Eglises d'Asie

Des enseignants et des religieux, musulmans ou chrétiens, se sont rencontrés et affirment leur désir d’instaurer, au sein de leurs communautés, un véritable esprit de dialogue interreligieux

Publié le 18/03/2010




Des musulmans et des chrétiens se sont rencontrés pour qu’au-delà de leurs différences, leurs communautés se rejoignent dans le respect mutuel, la patience, l’éducation et la connaissance de la religion de l’autre. La Commission pour le dialogue interreligieux et l’ocuménisme de la Conférence des évêques catholiques du Bangladesh avait organisé ce colloque, à Dacca, le 29 avril dernier, sur le thème : « Dieu un et unique ». La centaine de participants se partageait en enseignants musulmans ou chrétiens, en universitaires et en une cinquantaine de religieuses, de séminaristes et d’employés de différentes ONG (1).

Les enseignants étaient le ‘groupe cible’ de la rencontre. Pour Sour Eugenia Costa, secrétaire de la Commission, « convaincre les enseignants (de poursuivre le dialogue interreligieux), c’est aussi convaincre les étudiants. » Abdul Mannan Khan, professeur d’histoire islamo-arabe à l’université de Dacca, a parlé de l’unicité de Dieu selon l’enseignement de l’islam. Il a expliqué que bâtir une paix véritable entre les différents groupes religieux exigeait une élimination patiente des malentendus. Dans cette perspective, un cour ouvert est la clé qui changera les comportements, améliorera les relations et favorisera la paix là où règnent tensions et conflits. « Je hais ces musulmans qui font régner le terrorisme au nom de l’islam a déclaré Abdul Mannan Khan, soulignant toutefois que toutes les religions avaient leurs fondamentalistes.

Dans ses souhaits de bienvenue, Mgr Michel Rozario, archevêque de Dacca, a souligné l’importance de l’humilité dans le dialogue : « Nous sommes quelquefois trop fiers quand il s’agit de notre propre religion. Il nous faut garder à l’esprit que nous avons tous été créés par le même Dieu unique. » Dieu a créé les hommes pour qu’ils le servent, quelles que soient leurs religions, a affirmé le prélat. Dieu veut que les croyants résolvent leurs malentendus et vivent en harmonie dans la paix. « Nos façons de célébrer le culte sont différentes, mais nous adorons le Dieu unique en vérité a-t-il déclaré.

Dans l’après-midi, les participants se sont séparés en quatre groupes pour dialoguer. Le premier sujet de discussion a été de savoir si parler de la même foi au « Dieu unique » pour les chrétiens et pour les musulmans ne cachait pas une contradiction. Chaque groupe a également discuté pour voir comment chrétiens et musulmans pouvaient témoigner de leur « foi au Dieu unique » dans le contexte d’une très grande pauvreté et d’une corruption envahissante, le tout dans un univers marqué par la mondialisation. Les groupes ont désigné le respect mutuel, la patience, l’éducation et une meilleure connaissance de la religion des autres comme seuls moyens de réduire le fossé et les malentendus qui existent actuellement entre chrétiens et musulmans dans le pays.

Appréciant l’opportunité d’une telle rencontre, un participant musulman, Maulana Abu Syed, a assuré les journalistes que la grande majorité des gens au Bangladesh voulait la paix et a proposé d’écarter de la vie publique ceux, peu nombreux mais agissants, qui veulent attiser les conflits interreligieux.

Le secrétaire de la Commission pour le dialogue de l’archidiocèse de Dacca, le P. George Gomes, a confirmé, pour sa part, que, dans chacun des six diocèses du Bangladesh, de semblables rencontres avaient eu lieu en 2004, qu’elles auraient lieu encore cette année et que les représentants de tous les diocèses se rencontraient pour en parler le 10 juin prochain. Pour Sour Costa, le colloque de Dacca ne peut qu’instaurer un esprit de dialogue qui peu à peu ira en s’élargissant. « Si les gens cultivés et les intellectuels (musulmans) acceptent les chrétiens, les hindous et les bouddhistes, les musulmans les moins cultivés y verront un exemple et les accepteront en apprenant la patience à leur égarda-t-elle expliqué.