Eglises d'Asie – Chine
Pékin est « sincère » dans son désir de normaliser ses relations avec le Vatican, a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois
Publié le 18/03/2010
Dans cet article, publié en première page et intitulé : « Vatican weighing formal ties with China le quotidien édité à Paris écrivait que les rencontres entre Rome et Pékin n’avaient pas atteint un niveau officiel, mais que des contacts, qualifiés d’« exploratoires » par le journaliste, avaient eu lieu. Plus précisément, des échanges ont été organisés entre des responsables de la communauté Sant’Egidio et des membres de l’Ecole du parti communiste chinois, qualifiée « de base du pouvoir du président Hu Jintao ainsi que d’organismes de recherches du gouvernement chinois, sans doute l’Académie des sciences sociales de Pékin. Toujours selon l’IHT, les discussions ont été suffisamment abouties pour que « Jean-Paul II rencontre secrètement la délégation chinoise ». Andrea Riccardi, fondateur de la communauté Sant’Egidio, a assisté à l’entrevue, qui s’est déroulée en août dernier, et rapporte qu’un membre de la délégation chinoise a dit au pape : « Nous vous attendons en Chine. » Et Jean-Paul II de répondre : « Oh, je souhaite que Dieu me permette d’aller en Chine. »
Selon Mario Marazitti, porte-parole de la communauté Sant’Egidio, « le Vatican est devenu vraiment actif sur (le dossier des relations avec Pékin). Il y a aujourd’hui une convergence des efforts entre notre travail et celui du Vatican, qui agit de son côté. L’autre partie semble réceptive. C’est une situation nouvelle ».
Le discours que le pape Benoît XVI a prononcé le 12 mai dernier devant le corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège a relancé les spéculations au sujet de l’avancement supposé des contacts entre le Vatican et Pékin (1). Le pape exprimant le souhait que les nations qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège soient « représentées au plus tôt auprès du siège apostolique les agences de presse ont immédiatement déduit que Benoît XVI pensait à la Chine populaire, avant même des pays tels la Russie ou le Vietnam. Un ancien diplomate du Saint-Siège, le cardinal Pio Laghi, 83 ans, donnait du poids à cette interprétation en déclarant le jour même au Corriere Della Serra qu’il était convaincu que « le Vatican [était] en train de travailler pour créer les conditions d’un voyage (du pape en Chine) même si, pour l’heure, un tel déplacement était prématuré.
Quelques jours plus tard, l’ambassadeur de Chine populaire auprès de l’Italie, Dong Jinyi, a accordé une interview à Il Messagero. Le diplomate y déclarait que, bien qu’il soit trop tôt pour envisager une visite du pape en Chine, les deux parties devaient « travailler à développer le dialogue et la confiance réciproque en vue de normaliser les relations ». « Nous avons besoin de temps, mais nous devons suivre cette voie a ajouté Dong Jinyi.
Plus récemment, un autre signe a été interprété par les agences de presse comme révélateur du fait que l’établissement de relations diplomatiques avec la Chine populaire était « une des priorités du pontificat de Benoît XVI » (2). Le 25 mai, en effet, à l’issue de l’audience générale du mercredi place Saint-Pierre, à Rome, le pape a fait arrêter la voiture découverte qui le ramenait vers l’intérieur du Vatican pour saluer et bénir des pèlerins chinois, venus de Hongkong. Selon France-Presse, c’était là une première depuis le début de son pontificat (3) et le journaliste faisait état des contacts informels dévoilés par l’IHT, ainsi que, « selon des sources diplomatiques de communications directes entre Rome et Pékin.
Quoi qu’il en soit de la réalité de ces contacts entre le Saint-Siège et la Chine populaire, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, lors du point de presse du 17 mai, a précisé que la « sincérité » de la Chine populaire dans l’établissement éventuel de relations avec Rome s’accompagnait des deux conditions, toujours mises en avant par Pékin dans ce dossier : « reconnaître Taiwan comme une partie inséparable de la Chine » – avec son corollaire : la rupture par le Saint-Siège de ses relations diplomatiques avec Taipeh – et « la non-ingérence dans les affaires intérieures de la Chine au nom de la religion » – derrière laquelle se cache la question de la nomination des évêques chinois et celle de la liberté religieuse en Chine.
A Hongkong, les spécialistes des questions religieuses en Chine et notamment ceux de l’Eglise catholique ont commenté cette actualité récente. Pour Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint Esprit, du diocèse de Hongkong, Benoît XVI, parce qu’il a été un si proche collaborateur de Jean-Paul II, ne peut pas ne pas penser à accomplir le désir du défunt pape de se rendre en Chine. Il était donc normal qu’il exprime ce souhait devant les diplomates accrédités auprès du Saint-Siège. Pour Kwun Ping-hung, un observateur – non catholique – de longue date des questions relatives à l’Eglise catholique en Chine, on peut s’attendre, sauf accident de parcours imprévu, à ce que les contacts, officiels ou non, se développent entre les deux parties à différents niveaux. Le fond du problème, sur le dossier des relations diplomatiques, reste que « le système politique en Chine ne peut pas produire un mécanisme permettant de nouer de tels liens avec le Saint-Siège : c’est une question de pouvoir a précisé le chercheur à l’agence Ucanews (4).