Eglises d'Asie – Chine
En dépit de messages de condoléances envoyés au Vatican à l’occasion de la mort de Jean-Paul II, une amélioration rapide des relations entre Pékin et le Saint-Siège paraît improbable
Publié le 18/03/2010
Le 3 avril, à Hongkong, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a déclaré, lors d’une conférence de presse tenue quelques heures après le décès de Jean-Paul II, que le Saint-Siège avait manifesté avec constance le désir d’ouvrir des négociations avec la Chine, mais que Pékin n’avait jamais répondu à ces appels. Mgr Joseph Zen a ajouté que Jean-Paul II souhaitait se rendre en Chine et qu’il avait prié “chaque jour” pour la Chine. L’évêque de Hongkong a rappelé qu’il avait été un temps envisagé que le pape se rende à Hongkong en 1999 pour promulguer l’exhortation apostolique Ecclesia in Asia, publiée à la suite du Synode des évêques pour l’Asie, tenu à Rome au printemps 1998. Finalement, Jean-Paul II avait été à New Delhi pour cela. Pour Mgr Joseph Zen, cette impossibilité du pape à poser le pied en terre chinoise est source de “regrets”.
Le même jour, à Pékin, une courte dépêche de Xinhua, l’agence de presse officielle, a informé des condoléances envoyées par la Conférence des évêques “officiels”. La dépêche citait l’Association patriotique des catholiques chinois. Selon cette dépêche, le message de condoléances était envoyé de manière conjointe par la Conférence des évêques “officiels” et l’Association patriotique. “Le décès du pape Jean-Paul II est une nouvelle très triste (.). C’est une grande perte pour les efforts d’évangélisation de l’Eglise universelle pouvait-on lire dans ce message, qui ajoutait que les catholiques de Chine priaient pour le repos éternel de l’âme de Jean-Paul II.
Selon Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique, le gouvernement chinois n’a pas “officiellement” envoyé un message de condoléances au Saint-Siège. Mettant en avant les déclarations du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, il a expliqué que Pékin souhaitait améliorer ses relations avec le Vatican et mettait deux conditions à cela : la rupture des relations diplomatiques existant entre Taiwan et le Saint-Siège, qualifiées de “prétendues relations diplomatiques ainsi que la non-ingérence dans les affaires intérieures chinoises sous prétexte de religion. En écho aux propos du porte-parole du ministère des Affaires étrangères qui a dit que la Chine espérait “que, sous le prochain pontificat, le Vatican créerait les conditions pour une amélioration des relations avec la Chine Liu Bainian a ajouté que c’était au Vatican de prendre l’initiative en “réglant le problème de Taiwan”. “Le successeur de Saint Pierre devrait assumer ses responsabilités pastorales pour introduire Jésus Christ auprès du milliard trois cents millions d’habitants du pays a-t-il encore affirmé, exprimant l’espoir que le prochain pape pourra “prendre en compte l’inculturation de l’Eglise de Chine” et lui permettre de s’adapter à son “environnement socialiste”.
Contacté par l’agence Ucanews le 2 avril, Mgr Eugene Nugent, responsable de la Mission d’études du Saint-Siège à Hongkong, a estimé que la déclaration du 1er avril du porte-parole du ministère des Affaires étrangères était “positive” et “témoignait du respect” pour la personne du Saint Père. Il a souligné que c’était “sans doute la première déclaration d’amitié de la Chine à un pape depuis les années 1950”. Quant à une visite du pape en Chine, Mgr Nugent a dit qu’il appartiendra au successeur de Jean-Paul II de réaliser “ce rêve”. “Nous devons attendre d’avoir un nouveau pape” pour voir si la question des relations entre le Saint-Siège et la Chine sera inscrite en haut de la liste des priorités, a-t-il ajouté, précisant qu’il pensait que, très probablement, le successeur de Jean-Paul II adopterait la politique suivie à ce jour, faite d’un dialogue constructif avec Pékin fondé sur le respect mutuel et l’amitié.
Pour certains observateurs, il est toutefois peu probable que le dossier des relations diplomatiques aboutisse rapidement. Selon le P. Gianni Criveller, chercheur au Centre d’études du Saint-Esprit du diocèse de Hongkong, le principal obstacle à la normalisation des relations tient au problème de la liberté religieuse en Chine, et en particulier à la question de la nomination des évêques. A ce jour, a rappelé le missionnaire italien, l’Eglise catholique de Chine ne peut communiquer normalement avec le Saint-Siège. Il est par exemple impossible pour les évêques chinois de se rendre en visite ad limina à Rome. “Le gouvernement chinois refuse d’admettre que la question de Taiwan est utilisée comme un prétexte pour rejeter sur le Vatican la responsabilité du problème a expliqué le P. Criveller.
Au cours de son pontificat, Jean-Paul II a écrit à plusieurs reprises aux dirigeants chinois, à Deng Xiaoping en 1983, à Jiang Zemin dans les années 1990 et à Hu Jintao en 2003. Selon les informations disponibles, le pape n’a jamais reçu de réponse à ses courriers.