Eglises d'Asie – Chine
Affaibli depuis plusieurs années par la maladie, le président de la Conférence des évêques « officiels » est mort à l’âge de 82 ans
Publié le 18/03/2010
Selon Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint-Esprit du diocèse de Hongkong, Mgr Liu Yuanren était « un très bon prêtre, humble et discret, attaché à une prière fervente ». Précisant qu’il avait fait la connaissance de l’évêque en 1983, Anthony Lam a ajouté à son propos qu’il « s’était montré faible dans la défense des valeurs et des principes de l’Eglise, acceptant aisément des compromis [avec le régime chinois] Il a rappelé également combien la tâche du P. Liu Yuanren, curé de paroisse à Nankin dans les années 1980, avait été compliquée par l’Association patriotique locale, lorsque les autorités locales souhaitaient faire apparaître ce diocèse comme un diocèse prospère et florissant, alors même que le faible nombre des fidèles et des vocations ne le permettait pas.
Envoyé à Pékin, en 1991, où il avait été nommé vice-recteur du séminaire national puis ordonné évêque de Nankin en 1993 (2), Mgr Liu Yuanren resta prisonnier des structures centrales de l’Eglise « officielle ». En 2000, c’est lui qui présida à Pékin la cérémonie d’ordination de cinq évêques sans mandat apostolique, cérémonie menée le jour de l’Epiphanie et conçue comme un geste de provocation à l’égard du Saint-Siège. Quelques mois plus tard, le 24 juin 2000, le Saint-Siège publiait un communiqué où l’on pouvait lire qu’une ordination épiscopale sans mandat apostolique est « une blessure douloureuse faite à la communion ecclésiale et une violation grave de la discipline canonique ». Selon Rome, le geste de la Chine représentait « un obstacle sur la voie de la normalisation » de la vie de l’Eglise et des relations entre Pékin et le Vatican (3).
Mgr Liu Yuanren était né le 16 mars 1923 dans la province du Jiangsu. Issu d’une famille catholique depuis cinq générations, il avait été ordonné prêtre en 1953, à Shanghai. Dans un premier temps professeur au petit séminaire de Haimen, il fut envoyé en camp de rééducation par le travail en 1959. Libéré près de vingt ans plus tard, en 1978, il se remet au service de l’Eglise et devient curé de paroisse à Nankin en 1981. Affaibli depuis de longues années par le diabète, des douleurs aux jambes et des problèmes cardiaques, il disait s’en remettre à Dieu pour assumer ses différentes fonctions officielles. Réélu président de la Conférence épiscopale « officielle » en juillet 2004 (3), en dépit d’une santé de plus en plus fragile, il déclarait : « Dieu m’aidera à porter ma croix lorsque je ne le pourrai plus. »
Avec sa mort et celle de trois autres évêques « officiels », décédés depuis le début de cette année, le nombre des évêques de la Conférence épiscopale « officielle » est de 66. Selon l’Association patriotique, la question de la désignation de son successeur à la tête de la Conférence n’est pas, pour l’heure, à l’ordre du jour.