Eglises d'Asie

Au-delà de l’aide d’urgence aux rescapés du tsunami, l’Eglise catholique est engagée dans des opérations de secours qui s’inscrivent dans la durée

Publié le 18/03/2010




Dans la région touchée par le tsunami du 26 décembre, l’évêque de Surat Thani, dont le diocèse s’étend sur les quinze provinces méridionales du pays (y compris les six provinces affectées par la catastrophe : Krabi, Phangnga, Phuket, Ranong, Satun et Trang), consacre son énergie à organiser les secours d’urgence pour les rescapés. Le 12 janvier dernier, plus de deux semaines après le passage de la vague meurtrière, Mgr Prathan Sridarunsil a rassemblé une cinquantaine de prêtres, de religieuses et de laïcs à Phangnga, la province la plus affectée, pour faire le point sur la réponse de l’Eglise face aux besoins des survivants.

De cette rencontre, il ressort que, dans les premiers jours après le tsunami, les prêtres, les religieuses, les laïcs, une fois leurs réserves personnelles épuisées, se voyaient entravés dans leurs tâches par le fait qu’ils ne recevaient pas d’argent pour faire face aux urgences. “C’est compréhensible, étant donné la situation, a expliqué l’évêque. Mais, désormais, la Conférence épiscopale s’est organisée et a débloqué un budget spécial.” Mgr Prathan a précisé que chacun des centres de secours de l’Eglise catholique à Krabi et Phangnga disposait de 100 000 bahts (2 000 euros) pour acheter des vêtements, de la nourriture ou des fournitures scolaires pour les enfants et les orphelins. En fonction des urgences sur le terrain, ces fonds peuvent être utilisés à d’autres fins, pour des personnes âgées ou des familles notamment.

Une fois passée la phase d’urgence, l’Eglise de Thaïlande se mobilise pour déterminer les priorités dans le domaine de la reconstruction. Le COERR (Offfice for Emergency Relief and Refugees), dépendant de la Conférence épiscopale, a été chargé par les évêques de répartir les fonds récoltés en Thaïlande et en provenance de l’étranger. Une aide immédiate de cinq millions de bahts a été débloquée et l’objectif est de reconstruire 150 maisons et de financer un millier de bourses d’études. Cinq autres millions de bahts vont être affectés à l’achat de matériel de pêche, afin d’aider les pêcheurs à reconstituer au plus vite leur outil de travail. Selon Mgr Prathan, cette phase de transition, entre la fin des aides d’urgence et le moment où la vie des populations côtières aura retrouvé un minimum de normalité, peut durer des mois.

Selon le P. Phibul Visitnonthachai, directeur du COERR, l’aide de l’Eglise servira également à construire des cimetières catholiques, des écoles et des églises dans les provinces de Phangnga et de Krabi. L’engagement de la Conférence épiscopale devrait atteindre les 50 millions de bahts, les aides d’urgence s’ajoutant aux aides prévues pour le long terme.

Pour Mgr Prathan, au-delà de l’aspect financier, “ce qui fait la force” de l’engagement de l’Eglise dans la région est que les membres du clergé, les religieux et les religieuses “vivent et continueront de vivre aux côtés des rescapés du tsunami”. Selon les témoignages qui remontent à lui, l’évêque dit que les gens sur place sont fatigués de voir des secouristes venir quelques jours, noter des informations, prendre des photos et repartir. Une centaine de prêtres et de religieuses sont venus prêter main forte aux centres de secours gérés par l’Eglise. “Nous dormons parmi eux, nous mangeons avec eux, explique l’évêque de Surat Thani, et nous sommes engagés dans des projets de reconstruction à long terme.”

Selon le P. Phibul, les évêques tiennent à faire passer le message que, si l’Eglise catholique de Thaïlande s’engage auprès des rescapés de la catastrophe, quelle que soit leur appartenance religieuse, ce n’est pas dans une perspective prosélyte. En agissant ainsi auprès de ceux qui sont “nos frères et sours dans la grande famille de Dieu les évêques ne cherchent pas non plus à “acquérir des mérites”. Ils le font “dans un geste de solidarité avec des personnes qui souffrent, car ‘ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites’ ».

Sur le territoire du diocèse de Surat Thani, vit une population de 8,5 millions d’habitants. Les catholiques forment une petite communauté de 6 500 personnes.