Eglises d'Asie

Dans l’archidiocèse de Colombo, une église catholique a été attaquée et partiellement incendiée pour la seconde fois en moins d’un an

Publié le 18/03/2010




Dans la nuit du 18 au 19 décembre dernier, peu après 1 h. du matin, une petite église catholique de l’archidiocèse de Colombo, l’église Saint Michael, située à Katuwana, dans le district de Homagama, à environ 25 km. au sud-est de la capitale, a été attaquée et partiellement incendiée. L’action n’a pas fait de victime et les dégâts sont seulement matériels dans ce lieu de culte catholique doté d’un curé non résidant car rattaché à une paroisse voisine, plus importante, la paroisse du Christ Roi à Pannipitya. C’est la deuxième fois en moins d’un an que l’église Saint Michael est ainsi la cible d’une action malveillante, un précédent incendie en janvier 2004 ayant provoqué des dégâts relativement mineurs (1).

Pour le P. Ignatius Varnakulasingham, qui dessert habituellement la communauté catholique de Katuwana, l’intention des auteurs de l’action est claire. Le tabernacle ayant été profané, le crucifix brisé et l’intérieur de l’église ravagé par les flammes et la fumée, « certains cercles bouddhistes et membres du clergé bouddhiste ne veulent pas voir l’Eglise active à Homagama a déclaré le prêtre, précisant que la communauté catholique locale est constituée de 130 familles environ. « Ils ne veulent pas voir d’autres religions s’installer ici car c’est une région où les bouddhistes sont prédominants a-t-il ajouté, rappelant que l’installation d’une première chapelle sur les lieux au début des années 1960 avait été problématique. Une première structure avait dû être déplacée avant que l’église puisse finalement être construite sur Katuwana Road. « Cela a été une mission persécutée, une mission souffrante a expliqué le P. Chaminda Wanigasena, vicaire du P. Ignatius Varnakulasingham.

Les forces de l’ordre ont ouvert une enquête pour tenter de retrouver les auteurs du saccage de l’église et Milroy Fernando, ministre chargé des Affaires chrétiennes, catholique lui-même, s’est rendu sur place et a promis une indemnisation rapide. Le P. Ignatius Varnakulasingham a déclaré que la mission catholique de Katuwana continuerait. « Nous demandons une meilleure protection de la part des autorités a-t-il dit, soulignant que la protection accordée par la police à l’église de Katuwana après l’attaque de janvier 2004 avait été suspendue il y a quelques semaines à peine.

L’incident de Katuwana s’inscrit dans un contexte marqué, ces derniers mois, par une multiplication des actions dirigées contre les chrétiens, catholiques ou protestants. Autour de Noël 2003, des tensions s’étaient manifestées à l’occasion des obsèques d’un prédicateur bouddhiste populaire, instigateur d’une campagne contre « les conversions non éthiques » de bouddhistes au christianisme (2). Quelques mois plus tard, lors des élections législatives d’avril 2004, le parti de l’Héritage national cinghalais, militant pour la défense de la « pureté » bouddhiste de la nation cinghalaise, avait fait entrer neuf députés, tous moines, au Parlement (3). Cette année, toutefois, les fêtes de Noël se sont déroulées sans incident notable, ni tension sociale ou religieuse particulière.