Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er septembre au 31 octobre 2004

Publié le 18/03/2010




POLITIQUE

Succession dynastique

Depuis plusieurs mois, le roi Sihanouk annonce d’une manière récurrente son intention d’abdiquer. Après le dénouement de la crise politique, il en renouvelle le désir, lorsque le vénérable Tep Vong, patriarche suprême de l’ordre bouddhique Mohnikai l’y autorisera. Depuis le 7 octobre, c’est chose faite, son successeur au trône khmer a été couronné. Mais tous les problèmes ne semblent pas résolus pour autant.

Le 31 août, le roi reçoit Hun Sen à Pékin, puis son fils Ranariddh. Les deux chefs des partis de la coalition au pouvoir promettent au roi Sihanouk de préparer « en urgence à sa demande, un projet de loi sur le fonctionnement du Conseil de la Couronne pour élire un nouveau roi. Le roi voudrait que le Conseil puisse nommer son successeur à la majorité absolue de ses membres et non au consensus. Il pense qu’un consensus sera impossible à obtenir et que, par conséquent, personne ne pourra lui succéder. Le roi tient à éviter le même type de crise politique que celle qui a bloqué la formation du gouvernement pendant un an, et également éviter que Ranariddh, qu’il déteste cordialement, ne monte sur le trône, suite à des tractations entre Hun Sen et le prince. Ranariddh affirme et réaffirme qu’il n’est pas intéressé par le trône et qu’il soutient la candidature de son demi-frère Sihamoni, fils du roi et de la reine.

Sam Rainsy accuse Ranariddh d’être « vendu au PPC » afin d’obtenir la garantie de monter sur le trône.

Le 22 septembre, le roi Sihanouk annonce son retour à Phnom Penh avant la fête des morts (13 octobre), mais également que ses médecins chinois ont découvert une « maladie dans une partie de son estomac ce qui risque de prolonger son séjour à Pékin. Le roi n’a cependant pas abandonné l’idée d’abdiquer. Le 21 septembre, il signe un décret précisant la manière dont il faudrait s’adresser à lui une fois qu’il ne sera plus sur le trône. « A partir du jour de notre abdication, qui aura lieu dans un avenir non lointain, nous ne devons pas être appelé ‘Sa Majesté’ mais simplement ‘Samdech Euv’ (Monseigneur papa) ou ‘Samdech Ta-tuot’ (Monseigneur arrière-grand-père) écrit-il.

Le roi annonce son retour au pays pour le 7 octobre. Cependant, le 6 octobre, Sam Rainsy lui écrit une lettre pour le mettre en garde : des gens influents projettent d’organiser des manifestations violentes contre Sa Majesté, et d’en rendre responsable son parti. Le 7 octobre, Ranariddh, les larmes dans la voix, annonce à l’Assemblée nationale que son père a abdiqué et rend responsable Sam Rainsy de cette abdication. Dans un message de quatre pages envoyé à la nation, au patriarche Tep Vong, à Ranariddh, à Chéa Sim et à Hun Sen, le roi ne parle d’ailleurs pas d’« abdication mais de « retraite terme ignoré dans la Constitution. Le roi demande également aux neuf membres du Conseil du trône d’élire son successeur. Contrairement aux engagements pris à Pékin, aucune loi n’a encore été élaborée pour réglementer l’élection. Ranariddh se rend à Pékin dès le 8 octobre, pour supplier le roi de revenir sur son abdication. Plus tard, le roi justifiera sa décision en affirmant qu’à sa mort, si aucune solution de continuité n’avait été trouvée, les républicains de tous bords, divisés en multiples clans, auraient plongé le pays dans la guerre civile.

Hun Sen convoque le Conseil du trône pour le 14 octobre car la Constitution prévoit la nomination du nouveau roi une semaine après la mort du roi. Il fait voter dans la précipitation une loi permettant le départ à la retraite du roi et la nomination d’un successeur. Il se dit d’accord avec le désir du roi de voir nommé Sihamoni : « Si le prince Ranariddh quittait le FUNCINPEC, ce parti connaîtrait l’instabilité, tandis que le PPC perdrait un bon partenaire. Celui-ci pense avant tout à la nation dit-il.

Sam Rainsy part immédiatement en France, officiellement « pour problèmes de santé Ranadiddh tente de faire lever l’immunité parlementaire du député de l’opposition qui se défend d’avoir incité le roi à abdiquer, car le roi n’a jamais fait mention de sa lettre. D’autre part, le roi est une personnalité politique responsable qui ne se laisse pas influencer par qui que ce soit. Sam Rainsy rentre de France le 28 octobre, pour assister au couronnement, apparemment peu impressionné par les menaces qui pèsent sur lui.

Le prince Sihamoni (fils de SIHA-nouk et de MONI-que), âgé de 51 ans, a fait des études de danse classique en Tchécoslovaquie de 1962 à 1975. Il a passé la période khmère rouge avec ses parents dans le palais de Phnom Penh, puis est devenu secrétaire particulier de son père, en Corée du Nord. Représentant du Cambodge aux Nations Unies en 1992-1993, puis à l’UNESCO à Paris pendant dix ans (1993-2003), il a révélé de véritables qualités de diplomate. C’est le seul fils que son père tutoie en français. Il passe pour un homme effacé, simple, qui prenait les transports en commun à Paris, de grande culture, perfectionniste. Célibataire, son père affirme qu’il n’est pas homosexuel, mais « aime les femmes comme des sours, en véritable bouddhiste Il a été moine en 1981 pendant quatre mois. Pas engagé dans le combat politique, peu connu du commun des Cambodgiens, il offre un visage de neutralité. L’idée d’en faire son héritier serait venue à Sihanouk lors de la cérémonie de crémation de son frère Narindrapong, le 8 octobre 2003. Déjà, lors de la cérémonie des cinquante ans de l’indépendance, le 9 novembre 2003, on pouvait se douter de l’idée du roi, qui en avait fait son représentant, au grand dam de Ranariddh, qui, de rage, était parti à l’étranger.

Le 14 octobre, sans surprise, en une demi-heure de séance formelle au palais khémarin, les neufs membres du Conseil du trône (Chéa Sim, Hun Sen, Ranariddh, Heng Samrin, vice-président du Sénat, le vén. Tep Vong, le vén. Boucry, Ngon Nhel, Por Bun Sreu, Sisowath Chivanmonirak) élisent à l’unanimité le seul candidat. Dans un premier message, le nouveau roi promet de s’en tenir à la stricte neutralité sur le plan politique, et à s’engager uniquement sur le plan de la religion, du social et de l’humanitaire. Il ne cache pas son inexpérience et plaide l’indulgence.

Les messages de félicitations affluent. D’une manière significative, le premier émane du président chinois Hu Jintao, qui sera d’ailleurs le premier chef d’Etat à qui le nouveau roi rendra visite, le 18 octobre. Hommage d’un vassal au suzerain de l’Asie toute entière ?

Le 20 octobre, le roi Sihanouk et son épouse ainsi que Sihamoni rentrent au Cambodge. Le gouvernement au grand complet et les corps constitués les attendent à leur descente d’avion. Le nouveau roi leur adresse un message en français. 60 000 enfants des écoles et 20 000 fonctionnaires brandissent des drapeaux le long du cortège. Arrivé au palais royal, un colonel trop consciencieux ferme la porte devant la voiture de Ranariddh qui doit sortir de sa voiture et exiger, avec colère, de pouvoir entrer. Le colonel sera muté pour raisons disciplinaires. Cependant, presque aucun média ne couvre l’événement, sans doute signe politique du peu d’intérêt que lui porte le gouvernement.

L’Assemblée nationale vote une motion attribuant à Sihanouk le titre de « Suprême Héros, Père de l’Indépendance nationale, de l’intégrité et de l’unité nationale ». Une rente annuelle de 5,6 millions de dollars lui est allouée pour ses ouvres de bienfaisance et les frais du palais.

Si certains juristes cambodgiens font valoir que l’élection du nouveau roi est non constitutionnelle, car la Constitution ne prévoit pas d’abdication du roi, Sihanouk fait remarquer qu’en 1955, il a abdiqué en faveur de son père et que personne n’y a trouvé à redire. Les félicitations des chefs d’Etat étrangers légitiment, de fait, le nouveau roi.

Le roi est sacré les 29, 30 et 31 octobre, dans une cérémonie simplifiée à l’intérieur du palais royal. La télévision a transmis en direct cette longue cérémonie, de type très khmer. Le nouveau roi, ondoyé de l’eau lustrale puisée au Phnom Kulen, berceau de la monarchie khmère, n’a pas porté la couronne traditionnelle, mais a reçu tous les autres emblèmes royaux. Quatre-vingt-quatre détenus ont vu leur peine remise pour quatre d’entre eux, en partie remise pour quatre-vingt autres. Dans sa première allocution au peuple, le roi s’est engagé à rendre visite au peuple plusieurs jours par semaine. Son auguste père l’a engagé à rester « clean c’est-à-dire non corrompu et à donner « toujours la priorité à ceux et celles qui souffrent et qui méritent vraiment d’être secourus 

Dès le retour du roi Sihanouk et de son auguste fils au Cambodge, Ruom Ritt, « ami d’enfance du roi mais qui n’est qu’un nom de plume du roi, refait son apparition sur le site Internet royal, après plus d’un an de silence. Le roi, qui a atteint ses objectifs, semble libéré de son devoir de réserve. Il prévoit, à mots couverts, que son fils Ranariddh tentera de renverser Sihamoni pour monter sur le trône, selon la bonne tradition royale khmère. Ranariddh, évidemment, se défend de nourrir de tels plans. C’est un fait que Sihanouk semble constituer le seul rempart à la dictature croissante de Hun Sen, depuis qu’il a politiquement éliminé Sam Rainsy. Quelques jours plus tard, Ruom Ritt disparaît de « mort politique Il laisse la place à la rubrique « Humour du mois composé par des « Sihanoukistes et Sangkumiens depuis leur tendre jeunesse 

Deux personnes sans scrupules vendent des cartes de sihanoukistes, promettant une distribution de terres aux pauvres gens. Sihanouk se doit de démentir fermement.

Cadeaux post-électoraux

Le 9 septembre, le Funcinpec remet 51 motos à des officiers qui étaient jusqu’à maintenant obligés de se déplacer en « motodop » en raison de leurs maigres revenus. Trois autres distributions suivront, une pour les militaires de province et deux pour les policiers de la capitale et de province. Au total, 300 à 400 gradés en bénéficieront. Environ deux cents officiers pourraient être promus par Hun Sen, à la demande de Ranariddh.

Une vingtaine de sous-secrétaires d’Etat s’ajouteront aux 146 déjà nommés en juillet dans le cadre de l’accord de gouvernement signé par le PPC et le FUNCINPEC. C’est une manière de « récompenser » les 130 responsables du PSR qui l’ont rejoint en août. L’idéologie passe souvent après les intérêts personnels dans la politique cambodgienne.

Ranariddh envisage de réformer le FUNCINPEC en instituant un comité directeur de onze membres. Pour la bonne marche du parti, le FUNCINPEC demande une contribution de 50 dollars pour les hiérarques policiers, les sous-secrétaires d’Etat et les responsables adjoints des provinces, jusqu’à 400 dollars pour les trois Vice-Premiers ministres, en passant par 150 dollars pour les parlementaires.

Dans la plupart des ministères tenus par des ministres FUNCINPEC, c’est le secrétaire d’Etat PPC qui gère les affaires. « La circulation de l’information est contrôlée par le PPC qui a en mains toutes les clés du ministère reconnaît le ministre FUNCINPEC de l’Agriculture, qui se trouve dans ce cas.

Campagne contre Sam Rainsy

Le 4 septembre, de Pékin, le roi critique violemment Sam Rainsy, qui « a commis un suicide politique en refusant de suivre le FUNCINPEC. « Il ne l’a pas fait pour la patrie ou pour le Kampuchéa Krom, mais pour sa propre satisfaction « La maladie de Sam Rainsy, c’est de chercher des histoires aux autres. » Le 8 septembre, Sam Rainsy écrit une lettre au roi pour expliquer sa position. Le roi Sihanouk le félicite alors « chaleureusement » pour son « patriotisme éminent 

Le 30 septembre, Ranariddh porte plainte en diffamation contre Sam Rainsy et Chéa Poch, député PSR, qui ont insinué que le prince avait touché 30 millions de dollars pour participer au gouvernement de coalition. Il demande la levée de l’immunité parlementaire du député. Hun Sen porte également plainte en diffamation contre le chef de l’opposition qui l’accuse d’être derrière le meurtre de Chéa Vichéa. Le 18 octobre, soixante parlementaires réclament une sanction contre Sam Rainsy, responsable, à leurs yeux, de l’abdication du roi Sihanouk, ainsi que de celle des deux députés PSR Cham Channy, accusé de la création d’une « armée de l’ombre et Chéa Poch, accusé de diffamation. Trente-quatre représentants d’ONG de défense des droits de l’homme signent une pétition demandant aux politiciens de cesser ce jeu d’enfants. Les députés du PSR ne sont pas admis aux cérémonies du couronnement. Le 31 octobre, Ranariddh dit avoir le soutien de Hun Sen dans cette démarche qui relève de la justice.

Centre parlementaire du Cambodge

Le député PSR Son Chhay et Lao Mong Hay, juriste au Centre pour le développement social, créent un Centre parlementaire du Cambodge (CPC), destiné à appuyer les députés dans leur travail. « Ce centre a pour vocation d’aider les élus à rédiger des projets de loi, d’organiser des rencontres entre les parlementaires et les citoyens. Il épaulera également les citoyens dans la rédaction de leurs plaintes précise Son Chhay. Le CPC entend également contrôler l’activité gouvernementale, en particulier l’application des textes qu’il émet. Le Centre compte sur le soutien financier des Etats-Unis, du Canada et du Royaume-Uni, pays qui ont déjà manifesté un intérêt pour cette initiative.

Elections

Du 1er au 18 octobre, les 647 618 personnes ayant atteint l’âge de 18 ans depuis les législatives de juillet 2003 étaient invités à se faire inscrire sur les listes électorales, pour éviter la cohue lors des futurs scrutins. Malgré une prolongation de quatre jours obtenue par l’opposition, on ne compte que 273 847 nouveaux inscrits. 68 349 noms ont été rayés pour décès ou changement de domicile. L’absence de publicité, les nombreux jours de fête, l’absence d’échéance électorale peuvent expliquer cette faible participation. Cette opération a coûté 910 000 dollars, soit 3,35 dollars par inscrit.

Diplomatie

Le 29 août, Hun Sen se rend en Chine pour une visite officielle et pour assister à une réunion internationale concernant l’Asie. Officiellement, il fait le point avec les dirigeants chinois sur différents contrats de coopération en cours.

Du 13 au 17 septembre, Phnom Penh accueille la 25e Assemblée générale de l’Organisation inter-parlementaire de l’Asean (Aipo), fondée en 1977. Plusieurs observateurs de la région Asie-Pacifique ainsi que l’Union européenne sont invités. Pour la première fois, le Timor-Oriental prend part aux réunions. Sécurité, tourisme, épidémie du sida, travail des enfants, inégalités entre les villes et les campagnes, croissance agricole chez les nouveaux membres figurent à l’ordre du jour. L’organisation de cette assemblée, pour lequel 1 600 policiers sont mobilisés à Phnom Penh et à Siem Reap, a coûté 1,2 million de dollars. L’opposition estime ce coût démesuré, deux fois plus cher que dans les pays voisins.

Le 28 septembre, Hor Namhong, à la séance plénière de l’ONU, apporte le soutien du Cambodge à l’élargissement du Conseil de sécurité et demande qu’on appuie sa candidature comme membre non permanent pour 2006 et 2007. Il réaffirme le droit inaliénable des Palestiniens à un Etat indépendant qui doit bénéficier du soutien constant de la communauté internationale.

Un rapport d’une mission de l’ONU, rendu public le 22 octobre, présente le Cambodge comme un havre pour terroristes, car aucune loi n’interdit leur séjour sur son sol, et où la corruption règne en maître. Il pourrait même devenir une base de groupes affiliés à Al-Qaïda. Hambali, responsable de l’attentat de Bali, a passé plusieurs semaines à Phnom Penh, où « il n’était pas en vacances Si tout n’est pas inexact dans le rapport, on constate une malheureuse confusion entre la Thaïlande et le Cambodge, en affirmant que les musulmans du sud du Cambodge sont victimes de discrimination et que des violences y auraient éclaté, alors que cela se passe dans le pays voisin ! Hun Sen envoie une lettre de protestation à Kofi Annan. « Les pays qui ont des lois antiterroristes sont l’objet d’attentats vitupère le Premier ministre, « alors que nous nous agissons contre les terroristes ! »

Montagnards

Des groupes de Montagnards vietnamiens continuent d’arriver au Cambodge où ils restent souvent cachés dans la jungle. Des villageois affirment qu’une partie d’un groupe de vingt-six d’entre eux ont été arrêtés le 1er septembre par l’unité frontalière 621 dans la commune de Dak Am. Le 10 octobre, quatre villageois et un officier de police demandent la protection de l’UNHCR, suite à des menaces pour avoir aidé des réfugiés.

Le 13 septembre, les gouvernements de Hanoi et de Phnom Penh signent à Hô Chi Minh-Ville une déclaration réaffirmant leur politique de ne pas laisser « des forces extérieures et hostiles utiliser des provinces frontalières d’un pays comme base pour porter préjudice à l’autre » et décident de renforcer la surveillance de leurs frontières communes.

Au 20 octobre, 472 Montagnards vietnamiens se sont placés sous la protection de l’ONU depuis le mois de juillet. Il y en aurait encore une soixantaine qui se cacheraient dans la forêt le long de la frontière. Des fonctionnaires de l’ambassade américaine à Bangkok commencent à interroger les réfugiés en vue de leur départ aux Etats-Unis.

Trois Montagnards réfugiés aux Etats-Unis en 2002, atteints de nostalgie et « appelés par Dieu tentent de repartir chez eux, au Vietnam, mais, ayant perdu leurs papiers, ils errent pendant des semaines dans l’aéroport de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

Le 22 septembre, – c’est une première -, sept Nord-Coréens, dont deux femmes, espérant gagner la Corée du Sud, sont interpellés par la police cambodgienne et placés en détention. Les réfugiés ont traversé, en bateau et à pied, la Chine et le Vietnam. Le 23 septembre, le porte-parole du gouvernement déclare vouloir les remettre à l’UNHCR. « Mais, ajoute-t-il, l’ambassade de Corée du Nord nous demande de les renvoyer au pays, et le roi entretient de bonnes relations avec cette nation. Nous devons donc consulter le Palais royal avant de prendre une décision. » Les ONG de défense des droits de l’homme sont unanimes pour s’opposer à leur refoulement. Finalement, le 24 septembre, ils sont envoyés vers Séoul.

Travailleurs émigrés

Le délai d’enregistrement accordé aux immigrés clandestins en Thaïlande était fixé à la fin juillet. 180 000 cartes de séjour ont été accordées. Trois sociétés, dont une basée au Cambodge, étaient chargées de trouver des employeurs. Cependant, chaque jour, 50 à 70, parfois 200 candidats à l’exil sont refoulés par les autorités thaïlandaises. Bon nombre d’entre eux ont fait des séjours dans les geôles thaïlandaises.

Tribunal pour juger les ex-dirigeants Khmers rouges

Les 4 et 5 octobre, l’Assemblée nationale cambodgienne adopte à une majorité écrasante, l’accord entre le Cambodge et l’ONU pour la création d’un tribunal à caractère international pour juger les anciens dirigeants Khmers rouges, puis adopte les 29 amendements à la loi cambodgienne sur le sujet. Ces textes sont votés sept ans après les premières démarches – et cinq ans d’âpres négociations avec l’ONU.

Les frais engagés par la tenue du tribunal sur trois ans sont estimés à 57 millions de dollars, somme qui fait grincer des dents certains pays bailleurs de fonds. Ce procès mobilisera 300 personnes, dont 100 étrangers. Les salaires mirobolants des étrangers scandalisent la partie cambodgienne.

Le 15 septembre, avant la session générale de l’ONU, Hun Sen vitupère contre les pays qui accusent le Cambodge de traîner les pieds pour l’établissement de ce tribunal à « caractère international » : « On dit que les juges cambodgiens sont corrompus. Mais c’est pour nous imposer des juges qui n’ont pas de travail et qui veulent toucher l’argent de l’ONU. Ce qui m’inquiète le plus, c’est que ces juges ne connaissent rien à l’histoire des Khmers rouges. Du coup, ce sont les juges cambodgiens qui établiront les dossiers et les traduiront. Mais finalement, ce sont les juges étrangers qui toucheront les bons salaires. » Il annonce que le Cambodge n’assurera que les locaux, l’eau, l’électricité et les dépenses de sécurité : « Vous voulez juger, vous payez ! » Certains interprètent ces propos comme une manière de faire capoter le procès sans en endosser la responsabilité. Pour les députés du PSR, il ne fait aucun doute que Hun Sen ne veut pas de ce procès et tente de le repousser le plus longtemps possible dans l’espoir secret que les dirigeants Khmers rouges meurent avant que la machine judiciaire se mette en route.

Le roi Sihanouk estime qu’« avec 57 millions de dollars, on pourrait sauver l’agriculture du petit peuple Le 18 octobre, Ranariddh, qui était l’initiateur de la demande en 1996, emboîte le pas, et demande les 55 millions pour développer l’agriculture. Il avoue avoir des doutes sérieux sur la nécessité de ce tribunal. « Maintenant que je ne suis pas roi, j’ose parler dit-il. Pour Thun Saray, président d’ADHOC, « il faut regarder l’action des responsables politiques, et non ce qu’ils disent. Ils font des déclarations pour satisfaire les gouvernements étrangers, mais ne veulent pas de jugement ». « Ce n’est pas surprenant dit le porte-parole du PSR, un tribunal mettrait dans l’embarras le Vietnam et la Chine qui ont aidé le régime Khmer rouge, ainsi que des personnalités du gouvernement actuel.

Un livret de 21 pages est tiré à 16 000 exemplaires en langue khmère et 5 000 en anglais pour expliquer les enjeux du procès.

Les Etats-Unis refusent d’accorder quelque aide directe que ce soit au gouvernement cambodgien, « profondément concernés par les problèmes de corruption, l’absence d’un Etat de droit, qui mine les activités de développement du pays. » Ils sont les seuls, sur 139 Etats, à s’être abstenus, lors du vote de l’ONU sur la résolution soutenant le tribunal. « L’Amérique nous a toujours poussés pour la création d’un tribunal dans le cadre de l’ONU, et maintenant nous retire son aide se lamente Ranariddh. Les autres pays attendent le budget fixé par l’ONU pour fixer leur participation financière.

ECONOMIE

Le budget de 2004 est en hausse de 6,4 % par rapport à l’exercice précédent. Il s’élève à 752 millions de dollars, contre 707 millions l’an dernier, en raison notamment de l’inflation du nombre de postes ministériels. « Les 45 millions de différence, c’est pour eux note un économiste du CDRI (Cambodian Development Resource Institute). La part des dépenses courantes (salaires, frais de fonctionnement) est de 63 % contre 37 % pour les investissements publics (routes, hôpitaux, écoles, etc« Le nombre de réfections de routes est inversement proportionnel au nombre de fonctionnaires remarque un observateur. Selon le gouvernement, ce budget permettra de rembourser plus de 200 millions de dollars dépensés entre janvier et juillet sur le 12e prévisionnel, notamment pour les salaires, et quelque 50 millions de dettes internationales, ainsi qu’une somme indéterminée d’emprunts ayant servi à financer le fonctionnement des institutions étatiques. 70 % du déficit de l’Etat, environ 400 millions de dollars chaque année, sont financés par l’aide internationale.

Bois

Le 19 octobre, pour la première fois, la Banque mondiale dénonce l’attribution de concessions à des sociétés forestières par le gouvernement. Depuis 2001, ces sociétés devaient préparer un plan d’exploitation des forêts mais elles ne l’ont pas fait. C’est un profond changement d’attitude par rapport au mois d’août, la BM soutenait alors le gouvernement. Cependant, la société Pheapimex, très proche de Hun Sen, va commencer le déboisement de 315 028 hectares de forêts dans la région de Pursat, pour y planter des eucalyptus et des acacias, en contradiction formelle avec les instructions de 2001 des pays donateurs.

Or

Douze mines d’or ont été découvertes dans les années 1960 par un géographe français, à Phnom Chi, Prey Méas (Rattanakiri), à Sampeuv Loun (province à de Kompong Cham) et O Torn (province de Kratié). Dans les années 1980, sept autres mines sont mises au jour, au nord-ouest du pays. Des licences d’exploitation sont accordées par le gouvernement à des compagnies étrangères, à la fin des années 1990. Machines, explosifs, filtrages imprécis et rejets dans les rivières voisines endommagent sérieusement l’environnement : les habitants déclarent des allergies cutanées, l’herbe ne pousse plus, et les plants de riz repiqués virent au rouge, puis cessent de croître. En 2004, on estime que 80 % des chercheurs d’or sont pauvres ou très pauvres, ne possédant que des outils manuels. Ce sont des travailleurs locaux ou des saisonniers migrants, qui gagnent entre un dollar et demi à deux dollars par jour. Certains travaillent dans des tunnels allant jusqu’à 80 mètres de fond, dans des conditions souvent très précaires. « Le gouvernement a accordé des licences d’exploitation, mais notre ministère n’en tire aucun revenu… et je ne sais pas pourquoi s’interroge un responsable de l’environnement au gouvernement.

Coton

A la fin des années 1960, la culture du coton occupait près de 5 000 hectares pour une production annuelle d’environ 5 000 tonnes. Depuis plus d’un an, une entreprise finance la culture de 1 000 hectares dans la province de Kompong Cham. « Pour l’instant, cela nous permet de récolter chaque année 260 tonnes de coton. Ce qui représente 10 % de notre production totale explique le directeur de l’entreprise. Cent vingt paysans ont accepté d’abandonner leurs cultures de soja, de maïs ou de tabac pour faire pousser des cotonniers. Pour les encourager à poursuivre dans cette culture, l’entreprise leur fournit des graines de qualité supérieure importées de Chine, une assistance technique et leur garantit l’achat de la récolte. « Nous souhaitons parvenir à 10 000 hectares de telle manière que nous devenions autonomes assure-t-il. Une usine de tissage, à l’initiative d’investisseurs chinois, va ouvrir à Sihanoukville, encourageant par là la culture. Selon les calculs d’experts de la Banque mondiale, l’irrigation de trois hectares de coton nécessite un investissement de 200 à 300 dollars en pompes et tuyaux.

Selon le ministre de l’Industrie, le Cambodge compterait actuellement 25 985 PME, dont 1 562 installées dans la capitale. Une cinquantaine d’entre elles ont fait faillite depuis le début de l’année, par manque de compétitivité des produits locaux, coût de l’eau et de l’électricité, ou encore déficit de qualité. Le président des PME de Phnom Penh fait remarquer qu’il y a dix ans, on comptait 3 000 PME dans la capitale, et que bientôt il n’en restera que 300 à 400. Selon un accord tripartite signé le 20 septembre, l’USAid, l’agence de coopération américaine, se porte garante à hauteur de cinq millions de dollars des prêts accordés par la Canadia Bank aux petites et moyennes entreprises.

Lutte contre la corruption

Le 10 septembre, Hun Sen déclare la « guerre à la corruption » devant les institutions et pays donateurs, à l’occasion de la réunion préparatoire à la réunion du « groupe consultatif » de décembre, qui décidera du montant de l’aide internationale. « Il y a de nombreuses demandes en concurrence pour l’aide internationale à travers le monde, et il n’y a aucune garantie que les montants attribués au Cambodge continuent à être aussi élevés met en garde l’ambassadrice des Philippines. Pendant plus de dix ans, l’aide internationale a principalement bénéficié aux couches les plus aisées de la société. Hun Sen assure que tous les ministres, y compris le Premier, passeraient « sur le billot de l’Assemblée » une fois par semaine, comme le prévoit la Constitution, afin de permettre le contrôle des activités du gouvernement.

Au début du mois de septembre, le roi Sihanouk publie un relevé de ses biens et avoirs : une seule maison natale léguée par sa mère, la reine Kossamak, qui elle-même la tenait de son père, le roi Monivong (le bâtiment abrite aujourd’hui l’ambassade de Corée du Nord). Ses économies dorment sur deux comptes en banque, l’un à Paris à la Banque Sao Paolo. Il « possède en tout et pour tout 40 000 euros (compte bloqué) et 6 606,20 euros (compte courant) argent déposé à la fin des années 1960 et auquel il n’a pas touché depuis le coup d’Etat de Lon Nol. Le compte de la Bank of China est garni de 131 479 dollars, « reliquat » des frais de mission alloués en tant que président du Kampuchea démocratique, puis en tant que président du Conseil national suprême.

Assurances

Le 26 octobre, la Cour municipale de Phnom Penh ordonne la liquidation Assurance, et nomme une compagnie basée à Bangkok comme liquidateur. La société devra assurer la paye des salaires de ses soixante employés. Les clients seront remboursés en fonction des valeurs et des biens saisis. Pour le président de la chambre de commerce franco-cambodgienne, c’est un signe négatif pour l’investissement. « Beaucoup de chose ici relèvent de l’arbitraire dit-il.

La loi sur l’assurance, adoptée en 2000, stipule que toute compagnie d’assurance doit disposer d’un capital de sept millions de dollars, dont 10 % en dépôt de garantie à la Banque nationale. Cette somme est énorme dans un marché atteignant péniblement les huit millions. Indochine Assurance est la première compagnie du pays avec plus de 50 % du marché, devant Forte (30 %), Asia (15 %) et la compagnie d’Etat Caminco (5 %). Elle revendique 30 000 contrats, 90 % de ses clients sont des étrangers. L’an passé, la société a réalisé un chiffre d’affaires de quatre millions de dollars.

Le 18 août, le ministère envoie un ordre de liquidation à Indochine Assurance, la veille de l’arrivée à Phnom Penh du directeur de la MACIF, l’une des plus grandes compagnies d’assurance françaises désireuse de prendre une participation dans Indochine Assurance. Ce « coup de force » témoigne de « pratiques mafieuses » pour protéger les intérêts de la compagnie d’Etat, déclare le directeur. Le 14 septembre, un conseil d’administration réunit Indochine Assurance et ses deux éventuels futurs partenaires, la MACIF et Proparco, une banque privée appartenant au groupe de l’AFD (Agence française de développement), qui confirment l’apport des six millions qui font actuellement défaut à la compagnie. La MACIF prévoit d’embaucher 340 employés pour la période 2005-2008, en étendant ses compétences aux assurances-vie, automobiles et immobilière. « Trop tard répond le ministère des Finances.

Philippe Lenain, directeur Assurance, se réfugie avec sa famille à l’ambassade de France, et quitte le pays le 31 octobre. Il part avec 130 chèques qui n’ont pu être encaissés depuis le 18 août, représentant une valeur de 244 863 dollars, qu’il promet de renvoyer à chacun des signataires. 150 000 dollars n’ont pu être réglés aux fournisseurs.

Tourisme

Le WWF (Fonds mondial des espèces sauvages) passe un accord de cinq ans avec le ministère de l’Agriculture et des Forêts pour la création d’une réserve aux confins des provinces de Mondolkiri et de Ratanakiri, le long de la frontière vietnamienne, s’étendant sur plus de 386 000 hectares de forêt sèche, mélange de jungles, de savanes et de forêts plus clairsemées. Sa faune et sa flore comprennent nombre d’espèces menacées (ours, tigres d’Indochine, éléphants d’Asie, bantengs et gaurs (des sortes de buffles sauvages), cerfs, grues, ibis géants ou encore crocodiles siamois). Aujourd’hui, les serpents, varans, tortues, bois rares y sont la proie des braconniers. Des guides pourront y diriger les touristes.

Pêche et tourisme

Parmi les 1 500 espèces de poissons du Mékong, certaines sont des curiosités comme le poisson-chat géant, un vorace qui grossit de 10 kilos par an, et qui peut atteindre 350 kilos et vivre un demi-siècle. Il y a l’anguille longue d’une dizaine de mètres que les Cambodgiens fuient, persuadés que ce poisson est capable d’avaler un homme. Ou encore la raie d’eau douce, un monstre plat qui peut atteindre la demie tonne, armée d’un aiguillon venimeux. A Kratié, au milieu du Mékong supérieur, survit une colonie de dauphins Irrawaddy. Ces espèces sont mises en danger par les projets des experts de la BAD de mise en valeur du bassin du Mékong. Plus d’une trentaine de centrales hydroélectriques ont été achevées ou sont en chantier pour barrer le fleuve et ses affluents. Déjà les barrages vietnamiens sur la Sé San ont bouleversé la vie de la population de Ratanakiri : « L’eau relâchée provient du fond. Sa température est de 10 à 15 degrés. C’est trop froid pour les espèces tropicales qui peuplent la rivière. D’où la chute des prises ». Les réservoirs ont immergé des forêts qui maintenant pourrissent. Cette décomposition végétale élève le Ph de l’eau, ce qui la rend urticante. A la fin de la saison sèche, les barrages sont ouverts pour faire tourner à fond les turbines et alimenter les climatiseurs d’Ho Chi Minh-ville. Au contraire, pendant la mousson, pour remplir les réservoirs, les vannes sont fermées, C’est pour cela que la rivière s’assèche quand elle devrait déborder et qu’elle gonfle quand elle devrait se vider. « Nous, les Thaïlandais et les Laotiens, nous adaptons nos bateaux au Mékong. Les Chinois, eux, veulent adapter le Mékong à leurs bateaux résume un pêcheur.

Entrée à l’OMC

Le 31 août, l’Assemblée nationale ratifie à la quasi-unanimité (106 députés sur 107 présents) la loi portant sur l’adhésion du pays à l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Les élus devront encore se prononcer sur une trentaine de lois, comme celle relative à la propriété intellectuelle. Sam Rainsy rappelle toutefois que le Cambodge devrait avant tout se pencher sur la situation du marché local, dominé par les produits importés, avant de s’enivrer à l’évocation de l’immense marché international. « Qu’avons-nous à vendre ? s’interroge le chef de l’opposition ; la moitié des légumes consommés au Cambodge est importée du Vietnam, souligne-t-il. Le ministre du commerce rétorque : « En adhérant à l’OMC, nous avons 95 % de chances de survivre. Sinon, nous allons mourir ! » Le 6 septembre, 50 sénateurs présents adoptent le texte de loi. Le 13 octobre, le Cambodge devient le 148e pays membre de l’OMC, le 32e parmi « les pays les moins avancés ».

Programme alimentaire mondial

Le 28 février, le PAM (Programme alimentaire mondial) découvre un trafic de riz de 4 000 tonnes, d’une valeur de près de deux millions de dollars, survenu entre janvier 2003 et avril 2004, dans le cadre des programmes « travail contre nourriture ». Ce trafic aurait bénéficié de complicités à tous les échelons, du stockage jusqu’à la distribution, en passant par le transport. Des autorités locales, régionales, des fonctionnaires de plusieurs ministères et des employés du PAM seraient impliqués. Le PAM réduit ses activités de moitié tant que l’affaire n’est pas tirée au clair.

Le système de fraude consiste à surévaluer les besoins réels en nourriture sur les chantiers, en gonflant les listes des ouvriers bénéficiaires et en sous-estimant l’état des infrastructures existantes, ce qui rehausse de facto l’ampleur des travaux supposés, donc les besoins en riz. Chez les donateurs du PAM (Japon, Etats-Unis, Australie surtout), on attend de savoir comment les autorités cambodgiennes vont traiter cette affaire. « Notre aide future en dépendra. » Le Japon est le premier pays donateur du PAM au Cambodge avec environ 11 millions de dollars en 2003. Le Japon a également exprimé ses « profonds regrets » aux représentants du PAM et au gouvernement.

Aides et investissements

En moyenne, la Banque mondiale prête à l’Etat cambodgien 60 millions de dollars par an.

Le Japon promet d’octroyer un prêt à faible taux d’intérêt de 39 millions de dollars destiné à financer l’extension du port de Sihanoukville, remboursable sur trente ans avec une période de grâce de dix ans. Ce prêt financera l’allongement de 160 mètres du quai à containeurs, les expropriations, les équipements de chargement et de déchargement des cargos ainsi que le dragage du port. Une enveloppe de 450 000 dollars est également allouée au gouvernement afin de doter l’imprimerie du ministère de l’Education de nouveaux équipements. Depuis 1992, le Japon a octroyé 800 millions de dollars d’aide au royaume.

Les investissements étrangers directs (IED) au Cambodge ont plon-gé de 40 % en 2003, passant de 145 millions de dollars en 2002 à 87 millions en 2003, selon un rapport publié par la CNUCED (Confé-rence des Nations Unies pour le commerce et le développement). Et pourtant, « les flux d’IED à destination de l’Asie et du Pacifique sont passés de 94 milliards de dollars en 2002 à 107 milliards de dollars en 2003, mettant ainsi fin à la baisse amorcée en 2001 Sur ces 107 milliards, près de la moitié sont réservés à la Chine, qui devient la première destination mondiale des IED (exception faite du Luxembourg, qui bénéficie d’importants capitaux en transit). La Chine dépasse ainsi les Etats-Unis, qui occupaient auparavant la première place mais dont les IED se sont effondrés en 2003.

Le 22 octobre, un accord de coopération est signé entre Phnom Penh et Hô Chi Minh-Ville. 300 000 dollars sont donnés par Hô Chi Minh-Ville pour la construction d’une école.

Logements

La Canadia Bank, première banque commerciale du pays, reçoit un prêt de 5 millions de dollars de Finance Corporation (IFC), branche pour l’investissement privé de la Banque mondiale, afin de favoriser l’accès au logement. Ce prêt permettra l’acquisition d’appartements neufs par les citadins. La banque se charge de faire construire les logements, puis les clients les achètent en payant 30 % cash, le solde étant à régler sur une période de cinq à dix ans, à un taux d’intérêt de 0,83 % par mois. La seule condition, pour les acheteurs, est de présenter un revenu familial compris entre 1 000 et 2 000 dollars par mois. Selon la municipalité de Phnom Penh, chaque année, sept mille nouvelles familles en provenance de tout le pays cherchent à acheter un logement dans la capitale. « Ce prêt, il est vrai, reconnaît le directeur de la banque, n’aide que les riches, mais il contribuera à créer des emplois pour les ouvriers dans la construction. » Au premier semestre 2004, 73 millions de dollars ont été consacrés à 229 projets de construction immobilière, soit une hausse de 36 % par rapport à la même période de l’année précédente pour 157 chantiers concernent des appartements, et 52 des villas. En 1999, 1 074 projets avaient été entérinés.

Télécommunications

Le 30 septembre, le ministère des Postes et Télécommunications ordonne aux sociétés et particuliers installés près de la frontière thaïe et branchés sur le réseau téléphonique thaïlandais de cesser leur activité. Près de 500 antennes pirates ont ainsi dû baisser pavillon dans les provinces d’Oddar Meancheay, Banteay Meanchey, Battambang, Siem Reap et Koh Kong. Ces installations sont une violation de la souveraineté du Cambodge et feraient perdre à l’Etat entre un et deux millions de dollars. Cependant, les communications téléphoniques sont hors de prix au Cambodge : sept centimes d’euro la minute contre quatre en Thaïlande pour une communication locale. Le ministre promet une baisse de 10 à 15 % des tarifs.

Alcatel signe un accord avec l’ITC (Institut de technologie du Cambodge) le 22 octobre et promet des bourses d’études aux 28 meilleurs étudiants, pendant trois ans. Alcatel organise également des séminaires de formation pour les étudiants de l’ITC et les fonctionnaires des télécommunications.

SOCIETE

Le rapport du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) prévoit une population de 29,6 millions d’habitants au Cambodge en 2050. A cette date, le Vietnam et la Thaïlande compteront respectivement 117,7 et 77,1 millions d’habitants. La population actuelle du royaume est estimée à 14,5 millions d’habitants, dont 19 % vivent dans des zones urbaines. Le taux de fécondité des Cambodgiennes est de 4,77 enfants par femme (sur la période 2000-2005). Seul un tiers des enfants naît avec l’aide de personnel médical. 30 % de la population bénéficie d’un accès facile à l’eau potable, contre 84 % en Thaïlande et 77 % au Vietnam. Soixante-treize nouveaux-nés sur 1 000 meurent avant l’âge d’un an (contre cinq en France). La mortalité des moins de cinq ans s’est accrûe de 115 pour 1 000 en 1990 à 138 en 2001. Quant à l’espérance de vie, si elle augmente, elle est toujours l’une des plus faibles de la région : 55,2 ans pour les hommes et 59,5 ans pour les femmes. Le taux de prévalence du sida est le plus élevé des pays du Sud-Est asiatique. Chez les 15-49 ans, il est de 3,7 % pour les hommes et de 1,6 % pour les femmes (contre 2 % et 1,1 % en Thaïlande). 19 % des hommes et 41 % des femmes de plus de 15 ans sont illettrés. Dans la région, seul le Laos connaît une situation pire (respectivement 23 % et 45 %).

Selon une étude de la Banque mondiale, publiée en avril 2004, environ 43 % de la population (contre 38 % en 1992) vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, avec moins d’un dollar par jour. Ce chiffre devrait passer à 45 % en 2005. 36 % de sa population vit avec moins d’un demi dollar par jour.

Mouvements sociaux

Le ministre du Travail estime que l’amélioration des conditions de travail sera décisive pour l’obtention de contrats d’achats des produits cambodgiens, dans le cadre de l’OMC. Si beaucoup d’améliorations ont été apportées à la situation des ouvriers, la multiplication des grèves manifeste le peu d’observation du code du travail.

Durant la seconde quinzaine du mois d’août, une dizaine d’employés de l’hôtel-casino Golden Crown, à Poïpet, sont séquestrés dans leur établissement par la direction, pour les contraindre à mettre fin à une escroquerie qui lui aurait fait perdre quelque cinq millions de dollars au cours des quatre derniers mois, en truquant les cartes de jeux par des moyens électroniques. Relâchés le 31 août, neuf d’entre eux sont remis à la police. Les suspects ont remboursé 2,3 millions de dollars au casino.

Le 30 août, le secrétaire général singapourien du Syndicat international de la restauration (IUF) pour la branche Asie-Pacifique vient étudier le conflit opposant le personnel et la direction des hôtels de luxe. Un syndicat se mobilise devant les bureaux de Singapour Airlines dans des aéroports américains pour sensibiliser les passagers aux problèmes rencontrés par certains employés de la chaîne hôtelière Raffles. La ville américaine de San Francisco empêcherait Raffles d’y ouvrir un établissement tant que le conflit dans lequel il est impliqué au Cambodge ne sera pas résolu.

Le 12 septembre, la direction de Raffles, les représentants syndicaux et les directeurs des deux hôtels du groupe singapourien, Le Royal de Phnom Penh et le Grand Hôtel Angkor de Siem Reap, parviennent à un accord mettant un terme à un conflit de près de cinq mois. 80 % des quelque 300 grévistes licenciés en avril dernier seront réintégrés. La quinzaine de dissidents qui avaient décidé de lâcher le mouvement et le syndicat de l’hôtel sur la promesse de la direction de les réintégrer auront finalement tout perdu dans l’affaire. Plusieurs employés ont opté pour des indemnités, d’autres ont déjà retrouvé leur poste au cours des derniers mois. Les employés réintégrés toucheront une indemnité équivalente à 75 % de leurs salaires pour leurs cinq mois de chômage forcé. Les 20 % restant recevront l’intégralité de leurs salaires pour cette période en plus des indemnités de licenciement. Les deux parties laissent au gouvernement le soin de légiférer sur la question de la taxe de service, à l’origine du conflit.

Le 21 septembre, deux délégués du SIORC sont enlevés par quatre hommes en civil, qui ne sont autres que des agents de sécurité de l’usine, « alors qu’ils menaient des négociations au bureau du chef de l’inspection du travail » pour résoudre un conflit social survenu dans leur usine, Union Paper. Sur pression de l’Adhoc, ils sont relâchés quelques heures plus tard.

Le 21 septembre, les ouvriers de l’usine Coca Cola brûlent des pneus devant leur usine et présentent quatorze revendications, notam-ment l’arrêt du caractère obligatoire des heures supplémentaires, mal payées, selon eux. Ils réclament en outre le départ de certains responsables jugés trop méprisants, l’arrêt du travail les jours de fête bouddhique et la titularisation de contractuels maintenus dans un statut précaire. Un accord est trouvé le 23, sans que les points importants soient traités : 31 vacataires n’ont pas été titularisés, quatre autres vacataires ont été licenciés « sans qu’aucun motif ait été donné ».

Le 4 octobre, 1 700 ouvriers de l’usine de confection Rao Yuan de Sihanoukville se mettent en grève pour protester contre le licencie-ment abusif de 41 employés, le 25 septembre. Les employés sont réintégrés.

Le 9 octobre, plus de 10 000 ouvriers d’une usine coréenne se mettent en grève à cause du retard du versement de leurs salaires, normalement prévu le 5 du mois.

Le 19 octobre, 3 000 ouvriers de l’usine de confection International Manufacturing se mettent en grève pour protester contre le licenciement jugé abusif de six délégués syndicaux.

Pour éviter tout mouvement de revendication, la plupart des usines de textiles accordent une semaine de congé à l’occasion de Phcum Ben, la fête de morts, qui comporte à peu près la même charge affective que les fêtes de Toussaint et Noël réunies pour des Occidentaux. Ces congés occasionnent des embouteillages sur les petites routes du Cambodge.

Le 27 octobre, la Confédération internationale des syndicats libres (CSL) dépose une plainte de quatorze pages devant l’OIT (Organisation internationale du travail) pour entraves à la liberté syndicale dans le royaume et contre le gouvernement cambodgien qui n’a pas été capable de mener une enquête sérieuse sur le meurtre de deux importants dirigeants syndicaux.

Spoliations

Le 31 août, les autorités de l’arrondissement de Russey Kéo démontent les habitations de 251 familles du quartier Phnom Penh Thmey, installées sur des terres appartenant à un particulier. Les policiers ont dû tirer plusieurs coups de feu en l’air et ont procédé à neuf arrestations. Selon , un premier groupe de squatters s’était emparé de cette terre et l’avait revendue en lots, de 100 à 2 000 dollars, à ceux qui aujourd’hui se font expulser. Le 3 septembre, huit personnes interpellées sont libérées, suite à un ordre venu « d’en haut Un responsable d’ONG dénonce le caractère « cruel et destructeur » de cette opération de police. « Ce n’est pas une bonne méthode. C’est une honte ».

Les autorités municipales de Phnom Penh et les habitants expulsés du quartier de Phnom Penh Thmey tombent d’accord : la municipalité débloque 70 000 dollars pour l’achat d’un terrain, à proximité de la communauté d’ex-squatters d’Anlong Kngan. Cent vingt des 237 familles concernées donnent leur accord. Chacune d’elles obtiendra une parcelle de 60 m , au lieu des 105 exigés initialement. Les autres résistent.

Le 30 août, un représentant du PSR dans le village de Prek Chik (province de Koh Kong) est abattu de trois balles tirées par deux hommes. La victime s’était inlassablement battue aux côtés de familles spoliées par des puissants.

Le 12 septembre, 133 familles du village de Chrey Haï (province de Kompong Cham) accusent la société Boung Ket, dirigée par Sim Vanna, d’avoir, la semaine précédente, envoyé ses hommes, accompagnés de policiers, couper leurs hévéas.

Le 18 octobre, Hun Sen reconnaît que sa gestion de la réforme foncière, des lots de pêche et de la déforestation sauvage constituent « les trois plus grosses erreurs » de sa carrière politique. Il demande aux autorités provinciales d’identifier les terres sous leur gestion qui pourraient être partagées aux paysans sans terre. Plus d’un million de paysans sont sans terre, soit entre 15 à 20 % de la population. En 2003, le Conseil des ministres avait adopté un sous-décret sur les « concessions sociales créant un mécanisme de transfert de 75 à 80 % du territoire cambodgien aux gens défavorisés. 7,4 % de la population possède 30 % des terres, l’essentiel des terres disponibles étant impropres à la culture. Hun Sen lance un appel public aux hauts fonctionnaires et aux oknhas (hauts dignitaires) afin qu’ils remettent à l’Etat les parcelles qu’ils se sont appropriées et qui ne sont pas exploitées. « La terre aux producteurs dit-il, reprenant le schéma traditionnel cambodgien où la terre appartient à celui qui la travaille. Cette politique est soutenue par la Banque mondiale. Il félicite Mme You Ay, secrétaire d’Etat aux ministères des Femmes et des Vétérans, d’avoir rendu une partie des terres contestées par les paysans.

Même si beaucoup de modalités pratiques restent dans le flou et que cette déclaration est destinée aux observateurs étrangers, on peut saluer l’orientation prise au plus haut niveau de l’Etat. La pauvreté et les problèmes de santé sont une des raisons fréquentes d’aliénation des terres.

Le 21 octobre, des milliers de villageois armés de couteaux et de houes, enhardis par le discours de Hun Sen, envahissent un terrain dont ils estiment avoir été spoliés injustement par un grand du royaume.

Justice

Le 15 juillet, le ministère de l’Intérieur adresse un courrier à la Justice pour lui soumettre 274 cas de non-lieu ou de remises de peine qu’il considère abusifs. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) refuse de mettre sur pied une commission d’enquête spéciale pour examiner un à un les cas signalés par les policiers, mais déclare vouloir s’atteler à cette tâche. Seul le CSM est en mesure désormais de trancher ces litiges. Aujourd’hui, les prisons de la capitale abritent 1 900 personnes, contre 700 en 2000.

Le 15 septembre, Hun Sen, Sâr Kheng, Vice-Premier ministre et co-ministre de l’Intérieur, Sok An, ministre du Conseil des ministres, et Prum Sokha secrétaire d’Etat à l’Intérieur, prêtent serment pour pouvoir exercer le métier d’avocat une fois qu’ils seront déchargés de leurs responsabilités publiques. Le barreau compte aujourd’hui 370 membres, dont 225 exercent.

Le 16 octobre, maître Suon Visal devient bâtonnier de l’ordre des avocats. Formé dans le sillage des ONG anglo-saxonnes de défense des droits de l’homme, il dirige les avocats de Cambodia Defender Project. Il était en compétition avec l’ancien bâtonnier Ky Tech, proche du pouvoir, et trois autres concurrents moins connus. C’est une bonne nouvelle pour plus d’indépendance de la justice par rapport à l’exécutif. Ky Tech dénonce des irrégularités dans l’élection.

Droits de l’homme

Le 24 septembre, un journaliste meurt dans un curieux accident de la route provoqué par un officier de l’armée. Le journaliste avait publié plusieurs articles sur les coupes illégales de bois et sur la contrebande d’essence avec le Vietnam.

On assiste encore à plusieurs cas de lynchages populaires. Entre autres, le 15 septembre, dans la province de Takéo, trois hommes arrêtés la veille pour vol de moto sont lynchés par une foule estimée à 300 personnes. La foule s’en est prise au véhicule censé transférer les trois suspects, âgés de 28 et 29 ans, pensant qu’ils étaient les auteurs de l’assassinat d’une femme du village. Le 9 octobre, deux hommes soupçonnés de vol sont lynchés par une foule de 600 personnes. Le 10 octobre, un homme est tué, un autre blessé par une foule de 200 personnes en colère.

Education

48,98 % des candidats ont décroché le bac, contre 40,58 % l’an dernier, soit 18 883 lauréats parmi lesquels 7 155 filles. Rong Chhun, président de l’AIEC (Association indépendante des enseignants du Cambodge), commente : « Si les résultats reflétaient le véritable niveau des candidats, le taux de réussite n’aurait pas dû excéder les 20 % ! Le ministère pense à la quantité, pas à la qualité. »

Depuis l’an 2000, le taux de scolarisation serait en hausse de 37,7 % notablement dans les zones les plus reculées. On compte un total de 2,7 millions d’élèves. Seuls 30 % des enfants achèvent le primaire, 14 % entrent au collège et 6 % atteignent le lycée. Les efforts entrepris sont également visibles au niveau du secondaire. Les collégiens sont aujourd’hui 460 000, en hausse de 62 % par rapport à 2000, dont près de la moitié de filles (193 000). Dans les régions reculées, une infime partie dépasse cependant la 6ème. Depuis 2000, le nombre de collèges est passé de 508 à 688 (Espace Cambodge a construit quatre écoles, et un collège). La formation technique et professionnelle de l’Education nationale reste encore très embryonnaire ; entre 5 500 et 6 000 jeunes en ont profité au cours des quatre dernières années. Par contre, les ONG et les entreprises privées ont, à elles seules, formé pendant la même période 130 000 jeunes, dont 20 à 25 % de filles. Le 8 septembre, Sak Kheng, co-ministre de l’Intérieur, demande aux écoles d’adapter leur enseignement au marché de l’emploi, avec l’introduction de davantage de pratique et de filières professionnelles.

La Belgique offre des bourses d’études, de 45 à 90 pour 1 200 enfants pauvres des provinces éloignées. Cette aide s’inscrit dans un budget de 8,5 millions d’euros, sur une période de trois ans, visant à améliorer l’accès et la qualité de l’éducation de base. Un fonds japonais aide également de la même façon.

Un cabinet d’avocats, DFDL Co. Ltd, une société de consultants dans le domaine juridique et fiscal, implantée au Cambodge en janvier 1995, offre des bourses d’études en droit destinées à des élèves défavorisés. Pour sélectionner les jeunes, la firme décide de s’adjoindre la collaboration de deux ONG (Aspeca et Les enfants du Mékong) opérant depuis plusieurs années au Cambodge.

Santé

Une société cambodgienne, l’EPHAC, produit une vingtaine de catégories de gélules (bêtalactamine, ampelisaline…) et compte en produire plus d’une cinquantaine.

Le 22 septembre, le Japon remet au ministère de la Santé du matériel de surveillance des maladies infectieuses dans le cadre d’une aide de 3,5 millions de dollars. Ce projet de trois ans est destiné à réduire le taux de mortalité et de morbidité infantile grâce à une meilleure immunisation et à améliorer les soins prodigués aux tuberculeux. La deuxième phase de ce projet sera financée à hauteur de 2,1 millions de dollars.

Drogue

Plus d’un million de comprimés de drogue synthétique en tous genres ont franchi le pays les neuf derniers mois contre seulement près de 100 000, sur la même période, en 2001. Le 16 septembre, Sar Kheng, Vice-Premier ministre et co-ministre de l’Intérieur, réitère sa volonté de durcir les peines encourues par les narcotrafiquants, certains de ces dealers pouvant s’en sortir en s’acquittant d’une amende de 25 à 50 dollars. On estime que le trafic croît d’une année sur l’autre de 50 à 100 %, à la fois à destination de l’étranger, mais aussi pour satisfaire une demande intérieure croissante, le nombre de toxicomanes dans le royaume s’élevant désormais entre 40 000 et 50 000 personnes. A Poïpet, plus de 70 enfants sur 100 travaillant comme portefaix consomment de la drogue. Le responsable de l’Autorité nationale de lutte contre la drogue, se veut optimiste : « Le trafic augmente, mais les saisies de drogue aussi ! L’an dernier, nous avons saisi 200 000 pilules, alors que cette année nous avons déjà atteint le nombre de 600 000 ! »

Mines et accidents routiers

En 2003 au Cambodge, 755 personnes ont été victimes de mines ou d’UXO (objets explosifs non explosés). Selon les données américaines, plus de vingt millions de bombes ont été larguées sur le Cambodge pendant la guerre. Une baisse importante à été observée en juillet : seulement 34 accidents contre 64 en juillet 2003, le nombre de morts passant de dix à six. Entre janvier et mai, le prix du kilo de ferraille a doublé, ce qui a eu pour effet la croissance du taux d’accidents de 32 %. Depuis, la police en a interdit le commerce. Les inondations empêchent les paysans de sortir chercher le métal.

Le rapport International et de la Croix-Rouge cambodgienne sur les accidents de la circulation survenus à Phnom Penh au mois de juillet et août fait état de 1 033 victimes dont 69 % sont des hommes et 46 % des jeunes âgés entre 15 et 25 ans. Les motards constituent toujours le gros du contingent (77 %). Sur le total, 4,5 %, soit 52 personnes, ont trouvé la mort.

Le 28 septembre, à Svay Rieng 4 000 armes sont détruites dans le cadre du programme européen « Flamme de la paix ». Depuis 1999, 138 000 armes ont ainsi été détruites.

DIVERS

Art

Le Cambodge disposerait d’une centaine de maisons de production audiovisuelle, mais seule une trentaine sont réellement en activité. Les années 1980 ont été particulièrement fécondes, avec plus de deux cent compagnies qui se sont s’effondrées un peu plus tard faute de compétitivité. La renaissance s’est amorcée en 2002 et 2003, profitant de la « disparition » des films thaïlandais.

Le 9 septembre, une délégation de cerfs-volistes cambodgiens est présente à Dieppe pour le 13e festival international de cerfs-volants, puis le 20 septembre à Marseille. Vingt-huit sortes de cerfs-volants sont recensées dans le royaume, mais seulement le Kleng Ek (‘Aigle royal’) a été représenté au festival placé, cette année, sous le thème de « La femme et le cerf-volant ». Ses grandes ailes symbolisent la mère prenant soin de ses enfants (les deux plus petites ailes), car lorsqu’il prend de l’altitude, sa musique ressemble à une berceuse. L’art du cerf-volant est destiné traditionnellement à remercier les cieux à deux époques de l’année : en avril, lorsque le vent amène les nuages des premières pluies, et en novembre, lorsqu’il les chasse, permettant aux paysans de moissonner leurs récoltes.

Sports

Deux taekwondokas cambodgiens ont rapporté chacun une médaille d’argent à la première compétition internationale d’arts martiaux de Corée du Nord, qui s’est déroulée du 15 au 21 septembre.

Lors de la troisième édition des Mekong Goodwill Games opposant des volontaires venus des différentes nations riveraines du Mékong, en Thaïlande, les seize sportifs cambodgiens ont disputé, entre autres, les épreuves du sepaktakraw (jeu de balle en osier proche du volley mais avec les pieds) et ont glané sept médailles, dont une d’or.

Phnom Penh

En dix ans, la Régie municipale des eaux est passée d’une production de 65 000 m3 par jour à 235 000 m3 et a étendu son réseau de canalisations de 280 km à 950 km. Dans le même temps, la pression a été augmentée et permet aujourd’hui de desservir des logements situés au 4e étage, 24h sur 24.

Religion

Une affiche de cinéma présente un acteur américain assis sur la tête de Bouddha provoque la colère des bouddhistes. Une pétition est envoyée à l’ambassade américaine et demande des excuses. L’auteur a présenté ses excuses, mais il affirme que l’affiche n’est qu’un montage pour les besoins du film « Hollywood Buddha où on le voit assis sur le Bouddha pour montrer l’élévation d’un être grâce au bouddhisme.

D’après l’ambassade américaine, les musulmans du Cambodge seraient au nombre de 700 000 (chiffre apparemment exagéré), dont 88 % forment la branche Shafi, influencés par la Malaisie, la branche Salafi, appelée parfois Wahhabi, avec 6 %, influencée par l’Arabie saoudite et le Koweït, la branche traditionnelle Iman-San, avec 3 %, et la branche Kadiani, avec 3 %. Les chrétiens seraient moins de 1 %, les caodaïstes et les bahaï ne comprendraient que 2 000 fidèles chacun.