Eglises d'Asie

Au grand séminaire du Shaanxi, des religieuses améliorent leur formation en suivant un cours d’une durée de deux ans, le premier du genre dans le pays

Publié le 18/03/2010




Au grand séminaire du Shaanxi, installé à proximité de la ville de Xi’an, des religieuses suivent un cours de formation d’une durée de deux ans. Malgré des difficultés pour certaines d’entre elles à se réhabituer à un rythme d’études soutenu, elles y améliorent leur niveau général de formation. Le séminaire de Xi’an est le seul de tout le pays à offrir un tel programme et contribue ainsi à développer la vie religieuse féminine au sein de l’Eglise catholique de Chine. Ces dernières années, diverses études, menées notamment par des religieuses venues de Hongkong (1), avaient montré que, si les congrégations religieuses féminines étaient florissantes par la croissance du nombre de leurs membres, elles souffraient souvent d’un déficit dans le domaine de la formation.

Pour Sour Li Minguo, de la congrégation du Sacré Cour de Jésus, l’apport représenté par cette formation est évident. Jeune religieuse, elle a prononcé ses premiers voux en 2000 puis a travaillé dans une paroisse rurale du diocèse de Zhouzhi, dans la province du Shaanxi, durant trois ans avant d’être envoyée parfaire sa formation au grand séminaire de Xi’an. Après une première année difficile où elle a dû se faire au rythme des études, elle participe avec enthousiasme à la seconde et dernière année de la formation. Outre les enseignements académiques, elle met en avant l’apport représenté par les partages d’expérience entre religieuses de 36 congrégations différentes, venues des quatre coins du pays, chacune avec une mission et des caractéristiques propres.

A l’origine, ce cycle de formation continue a été lancée à la demande des religieuses du diocèse de Xi’an. Encouragées par leur évêque, Mgr Anthony Li Du’an, elles ont commencé par mettre en place des programmes d’une durée de trois à six mois, se concentrant sur des sujets pratiques tels que la gestion d’une communauté religieuse. Rapidement, une demande pour des programmes plus conséquents est apparue et ces derniers sont passés à un an puis deux ans. Le cycle de deux ans est en place depuis 2002 et son organisation matérielle a été rendue possible par l’installation, en 1995, du grand séminaire de Xi’an dans la lointaine banlieue de la capitale de la province du Shaanxi. Là, sur un terrain de deux hectares, les responsables du séminaire ont alloué un espace aux religieuses sur lequel un bâtiment de quatre étages a été construit. Il abrite les salles de cours et les dortoirs des religieuses, un second bâtiment de deux étages servant à la cuisine et de local technique. La section réservée aux religieuses est séparée de celle des séminaristes, tout en étant située sur le même terrain. Les professeurs du grand séminaire peuvent ainsi aisément donner des cours aux religieuses et les infrastructures, informatiques par exemple, peuvent être mises en commun.

Les prêtres enseignants au grand séminaires assurent généralement les cours de catéchisme, de liturgie, de psychologie et de spiritualité et les religieuses ceux liés à la vie religieuse et à la vie en communauté. Des visites dans d’autres grands séminaires sont organisées de temps à autre pour permettre un plus vaste partage d’expérience. Selon Sour Zhang Caijuan, responsable du programme de formation des religieuses, bien que la moyenne d’âge des sours soit de 35 ans, toutes ont perdu l’habitude de faire des études ; certaines ne sont pas allées au-delà des études primaires et doivent se familiariser avec le maniement de concepts abstraits. Mais, souligne la responsable, toutes ont à cour d’apprendre et très peu abandonnent en route. Celles qui le font y sont obligées pour des raisons de santé ou bien parce que leur supérieure les a rappelées. En 2002, pour la première session de deux ans, 49 religieuses ont été admises ; en 2003, elles étaient 45 et, cette année, un peu plus de 40 se sont inscrites.

Sour Zhang note que les responsables des congrégations religieuses féminines sont très heureuses que ce programme d’études approfondies ait vu le jour et fonctionne. Certaines anciennes élèves sont déjà devenues supérieures de leur congrégation ou ont pris la responsabilité du noviciat de leur communauté. Généralement, souligne-t-elle, les connaissances acquises sont appliquées dans le travail pastoral, une fois les sours de retour chez elles. Pour Mgr Li Du’an, la formation telle qu’elle est organisée à ce jour répond aux objectifs fixés à l’origine mais elle est perfectible et doit encore “trouver sa voie”.

Par ailleurs, au grand séminaire national, situé à Daxing dans la banlieue de Pékin, un cours de formation d’une durée de deux ans est en préparation. Il s’adressera lui aussi aux religieuses de tout le pays et fonctionnera en étroite collaboration avec un centre dédié à la formation continue des prêtres et des laïcs.