Eglises d'Asie – Chine
Dans le Shanxi, province d’où est extraite une partie significative du charbon chinois, des responsables de l’Eglise catholique demandent aux fidèles de ne pas travailler pour les mines
Publié le 18/03/2010
Dans un entretien à l’agence Ucanews (2), le P. Li Jianhua, vicaire général du diocèse de Taiyuan, chef-lieu de la province, souligne que les propriétaires des mines au Shanxi « sont des gens très riches ». « Leur fortune est tirée du sang et de la sueur des mineurs souligne-t-il, précisant que ces mineurs sont la plupart du temps des paysans pauvres qui trouvent à s’embaucher dans les mines pour gagner de quoi vivre. Le P. Li ajoute qu’il a demandé à ses paroissiens de ne pas gérer des mines ou de ne pas travailler à la mine. « Les catholiques sont très peu nombreux aujourd’hui à travailler dans les mines, car ils ont conscience que la vie ne consiste pas seulement à faire de l’argent souligne-t-il, tout en reconnaissant que l’Eglise représente une communauté trop petite numériquement pour entraîner des évolutions majeures dans les comportements sociaux.
Le P. Li fonde son appel à ne pas travailler pour l’industrie minière sur son expérience pastorale. Curé de paroisse en milieu rural durant onze ans, de 1990 à 2001, il a été le témoin de nombreux accidents miniers. Des accidents fréquents, pas nécessairement énormes, mais emportant à chaque fois la vie d’un ou plusieurs mineurs et rarement répercutés par les médias. Aujourd’hui, avec le maintien d’une forte croissance économique et d’une demande soutenue pour le charbon, le P. Li met aussi en avant les conséquences sur l’environnement du développement de l’industrie minière. Outre les accidents, l’exploitation tous azimuts du charbon, que ce soit dans des mines d’Etat, semi-privées ou privées, entraîne une forte pollution de l’air et une dégradation de la qualité des eaux souterraines. A Shouzhou, dit le P. Li, « chaque fois que je parcours la dizaine de mètres qui sépare l’église paroissiale du couvent des sours, je dois m’essuyer le visage ». L’air, ajoute-t-il, est perpétuellement gris et humide.
S’agissant du coup de grisou de la mine de Xishui, selon le P. Luo Zhihong, curé de la paroisse de Chengguan, située non loin de Shouzhou, les mineurs du district viennent principalement du Hubei, du Shaanxi et du Zhejiang. Aux dernières nouvelles, aucun catholique ne figurait parmi les victimes de l’accident et aucun de la centaine de catholiques de sa paroisse ne travaille à la mine. Le P. Luo ajoute que les propriétaires de la mine entretenaient des liens avec les autorités locales, ne laissant guère la possibilité aux employés et à la population locale d’exprimer leurs remarques quant à la sécurité ou à l’environnement. Selon Mgr Ma Cuoguo, évêque auxiliaire de Shouzhou, à chacune de leurs rencontres avec les autorités locales, les responsables de l’Eglise ont fait part de leur inquiétude quant aux conditions d’exploitation des mines. Le gouvernement a affirmé qu’il souhaitait que les mines deviennent sûres, mais « les mesures de sécurité sont peu appliquées sur le terrain, au fond des puits ajoute l’évêque. Selon un récent rapport de l’administration d’Etat pour la Sécurité dans les mines de charbon, plus de la moitié de la production de charbon en Chine a été extraite sans que les normes de sécurité définies au plan national aient été respectées.