Eglises d'Asie – Chine
L’élection de Benoît XVI sur le siège de Pierre a été soulignée par des messages de salutations et de félicitations de la part du gouvernement et des structures « officielles » de l’Eglise
Publié le 18/03/2010
Dans le message du ministère des Affaires étrangères à Benoît XVI, il a été question, outre les salutations du gouvernement, des relations entre Rome et Pékin. Le porte-parole Qin Gang a réitéré les deux conditions posées par la Chine à une éventuelle normalisation des relations : « Premièrement, le Saint-Siège doit rompre ses soi-disant relations diplomatiques avec Taiwan, et confirmer que la République populaire de Chine est l’unique gouvernement légitime de la Chine, dont Taiwan est une partie inséparable. Deuxièmement, le Saint-Siège doit promettre de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures chinoises, au nom de la religion ou sous un autre prétexte. » C’est là une position connue de longue date et son rappel n’a pas constitué une surprise (1). La seule déclaration du porte-parole qui puisse être interprétée comme un geste d’ouverture a été celle-ci : « Nous espérons que le Saint-Siège, sous la direction du nouveau pape, créera les conditions favorables à une normalisation des relations entre la Chine et le Saint-Siège. » Pour la messe d’installation de Benoît XVI, place Saint-Pierre, à Rome, le 24 avril, aucune délégation officielle chinoise n’avait fait le déplacement (2).
Du côté des structures de l’Eglise « officielle », un message de félicitations, commun à l’Association patriotique des catholiques chinois et à la Conférence des évêques « officiels », a été envoyé le 20 avril au Vatican. Selon Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique, le message au cardinal Ratzinger disait : « Remercions Dieu d’avoir choisi Votre Eminence pour être le représentant du Christ et le successeur de saint Pierre. Au nom des cinq millions de catholiques chinois, clercs et laïcs, nous vous félicitons chaleureusement dans la joie du Christ ressuscité. » Le message exprimait également l’espoir d’« une amélioration prochaine des relations entre la Chine et le Saint-Siège ». Dans une note aux diocèses « officiels » de Chine, l’Association patriotique et la Conférence épiscopale ont par ailleurs demandé la prière des fidèles pour l’ouvre salvifique du Christ, ainsi que pour la rupture par le Saint-Siège des relations diplomatiques avec Taiwan et pour une amélioration des relations entre la Chine et le Vatican.
Au sujet d’une éventuelle amélioration des relations entre Pékin et Rome, Mgr Aloysius Jin Luxian a été contacté par l’agence Ucanews. L’évêque « officiel » de Shanghai, qui s’est rendu en Europe à de nombreuses reprises ces dernières années, mais n’est jamais passé par Rome, a estimé que les chances de voir ce dossier aboutir demain étaient les mêmes aujourd’hui qu’hier. A Shijiazhuang, dans le Hebei, le P. Zhang Shijiang, directeur de la publication Xinde (‘La foi’), a ajouté, à l’espoir d’une normalisation des relations diplomatiques, celui d’une « réconciliation entre les différentes communautés catholiques chinoises ». Il a exprimé sa confiance en Benoît XVI pour faire preuve « de la même attention envers les différentes communautés catholiques en Chine ».
Dans le diocèse de Jinan (province du Shandong), Mgr Zhang Xianwang, âgé de 40 ans et coadjuteur du diocèse, a déclaré que les temps n’étaient pas encore mûrs pour une normalisation des relations. Au cours de ses études en Belgique, de 1996 à 1998, Mgr Zhang, qui a été ordonné évêque en avril 2004, s’est rendu à la Congrégation pour la doctrine de la Foi, à l’occasion d’un voyage d’études. Il s’est dit confiant dans le fait que le nouveau pape « ne voudra pas perdre l’Eglise en Chine ».
En choisissant le nom de Benoît, en référence au pape Benoît XV (1914-1922), pour son pontificat, le cardinal Joseph Ratzinger a choisi un nom familier aux catholiques chinois. Benoît XV est en effet connu, en Chine, comme le pape qui, en 1919, a encouragé la promotion du clergé autochtone. Ses efforts en ce sens furent couronnés lorsqu’en 1926, son successeur, Pie XI, consacra à Rome les six premiers évêques chinois (3). Selon le P. Zhang Shijiang, le cardinal Ratzinger, en choisissant le nom de Benoît, a envoyé un message fort aux catholiques chinois, un appel à respecter leur Eglise. « Benoît XVI sera un grand pape de réconciliation a-t-il estimé.