Eglises d'Asie

Dans le Hebei et le Zhejiang, des évêques et des prêtres « clandestins » de l’Eglise catholique ont été interpellés par la police autour de la période de Noël et du Nouvel An

Publié le 18/03/2010




En trois lieux différents, dans les provinces du Hebei et du Zhejiang, des actions de la police ont visé des évêques et des prêtres « clandestins » de l’Eglise catholique durant la période de Noël et du Nouvel An. A chaque fois, des pressions ont été exercées sur les membres du clergé interpellés pour les « inciter » à rejoindre l’Association patriotique des catholiques chinois, l’organe par lequel le régime communiste exerce un certain contrôle sur l’Eglise « officielle ».

Le 3 janvier dernier, Mgr Peter Zhao Zhendong, évêque « clandestin » de Xuanhua, dans la province du Hebei, a été arrêté en même temps que sept prêtres, cinq ordonnés par lui deux semaines plus tôt et deux qui avaient pris part à la cérémonie d’ordination. Selon des sources catholiques chinoises, environ cinq jours plus tard, aux alentours du 8 janvier, Mgr Zhao, placé en résidence surveillée dans le district de Wei, a dû signer un document précisant qu’il ne devait pas agir en qualité d’évêque ; les autres prêtres ont dû signer des documents similaires relatifs à leur fonction sacerdotale. Les deux prêtres qui avaient assisté Mgr Zhao pour les ordinations des cinq nouveaux prêtres ont été remis en liberté, avec ordre de se présenter plus tard aux autorités. Aucune information n’a filtré sur les suites administratives ou judiciaires éventuelles que l’administration entend réserver à Mgr Zhao, âgé de 85 ans, et aux cinq nouveaux prêtres.

Selon les mêmes sources catholiques, pour l’ordination des cinq prêtres, Mgr Zhao avait, dans un premier temps, contacté un évêque « officiel », espérant que, si la cérémonie était présidée par un tel évêque, les nouveaux prêtres auraient la possibilité d’exercer « légalement » et ouvertement leur ministère. Mais, informés de la démarche, les responsables locaux des Affaires religieuses ont interdit à l’évêque « officiel » pressenti par Mgr Zhao de se joindre à la cérémonie d’ordination, qui a malgré tout eu lieu le 20 décembre 2004.

Par ailleurs, toujours dans la province du Hebei, l’évêque « clandestin » du diocèse de Zhengding, Mgr Julius Jia Zhiguo a été arrêté le 5 janvier puis relâché trois jours plus tard, le 8 janvier. L’information a été communiquée par la Fondation du cardinal Kung, basée aux Etats-Unis et relais considéré comme fiable pour les nouvelles concernant les catholiques « clandestins ». Selon des sources catholiques citées par l’agence Ucanews (1), la détention de Mgr Jia est à mettre en relation avec l’élection d’un évêque auxiliaire « officiel » pour le diocèse de Shijiazhuang (capitale de la province du Hebei). Les responsables du Bureau des Affaires religieuses auraient craint que Mgr Jia n’interfère dans le processus de sélection de l’évêque en question.

Durant les trois jours de sa détention en résidence surveillée dans une bâtisse de la région de Shijiazhuang, Mgr Jia a été autorisé à célébrer la messe, réciter le bréviaire et prier. Levé à 4 heures du matin, il profitait de ce que ses gardiens dormaient pour prier et méditer. Selon les sources citées par Ucanews, les fonctionnaires gouvernementaux chargés de l’interroger lui ont demandé s’il avait lu les directives concernant la réglementation des religions, publiées le 21 décembre 2004 (2). Mgr Jia a répondu qu’il n’avait pas entendu parler de ce nouveau document. Depuis avril 2004, en l’espace de neuf mois, Mgr Jia a été arrêté puis relâché à cinq reprises (3).

Enfin, dans la province du Zhejiang, un prêtre « clandestin » du diocèse de Wenzhou, le P. John Wang Zhongfa, a été arrêté le 23 décembre 2004 dans le district de Cangnan. Détenu jusqu’au 2 janvier dernier, le prêtre, âgé d’environ 75 ans, avait été interpellé en compagnie de deux responsables laïcs. Selon des sources locales, les autorités tolèrent le fait que le P. Wang célèbre ouvertement la messe pour les catholiques locaux, en dépit de son appartenance à l’Eglise « clandestine », mais elles ne veulent pas qu’il organise des activités religieuses plus importantes ou voyage en dehors du district de Cangnan.