Eglises d'Asie

Shaanxi : pour la première fois depuis 1949, des catholiques ont porté en procession le Saint Sacrement de village en village

Publié le 18/03/2010




Le 22 février dernier, dans la province du Shaanxi, plusieurs centaines de catholiques ont pris part à une procession du Saint Sacrement, parcourant les rues de plusieurs villages et s’arrêtant dans différentes églises. Pour ces catholiques, c’était là un événement. Aucune procession publique du Saint Sacrement n’avait eu lieu dans les environs depuis 1949, date de la prise du pouvoir par les communistes (1). Selon le P. Wu Yangzhi, âgé de 80 ans et curé de la paroisse de Yongan, dans le diocèse de Zhouzhi, la procession a été la réponse des catholiques locaux « à l’appel du Saint Père à promouvoir la communion au sein des communautés catholiques lors de l’Année de l’Eucharistie ». Pour l’Eglise catholique à travers le monde, Jean-Paul II a proclamé la période d’octobre 2004 à octobre 2005 « Année de l’Eucharistie ».

La procession a eu lieu le 22 février, soit le quatorzième jour du Nouvel An chinois, et, pour le P. Wu Yangzhi, « le moment était bien choisi : la plupart des paroissiens étaient en vacances du fait des deux semaines de congé du Nouvel An ; les paysans n’étaient pas accaparés par les travaux des champs ; les enfants n’avaient pas classe et les adultes qui sont partis travailler au loin étaient de retour pour les réjouissances familiales ». De fait, la procession a été un succès, estime encore le P. Wu. Après avoir parcouru les rues de quatre villages environnants, autour de celui de Yongan, elle n’est pas passée inaperçue. Un paroissien a déclaré à l’agence Ucanews (2) qu’il pouvait « à peine croire » ce qu’il voyait. « Nous étions si surpris de voir le Saint Sacrement porté en procession en-dehors de l’église. C’est la première fois qu’un tel événement se produit dans nos villages depuis 1949 a-t-il précisé.

Selon un paroissien habitant Pékin et revenu au village pour le Nouvel An, l’impact de la cérémonie a été visible sur la communauté chrétienne locale mais aussi sur les non-chrétiens. « De nombreux villageois non catholiques sont sortis de leurs maisons par curiosité, pour voir ce qui se passait dans la rue, pour comprendre pourquoi tant de catholiques marchaient au son d’instruments de musique témoigne-t-il, estimant que l’effet en termes d’évangélisation a été sensible.

La journée du 22 février a débuté par une messe à l’église paroissiale de Yongan, un village où vivent 500 catholiques. Quatorze prêtres, venus de différentes provinces du pays à l’occasion du Nouvel An, concélébraient. Environ trois mille personnes avaient pris place dans le lieu de culte. A la fin de la messe, la procession a commencé. Un camion ouvrait la marche. Sur la plate-forme arrière, se tenait un prêtre, présentant l’ostensoir aux fidèles. Deux autres camions suivaient, avec des prêtres, une chorale et de gros tambours. Une fanfare composée d’une trentaine de femmes puis une foule d’un millier de fidèles suivaient. A travers les cinq villages ainsi traversés, des ribambelles de pétards étaient allumées, les catholiques s’agenouillaient au passage de la procession.

Dans ce district de Mei, sur les cinq villages concernés, trois possèdent une église. Ils comptent en moyenne 500 catholiques chacun, sauf celui de Huangjia, où trois mille catholiques résident. Selon les catholiques de ce district rural, la procession a été leur réponse à l’appel du pape à célébrer cette année le sacrement de l’Eucharistie. L’idée de la procession a germé dans la tête d’un prêtre âgé de Yongan qui avait gardé le souvenir de telles manifestations avant 1949. En octobre dernier, lorsque le pape a annoncé le lancement de l’Année de l’Eucharistie, les responsables de la paroisse de Yongan ont mis en place un temps d’adoration du Saint Sacrement, tous les jeudis, durant une demi-heure. Pour les responsables du diocèse de Zhouzhi, diocèse de 60 000 catholiques servi par 54 prêtres, la procession témoigne d’un désir de visibilité plus grand pour l’Eglise en Chine (3).