Eglises d'Asie

Hongkong : l’évêque du diocèse ordonne aux écoles catholiques de ne pas appliquer les dispositions prévues dans la Loi sur l’éducation, votée en juillet dernier

Publié le 18/03/2010




A plusieurs reprises, ces derniers mois, l’évêque du diocèse catholique de Hongkong, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, avait dénoncé l’attitude du gouvernement dans l’élaboration de la Loi sur l’éducation, votée le 8 juillet dernier par le Legco, le parlement local. Il dénonçait les agissements “unilatéraux” du gouvernement sur cette question et annonçait que l’Eglise catholique abandonnerait la gestion des écoles dont elle a la responsabilité au cas où elle ne pourrait plus en assurer la direction effective (1). Le 20 novembre dernier, Mgr Joseph Zen a franchi un pas supplémentaire dans la confrontation avec le gouvernement sur ce dossier. Il a en effet adressé une lettre aux “superviseurs, directeurs et proviseurs de toutes les écoles catholiques” de Hongkong pour leur donner l’ordre de ne pas appliquer les dispositions prévues dans la nouvelle loi (2).

Selon Mgr Zen, la loi votée en juillet dernier et son décret d’application changent “radicalement le système éducatif de Hongkong”. En mettant en place des “Comités de gestion intégrés” au niveau de chaque école privée sous contrat d’association avec l’Etat, la loi “démolit le partenariat et la relation de confiance et de collaboration qui existent entre les organismes de tutelle (des écoles privées) et le gouvernement écrit Mgr Zen, pour qui la réforme, qui se présente comme une décentralisation et une démocratisation des institutions responsables de la gestion des écoles privées, n’est qu’un paravent destiné à assurer la mainmise du gouvernement sur les écoles privées.

Face au nouveau système de gestion des écoles mis en place par la loi, l’Eglise, argumente encore Mgr Zen, se voit dans l’obligation de penser à abandonner d’assumer la tutelle de certaines écoles si elle n’est “plus en mesure de garantir que l’éducation qui y est dispensée est véritablement catholique”. Avant d’en arriver à cette extrémité, Mgr Zen explique qu’il a réuni tous les organismes de tutelle du diocèse (le Bureau pour l’éducation du diocèse et les congrégations enseignantes) et qu’ensemble ils ont fixé la ligne de conduite suivante : “garder la structure en place et promouvoir une gestion école par école dans le domaine de l’éducation”. Par “garder la structure en place l’évêque de Hongkong entend conserver le système tel qu’il fonctionne aujourd’hui, la responsabilité en dernier recours des écoles privées appartenant aux organismes de tutelle. Quant à l’application de la nouvelle loi et de sa disposition principale, Mgr Zen est très clair : “Aucune école ne doit, pour l’heure, se doter d’un Comité de gestion intégré.”

Sur le deuxième volet de sa politique – “promouvoir une gestion école par école” -, l’évêque écrit que les écoles catholiques de Hongkong ont toujours répondu, dès avant le retour de Hongkong sous le drapeau chinois en 1997, aux appels du gouvernement à donner une autonomie accrue aux instances dirigeantes de chacune des écoles dont l’enseignement privé a la responsabilité. Mgr Zen propose que, dans toutes les écoles catholiques de Hongkong, soit mis en place un “Comité exécutif d’école largement ouvert aux acteurs de l’école (enseignants, parents d’élèves, anciens élèves et élèves à partir du niveau du lycée). Ce n’est qu’une fois que l’Eglise sera sûre que les élus au sein de ces comités exécutifs “partagent la vision et la mission” de l’Eglise dans le domaine de l’éducation que le diocèse pourra “se préparer à appliquer” les nouvelles dispositions législatives.

Par cette lettre, l’évêque de Hongkong affirme qu’il ne “cherche pas la confrontation” avec le gouvernement et qu’il se place dans le strict cadre de la légalité. Il souhaite seulement “préserver la tradition catholique dans le domaine de l’éducation un domaine où l’Eglise est très présente. Avec 317 établissements scolaires (cycles primaire et secondaire), l’Eglise scolarise environ le quart des jeunes Hongkongais.