Eglises d'Asie

L’Eglise catholique vient en aide aux travailleurs immigrés clandestins rescapés du tsunami du 26 décembre 2004

Publié le 18/03/2010




Parmi les près de 5 400 personnes tuées par le tsunami du 26 décembre 2004 en Thaïlande, figure un nombre conséquent de travailleurs immigrés. Ces derniers, venus pour la plupart de Birmanie, étaient venus chercher un emploi dans les zones touristiques de Phuket et de la côte ou auprès des villages de pêcheurs et des plantations de caoutchouc. Selon différentes sources réunies par l’Eglise catholique en Thaïlande, environ 500 Birmans ont perdu la vie lorsque la vague géante a frappé et les disparus se chiffreraient en milliers. Pour la seule zone de Khao Lak, où s’étaient développées d’importantes infrastructures touristiques, environ 700 travailleurs immigrés sont portés disparus ; à Ban Namkhem, un village de pêcheurs où les immigrés venus de Birmanie étaient nombreux, le nombre des morts et des disparus serait encore plus élevé. Aujourd’hui, les survivants parmi les travailleurs immigrés sont en partie tenus à l’écart de la distribution des aides de survie et ceux parmi eux qui sont clandestinement dans le pays se cachent.

Panich Srisuk dirige le Stella Maris Center de Phuket. Elle témoigne du fait que, parmi les rescapés du tsunami, les immigrés se font très discrets, de peur d’être reconduits à la frontière ou incarcérés faute de papiers en règle. “Le 22 janvier dernier, nous sommes allés à leur rencontre dans la région de Phangnga (à une soixantaine de kilomètres au nord de Phuket) pour leur apporter de l’aide. Le 11 février, lorsque nous sommes revenus, avec trois camionnettes chargées de matériel, ils sont venus à notre rencontre, plus nombreux. Environ quatre cents personnes ont été aidées ce jour-là, soit cent cinquante de plus que la première fois raconte-t-elle, expliquant que les Birmans viennent auprès des camionnettes chercher de l’aide car, peu à peu, “ils nous font confiance”.

Julaporn Jankhuang, responsable de la communication au Stella Maris Center de Songkhla, rapporte pour sa part que des vivres et du matériel (boîtes de conserve de poisson et de légumes, huile végétale, poisson séché, riz, sucre, lampe à pétrole, médicaments et vitamines) ont été distribués en douze endroits différents aux travailleurs birmans et à leurs familles. La quasi-totalité sont bouddhistes ou musulmans. Plus de six semaines après le tsunami, beaucoup cherchent encore leurs proches, témoigne Julaporn Jankhuang. “Mais c’est une tâche impossible. Comment les aider alors qu’ils n’ont pas de papiers d’identité et, bien souvent, pas même une photo ? Ils nous donnent un prénom et c’est comme s’ils portaient tous le même prénom.”

Cependant, dans ces circonstances tragiques, les responsables de Stella Marris disent que les immigrés paraissent mieux accepter la réalité que les Thaïs. “Ils expriment bien sûr de la tristesse mais ils semblent comme habitués à la difficulté et au sentiment de perte. Peut-être est-ce dû au fait qu’ils ont souffert dans leur pays et qu’ils connaissaient déjà la difficulté en tant que travailleurs immigrés rapporte un de ces responsables. Certains se cachent encore sur les collines, en hauteur, ou bien loin à l’intérieur des plantations d’hévéas, car ils préfèrent se tenir à l’écart des autorités. L’Eglise leur apporte de l’aide, quel que soit leur statut, précise le responsable de Stella Maris.

Pour l’aide aux travailleurs immigrés, Stella Marris travaille en coordination avec le diocèse de Surat Thani, dont le territoire couvre les provinces méridionales du pays. La Commission pour l’apostolat des gens de mer de la Conférence épiscopale gère trois centres Stella Maris, l’un à Songkhla, sur la côte occidentale du golfe de Thaïlande, un autre à Sri Racha, sur la côte orientale, et le troisième à Phuket. Ces centres proposent une aide aux populations défavorisées, aux pêcheurs locaux ou étrangers ainsi qu’aux travailleurs immigrés.

Selon les médias locaux, une étude menée entre le 20 et le 25 janvier indique que, dans les provinces de Krabi, Phangnga, Phuket et Ranong, les travailleurs immigrés et leurs familles venus de Birmanie et disposant de papiers en règle sont au nombre de 7 000. Réalisée par des ONG étrangères et des agences de l’ONU, cette étude précise que le nombre des clandestins est certainement élevé mais inconnu, car les rescapés craignent d’être interpellés et renvoyés chez eux s’ils se manifestent (1).