis deux semaines, les six avocats khmers du Pilap encouragent 88 familles à tenir tête aux autorités de Phnom Penh en leur dispensant des notions en matière de défense des libertés individuelles, telle qu’elles se pratiquent en Occident. Selon le porte-parole de la municipalité, les travaux d’élargissement de la « route Hanoi » seront suspendus jusqu’en 2010.
Droits de l’homme
Une Cambodgienne est condamnée à 15 ans de prison pour avoir vendu sept enfants, dont deux de ses propres enfants, âgés de trois et six ans, pour 350 dollars. Les autres étaient cédés pour 20 dollars. L’Américaine Lara Galindo reconnaît avoir « facilité » les visas pour 700 enfants cambodgiens, de 1997 à 2001. Elle payait 3 500 dollars aux agents de gouvernement, qui ont ainsi touché 2,5 millions de dollars.
Les enfants des rues et les enfants qui se droguent ou qui sniffent la colle sont régulièrement emprisonnés et battus par les forces de police, en guise d’éducation, puis relâchés dans la nature.
Depuis le début de l’année, neuf personnes ont été lynchées par la foule, dont une le 24 août devant le grand centre commercial Sorya. Depuis 1999, seules deux personnes ont été poursuivies. La police n’intervient pas. Cependant, depuis quelques mois, elle n’hésite pas à abattre purement et simplement les suspects, comme, par exemple, le 16 juillet dernier lorsque des officiers de police en civil ont exécuté froidement deux voleurs dans une voiture à l’arrêt. Le 22 juillet, trois voleurs sont abattus à Chamcar Mon. La Licadho dénonce le durcissement des méthodes policières.
Le 18 juillet, plus de 50 policiers en armes empêchent la tenue d’une réunion de 70 enseignants, membres de l’Association indépendante des enseignants du Cambodge (AIEC) de la province de Pursat, en violation flagrante de l’article 41 de la Constitution. Le Centre américain pour la solidarité internationale du travail (Acils) porte plainte auprès du ministère de l’Intérieur contre les gouverneurs de la province de Pursat et du district de Bakan pour avoir perturbé la réunion d’enseignants.
L’Union européenne engage un nouveau programme de soutien aux droits de l’homme, avec une enveloppe de 500 000 euros. Elle lance un « appel à proposition » auprès des ONG.
Le 20 août, un greffier de la Cour municipale de Phnom Penh, employé depuis 1989, est abattu en pleine rue.
Justice
Le 19 août, Hun Sen est entendu dans son cabinet durant plus d’une heure par un procureur dans le cadre d’une plainte déposée contre lui le 2 février dernier par Sam Rainsy qui l’accuse d’avoir dirigé l’attaque à la grenade de 1997. Hun Sen, en réponse à son accusateur, porte plainte à son tour contre Sam Rainsy pour diffamation.
Santé
Selon l’Organisation mondiale de la santé, le Cambodge est le premier pays au monde où la prévention des parasitoses intestinales a atteint les objectifs fixés il y a six ans. L’OMS se base sur les rapports provenant de 6 500 écoles. 75 % des enfants scolarisés, soit 2,2 millions d’enfants, ont reçu des médicaments anti-parasites.
En 2004, le nombre des malades de la fièvre hémorragique serait en baisse de 30 %.
Un programme, Diflucam Parthnership, lancé officiellement le 6 juillet par le groupe Pfilzer, doit permettre aux malades du sida de disposer gratuitement d’anti-rétroviraux. Le Cambodge est le premier pays de la région à bénéficier d’un tel programme. L’an dernier, le centre de lutte contre le sida a reçu 90 000 comprimés de Diflucam, pour une valeur de 300 000 dollars.
Le Cambodge envoie 173 délégués, dont 47 employés gouvernementaux, à la 15e conférence sur le sida, tenue à Bangkok, le 11 juillet. L’inscription de chaque participant revient à 1 000 dollars, comprenant « cocktails et prostituées La participation de chaque participant revient à environ 3 000 dollars. Le directeur de Medicam refuse d’y participer ? A ce tarif, avec les frais de la participation cambodgienne, on pourrait soigner entre 500 et 1 500 malades du sida.
L’agence suisse pour le développement débloque 2,2 millions de dollars au Dr Béat Richer pour l’extension de l’hôpital Kantha Bopha, qui s’agrandira de 700 lits. Lors de la pose de la première pierre, Hun Sen fustige la corruption à l’intérieur du ministère de la Santé et des organisations internationales.
Le Cambodge compte 942 centres publics de santé, 68 hôpitaux de référence et 69 laboratoires pharmaceutiques répartis dans les hôpitaux des 24 provinces et dans les huit centres de santé de Phnom Penh. Ces laboratoires qui n’ont souvent pas le matériel adéquat ni un personnel formé comptent parmi les grands oubliés du système hospitalier.
Le nombre des victimes par mines est en hausse vertigineuse, liée à la hausse du cours du métal. On déplore 119 décès par mines durant les six premiers mois de 2004, contre 113 pour toute l’année 2003, le nombre des blessés et amputés a fait un bond de 22 % par rapport à l’an dernier.
Le gouvernement se désengage de ses orphelinats pour privilégier l’insertion des orphelins en bas âge dans leur communauté (ce que pratique déjà Espace Cambodge depuis deux ans, avec 225 orphelins). En 1979, les Affaires sociales avaient ouvert 58 orphelinats pour héberger (sans limitation de durée) 7 000 orphelins. Il n’en dirige plus que 21, hébergeant 1 200 enfants, les ONG en hébergeant près de 3 000. On prévoit 142 000 orphelins dus au sida en 2005.
Le 3 août, Hun Sen rejette le projet de tests de vaccin anti-sida sur des prostituées, financé en partie par la Fondation Bill Gates pour évaluer si le Tenofovir pouvait éventuellement réduire les risques d’infection. Les prostituées réclamaient une assurance sur 40 ans contre d’éventuels effets secondaires. « On nous considère comme des animaux à qui l’on fait subir des tests. Mais, bien que prostituées, nous sommes aussi des êtres humains dit une représentante du groupe.
Le 3 août, l’USAID accorde 29,5 millions de dollars pour des programmes de lutte contre le sida.
Depuis le début de l’année 2003, 21 étrangers, accusés de pédophilie, ont été jetés en prison ou expulsés. On constate toutefois un grand nombre de relaxations d’étrangers. On signale très souvent le viol de très jeunes enfants, voire même un nourrisson de quatre mois, commis le plus souvent par des personnes de la famille, souvent des adolescents, amateurs de films X. Dans trois provinces et municipalités (Banteay Meanchey, Siemréap et Phnom Penh), on fait état de 67 viols commis au cours du seul premier trimestre de cette année. Le Centre cambodgien pour les femmes en difficultés publie une bande dessinée, diffusée à 17 000 exemplaires, pour avertir parents et enfants des dangers de la pédophilie. La BD raconte quatre histoires vraies de filles en bas âge abusées par des Occidentaux. Cependant, d’après des études sérieuses, 5 % des auteurs d’actes de débauche sur mineurs sont des Occidentaux et 95 % sont des Asiatiques. La télévision nationale diffuse des émissions pour informer la population de 18 provinces sur les trafics d’êtres humains. Ces émissions sont financées par l’USAID, pour un montant de plus de 933 000 dollars.
Officiellement, la Croix-Rouge cambodgienne compte 126 318 membres, 5 879 volontaires et 5 450 jeunes travaillant bénévolement à travers le royaume. Un site Internet permet aux étrangers de vérifier où sont passées les aides.
Education
L’ONG Krousar Thmey a créé les quatre premières écoles pour enfants sourds et les quatre premières pour les enfants aveugles, dans différentes provinces. Elle a mis en place un réseau d’éducation avec des classes spécialisées pour enfants sourds et aveugles, intégrées dans les écoles publiques. Depuis 2001, 212 élèves sourds et muets sont ainsi scolarisés dans 25 établissements publics. A la mi-août, un bulletin hebdomadaire d’information en langage pour sourds et muets fait son apparition sur le petit écran. Ce programme reçoit un financement suisse et français pour une durée de deux ans.
Le 3 août, les Etats-Unis accordent une aide de 31 millions de dollars pour améliorer les systèmes d’éducation élémentaire et sanitaire.
5 000 élèves étudient le japonais qui devient une langue très populaire, à cause de l’importance de l’aide japonaise et du nombre de touristes japonais au Cambodge.
Selon Rong Chum, président de l’AIEC, pour 800 à 1 000 dollars (voire 1 200 pour une mention A), des responsables du ministère établiraient un vrai-faux diplôme de baccalauréat.
Quatre-vingt dix fonctionnaires des ministères de l’Agriculture, du Tourisme, de l’Industrie et des Affaires étrangères bénéficient d’une formation en Chine, pour un budget d’un million de dollars.
Dans la province de Kompong Thom, le directeur du collège de Decho Méas aurait usurpé le nom et la signature de quatre professeurs afin de toucher à leur place des primes d’heures supplémentaires. Il aurait ainsi récolté 537 dollars. Les enseignants escroqués ne travaillaient même pas dans cet établissement !
L’Education nationale recrute 2 440 personnes, réparties selon le degré d’enseignement : 100 dans les maternelles, 1 400 dans les écoles primaires et 940 dans les collèges.
Sports
Le Cambodge envoie seize membres à Athènes, dont seulement quatre athlètes (deux nageuses et deux sprinters). C’est la troisième participation cambodgienne aux JO. Les billets d’avion sont pris en charge par le CIO pour dix personnes. Le Comité national olympique cambodgien (CNOC) a dépensé 6 834 dollars, dont la moitié dans l’achat d’uniformes. Les tenues sportives sont offertes par une société thaïlandaise. La mairie de Phnom Penh accorde 1 560 dollars pour les uniformes. On s’étonne de ce que le président et le secrétaire aient reçu chacun 7 000 dollars. pour que leurs familles puissent les accompagner ! Le bilan est jugé positif par les responsables, même si les athlètes khmers n’ont rien remporté : le Cambodge n’a plus l’image d’éternel cancre au dernier rang des nations : « Nous nous sommes classés au 70e rang des 86 nations qui disputaient les épreuves du 50 mètres. Finalement, nous ne sommes pas si loin du Vietnam et de la Thaïlande, qui se classent tous deux 46e. »
Le comité paralympique du Cambodge enverra treize personnes, dont neuf athlètes aux Jeux paralympiques d’Athènes (équivalent des JO pour les handicapés) qui se tiennent du 17 au 28 septembre.
Patrimoine
Le 5 juillet, le sit