Eglises d'Asie – Pakistan
Un jeune homme, catholique, a été laissé pour mort après avoir été attaqué par des musulmans de son village, mécontents de la réussite scolaire de certains catholiques
Publié le 18/03/2010
Selon P. Rehmat Hakim, curé de la paroisse locale, environ 20 à 25 familles catholiques vivent dans ce village rural, majoritairement musulman. Ils sont propriétaires de leurs maisons, mais ne possèdent pas de terres et louent donc leur force de travail comme journaliers pour vivre. Shahbaz était employé par un propriétaire terrien musulman et conduisait habituellement son tracteur. Selon le P. Rehmat Hakim, ce propriétaire traitait très convenablement Shahbaz et cette attitude déplaisait à certains musulmans pour qui les chrétiens doivent être rabaissés et maintenus dans un état de dépendance. De plus, ajoute le prêtre, ces mêmes musulmans voient d’un mauvais oil la réussite scolaire de plusieurs enfants catholiques du village. Des catholiques du village ont rapporté qu’il y a plusieurs mois, le responsable religieux local a déclaré par le haut-parleur de la mosquée du village que si les garçons chrétiens étaient éduqués, il deviendrait difficile de trouver des hommes pour travailler la terre.
Selon des sources locales, dans la nuit du 23 avril, sept ou huit jeunes hommes se sont emparés de Shahbaz et l’ont emmené dans un champ pour le battre. Ils ont ensuite appelé au téléphone ses parents pour dire que leur fils était mort. Depuis cet incident, les chrétiens du village ont peur et craignent de nouvelles actions violentes. Ils soulignent que, ces deux derniers mois, des violences similaires ont eu lieu dans les régions de Lahore et d’Islamabad (1).
Pour la Commission des droits des minorités au Pakistan, un organisme indépendant, l’attaque dont a été victime Shahbaz doit être condamnée et les autorités doivent travailler à en arrêter les auteurs. Younas Alam, directeur exécutif de la commission et ancien prêtre de l’Eglise catholique, a demandé des mesures de protection pour les jeunes hommes des villages. Il a ajouté que, du fait de telles attaques, les tensions entre les chrétiens et les musulmans ne pouvaient que s’aggraver, si rien n’était fait pour les empêcher.
Au Pakistan, où les chrétiens sont à peine 2 % de la population, Masih n’est pas un nom de famille mais désigne habituellement les chrétiens.