Eglises d'Asie

Le gouvernement interdit les cours privés du dimanche matin, une mesure approuvée par les responsables religieux qui souhaitent que ce temps soit réservé aux cours de religion

Publié le 18/03/2010




A la fin du mois d’août dernier, Vijitha Herath, ministre des Affaires culturelles et du Patrimoine national, a annoncé que le gouvernement avait décidé d’interdire les cours privés du dimanche matin dispensés par des enseignants aux écoliers du pays. Il a précisé que la décision gouvernementale serait prochainement proposée au Parlement afin qu’une loi soit votée en ce sens. L’ensemble des responsables religieux du pays a accueilli avec satisfaction cette mesure, estimant que l’interdiction des cours privés permettra d’amener plus d’enfants aux cours de religion qui sont traditionnellement organisés le dimanche matin.

Au Sri Lanka, le dimanche est le jour chômé de la semaine et les écoliers ne vont pas à l’école le samedi et le dimanche. Depuis quelques années, nombre d’enseignants des écoles primaires et secondaires, que ce soit dans les écoles publiques ou privées, ont pris l’habitude de donner des cours privés et payants à leurs élèves le dimanche matin. Pour les parents, la pression est très forte pour qu’ils envoient leurs enfants à ces cours supplémentaires. Pour les enseignants, c’est là un moyen commode d’augmenter leur salaire. Dans les temples bouddhistes, les églises chrétiennes et les mosquées, cette pratique s’est traduite par une baisse de la fréquentation des cours de religion et de catéchisme du dimanche matin.

Pour le P. Cyril Perrera, directeur national de l’enseignement catéchétique au sein de la Conférence des évêques catholiques, “cela fait longtemps que les cours privés du dimanche auraient dû être interdits car c’est à cause d’eux que la fréquentation des classes de catéchisme a fondu”. L’interdiction des cours privés du dimanche est donc la bienvenue, a-t-il souligné, et permettra d’enrayer la chute du moral des jeunes, épuisés par ces cours intensifs et découragés par la compétition qu’ils induisent. Du côté du clergé bouddhiste, on fait remarquer que ce sont des bouddhistes qui sont intervenus auprès du gouvernement pour obtenir l’interdiction des cours privés. Bogoda Premaratne, de religion bouddhiste et ancien fonctionnaire de l’Education nationale, souligne que Henry Steel Olcott, qui a été à l’origine d’un mouvement de renouveau du bouddhisme peu avant la fin de la période coloniale, en 1948, tenait pour fondamentale l’organisation de cours de religion. Enfin, chez les musulmans, on rappelle que les jeunes musulmans apprennent à réciter le Coran dans les mosquées le samedi et le dimanche. “L’éducation religieuse du dimanche est très répandue. Ce n’est pas une pratique des seuls chrétiens souligne l’un d’entre eux.

Dans son communiqué du 31 août, le ministre Vijitha Herath, appartenant au parti marxiste membre de la coalition gouvernementale, a expliqué que les autorités interdisaient les cours privés du dimanche matin car elles recevaient un grand nombre de plainte de la part de moines bouddhistes, de parents et même d’enseignants. Le ministre ajoutait que l’absence d’enseignement religieux était un facteur de développement de la criminalité juvénile.

Du côté des enseignants, la mesure gouvernementale a été diversement appréciée. Quelques-uns s’en félicitent, estimant que la mode des cours privés aggrave les inégalités entre les familles qui peuvent payer et celles qui ne peuvent pas payer. D’autres, plus nombreux, jugent la nouvelle politique inapplicable et contraire à la liberté individuelle. Ils ajoutent que supprimer les cours privés du dimanche matin ne se traduira pas nécessairement par un transfert automatique des élèves vers les classes de religion.