Eglises d'Asie – Chine
La solennité du Saint-Sacrement est une fête religieuse très respectée des fidèles, même si sa signification n’est pas toujours comprise
Publié le 18/03/2010
Pour un certain nombre de responsables d’Eglise en Chine, si l’organisation de telles cérémonies participe désormais du souci que les catholiques ont d’occuper une place plus visible dans la vie sociale, l’affluence à ces cérémonies ne doit pas cacher le fait que de nombreux fidèles ne comprennent pas véritablement la signification de l’Eucharistie et la place qu’elle occupe dans la vie d’un croyant. Dans le diocèse de Fuzhou, Wang Siyong, un laïc, est responsable de communautés. Vivant dans une localité rurale du district de Changle, il a bien entendu participé à la procession organisée au sanctuaire Notre-Dame du Rosaire. Selon lui, les catholiques en Chine, surtout ceux qui sont issus de familles baptisées il y a plusieurs générations, sont très fervents en ce sens qu’ils sont très attachés à réciter les prières rituelles et le rosaire, mais leur foi manque d’ancrage dans la mesure où ils lisent rarement la Bible et n’étudient que rarement l’enseignement de l’Eglise.
Pour le P. Zhang Hongwu, curé de paroisse dans le diocèse de Fuzhou, l’atmosphère d’adoration qui prévaut durant les fêtes solennelles telles que celle du Saint-Sacrement est intense, mais les fidèles se méprennent souvent sur le sens de l’Eucharistie. Ainsi, explique-t-il, dans la paroisse de Pingtan, une fois la messe terminée, les fidèles « se mettent immédiatement à parler, et ne font pas montre de beaucoup de respect pour le Saint-Sacrement ». Certains se méprennent sur le sens des intentions de messe, et pensent que « plus ils donnent d’argent, plus la messe sera ‘efficace' ». Par contraste, la dévotion à la Vierge Marie est beaucoup plus forte, les paroissiens lui confiant leurs demandes pour avoir une bonne santé, faire de bonnes affaires ou sauver leur âme. « Je souhaiterais vraiment qu’ils montrent le même enthousiasme pour Jésus-Christ ajoute encore le P. Zhang, précisant qu’une grande partie de ses paroissiens, au nombre d’un millier, sont des paroissiennes, des femmes issues de milieux ruraux et n’ayant pas été beaucoup à l’école.
Selon Wang Siyong, ce qui est en jeu, c’est la perception que les catholiques ont d’eux-mêmes et celle que les non-catholiques ont des catholiques. « L’Evangile n’étant pas très vivant dans leur vie de tous les jours, on ne fait pas la différence entre les comportements des catholiques et des non-catholiques explique-t-il. Les catholiques doivent non seulement connaître l’enseignement de l’Eglise mais le mettre en pratique. « Comment pouvons-nous nous soucier du pauvre et accueillir le pécheur, si, pour la plupart d’entre nous, nous les repoussons et les rejetons ? En fait, il nous faut apprendre de Jésus, qui aime, aide et guide les pécheurs ajoute-t-il. Quant à la popularité de Marie chez les croyants, elle s’explique parce que la Mère de Dieu est plus familière que les personnes de la Sainte-Trinité. « Les apparitions de la Sainte Vierge se comptent par centaines à travers le monde. C’est pourquoi les catholiques chinois tendent à penser que les prières à Marie sont plus efficaces que les autres analyse Wang Siyong.
Pour Sour Zheng Wenying, du même diocèse de Fuzhou, le fait que des catholiques reçoivent la communion sans toujours faire preuve d’un grand respect s’explique par le fait qu’ils n’ont pas idée qu’ils sont en communion avec Jésus. « Il nous appartient d’expliquer et de faire comprendre le vrai sens de l’Eucharistie dit-elle, expliquant que, dans les paroisses où le clergé et les religieuses ont fait l’effort de former les fidèles, la compréhension du mystère eucharistique a grandi.
Pour l’évêque de Fuzhou, Mgr Joseph Zheng, l’année eucharistique, ouverte en octobre 2004 par Jean-Paul II, a été l’occasion de demander à tous les prêtres et aux religieuses d’instruire les fidèles à ce sujet. Cela a pris la forme de processions du Saint-Sacrement et de temps d’adoration. Cela s’est aussi exprimé par des sessions de lecture de la Bible et de formation sur l’enseignement laissé par Jésus.