Eglises d'Asie

L’Eglise catholique veut croire aux vertus du dialogue et organise une conférence interreligieuse à Peshawar, capitale de la province de la Frontière du Nord-Ouest

Publié le 18/03/2010




Le 12 janvier dernier, la Commission nationale pour le dialogue interreligieux et l’ocuménisme de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan a organisé une rencontre interreligieuse à Peshawar, capitale de la province de la Frontière du Nord-Ouest. C’est la première fois en trois ans que l’Eglise catholique organisait un tel événement dans une province connue pour l’influence qu’y exercent les fondamentalistes musulmans et, selon le P. Inayat Bernard, porte-parole de la Commission, “le défi” a été relevé avec succès. Environ 130 délégués, musulmans, chrétiens et hindous, venus des cercles politique, social et religieux de la société, ont répondu à l’appel de la Commission et ont accepté de se rencontrer au Club de la presse de Peshawar, capitale de la province de la Frontière du Nord-Ouest.

Lors de son discours de bienvenue, Mehboob Sada, directeur de la Commission pour le dialogue interreligieux du diocèse d’Islamabad-Rawalpindi, dont la juridiction s’étend sur la province de la Frontière du Nord-Ouest, a salué les participants pour avoir accepté de prendre part à la réunion. L’objet d’une telle réunion, a-t-il souligné, est de donner une occasion aux uns et aux autres de s’écouter mutuellement et de défendre l’idéal de tolérance interreligieuse. Depuis les élections d’octobre 2002, l’Assemblée provinciale est contrôlée par une alliance de six partis islamiques fondamentalistes, la Muttahida Majilis-e-Amal Pakistan, et, en 2003, l’application de la charia a été votée par ses députés (1).

Invité à s’exprimer devant les délégués, Inayat Ullah Khan, ministre de la Santé dans le gouvernement provincial, a reconnu qu’il était de la responsabilité des autorités de la province d’assurer la sécurité des minorités religieuses, qu’il s’agisse de la vie des personnes ou de leurs biens. Il a ajouté qu’il était nécessaire de s’interroger sur les raisons pour lesquelles “les gens choisissent de ne s’intéresser qu’au fondamentalisme religieux” quand il existe aussi “un fondamentalisme culturel et un fondamentalisme racial”.

Pour une bonne partie des orateurs, musulmans ou appartenant aux minorités chrétienne et hindoue du pays, la mauvaise image qui est celle du Pakistan à l’étranger, en Occident notamment où le Pakistan est souvent associé au terrorisme, rend urgente la tenue d’une telle rencontre, où les Pakistanais peuvent montrer que la tolérance et la modération sont des valeurs qui ont cours dans leur pays.

Par ailleurs, Mgr Andrew Francis, évêque du diocèse de Multan et président de la Commission pour le dialogue interreligieux et l’ocuménisme, a adressé un message aux oulémas du Pakistan à l’occasion de la fête musulmane al-Adha, célébrée cette année le 21 janvier (2). Se voulant une contribution à “l’unité et à la compréhension” entre la communauté chrétienne et la communauté musulmane au Pakistan, le message de Mgr Francis demande notamment que la figure d’Abraham, commune aux religions juive, chrétienne et musulmane, puisse être une référence d’unité pour les “peuples du Livre”.

Au Pakistan, sur une population de 155 millions d’habitants, les musulmans représentent 97 % des habitants (en majorité sunnites et chiites à hauteur de 20 %). Les chrétiens sont 2,5 % de la population, dont environ 1,2 million de catholiques.