Eglises d'Asie

Macao : avec le développement de l’industrie du jeu, une pastorale adaptée se révèle indispensable pour les nombreux employés des casinos

Publié le 18/03/2010




Les jeux sont l’une des plus anciennes industries de Macao, une industrie vieille de 300 ans, pilier de l’économie locale et le gouvernement local présente Macao dans les dépliants qu’il édite comme le « Monte Carlo de l’Orient Une heure de bateau à peine sépare Macao de Hongkong. Avec la libéralisation de l’industrie des jeux sur le territoire en 2004, de nombreux casinos se sont ouverts et des dizaines de milliers de gens à la recherche d’un travail rémunérateur, surtout les jeunes, se sont immédiatement précipités pour poser leur candidature.

Chan (le nom a été changé), un catholique d’une quarantaine d’années, a travaillé plusieurs années pour la Sociedade de Jogos de Macau, la plus grande maison de jeux de Macao. Pour lui, le seul aspect positif de ce travail est le salaire, élevé en comparaison des salaires perçus dans d’autres professions. « Les relations personnelles entre collègues ou avec les clients sont inexistantes. Ni Dieu ni charité n’existent au casino souligne-t-il. Les opérateurs doivent changer de table de jeu et de secteur tous les trois jours, pour empêcher toutes relations suivies. Comme les casinos fonctionnent vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine, Chan a travaillé à des heures régulières, mais n’a pas de jours de travail fixes. Il se réserve du temps pour participer à la messe du samedi ou du dimanche, autant qu’il le peut, durant ses heures libres.

Le P. Joao Evangelista Lau Him-sang, curé de la cathédrale Notre Dame de la Nativité, explique que l’Eglise est consciente du nombre de catholiques qui travaillent au service de l’industrie du jeu, depuis l’employé de base jusqu’aux responsables de l’administration centrale. L’Eglise se doit de les aider à rester vigilants tant en ce qui concerne les jeux qu’en ce qui concerne ceux qui y travaillent. Des non-catholiques eux-mêmes viennent nous demander conseil et aide spirituelle, « fatigués qu’ils sont de ce monde fait de clinquant ». « Tant que nous restons lucides et responsables, se divertir est légitime pour tout le monde comme pour l’Eglise souligne le prêtre qui ajoute : « L’Eglise doit témoigner aussi et mettre en valeur une certaine conception de la vie, de la morale et de la responsabilité personnelle face à la tentation et à la dépendance. » Le P. Lau propose donc que s’organise une pastorale spécifique à l’intention des employés de l’industrie du jeu.

Ouvert en mai 2004, le Sands, conçu dans le style de Las Vegas, occupe plus de 6 000 m avec restaurants multiples et attractions diverses. Tout en dorure, il est devenu la nouvelle attraction touristique. Fai, un non-catholique de 26 ans, a été l’un des 1 000 « heureux élus » parmi les 50 000 candidats présélectionnés pour la première embauche du Sands, un casino propriété de l’hôtel Venetian Macao. Avec un salaire de départ de 13 000 patacas (un peu moins de 2 000 euros), il s’estime bien payé, avec des congés payés et une assurance médicale en prime. En 2004, le salaire moyen mensuel à Macao était de 5 300 patacas. Les casinos exigent seulement un diplôme d’enseignement secondaire et accordent un salaire égal à celui d’un fonctionnaire subalterne alors que ce dernier doit justifier d’une formation universitaire. Fai n’hésite pas à parler de son travail au casino. « Mes amis m’envient et certains veulent y entrer. Personnellement, je ne voulais pas en faire mon métier. Je souhaite seulement avoir assez d’argent pour monter ma propre petite entreprise confie-t-il. Mais, avoue-t-il, fort de ses économies et pour augmenter plus rapidement son capital, il s’est mis lui-même à jouer. En moins d’une année, il a fini par tout perdre. « Le jeu est un océan sans fond qui peut tout engloutir conclut-il, amer.

Outre les casinos, les jeux d’argent sont largement présents à Macao : courses de chevaux, courses de lévriers, loteries et paris divers. D’après le Bureau de coordination et d’inspection des jeux, le revenu brut des jeux en 2003 s’est élevé à 29,5 milliards de patacas et son industrie a généré plus de 10,2 milliards de patacas de revenus en taxes directes.