Eglises d'Asie

Hongkong : avec la reprise économique, les responsables de l’Eglise demandent une meilleure répartition des fruits de la croissance

Publié le 18/03/2010




Le 1er mai dernier, à l’occasion de la fête du travail, la Commission pour le travail du diocèse catholique de Hongkong a organisé diverses manifestations, dont une exposition retraçant l’engagement de l’Eglise catholique auprès des travailleurs et des salariés depuis un demi-siècle. Rassemblées sous le slogan : “Marcher ensemble, l’Eglise aux côtés des travailleurs et de la culture des travailleurs ces manifestations ont été inaugurées par Mgr Joseph Zen Ze-kiun. Lors de la prière d’introduction, l’évêque de Hongkong a déclaré que, l’économie locale ayant retrouvé le chemin de la croissance, les hommes d’affaires ne devaient pas être les seuls à bénéficier des fruits de cette croissance, la richesse produite devant être partagée avec les travailleurs et les salariés de base. Il a notamment rappelé que, “dans une société capitaliste, chacun a la liberté de se démener pour gagner ce qu’il peut gagner, mais cela ne doit pas oblitérer le fait que tous n’ont pas la faculté d’agir ainsi”. Lorsque certains gagnent plus, ils doivent considérer le sort des pauvres et de ceux qui sont dans le besoin, a continué Mgr Joseph Zen.

Le P. Benedict Lam Cho-ming, conseiller ecclésiastique de la Commission, a de son côté évoqué l’évolution de l’engagement du diocèse dans les questions sociales. Dans les années 1940, l’Eglise s’est occupée d’offrir une aide immédiate et quotidienne aux vagues de Chinois du continent venus chercher refuge à Hongkong. Aujourd’hui, le travail a changé de nature. Il s’agit, a souligné le P. Lam, de conscientiser les gens aux questions sociales et les inciter à participer au débat local concernant, entre autres choses, les problèmes du travail.

Afin de répondre à ces nouveaux besoins, la Commission a équipé un camion, baptisé Diocesan Pastoral Mobile Centre. Circulant dans les différentes parties de Hongkong, ce centre mobile vise à former et informer le public sur le droit du travail. Parmi les questions qui font débat dans la société contemporaine, a souligné Lawrence An Chung-yuk, secrétaire général de la Commission, figure par exemple la fixation d’un salaire minimum. Aujourd’hui, a-t-il souligné, certaines dispositions légales protègent les salariés, mais les failles sont nombreuses et largement exploitées par les employeurs. A Hongkong, la marge de manouvre des employés pour négocier une amélioration de leurs conditions de travail ou de rémunération est mince, a-t-il poursuivi. “Le sujet le plus important où des améliorations sont attendues concerne le temps de travail. Actuellement, les horaires sont longs et les salaires faibles. Or, des temps de présence extensifs au bureau, à l’atelier ou en usine signifient que les temps consacrés au repos et à la détente sont réduits, et cela entraîne des difficultés au sein des familles et de la société a expliqué Lawrence An.

Au sein des manifestations de ce 1er mai, une place importante avait été réservée aux Philippins. Selon l’annuaire diocésain de cette année, les catholiques venus des Philippines sont au nombre de 105 000, formés en majorité d’employées de maison. Contrairement aux autres salariés de Hongkong, les employées de maison venues de l’étranger bénéficient à Hongkong d’un salaire minimum, fixé par le gouvernement. Son niveau est toutefois nettement plus bas que ce que la très grande majorité des Hongkongais obtiennent sur le marché du travail. Indépendamment des questions salariales, les employées de maison souhaitent que leur temps de travail soit réglementé, de façon à éviter les abus en ce domaine. Selon Angeline Enriquez, une employée de maison présente aux manifestations du 1er mai, “l’Eglise apporte un soutien moral et psychologique en “mettant à notre disposition des équipes avec qui on peut parler et qui peuvent nous aider [dans les démarches administratives] ».

Selon un récent rapport du gouvernement local, la croissance du PNB à Hongkong a été “un remarquable 8,1 % en termes réels”. Une accélération notable après un taux de 3,2 % en 2003. Parallèlement, le taux de chômage pour le premier trimestre 2005 se situe à 6,1 % de la population active, le niveau le plus bas depuis septembre-novembre 2001. Pour les défenseurs des intérêts des salariés, un tel taux, élevé pour Hongkong, constitue un frein à un meilleur partage des fruits de la croissance entre les facteurs travail et capital. Avant de réduire la durée légale du travail, il leur apparaît nécessaire de fixer un salaire minimum garanti, “de nombreux demandeurs d’emploi n’osant pas réclamer un juste salaire de peur de ne pas être embauchés”.

Dernièrement, le gouvernement s’est dit prêt à ouvrir les négociations. Les syndicats de travailleurs et certains partis politiques réclament un salaire minimum horaire de 30 dollars Hongkong (3 euros) et une journée de travail normale de huit heures.