Eglises d'Asie

Mongolie intérieure : Mgr John Wang Xixian, évêque « officiel » de Hohhot, est décédé sans avoir pu réconcilier les « clandestins » et les « officiels » de son diocèse

Publié le 18/03/2010




Mgr Johannes Wang Xixian, évêque « officiel » du diocèse de Hohhot (Suiyuan), en Mongolie intérieure, est décédé le 25 mai dernier. Atteint d’un cancer des os diagnostiqué en 2003, il est mort à l’âge de 79 ans. La messe de funérailles a été célébrée le 31 mai en la cathédrale du Sacré Cour de Jésus, à Hohhot, où, à l’issue de la cérémonie, l’urne contenant les cendres de Mgr Wang a été enterrée. Selon le P. Tian Lei, le diocèse est désormais administré par les PP. Paul Meng Qinglu, âgé de 42 ans, et John Gao Feilin, 81 ans, dans l’attente de la nomination d’un nouvel évêque (1).

Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint-Esprit à Hongkong, avait rendu une dernière visite à Mgr Wang en janvier dernier. Selon lui, la mémoire de Mgr Wang doit être saluée, notamment pour les efforts que l’évêque « officiel » a déployés afin de réconcilier les deux parties, « officielle » et « clandestine », de l’Eglise locale. Anthony Lam rappelle ainsi que Mgr Wang avait rendu visite à plusieurs reprises à Mgr Li Congzhe, évêque « clandestin » de Suiyuan. Mgr Joseph Li est mort à l’âge de 87 ans en juin 2002 (2). Mgr Wang était aussi venu en aide aux religieuses clandestines de l’archidiocèse de Suiyuan, dont le territoire couvre celui des diocèses de Hohhot et de Baotou. En 1997, lors de son ordination épiscopale, Mgr Wang avait déclaré qu’il savait que la réconciliation entre « officiels » et « clandestins » serait difficile, mais que c’était une tâche à laquelle il devait s’atteler car c’était là le vou exprimé par le pape Jean-Paul II.

Selon un prêtre « clandestin » de l’archidiocèse de Suiyuan, interrogé par l’agence Ucanews (3), l’impact de Mgr Wang sur la réconciliation de l’Eglise locale reste cependant limité. Il estime en effet que les visites de Mgr Wang à Mgr Li ont sans doute beaucoup dû au fait que Mgr Wang avait été l’élève de Mgr Li au séminaire. Au-delà de ce fait, le prêtre « clandestin » reconnaît à Mgr Wang le fait d’avoir su préserver une vie morale digne, mais il lui reproche de n’avoir pas su se montrer suffisamment fort en certaines occasions. De son côté, Anthony Lam rappelle que Mgr Wang « a été un de ceux qui, au sein du clergé de Hohhot, ont refusé d’abandonner le célibat, lorsque des pressions considérables furent exercées par le pouvoir politique dans les années 1960 et 1970 ». A l’époque de la Révolution culturelle (1966-1976), certains prêtres cédèrent aux pressions et se marièrent. Parmi eux, certains « firent semblant » de se marier. Mais le P. Wang « a toujours refusé de rompre son vou de célibat rapporte Anthony Lam. Aujourd’hui encore, les autorités locales à Hohhot font preuve de très peu de souplesse et les prêtres des jeunes générations ne sont pas autorisés à sortir de la province pour étudier ailleurs dans le pays, ou à l’étranger. De simples échanges avec d’autres diocèses sont empêchés, renforçant un peu plus l’isolement de ce clergé, poursuit encore Anthony Lam.

Né le 21 mai 1926 dans une famille catholique, Mgr Wang a fait ses études au petit séminaire entre 1940 et 1944, avant d’entrer au grand séminaire en 1945. Après l’expulsion des missionnaires étrangers du pays, il lui fut demandé d’enseigner au séminaire en 1951, une année avant son ordination sacerdotale. Ce temps dura jusqu’en 1957, année où il fut arrêté. Envoyé en camp afin d’être « rééduqué par le travail il passa vingt-et-un ans dans des fermes du nord-est du pays. Libéré en 1979, il retourna à la cathédrale de Hohhot en 1980 et il recommença à enseigner au séminaire, rouvert officiellement en juin 1985. C’est Mgr Anthony Li Du’an, évêque de Xi’an, qui l’ordonna à l’épiscopat le 24 juin 1997, une ordination reconnue comme valide par Rome.

Mgr Wang est le cinquième évêque « officiel » à décéder cette année. Le nombre des évêques « officiels » est désormais de 65.