Eglises d'Asie

Des difficultés financières mettent en danger l’existence des séminaires où sont formés les prêtres de l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




Les supérieurs des séminaires reconnaissent que, si l’Eglise catholique de Birmanie est riche de nombreuses vocations, les problèmes financiers des institutions qu’ils dirigent sont inquiétants. Seize prêtres ont pris part à la conférence annuelle des supérieurs de séminaires qui s’est tenue à Rangoun les 10 et 11 novembre derniers. Les débats ont porté sur les difficultés financières, sur la stratégie à adopter pour y remédier et enfin sur les critères à respecter pour l’admission de nouveaux candidats.

Selon le P. John Naw Lawn, la plupart des séminaires du pays connaissent des difficultés financières, notamment depuis que le Saint-Siège a considérablement réduit les subventions accordées chaque année, une diminution qui a atteint 80 % en deux ans. Les organisations caritatives catholiques n’ont pas comblé la différence, leurs programmes donnant la priorité aux actions de développement humain plutôt qu’à l’entretien des séminaires (1). « Nous voulons des prêtres bien formés et matures, mais, sans l’aide financière de ces organisations, que peuvent faire les séminaires ? s’est interrogé le supérieur du séminaire St Patrick, situé à Myitkyina, le diocèse le plus au nord du pays. Certes, le nombre des vocations en Birmanie est « une grâce de Dieu » mais « cette situation peut ne pas durer longtemps s’est-il inquiété, ajoutant que, si rien n’est fait, son séminaire va devoir « réduire le nombre de ses étudiants » (2). Le P. John Naw Lawn a précisé que le Vatican avait réduit son appui financier aux séminaires il y a deux ans, mais que les évêques n’ont pris conscience des difficultés dans lesquelles se trouvent les séminaires que récemment, certains recteurs ayant caché – par manque de courage – la réalité.

Concrètement, les conditions d’étude se sont déjà dégradées, a fait observer le P. John Naw Lawn. En effet, outre la difficulté habituelle de gérer un séminaire, les trous créés par la diminution des subsides venus de l’étranger provoquent, chez certains recteurs, une nervosité nouvelle. « Inconsciemment, ils la communiquent » aux séminaristes, explique le P. John Naw Lawn, ce qui compromet les bonnes relations entre les séminaristes et leurs formateurs.

Au cours des discussions sur ces difficultés financières, les supérieurs des séminaires de Pyay et de Rangoun ont expliqué chacun leur méthode pour y faire face. Pour le P. Philip Pyone Yee, du petit séminaire de Pyay, les familles reçoivent une enveloppe leur demandant de donner ce qu’elles peuvent pour aider les séminaristes. Le P. Henry Eikhlein a expliqué que les paroissiens de Rangoun étaient sollicités pour être le parrain d’un séminariste du grand séminaire St Joseph, où les séminaristes venus de l’ensemble du pays étudient la théologie.

Globalement, le P. John Naw Lawn a estimé qu’un certain nombre de séminaires s’en tirent pour l’heure, mais que les solutions mises en place s’avèrent ne pas être pérennes. Il souhaiterait qu’un comité soit créé pour professionnaliser la recherche de fonds.

Par ailleurs, les supérieurs ont discuté de l’attitude à adopter face aux candidats à la prêtrise qui se présentent à la porte du séminaire en ayant eu auparavant une vie sexuelle active et qui, pour certains d’entre eux, ont eu des enfants « illégitimes ». En l’absence de consensus entre les supérieurs, la question a été transmise aux évêques, à charge pour la Conférence épiscopale de proposer des directives en la matière. Enfin, sur la question des programmes d’études, les supérieurs ont décidé que le latin ne sera plus une matière obligatoire au petit séminaire et qu’elle deviendra optionnelle, du fait d’un manque d’enseignants qualifiés. L’étude du latin reste cependant au programme des matières obligatoires au grand séminaire national de Pyin Oo Lwin (3). Le niveau d’anglais requis pour entrer au grand séminaire, ainsi que la formation continue des enseignants, ont figuré parmi les sujets abordés.

Mgr John Hsane Hgyi, évêque de Pathein, ancien supérieur du grand séminaire de Rangoun, avait ouvert cette rencontre annuelle en rappelant à tous que, formateurs, ils avaient été choisis par Dieu pour connaître personnellement chaque candidat. « Les personnes les plus dangereuses dans l’Eglise sont les prêtres par qui le scandale arrive leur a-t-il rappelé. La prochaine rencontre annuelle est prévue pour les 9 et 10 novembre 2005 sur le thème : « La formation humaine des candidats [à la prêtrise] » (4