Eglises d'Asie

Les chrétiens, protestants et catholiques, demandent que le dimanche de Pâques soit chômé

Publié le 18/03/2010




Les représentants des principales Eglises chrétiennes du Bangladesh ont lancé une campagne pour demander aux autorités de déclarer le dimanche de Pâques jour férié pour toute la population. La campagne a commencé par un éditorial publié le 13 mars dernier dans Pratibeshi, l’hebdomadaire catholique du pays, publié par la Conférence des évêques catholiques du Bangladesh. Le 18 mars, trois cents chrétiens, protestants et catholiques confondus, ont formé une chaîne humaine à Mutangon, vaste espace dégagé de Dacca où se tiennent généralement de grands rassemblements. Enfin, le 23 mars, Promode Mankin, l’unique député catholique du Parlement, a présenté le dossier à la Commission parlementaire chargée des questions religieuses.

« Nous sommes rassemblés ici pour demander au gouvernement que le dimanche de Pâques, la fête la plus importante pour les communautés chrétiennes partout dans le monde, soit déclaré jour férié a déclaré Nirmal Gomes, secrétaire général de la Bangladesh Christian Association (BCA), co-organisatrice avec l’Eglise catholique de ces différentes manifestations. « Les citoyens chrétiens du Bangladesh ne peuvent pas célébrer Pâques avec dignité et dans la joie puisque ce n’est pas un jour férié officiel. Les cours et les examens, par exemple, qui ont lieu le dimanche de Pâques privent les étudiants chrétiens de cette joie a-t-il encore expliqué.

Selon le P. Kamal Corraya, directeur du Centre chrétien des communications sociales de la Conférence des évêques catholiques, Mgr Michael Rozario, archevêque de Dacca, demande – en vain – depuis plusieurs années que le dimanche de Pâques soit déclaré jour férié. Aujourd’hui, dans le calendrier officiel du Bangladesh, seuls le Vendredi Saint et le jour de Noël sont fériés, le dimanche de Pâques étant inscrit sur les calendriers comme « un jour chômé optionnel » pour les chrétiens. Initialement, dans le calendrier introduit par le colonisateur britannique, le dimanche de Pâques était un jour férié, du fait que le dimanche était le jour chômé de la semaine. Ce calendrier a été maintenu après 1947, date de la division de l’Empire des Indes, et après 1971, date de l’indépendance du Bangladesh. C’est en 1982, sous la présidence de Hossain Mohammad Ershad, que les choses ont changé, lorsque le vendredi et le samedi ont été décrétés jours chômés, le dimanche devenant un jour ouvré ordinaire.

Cette année, la revendication des chrétiens du Bangladesh a pris un relief particulier du fait que le principal parti d’opposition, la Ligue Awami, avait appelé à une grève générale pour le 27 mars, le dimanche de Pâques. En lutte avec l’actuelle majorité, la Ligue Awami souhaite la démission du gouvernement et demande que soient réprimées les formations islamistes. Le 22 mars, Mgr Gomes et plusieurs autres responsables chrétiens ont rencontré le président de la Ligue, Sheikh Hasina Wajed, pour expliquer l’importance pour les chrétiens du dimanche de Pâques. L’évêque catholique a comparé le Carême et les fêtes de Pâques au Ramadan des musulmans et à la fête de al-Fitr. A la suite de cette rencontre, la Ligue Awami a annoncé le report de la grève générale au 31 mars.

Selon les responsables de la communauté chrétienne, laquelle représente 0,3 % de la population du pays (1), il est difficile de savoir si leur revendication a des chances d’aboutir dans un proche avenir. Le seul signe positif est que les membres de la Commission parlementaire chargée des questions religieuses se sont prononcés en faveur de l’introduction du dimanche de Pâques comme jour férié.