Eglises d'Asie

Repoussée à trois reprises, la date butoir pour l’expulsion des immigrés clandestins présents en Malaisie a été fixée au 28 février

Publié le 18/03/2010




« Il s’est écoulé suffisamment de temps. J’espère que les clandestins nous prennent au sérieux et auront quitté le pays à la date d’aujourd’hui. » C’est par ces propos que le ministre de l’Intérieur Azmi Khalid a signifié que le délai, par trois fois repoussé depuis le mois de novembre dernier (1), donné aux immigrés clandestins installés en Malaisie prenait fin au 28 février. Selon les chiffres compilés par les fonctionnaires de l’immigration, 400 000 immigrés clandestins, en majorité des Indonésiens, mais aussi des Philippins, des Birmans et des ressortissants d’autres pays, ont quitté la Fédération de Malaisie pour échapper aux poursuites que les autorités malaisiennes ont promis d’appliquer à tous les étrangers qui resteraient illégalement dans le pays après le 28 février. Selon les organisations de défense des droits de l’homme, le départ de ces 400 000 personnes n’a pas donné lieu à des dérapages majeurs, mais des violations des droits fondamentaux des personnes sont à craindre, maintenant que la police, les fonctionnaires gouvernementaux et des volontaires, soit environ 300 000 personnes, vont être autorisés à fouiller les maisons à la recherche des immigrés clandestins.

A l’origine, Kuala Lumpur a décrété le 29 octobre dernier une amnistie pour tous les étrangers qui décideraient par eux-mêmes de quitter le pays, quitte à y revenir une fois leur situation régularisée. L’amnistie devait durer jusqu’à la fin du ramadan, soit le 14 novembre 2004. Mais, en réponse aux demandes introduites par les gouvernements d’Indonésie et des Philippines au lendemain du tsunami du 26 décembre, les autorités malaisiennes ont accordé de nouveaux délais, jusqu’au 28 février.

Au lieu de la méthode forte utilisée lors de précédentes opérations, telles celles menées à l’été 2002 (2), les autorités malaisiennes ont tenté cette fois-ci de persuader les immigrés clandestins de quitter la Malaisie. A l’origine, il avait été prévu que ceux qui ignoreraient la date limite courraient le risque d’être bastonnés, d’avoir à payer une amende et d’être emprisonnés en attendant d’être expulsés. Bien que le ministre de l’Intérieur ait déclaré que le gouvernement avait de la sympathie pour les Indonésiens dont le pays devait se relever après le terrible tsunami, la loi est entrée en vigueur. Toutefois, le ministre a suggéré qu’il allait privilégier des « mesures douces » pour encourager les migrants clandestins à quitter le pays. Le gouvernement a ainsi déclaré que les clandestins arrêtés ne seront pas emprisonnés, mais directement expulsés. Pour s’assurer qu’ils ont bien quitté le pays, des renseignements seront pris dans les lieux où ils habitaient et où ils travaillaient.

Faisant face à une pénurie de main-d’ouvre dans certains secteurs, notamment la construction et les plantations d’huile de palme, la Malaisie compte un million d’immigrés en règle. Parmi les immigrés clandestins, la presse locale estime que, si 400 000 d’entre eux sont partis en profitant de l’amnistie décrétée en octobre dernier, nombreux sont ceux qui ont décidé de rester. Le chiffre d’un demi million de personnes est cité.