Eglises d'Asie – Bangladesh
Faisant le bilan de dix années de soutien et d’apostolat auprès des communautés aborigènes, des responsables catholiques soulignent l’importance du travail restant à accomplir
Publié le 18/03/2010
Ce genre d’atelier fait partie intégrante du travail de promotion humaine et de développement, poursuivi par l’Eglise catholique à l’adresse des communautés aborigènes, à côté d’autres initiatives comme le travail pastoral, les visites aux familles, la création d’écoles et de dispensaires ou encore l’organisation de sessions de motivation, explique le P. Rozario.
Au fil des ans, ce sont les responsables de la communauté Santal qui ont compris que, s’ils ne voulaient pas voir leur communauté disparaître et sombrer dans la pauvreté absolue, ils devaient changer leur mode de vie et leur façon de percevoir le monde. Selon Stephen Murnu, responsable pour l’ethnie Santal de la distribution de l’aide sociale fournie par le gouvernement central, « l’importance de la responsabilité de la communauté doit être renforcée et mise en valeur par un changement de mode de pensée et une évolution du mode de vie traditionnel ». Devant les membres de sa communauté, au cours du séminaire organisé par le P. Rozario, il a prévenu que, sans changement constructif, les Santal ne survivraient pas en tant que groupe. Au sein de la société bangladaise, les Santal, comme la plupart des groupes aborigènes, sont perçus comme arriérés et peu éduqués, et sont victimes de discrimination.
Lors du séminaire, le P. Harum Hembrom, un prêtre catholique d’origine Santal, a souligné, quant à lui, le rôle de l’Eglise catholique auprès de la communauté Santal. L’Eglise y est particulièrement active dans des domaines aussi variés que l’éducation des jeunes, la santé, la création d’activités économiques rémunératrices, la formation des responsables et l’instruction morale. Cependant, a-t-il regretté, face à l’ampleur des efforts déployés, les résultats sont très modestes. « Un réel développement ne se réalisera pas tant que les Santal ne s’y investiront pas eux-mêmes a-t-il déclaré.
Pour Anthon Marandy, responsable de communauté Santal, la pauvreté endémique à laquelle la communauté fait face s’enracine dans un mode de vie qui manifeste l’incapacité de se penser dans l’avenir, de se projeter dans ce que sera demain. Il a notamment dénoncé la pratique consistant à boire plus que de raison de fortes quantités d’« haria une bière issue de la fermentation de mélasse, de riz et de racines sauvages. Qualifiant cette pratique d’« héritage culturel il a stigmatisé ces méfaits, décrivant des hommes et des femmes incapables de se consacrer à l’éducation de leurs enfants ou de leur donner un exemple à suivre. « C’est à cause de ces pratiques que, dans les écoles, le nombre des jeunes qui abandonnent les études est si élevé et que la plupart des enfants Santal ne peuvent espérer mieux que de devenir des journaliers, a-t-il déclaré. Nous en sommes là de notre développement, alors que la paroisse organise des ateliers comme celui-ci depuis 1996. »
Les participants à ce séminaire s’étaient divisés en vingt groupes pour traiter des principaux problèmes de leur communauté et tenter de trouver des solutions. La dépendance à l’alcool a été identifiée comme leur plus grosse difficulté. Ils ont cité aussi le manque d’une autorité forte dans les familles et à tous les niveaux de la communauté, les conflits familiaux, l’indifférence, l’ignorance et la pauvreté. Pour sortir de la pauvreté, ils ont suggéré de développer des micro-entreprises, de renoncer à l’alcool, d’envoyer leurs enfants à l’école, de raviver le sens de la dignité humaine et de rester en lien étroit avec l’Eglise.