Eglises d'Asie

Liaoning : des catholiques se mobilisent pour apporter un soutien aux victimes et aux familles des victimes de l’explosion dans une mine qui a, le 14 février, coûté la vie à 214 personnes

Publié le 18/03/2010




Le 16 février dernier, le P. Zhang Fucheng, curé de la paroisse de Gaode à Fuxin, dans la province du Liaoning, a célébré une messe de requiem pour Yang Xu, un mineur tué lors du plus grave accident minier survenu en Chine depuis 1949. Le 14 février, un coup de grisou a fait 214 morts et plusieurs dizaines de blessés dans la mine de charbon de Sunjiawan, propriété des Charbonnages de Fuxin. Dans les jours qui ont suivi l’accident, le jeune prêtre, âgé de 31 ans, et les paroissiens de Gaode se sont consacrés à aider les proches des victimes, à les réconforter ainsi qu’à visiter les blessés, une trentaine, et les survivants, 330 mineurs, sortis indemnes du puits de mine où s’est produit l’explosion. Parmi les victimes du coup de grisou du 14 février, on compte un catholique tué et deux autres blessés, rapporte le P. Zhang.

Sur les 3 100 mineurs employés à Sunjiawan, une cinquantaine sont catholiques, précise le P. Zhang, dont la paroisse compte 1 700 fidèles. Arrivé en novembre dernier à la tête de la paroisse, le prêtre dit que, déjà avant l’accident, il encourageait ses paroissiens travaillant à la mine à être plus attentifs aux questions de sécurité et à faire part de leurs revendications aux autorités compétentes. Mais, face à la multiplication des accidents liés à l’extraction du charbon dans le pays (1), même si la question de la sécurité était de plus en plus présente à l’esprit des mineurs, le prêtre ajoute que le sujet était considéré comme sensible et peu nombreux étaient ceux qui osaient en parler ouvertement.

A Shenyang, capitale de la province du Liaoning, le diocèse a réagi à la catastrophe en organisant une collecte pour les victimes du coup de grisou. Selon Teresa Xu, du Centre d’aide sociale du diocèse de Shenyang, des quêtes ont été organisées à cette fin à la cathédrale et au sein de différentes paroisses et organismes catholiques. “Comme l’aide d’urgence est quelque chose de nouveau à organiser pour nous, nous avons à faire des appels de fonds pour être en mesure de venir en aide aux victimes, très nombreuses, après l’explosion de la mine de charbon de Sunjiawan a-t-elle expliqué, ajoutant : “Notre centre donnera aussi bien aux victimes catholiques que non catholiques.” Par ailleurs, selon l’agence de presse officielle Xinhua, la catastrophe de Sunjiawan a suscité un élan de générosité à travers le pays. Des dons, qui s’élevaient à 15 millions de yuans, soit 1,5 millions d’euros, ont ainsi été collectés au profit des victimes et de leurs familles.

Située à 1,5 km de Fuxin, la mine de Sunjiawan extraie 1,5 million de tonnes de charbon par an. Après l’accident, les autorités ont ordonné l’arrêt des activités de la mine ainsi que de six autres mines appartenant aux Charbonnages de Fuxin, une entreprise d’Etat. L’extraction de charbon dans la région est une industrie ancienne, le premier puits de charbon de Fuxin remontant à 1897. Aujourd’hui, explique le P. Zhang, si les gens savent que la mine est un métier dangereux en raison des accidents nombreux qui s’y produisent, le métier reste attractif du fait des salaires élevés qu’il offre. En effet, un mineur embauché par la mine gagne 2 100 yuans par mois. Avec les primes, un mineur employé à la journée peut toucher jusqu’à 3 000 yuans en l’espace de deux mois – une somme équivalente à ce qu’un paysan, dans la région de Fuxin, peut espérer gagner en un an. Pour de tels salaires, en dépit des accidents et de conditions de travail dures, les vocations de mineurs sont nombreuses, continue le prêtre.