Eglises d'Asie

L’EVANGELISATION AUJOURD’HUI EN CHINE : DE NOUVELLES IDEES POUR LE NOUVEAU MILLENAIRE

Publié le 18/03/2010




P. Zhang Shijiang, rédacteur en chef de Shinde : Pourquoi voulons-nous tenir ce séminaire ? D’abord, il est le produit d’un sens profond de la mission en ce qu’il concerne l’évangélisation et ses réalisations concrètes, de la part d’un certain nombre de prêtres. Par exemple, en un certain endroit, ces dernières années, le nombre des catholiques est passé de quelques milliers à presque 30 000. Récemment, lorsque nous avons donné un cours de formation pastorale pour des jeunes prêtres, plusieurs d’entre eux ont demandé que nous arrangions une information sur l’évangélisation. Au cours des classes, nous avons invité des protestants à partager avec nous leur expérience. A travers ce cours de formation, les cours de beaucoup de prêtres ont été enthousiasmés par l’idée d’évangéliser. Si davantage de prêtres et de catholiques faisaient porter leurs efforts sur l’évangélisation et participaient à l’évangélisation, alors nos équipes d’évangélisation deviendraient plus fortes, et l’évangélisation deviendrait une pratique courante. Le futur de l’évangélisation serait plus brillant. Beaucoup de prêtres ont suggéré d’établir une « équipe de prédication » qui irait en tout endroit où on a besoin d’elle. Elle aiderait l’Eglise locale dans son travail évangélique. Tout cela était une suggestion concrète.

Deuxièmement, en août 2003, le P. Wang Gang, de la province du Xinjiang, m’a parlé à deux reprises du succès des protestants en matière d’évangélisation. « Les méthodes des Eglises chrétiennes protestantes sont très pratiques. Pourquoi ne pouvons-nous pas les leur emprunter et les utiliser nous-mêmes ? a-t-il dit. Durant ce séminaire, nous pouvons d’une part étudier beaucoup des bonnes méthodes évangéliques des protestants, mais d’autre part nous ne pouvons pas juste les imiter comme des perroquets, ou les suivre de façon aveugle. Nous devons nous adapter à la situation et aux besoins de chaque Eglise locale, trier les bons points et utiliser ces expériences évangéliques qui sont avantageuses pour le développement de l’Eglise.

Troisièmement, il y a une relation avec Shinde. En tant que directeur d’un journal, je suis tout le temps en train de penser à la direction du journal et à rechercher de nouvelles idées à son sujet. Comment puis-je mieux servir le clergé et les catholiques ? Comment puis-je attirer davantage de lecteurs ? Comment puis-je répondre aux demandes des lecteurs ? Comment nous adaptons-nous aux développements de la société ? Comment notre journal peut-il être utilisé comme un outil de l’Evangile ? Comment peut-il servir comme un pont vers l’Eglise locale ? Ceci est très important et c’est notre responsabilité commune. Donc ce séminaire est un essai pour promouvoir une discussion générale sur l’évangélisation parmi le clergé et les laïcs. Ce séminaire est une nouvelle action pour faire venir à la surface de nouvelles idées sur l’évangélisation qui, nous l’espérons, amèneront la masse du clergé et des catholiques à démarrer l’évangélisation, à s’en préoccuper et à la soutenir. Ceci est de notre part une réponse opportune au défi porté à l’Eglise aujourd’hui en ce qui concerne l’évangélisation. Par conséquent, j’espère que chacun exprimera librement ses opinions aujourd’hui et suggèrera des plans et des politiques pour le travail d’évangélisation de l’Eglise. Et, à l’avenir, j’espère que nos lecteurs participeront à la discussion en nous envoyant leurs suggestions par écrit.

P. Dong Shengping (diocèse de Shijiazhuang) : il y a un vieux proverbe qui dit : « Si vous ne regardez pas, vous ne connaissez pas ; quand vous faites une comparaison, vous êtes effrayé. » Si vous considérez le travail évangélique de l’Eglise protestante, vous avez l’impression que notre Eglise catholique est trop en retard. Protéger l’Eglise n’est pas assez. Je pense que notre clergé et notre laïcat doivent avoir un sens d’urgence et un sens de responsabilité. St Paul dit : « Malheur à moi si je ne prêche pas l’Evangile. » Nous devrions toujours garder à l’esprit ce passage de l’Ecriture. Il semble que notre vieille et traditionnelle manière de penser était que nous prêchons l’Evangile à nos propres catholiques seulement, et que c’est aussi pour eux seulement que nous célébrons la messe. Nous devons vraiment briser cette vieille manière de penser. Le prêtre ne devrait pas seulement prendre soin des catholiques, mais il devrait aussi envoyer ces catholiques au dehors pour évangéliser leurs voisins et amener de nouveaux chrétiens à l’Eglise. En même temps, l’Eglise devrait préparer de bonnes fondations. En plus de bâtir un bâtiment d’église, il devrait y avoir aussi sur la propriété de l’Eglise quelques salles mises de côté pour l’évangélisation. Il devrait y avoir aussi une certaine base économique. Par exemple, les protestants impriment beaucoup de Bibles, de livrets et d’opuscules qu’ils distribuent au cours de leur travail d’évangélisation. Nous catholiques n’avons pas d’argent pour cela.

M. Guo Yongsheng (un homme d’affaires catholique de Xi’an) : Je suis un homme d’affaires. Lorsque je voyage à travers le pays, je me sens très triste parce qu’il est difficile de trouver une église catholique. Quand je vais dans une ville, je demande au taxi de me déposer à l’église catholique. Invariablement, il me conduit à un temple protestant. Il n’est pas facile de trouver une église catholique. Quand je finis par la trouver, la porte est soigneusement fermée et je ne peux pas entrer. Je suis profondément attristé par cela. Une fois, le gardien ne m’a permis d’entrer que lorsque je lui ai donné mon nom de baptême, et encore il ne m’a permis d’entrer que dans le jardin, non dans l’église elle-même. Lorsque je voyage en Europe ou en Asie du Sud-Est, je vais toujours à l’église. Il n’y a pas de murs autour de l’église, ni de grande porte d’entrée. Par exemple à Singapour, l’église vous accueille toujours amicalement.

Je fais la suggestion suivante. On devrait faire une évaluation des réalisations de chaque prêtre en matière d’évangélisation, de la même manière que le gouvernement fait une évaluation du travail de ses fonctionnaires. Combien de nouveaux chrétiens chaque prêtre a-t-il amenés à l’Eglise ? Et les prêtres devraient prêcher l’Evangile aux personnes éduquées dans la société. Nous devrions utiliser les occasions favorables pour prêcher l’Evangile. Ne perdons pas ces occasions. Comme l’Eglise s’ouvre au monde et a davantage de contacts avec le monde, cela est très avantageux pour notre travail d’évangélisation. Donc, ne perdons pas cette occasion. Elle peut ne pas se présenter de nouveau.

De plus, en m’appuyant sur ma propre expérience, l’Eglise devrait prendre part au travail social. Elle devrait servir les pauvres et les faibles de la société. Dans mon propre cas, j’utilise l’aide donnée aux personnes dans le besoin comme un moyen pour prêcher l’Evangile. Je leur fais savoir que je suis catholique. Il est fort difficile de prêcher l’Evangile directement aux non-chrétiens. L’Eglise devrait faire un travail social comme un point d’entrée pour l’Evangile parce que, dans les esprits des non-chrétiens, il y a une certaine résistance contre l’Eglise. J’espère que les gens qui sont dans le business à travers tout le pays accompliront quelques bonnes actions et contribueront ainsi à soutenir l’évangélisation.

M. Li Yuduo (un instituteur catholique à Cheng’an, province du Hebei) : « La vitesse du train dépend de la locomotive ». Pour les non-chrétiens, avant de respecter l’Eglise catholique chinoise, ils observent si l’Eglise se développe ou non. Pour répandre l’Evangile, nous devons parler des méthodes. Si le clergé reste dans l’Eglise et ne se préoccupe pas de trouver de nouvelles voies pour répandre l’Evangile, et ne demande pas à Dieu de lui donner la sagesse pour ce faire, alors le nombre de catholiques ne croîtra plus mais décroîtra. Les prêtres ne peuvent pas se cantonner à prêcher l’Evangile dans l’Eglise seulement. Ils doivent entrer profondément dans la vie réelle et montrer du souci pour tous les besoins des catholiques. Le prêtre est le « feu » et les catholiques sont le « bois à brûler « . Le bois a besoin du feu pour s’enflammer. Donc l’évangélisation demande que le prêtre donne l’exemple. Le prêtre doit imaginer des manières de motiver les catholiques et il doit être un exemple pour eux. Par exemple, si, sur 10 000 catholiques, la moitié d’entre eux sont motivés pour l’évangélisation, ce serait formidable. Je crois que si l’Eglise, à travers tout le pays, entrait dans une période de développement rapide, avec tout le pays en mouvement, cela créerait un cycle de bon travail. Si le train de l’évangélisation prenait de la vitesse de cette manière, ce serait formidable. Mais si la pensée du clergé est confuse, alors l’Eglise ne pourra pas se développer.

P. Mi Jinjue (diocèse de Xingtai) : D’abord, je pense que les idées sur l’évangélisation dans notre Eglise catholique doivent changer, c’est-à-dire que les idées du clergé doivent changer. Aujourd’hui, il y a très peu de penseurs réellement créatifs parmi les prêtres. L’éducation théologique de 95 ou 98 % des prêtres est ce que leur enseignèrent les vieux prêtres ordonnés dans les années 1930. L’ancienne théologie recommandait de prendre soin des catholiques, d’encourager les pécheurs à retourner au bercail, d’aider les catholiques tièdes à devenir plus fervents. Naturellement, les prêtres qui faisaient ce travail étaient des gens responsables et fervents et étaient pleins de zèle pour répandre l’Evangile. Mais quel que soit le travail qu’ils faisaient, c’était encore « prendre soin des poissons dans notre vivier ». Ils ne devinrent pas réellement des « pêcheurs d’hommes », comme l’Evangile le leur demande. Ils n’amenaient pas de « nouveaux poissons ». Ils doivent devenir des « pêcheurs d’hommes » qui amènent de « nouveaux poissons ». Après avoir pensé aux changements du clergé, la prochaine étape est de décider quelles méthodes utiliser pour amener des non-catholiques à l’Eglise. Il y a des chances pour que, même après avoir changé nos manières de pensée, nous continuions dans notre ancienne manière de faire les choses.

Deuxièmement, pour réaliser l’évangélisation des non-chrétiens, il n’est pas suffisant de s’appuyer sur la force du clergé. En cette matière, le P. Zheng Ruiping a ouvert de nouvelles routes. Il a formé une équipe de catholiques pour l’aider. Quand un prêtre sort pour évangéliser, il amène avec lui au moins cinq ou six catholiques avec lui, pour agir comme ses aides. Naturellement, comme le travail d’évangélisation progresse, le nombre d’aides catholiques augmente.

Troisièmement, créer une atmosphère pour l’évangélisation. Au cours de ces dernières années, j’ai été pasteur dans un village agricole. Il y avait deux situations dans la paroisse. Dans le passé, il y avait plusieurs petites chapelles dans la paroisse, dont les voisins étaient des non-chrétiens. Le cour de nombreux catholiques et non-catholiques penchait vers l’Eglise. Beaucoup de catholiques tièdes étaient aussi d’accord pour retourner à l’Eglise. Mais, dans les environs, beaucoup de gens méprisaient l’Eglise. Alors, les catholiques tièdes étaient embarrassés pour venir à l’église et les non-catholiques commencèrent à craindre d’être sujets au ridicule s’ils rejoignaient l’Eglise. Si les catholiques déjà baptisés se sentaient embarrassés pour entrer à l’Eglise, pouvons-nous blâmer les non-catholiques de ne pas faire le pas ? Donc, nous devons créer une atmosphère pour l’évangélisation, de telle sorte que et les catholiques et les non-catholiques ne se sentent pas méprisés s’ils acceptent la chrétienté. Je sens que nous devons accepter cela pour notre travail d’évangélisation.

P. Chen Yongguang (diocèse de Baoding) : Lorsque on parle d’évangélisation, d’abord le prêtre lui-même doit évangéliser. La base, c’est cela. De plus, il doit comprendre clairement pourquoi il évangélise. Pourquoi les voyageurs de commerce dans notre société font-ils de la propagande avec un tel enthousiasme ? C’est parce que c’est leur profession. Les prêtres doivent se demander à eux-mêmes : pourquoi fais-je ce travail ? Nous disons que l’Eglise n’est pas une profession ; c’est une sorte de mission sainte. C’est une mission et nous avons le devoir de ne pas nous en détourner. Au temps de la réforme et de l’ouverture, pourquoi y eut-il une réaction de ferveur religieuse ? C’était parce que, pendant de nombreuses années, les chrétiens ne pouvaient pas pratiquer leur foi. Leurs cours s’élevèrent en actions de grâces à Dieu. Mais pourquoi en ces jours-ci la ferveur religieuse s’est-elle atténuée ? Il y a de nombreuses raisons. L’une d’elles est que le clergé n’a pas assez guidé et formé les catholiques dans leur vie religieuse. Les catholiques assistent seulement à la messe. Même s’ils y assistent chaque jour, c’est comme manger la même chose chaque jour. Après quelque temps, ils n’en ressentent plus le goût. Donc, en ce qui concerne l’évangélisation, le clergé doit renouveler sa pensée. Il doit d’urgence être attentif aux besoins de l’Eglise et des catholiques.

Bien que notre mission soit de prêcher l’Evangile aux non-croyants, nous ne devrions pas oublier le besoin de re-catéchiser les vieux catholiques. Cela est aussi une partie importante de l’évangélisation. Bien que nous ayons été baptisés depuis de nombreuses années, combien d’années avons-nous suivi réellement le Christ ? Très probablement, notre relation avec Jésus n’est pas très profonde. Vous avez connu Jésus depuis de nombreuses années, mais l’avez-vous réellement « expérimenté » ? La nécessité de re-catéchiser les chrétiens ne vise pas seulement à améliorer leur qualité mais a pour objet de faire en sorte qu’ils ne deviennent pas un obstacle à l’évangélisation. Par exemple, lorsque occasionnellement un catholique amène un non-catholique à l’Eglise, les vieux catholiques sentent que l’ordre présent est cassé. Ils auront inconsciemment un préjugé envers le nouveau chrétien. Ils diront : « Que connaît cette personne pour qu’elle se permette d’entrer dans l’Eglise ? » Les vieux catholiques sont la cause que le nouveau catholique n’a pas de sens d’appartenance ou de sentiment de confiance. Quand il est entré dans l’Eglise, c’est peut-être comme un pharisien recevant un pharisien. Puisque la communauté n’accepte pas le nouveau chrétien, bientôt la ferveur l’abandonne. Nous devons donner aux nouveaux chrétiens un espace pour exister et se développer. Donc, la clé est de re-catéchiser les vieux catholiques.

De plus, nous devons avoir une vraie passion en ce qui regarde l’évangélisation des non-chrétiens. Ce n’est pas une passion comme celle qu’on entend dans les discours, mais elle devrait venir du cour, être une manifestation de notre expérience personnelle, comme présenter à d’autres le Dieu qui vit dans notre cour. Je pense que la méthode d’évangélisation des protestants ne consiste pas seulement à avoir quelques activités et un partage dans le but d’attirer les gens. Ils donnent plutôt un témoignage par leur vie. Ils font réellement l’expérience de Jésus agissant par leur personne. De cette manière, ils émeuvent et attirent beaucoup de gens. Quand ils ont cru en Jésus, Jésus a amené un changement dans leur vie. Ceci se manifeste dans des familles ordinaires. Les gens peuvent réellement observer Jésus à travers leurs personnes. C’est-à-dire que si nous avons une vraie expérience de notre foi, nous pouvons accomplir notre travail d’évangélisation, et il aura du succès.

P. Zheng Ruiping (diocèse de Handan) : Bien que l’évangélisation, dans notre paroisse de Wu’an, ait obtenu certains résultats, il y a encore beaucoup de points faibles et d’erreurs commises. Je vais donner ici juste une vue générale de nos méthodes. Nous mettons l’accent sur deux directions dans notre travail d’évangélisation : d’abord nous augmentons notre prédication ; ensuite nous ouvrons plus largement nos portes.

En ce qui concerne notre prédication, chacun l’a déjà mentionné. Chacun doit participer au travail d’évangélisation. Cependant, je veux maintenant poser une question : « Avez-vous vous même prêché l’Evangile à un non-croyant ? » La « révolution » doit commencer avec vous-même. Parlant pour moi-même, je peux dire que j’ai prêché directement l’Evangile à des non-croyants. Quand on évangélise des non-chrétiens, il y a trois cercles : le premier c’est vos parents, le second c’est vos amis, le troisième c’est les étrangers. Prêcher l’Evangile à des étrangers est le plus difficile parce que aucune confiance n’existe encore entre le prédicateur et l’étranger. Evangéliser des amis, c’est le plus facile. Juste maintenant, M. Li Yuduo vient de nous dire que sa femme l’a conduit à la foi. Pour évangéliser vos parents, pas besoin de beaucoup de doctrine ; vous émettez un commandement et c’est suffisant. Pour prêcher l’Evangile à vos amis, vous pouvez compter sur un tas de sentiments qui existent entre vous et eux. Comment un prêtre devrait-il prêcher l’Evangile ? Nous devons commencer avec nous-mêmes. Il y a un dicton qui dit : « Dans une confrontation inévitable, c’est la personne brave qui l’emporte. » Vous devez avoir la confiance de vaincre.

Alors, comment prêcher l’Evangile ? Aujourd’hui, chacun de nous doit se poser à lui-même la question : « Si un chrétien nous amenait un non-chrétien aujourd’hui, comment persuaderions-nous cette personne de croire à notre religion ? » Vous devez rassembler toutes vos expériences passées de prédication. Lorsque pour la première fois je suis allé à Wu’an pour prêcher l’Evangile, j’avais seulement du courage, je n’avais pas d’expérience. J’ai suivi un responsable de communauté. Le non-chrétien ne connaissait pas la différence entre un responsable de communauté et un prêtre. J’ai parlé longuement, et le non-chrétien ne voulait pas accepter ce que je disais. Puis le responsable parla brièvement et, après seulement quelques mots, le non chrétien accepta la foi. Il a dit : « Le responsable a mieux parlé. » Le responsable avait mieux parlé parce que ce qu’il disait venait de sa propre vie et il y avait entre eux un langage commun. Nous prêtres devons apprendre à partir des expériences réussies des catholiques. Quand chaque catholique revient d’un effort d’évangélisation réussi, il devrait vous faire un rapport. Vous devriez garder précieusement ces rapports et rassembler ces expériences des catholiques. Plus tard, lorsqu’un catholique vous amène un non-catholique pour une instruction, vous pouvez apprendre d’après vos échecs passés et lui parler d’une manière satisfaisante.

« Dans le passé, vous avez prêché l’Evangile, n’est-ce pas ? » Plutôt que de parler théorie, partons de nos situations pratiques. Si vous acceptez de prêcher l’Evangile aux non-croyants, pouvez-vous encourager un autre prêtre à entreprendre ce travail ? St. Paul dit à Timothée : « Ce que vous avez appris de moi, confiez-le à des fidèles qui auront la capacité d’enseigner les autres eux aussi. » (2 Tim. 2,2). Comme prêtre, vous désirez aller évangéliser. Vous devriez persuader un autre prêtre, qui peut en persuader d’autres, d’aller lui aussi évangéliser. Vous devriez encourager un autre prêtre à en encourager aussi d’autres à entreprendre d’évangéliser. De cette manière, l’évangélisation continuera à être poursuivie. Si les dix ou plus que nous sommes ici peuvent encourager un prêtre par mois, bientôt nous aurons vingt prêtres et à la fin de l’année, nous aurons 500 prêtres encouragés à s’engager dans l’évangélisation. La clé, c’est de commencer par nous-mêmes tout de suite.

De plus, si nous encourageons chaque jour les catholiques à s’engager dans l’évangélisation et que pourtant ils ne sont pas motivés, quelle en est la raison ? Il se peut que nos messes soient « coulées dans le même moule ». Il n’en est pas ainsi dans ma paroisse. Avant la messe, nous ne récitons pas des prières. Nous lisons plutôt la Bible et apprenons de nouveaux chants. Durant la messe, nous demandons à tous les catholiques d’étudier les Ecritures et de chanter ces chants. Si vingt ou trente personnes chantent, nous recommençons. Chacun doit chanter. Ceci est spécialement vrai pour le Notre Père. Nous nous tenons mutuellement la main et la force du chant devrait pouvoir soulever le toit. Un autre exemple est la prière des fidèles. Nous changeons chaque fois la personne qui la conduit, dans le but de donner à chacun le sentiment de participer. Chacun pense aux prières elles-mêmes et il les écrit lui-même. Quant à l’homélie durant la messe, après la lecture de l’Evangile, le prêtre introduit l’Evangile et un catholique donne un témoignage. Pour nos frères protestants, chaque chrétien est un « soldat ». Après avoir participé au camp de formation d’été cette année, j’ai encouragé les catholiques à lire un chapitre de la Bible par jour, à commencer par le prêtre lui-même. Chaque matin, les catholiques devraient réciter une prière à Dieu, lui offrant la journée, lui demandant son aide, le remerciant pour ses grâces. Aujourd’hui, beaucoup de nouveaux catholiques n’ont pas cette pratique de réciter chaque jour la prière du matin. J’ai dit aux catholiques qu’ils doivent prier chaque matin et utiliser leurs propres paroles pour parler à Dieu. Accroître le travail de la prédication est très important. Chacun de nous prêtres devrait le faire. Le P. Zhang a organisé fort opportunément ce séminaire sur l’évangélisation. Si un diocèse organise une réunion ou une retraite, osons-nous y aller et prêcher l’Evangile ?

Deuxièmement, nous devons ouvrir plus largement la porte. Cependant, je dois souligner qu’entre l’ouverture de la porte et la période suivante d’affermissement de la foi, il doit y avoir un lien solide. Ouvrir la porte signifie élargir les conditions pour le baptême. A Wu’an, si j’utilisais juste la méthode « croire puis baptiser » pour évangéliser, alors il y aurait beaucoup plus que quelques milliers de catholiques baptisés. Ce que je veux souligner, c’est qu’ils doivent passer par tout un processus. Une fois que l’Eglise a du monde, que devons-nous faire avec eux ? Mon souci porte sur ce point. Encourager quelqu’un à entrer dans l’Eglise est facile. Dans notre paroisse, il est commun pour les non-chrétiens d’entrer dans l’église. Notre travail maintenant, c’est de les encourager et de les motiver. Nous encourageons chaque village à préparer dix personnes au baptême à Noël. Les catholiques eux-mêmes garantissent que cela sera fait.

Après que les chrétiens sont baptisés, comment devrions-nous les affermir dans la foi ? Dans notre paroisse, nous avons organisé des communautés chrétiennes de base. Beaucoup de catholiques assistent à la messe avec ferveur, mais ils ne prient pas à la maison. Ils ne s’entendent pas avec leurs voisins. Si le prêtre utilise les communautés chrétiennes de base, ces problèmes peuvent être résolus. Il est facile de fonder des communautés chrétiennes de base, mais il est difficile de les maintenir active. Pourquoi ? Parce que nos catholiques ne comprennent pas la Bible. Dans notre région, les protestants forment bien leurs fidèles. Les protestants à Handan forment très bien leurs chrétiens. Ils ont un Centre de formation où plus de cinquante jeunes suivent un cours de formation de deux ans. Alors, je voudrais prendre cette occasion pour inviter l’Eglise à ouvrir elle aussi un centre de formation.

Nous devons donner à nos catholiques une possibilité d’étudier, c’est-à-dire que nous devons les former. Le pasteur peut payer pour le cours de formation. Pour étudier la Bible, pourquoi ne pas aller à l’église protestante pour observer comment ils font cela. Si nous avons des échanges avec nos frères et sours protestants, non seulement nous ne perdrons pas notre foi, mais nous affirmerons plus fermement notre foi catholique.

Quant à l’évangélisation, nous devrions avoir le souci d’y travailler petit à petit. Certains disent que la ville n’est pas un bon endroit pour prêcher l’Evangile. Ils disent que la méthode de Zheng Ruiping n’est valable qu’à la campagne. J’ai participé à trois réunions à Shijiazhuang, et onze personnes ont cru au Seigneur sur le champ. Les villes ont leurs propres problèmes. Par exemple, les vieilles personnes n’ont rien à faire durant leur retraite. Elles sont seules. Par conséquent, à chaque niveau de la société, en tout temps et en tous lieux, nous devrions chercher des ouvertures pour prêcher l’Evangile, exactement comme St François Xavier le fit en son temps.

Nous avons seulement à prêcher l’Evangile et tous les problèmes financiers s’évanouiront. Sortez seulement et prêchez, et ne vous en faites pas pour les finances. Lorsque les disciples partirent deux par deux pour prêcher l’Evangile, que leur dit Jésus ? Ne prenez pas des vivres pour manger, ni une bourse, ni des sandales. Mais aujourd’hui, quand nous voulons mettre en place une équipe de prédication, nous nous préoccupons d’abord de son coût. Je pense que ce n’est pas nécessaire. Quel prêtre ne peut pas subvenir aux frais de transport ? Même si vous payez ces menues dépenses, quelqu’un vous remboursera, pas vrai ? Parmi les protestants, il y a quelques jeunes femmes qui, après avoir cru au Seigneur, ont fait des milliers de kilomètres pour prêcher l’Evangile aux non-croyants. Elles ne se préoccupent pas de leurs dépenses. Nous devrions apprendre d’elles ce magnifique esprit (ou confiance dans le Seigneur).

P. Zhou Wenshu (diocèse de Cangzhou) : Au sujet de l’Evangélisation, notre diocèse est comparativement en retard. Bien que notre diocèse soit ancien, dans notre région nous sommes des arrivants tardifs. Je pense que le diocèse devrait prendre la tête pour l’évangélisation. La pensée de notre évêque et des prêtres a subi un grand changement. Ainsi, grâce aux grands efforts déployés ces dernières années, beaucoup de non-chrétiens sont entrés dans l’Eglise. Comme vient de le dire un des laïcs catholiques, l’évangélisation est un processus systématique. L’évangélisation ne peut pas être faite seulement par les catéchistes, les prêtres, ou même par l’évêque. C’est plutôt une activité de groupe qui doit être menée avec un esprit de groupe.

Comme cela vient d’être mentionné, je pense qu’il est très important de re-catéchiser les catholiques. Au cours du processus de re-catéchisation, nous devons certainement introduire des éléments d’évangélisation. Les catholiques (ainsi que les prêtres) devraient être amenés à réaliser que la ferveur de leur foi sera jugée d’après leur implication dans l’évangélisation. Que cette idée fasse une profonde impression sur les cours des catholiques. Si nous soulignons continuellement cette idée, les catholiques deviendront naturellement des évangélisateurs. Ce que je veux dire, c’est qu’il est très important de donner toute leur place aux efforts des catholiques.

Comment commencer ce travail ? Depuis 1996, notre diocèse a organisé des classes. Des classes ont été organisées sur les quatre commandements de l’Eglise ; on a fait des retraites, et d’autres genres de classes. En somme, nous nous sommes efforcés d’accroître la ferveur des catholiques pour leur foi, et à élever la qualité de leur foi. Dans ce processus, nous pouvons faire davantage pour insérer une conscience de l’importance de l’évangélisation dans ces classes. Nous essayons aussi de viser différents groupes de catholiques dans ces classes. A partir de 1996, nous avons organisé plus de dix de ces classes de formation. Une classe fut organisée pour les responsables de l’Eglise, une autre pour les piliers de l’Eglise, une autre pour les catéchistes, et encore une autre pour à la fois les étudiants du secondaire et de l’université. Plus de 2 000 catholiques ont participé à ces classes de formation.

Donc, je pense que re-catéchiser les catholiques est très important. D’une part, nous devons maintenir la ferveur des nouveaux baptisés pour l’évangélisation, et d’autre part changer l’attitude passive des vieux catholiques en ce qui concerne l’évangélisation. Pour résumer, au sujet du développement du travail d’évangélisation à l’avenir, on doit insister sur deux points : le clergé doit en comprendre l’importance, et le laïcat doit être incité à la faire.

P. Zhang Huilai (diocèse de Cangzhou) : Selon moi, bien qu’un certain nombre de prêtres et de catholiques soient satisfaits avec le statu quo, la plupart d’entre eux réalisent le sens de la mission et le sens de l’urgence en ce qui concerne l’évangélisation. Ils ont discuté positivement et cherché avec diligence des méthodes pour mettre en ouvre l’évangélisation dans le but de passer leur foi aux non-croyants. Mais notre situation présente est celle où le prêtre lutte de façon isolée. Un effort soutenu n’a pas été établi pour un encouragement et un support mutuels. Si nous sommes vraiment sérieux à ce sujet, nous devrions organiser tous les périodiques catholiques et, démarrant avec chaque groupe, chaque diocèse et chaque paroisse, allumer le feu de l’évangélisation. Pour commencer, nous devrions mettre sur pied une institution pour faire une recherche complète sur la manière dont nous pouvons prêcher l’Evangile dans la société d’aujourd’hui. Nous devrions consacrer tous nos efforts à ce que le clergé et les laïcs réalisent combien important et urgent est le devoir d’évangéliser.

Sour Zhao Xiangjuan (Congrégation de St Joseph, Shijiazhuang) : Je pense qu’il y a une certaine distance entre les sours et les prêtres d’une part et les catholiques d’autre part. Bien que l’évangélisation soit le devoir de chacun, et que chacun doive l’entreprendre, comment l’Eglise devrait-elle utiliser les sours pour cet important travail ? Par ailleurs, les religieuses doivent accroître leur savoir sur l’évangélisation, et remplir leur cour d’enthousiasme pour elle. Cela signifie que les sours doivent avoir la possibilité d’étudier. Parlant pour moi-même, j’ai un ardent désir de prêcher l’Evangile. Mais je connais mes limites. Je dois continuer à étudier pour élever mes qualifications.

Mme Cai Lan (catholique, directrice de société) : J’aimerais souligner spécialement le problème d’organisation et de structures. Dans mon expérience, lorsque j’ai été à un point de rendez-vous protestant, j’ai découvert que chacun individuellement prêche l’Evangile. Chacun parle de ses propres « brebis » auxquelles il a « donné naissance ». Voilà où nous sommes différents d’eux. Notre Eglise est l’Eglise catholique, qui est la même dans le monde entier. Ceci est notre avantage, que nous devons exploiter au maximum. Quand il faut organiser, les chrétiens se réunissent entre eux très facilement. L’énergie des chrétiens est une et beaucoup de travail est accompli. S’il n’y a pas d’organisation, alors il n’y a pas de système, pas d’organisation, et le travail ne peut être accompli. Autre chose est s’efforcer de développer une plus étroite relation à Dieu, c’est-à-dire sa propre vie spirituelle. Mes sentiments sont spécialement profonds. J’ai été à l’église souvent et en beaucoup d’endroits. Si les chrétiens disent que l’endroit est bon, alors je vais là. Je sens que j’ai une soif dans mon cour. Mais il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas et parfois je suis indécise. Je cherche. Je veux mieux comprendre. Après avoir étudié avec des frères et des sours protestants, j’en suis arrivé à quelques conclusions. Comment puis-je établir une plus étroite relation à Dieu ? Je pense que la lecture de la Bible est un moyen particulièrement direct de le faire. Si on désire prêcher l’Evangile, alors on doit s’entraîner d’abord. Si nous rencontrons des problèmes en lisant la Bible, nous avons besoin de quelqu’un qui la connaît bien pour nous instruire. Par la communication, nous devenons instruits. De plus, nous avons besoin d’un temps et d’un lieu pour réfléchir à notre foi. Nous avons besoin de fonder un lieu où les chrétiens puissent aller pour la réflexion et la retraite. Si nous allons participer à la grande mission de prêcher l’Evangile, nous devons d’abord nous vider de nous-mêmes et nous ouvrir pour recevoir la grâce de Dieu. Nous devons être prêts à devenir un instrument dans la main de Dieu. Nous avons besoin d’entendre son appel et de recevoir la mission dont il veut nous charger. Lorsque nous laissons le Saint Esprit de Dieu travailler à travers nous, alors nous pouvons commencer à prêcher l’Evangile. De cette manière, notre apparence deviendra plus attirante et nos paroles soulèveront les foules.