Eglises d'Asie – Chine
Les Chinois ont accès à la pensée du pape Benoît XVI par un ouvrage de théologie, écrit par le P. Joseph Ratzinger en 1968 et traduit en 2002 par une maison d’édition d’Etat
Publié le 18/03/2010
C’est en juin 2002 que cet ouvrage, publié pour la première fois en 1968 et qui réunit des enseignements donnés à l’université de Tübingen par Joseph Ratzinger au sujet de la profession de la foi catholique, a été traduit en chinois. Le projet a été initié par l’Académie des Sciences sociales de Pékin et c’est la huitième édition de cette Introduction au christianisme, parue en 1998, qui a été traduite et publiée (1). La Société éditrice commune, société appartenant conjointement aux Presses municipales de Shanghai et au très officiel Bureau des publications, a publié le livre dans une collection d’ouvrages consacrés au christianisme contemporain.
La préface de la traduction chinoise du livre du cardinal Ratzinger a été rédigée par Zhuo Xinping, directeur du Centre d’études du christianisme, de l’Institut des religions mondiales, à l’Académie des Sciences sociales à Pékin. Selon le chercheur, Introduction au christianisme peut être lu comme “un miroir” permettant de comprendre les développements de la philosophie catholique contemporaine. Il qualifie l’ouvrage d’interprétation moderne du Credo, éclairée à la lumière de la Sainte Trinité. Selon l’Autrichien Leopold Leeb, professeur au département de littérature chinoise de Renmin Daxue, une des principales universités de Pékin, “le livre est très orthodoxe et les arguments sont pénétrants”. “La beauté de sa philosophie tient dans sa tentative de questionner et d’apporter une réponse concrète à chacun des problèmes évoqués. Les Chinois peuvent sans doute se montrer sensibles à cette démarche et apprendre des écrits et de la pensée [de Joseph Ratzinger] poursuit Leopold Leeb, qui a été associé à la relecture des épreuves en chinois de l’ouvrage.
Selon les chiffres de l’éditeur, environ 5 000 exemplaires du livre ont été imprimés, en deux éditions, en 2002 puis en 2003. Le chiffre des ventes n’est pas disponible, mais la branche hongkongaise de la Société éditrice commune indique que tous les exemplaires qui lui ont été attribués ont été vendus.
Pour Zhuo Xinping, la traduction en chinois de cet ouvrage, réalisée plusieurs années avant l’élection du cardinal Ratzinger sur le trône de Pierre, témoigne de l’esprit d’“universalité” qui est celui de notre époque (2). Quant à l’impact d’un tel ouvrage au sein de l’Eglise catholique, Mgr Anthony Tu Shihua, évêque de Hanyang et directeur du Centre d’études théologiques de la Conférence des évêques “officiels”, estime que le fait que de très nombreux ouvrages du nouveau pape n’ont pas – encore – été traduits en chinois ne permet pas de se faire un jugement. Agé de 86 ans, Mgr Tu Shihua ajoute : “Personnellement, je pense que ses idées, telles qu’exprimées dans ses livres, avant le Concile de Vatican II sont assez bonnes. J’ai aussi conscience que des critiques ont été émises envers certaines de ses vues et de ses prises de position après sa nomination à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, en 1981, particulièrement en ce qui concerne sa réaction face à la théologie de la libération.”
Dans les maisons d’édition catholiques du pays, que ce soit Sapientia à Pékin ou le Centre de recherches Guangqi à Shanghai, les responsables disent qu’ils vont se pencher de près sur la question de la publication future des autres ouvres de Benoît XVI.