Eglises d'Asie

Le Vatican demande la libération de plusieurs prêtres et séminaristes récemment emprisonnés et déplore la mort en prison d’un évêque catholique

Publié le 18/03/2010




Le 11 septembre dernier, Joaquin Navarro-Valls, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, a dénoncé en des termes fermes l’arrestation de plusieurs prêtres et séminaristes au cours du mois d’août en Chine populaire et l’annonce du décès en prison d’un évêque “clandestin”. Concernant les arrestations de prêtres et de séminaristes, “le Saint-Siège ignore les raisons de ces mesures répressives et, si les informations obtenues sont correctes, on se trouverait une fois de plus face à une grave violation de la liberté religieuse, qui est un droit fondamental de l’homme”. Disant espérer que les personnes citées seront libérées “au plus tôt” pour être rendues “au service pastoral de leurs communautés catholiques le communiqué du Saint-Siège en appelle au respect par la Chine du droit à la liberté religieuse “garanti par la Déclaration universelle des droits de l’homme”. L’annonce de la mort en prison d’un évêque “clandestin” vient à la toute fin du communiqué, rédigé en ces termes : “Le Saint-Siège a appris en outre que, vers la fin du mois d’août, était décédé en prison Mgr Jean Gao Kexian, évêque de Yantai (province de Shandong), à l’âge de 76 ans. Le corps du prélat a été remis à la famille par la police. Mgr Gao était incarcéré depuis la fin des années 1990 et on était depuis longtemps sans nouvelles de lui.”

Ce n’est pas la première fois que le Saint-Siège publie des communiqués demandant la libération de membres du clergé catholique et appelle la Chine à respecter ses engagements internationaux en matière de protection des droits de l’homme. En mars (1), en avril (2) et en juin dernier (3), la salle de presse du Vatican avait fait de même. Les observateurs avaient alors noté que ces protestations officielles constituaient un changement par rapport aux années précédentes où le Vatican choisissait de ne pas réagir publiquement aux arrestations d’évêques et de prêtres. Le communiqué du 11 septembre s’inscrirait donc dans le contexte de cette nouvelle attitude. Il demande la libération des prêtres et séminaristes arrêtés au début du mois d’août – une information connue hors de Chine dès le 17 août (4) – et précise que, “selon les informations parvenues au Saint-Siège 23 membres du clergé du diocèse de Baoding, dans la province du Hebei, sont détenus ou privés de liberté. Pour la première fois, le Vatican cite nommément les évêques de Baoding, Mgr Su Zhimin, arrêté en septembre 1997, et son auxiliaire, Mgr An Shuxin, arrêté en mars 1996, précisant qu’ils sont “détenus sans jugement dans un endroit tenu secret”.

Concernant la mort de Mgr Gao Kexian, le communiqué du Saint-Siège est très succinct et ne dévoile pas comment la nouvelle est parvenue en Occident. Dans les informations données par Joaquin Navarro-Valls, aucun détail ne transparaît quant aux circonstances de la mort en prison de Mgr Gao. Le plus récent précédent concernant la mort d’un évêque catholique en prison est celui de Mgr Pierre-Joseph Fan Xueyan. Evêque “clandestin” du diocèse de Baoding, Mgr Fan est mort en détention le 13 avril 1992, à l’âge de 85 ans. Rendu à sa famille dans un sac mortuaire, son corps portait des traces de coups (5).

Très peu d’éléments biographiques sont disponibles au sujet de Mgr Gao. Originaire d’une famille catholique de la province du Hebei, Mgr Gao avait été ordonné évêque en 1993. Ouvrant d’abord dans le Hebei, il fut par la suite nommé à la tête du diocèse de Yantai, dans la province du Shandong, dans une région pauvre où les paysans quittent leur terre pour chercher meilleure fortune en ville. Assisté de quelques prêtres, il travailla à l’évangélisation de ce diocèse qui comptait 12 000 fidèles en 1949 et qui en compterait 30 000 aujourd’hui. En octobre 1999, il fut arrêté, refusant de s’affilier à l’Association patriotique des catholiques chinois. De la date de son arrestation à l’annonce de sa mort par le Vatican, quasiment aucune nouvelle de lui n’a filtré. On sait seulement qu’il figurait sur la liste soumise en 2002 par George W. Bush au président Jiang Zemin à l’occasion d’un voyage en Chine du président américain. Les éléments le concernant sont si ténus que ce n’est qu’aujourd’hui que sa qualité d’évêque a été rendue publique. Sa nomination et son ordination ayant été gardées secrètes, il n’était connu que comme prêtre (6).