Eglises d'Asie – Pakistan
A Lahore, pour la fête de clôture du jeûne du ramadan, les évêques catholiques organisent une séance de prières interreligieuses
Publié le 18/03/2010
Dans son allocution à l’assemblée, le président de la Commission épiscopale, Mgr Andrew Francis, évêque de Multan, a fait observer que, ces dernières années, les chrétiens avaient eu particulièrement à souffrir de la violence, en soulignant qu’il était temps de faire régner une nouvelle tolérance à l’intérieur de la société. Il s’est particulièrement référé au grave incident qui avait eu lieu, le 28 octobre 2001, à l’église de Bawalpur (Bahawalpur), une église catholique où, à l’heure de l’attentat, une communauté protestante célébrait le culte. Des extrémistes musulmans avaient ouvert le feu sur les fidèles faisant seize morts, dont un musulman, le gardien de l’église. L’évêque a cité à ce propos une récente déclaration du pape Jean-Paul II affirmant qu’il ne peut y avoir de paix sans justice, et de justice sans pardon. Il en a conclu que le pardon était ce qu’il y avait de plus important pour entretenir de bonnes relations entre les deux communautés religieuses.
Pour sa part, l’un des invités musulmans, Liaqat Baloch, député à l’Assemblée nationale et secrétaire adjoint du Muttahida Majilis-e-Amal Pakistan, alliance des six principaux partis islamiques fondamentalistes créée à l’occasion des élections législatives d’octobre 2002 (1), a demandé que soit amélioré le dialogue entre les nations musulmanes et les pays occidentaux pour parvenir à une meilleure compréhension mutuelle. Ceux-ci ne devraient pas intervenir militairement chez celles-là. Il a fait remarquer que même si l’Europe et les Etats-Unis sont en avance dans le domaine technologique, ils ne devraient pas utiliser leur supériorité technique au service de la lutte contre les nations indépendantes ou engagées dans le djihad. Il a aussi attribué aux ennemis de l’islam la désharmonie régnant aujourd’hui entre les sectes musulmanes et les diverses religions minoritaires.
Une autre participante, Fakher-ul-Nisa, fonctionnaire de la Justice, a affirmé qu’il n’y avait pas trace de discrimination dans la Constitution du Pakistan. Elle a ajouté que le christianisme et l’Islam, les deux plus grandes religions du Pakistan, devaient montrer au monde leur tolérance et leur estime à l’égard des croyances des autres. L’étude de la Bible apprend la beauté du pardon accordé à ses ennemis par Jésus. Il devrait être pratiqué, a-t-elle conclu, dans l’ensemble du monde chrétien.
Dans son intervention, Muhammad Ibrahim Sialvi, présidente du Comité de la Paix pour la province du Pendjab, a souligné que les médias internationaux donnaient l’impression que les « maulanas les enseignants musulmans, sont des fondamentalistes. « Je voudrais dire au monde, a-t-elle déclaré, que nous étions ensemble hier, que nous sommes unis aujourd’hui et que nous resterons en accord dans le futur. » Elle a également affirmé que pour progresser et vivre en harmonie entre elles, les religions devaient s’imposer de ne pas calomnier les autres croyances et mettre en valeur leurs qualités.
Dans la prière qu’il a exprimée à haute voix au milieu de l’assemblée, le prêtre capucin Francis Nadeem, secrétaire de la Commission épiscopale pour le dialogue interreligieux, a évoqué un Pakistan plus fort où régneraient la fraternité, la tolérance et l’estime mutuelle. « Pour cela, continuait la prière, nous devons nous unir dans l’intérêt du développement du pays, travailler activement à l’harmonie sociale, de sorte que notre pays bien aimé devienne un lieu du plein épanouissement et de prospérité de tous. »