Eglises d'Asie – Chine
Macao : les responsables des écoles catholiques s’inquiètent du nombre des jeunes qui quittent les études pour travailler dans les casinos
Publié le 18/03/2010
Pour les responsables de l’éducation catholique à Macao, cette évolution est dommageable à l’avenir de la société et à celui de sa jeunesse (2). Président du Conseil des écoles catholiques de Macao, le P. Peter Pong Ping-fai explique que « le but de l’éducation est d’aider les élèves à aiguiser leur jugement sur ce qui est bien et ce qui est mal Principal d’une école confiée aux salésiens, le P. Peter Pong ajoute que les conseillers d’orientation dans les écoles catholiques tentent de contrer l’attrait exercé par les casinos en demandant aux élèves de ne pas prendre en compte seulement le salaire dans leurs démarches. Ils leur demandent de prendre aussi en compte d’autres aspects comme la satisfaction offerte par un travail, la possibilité d’y développer son potentiel ou encore le sens profond de tel ou tel emploi.
Selon Choi Chi-u, les risques auxquels s’exposent les jeunes qui choisissent de travailler dans les casinos sont grands. Ils sont au contact d’un univers où l’argent change de mains rapidement, où les sommes engagées par les joueurs peuvent être considérables en comparaison de leurs salaires et ils peuvent s’imaginer que l’argent est un moyen comme un autre de se divertir, précise Choi Chi-u. « Considérant les mises des joueurs, les employés des casinos peuvent juger leurs salaires insuffisants, et cela peut faire naître en eux le désir de l’argent facile ajoute-t-il.
Face à cette évolution du marché de l’emploi, les responsables de l’éducation catholique souhaitent un renforcement de l’enseignement des valeurs morales, à travers l’éducation religieuse et éthique. Selon Choi Chi-u, il est nécessaire de transmettre aux élèves la notion que la poursuite du bien-être matériel ne constitue pas la base d’un système de valeurs satisfaisant. Avec trente-trois établissements scolaires et universitaires, l’Eglise catholique assure la formation de près de la moitié des jeunes Macanais (3).
Ah Wai, jeune macanais de 23 ans, a quitté les cours du soir qu’il suivait trois mois avant l’obtention de son diplôme pour aller travailler dans un casino récemment ouvert. Il admet qu’en dépit d’un bon salaire, le métier a ses mauvais côtés. « Travailler dans un casino à capitaux américains n’a pas d’autre intérêt pour moi que d’avoir un bon salaire. J’ai rarement l’occasion de discuter avec mes collègues ou d’établir des liens d’amitié avec eux. La direction est remplie d’étrangers, ce qui fait que le personnel local se sent inférieur à eux explique-t-il. Ah Wai, dont les parents sont au chômage depuis longtemps et qui a un frère handicapé mental, fait observer que son travail « n’a pas débouché sur un contrat écrit ». « Je crains qu’en cas de conflit de travail, je ne puisse rien prouver précise-t-il. Interrogé sur ses projets d’avenir, lui qui voulait devenir travailleur social, il répond qu’il n’en a pas.
L’âge légal pour travailler à Macao est 16 ans, mais les casinos emploient des jeunes dans la tranche des 18-25 ans. Les futurs croupiers dans les casinos, après une période de formation de six mois, gagnent 12 000 à 15 000 patacas (1 200-1 500 euros) par mois, l’équivalent du salaire moyen d’un fonctionnaire débutant, diplômé de l’enseignement supérieur.