Eglises d'Asie

Des responsables religieux font valoir la religion comme moyen pacifique de résoudre les graves incidents qui endeuillent les trois provinces à majorité musulmane du sud du royaume

Publié le 18/03/2010




Rassemblés en séminaire le 25 mars sur le campus de l’université Mahidol, à Nakhon Pathom, à une cinquantaine de kilomètres de Bangkok, des représentants de différentes religions ont réaffirmé leur conviction que la religion, la compréhension mutuelle et la justice pouvaient aider à rétablir un climat de paix dans les trois provinces méridionales du pays : Narathiwat, Pattani et Yala, où 650 personnes ont été tuées et plusieurs centaines d’autres blessées, depuis la reprise des violences dans cette région en janvier 2004.

Des membres de trois religions étaient présents à ce séminaire : des bouddhistes, des musulmans et des chrétiens. En tout quatre-vingt personnes, dont le vénérable Sirpariyattimoli, de l’université pour bonzes bouddhistes Maha Chulalongkorn Rajavidyalaya, le P. Chusak Sirisut, directeur du Centre de recherches sur les religions et la culture du collège Saeng Tham et professeur au séminaire catholique national, Bandith Samalun, musulman et chercheur à l’université Chulalongkorn, ou encore Woravit Baru et Naree Charoenpolpiriya, membres de la Commission pour la Commission pour la réconciliation nationale, récemment créée.

Tous ont exprimé le vou que la religion et le dialogue favorisent la compréhension mutuelle, l’esprit de tolérance et le vivre-ensemble, non seulement dans les trois provinces du sud mais également à travers tout le pays. Selon le P. Chusak Sirisut, le travail à mener est considérable car, aujourd’hui, “les gens qui ont été amis ne se font désormais plus confiance”. En dépit du fait que les catholiques, très minoritaires dans les provinces du sud, n’ont pas été pris pour cible, ils sont concernés par ce qui se passe, a souligné le prêtre. A l’heure actuelle, l’approche sans nuance du gouvernement et les mesures draconiennes de sécurité mises en place par les autorités “ne font que pousser les jeunes musulmans dans la jungle a-t-il déploré, ajoutant que la paix ne peut être restaurée dans le sud que si les responsables des violences commises à Kruese et Tak Bai, deux localités où plusieurs dizaines de musulmans ont trouvé la mort, sont traduits en justice (1). Le P. Chusak Sirisut a appelé au respect de la loi et à son application à tous, insurgés ou forces de l’ordre.

Ce séminaire, le premier du genre organisé par l’université Mahidol dans le domaine du dialogue interreligieux, s’inscrivait dans l’esprit de la Commission pour la réconciliation nationale, présidée par l’ex-Premier ministre Anand Panyarachun et soutenue par l’actuel Premier ministre Thaksin Shinawatra : la promotion de la compréhension entre les communautés et la réduction des tensions et des violences dans les trois provinces du sud. Il a eu lieu alors que les violences sont quasi-quotidiennes dans le sud du pays. La veille du 25 mars, un attentat à la bombe avait tué un bonze et trois soldats dans la province de Yala. Une semaine auparavant, deux attentats distincts tuaient une personne et en blessaient treize autres.