Eglises d'Asie

A Hongkong, les électeurs du collège des religions, au sein du Comité électoral, espèrent que le nouveau chef de l’exécutif, un catholique, travaillera pour le bien de tous les Hongkongais

Publié le 18/03/2010




Le 15 juin dernier, Donald Tsang Yam-kuen a remis au Bureau de l’enregistrement et des opérations électorales de Hongkong une liste portant le nom des 710 membres du Comité électoral qui se sont déclarés favorables à sa candidature au poste de chef de l’exécutif de la Région administrative spéciale de Hongkong. Le Comité comptant 796 membres au total, aucun des deux autres candidats qui s’étaient déclarés n’a pu réunir le minimum requis de 100 voix pour pouvoir se présenter à l’élection du chef de l’exécutif. Le lendemain, 16 juin, en l’absence de compétiteur, Donald Tsang Yam-kuen a été déclaré “élu” et, quelques jours plus tard, le gouvernement central, à Pékin, a formellement avalisé sa désignation au poste suprême de l’exécutif hongkongais. Parmi les 40 membres du Comité électoral qui représentent les six principales communautés religieuses de Hongkong (bouddhistes, catholiques, confucéens, musulmans, protestants et taoïstes), 37 ont déclaré avoir apporté leur soutien à la candidature de Donald Tsang, un catholique.

Un certain nombre de ces délégués représentant les communautés de croyants ont déclaré qu’ils espé-raient que Donald Tsang saura, au cours des deux années qui lui restent à accomplir du mandat de son prédécesseur, Tung Chee-hwa, se montrer soucieux du sort des moins privilégiés des Hongkongais et désireux de permettre aux religions de se développer librement. Donald Tsang succède à Tung Chee-hwa, premier chef de l’exécutif après la rétrocession de 1997, qui avait démissionné au milieu de son second mandat, en mars dernier, sa cote de popularité étant descendue très bas et Pékin lui ayant retiré son soutien.

Pour Sung Wan-lung, diacre permanent de l’Eglise catholique et membre du Comité électoral, Donald Tsang est la personne la mieux indiquée pour diriger le gouvernement de Hongkong. Précisant qu’il a apporté son soutien à la candidature de Donald Tsang, il a ajouté espérer que le nouveau chef de l’exécutif saura faire entendre la voix des Hongkongais à Pékin. Peter Lee Shun-tak, de la Caritas Hongkong, est lui aussi membre du Comité électoral. Il explique qu’il a également apporté son suffrage à Donald Tsang car il estime que c’est la personnalité la plus qualifiée pour le poste. Donald Tsang a passé ces trente-huit dernières années au sein de l’administration et a assuré l’intérim après la démission de Tung Chee-hwa (1).

Parmi les électeurs non catholiques du collège des religions, le soutien à Donald Tsang, un catholique pratiquant, a été très important. Le moine bouddhiste Sik Hin Hung estime qu’une personnalité qui a des croyances religieuses aussi affirmées et qui les met en pratique est la personnalité indiquée pour diriger le gouvernement de Hongkong. Soulignant qu’il appréciait que Donald Tsang ne cache pas le temps qu’il réserve chaque jour à la prière, le moine a ajouté que le nouveau chef de l’exécutif “n’a pas peur de dire que ce qu’il pense est juste et vrai”. Disant son espoir que le gouvernement local permettra aux religions de se développer normalement, le vénérable Sik Hin Hung a déclaré apprécier qu’“au cours de sa campagne électorale, il a certes réuni un grand nombre de suffrages sur son nom mais il a su rester toujours attentif à ce que les différents secteurs avaient à dire”.

Tong Yan-kai, président de l’Académie confucéenne, explique que lui aussi a apporté son soutien à Donald Tsang, parce qu’il a été impressionné par sa sincérité, exprimée lorsque Donald Tsang l’a appelé au téléphone au premier jour de sa campagne électorale. Selon Tong Yan-tai, qui a fait ici écho à des propos similaires tenus par le vénérable Sik Hin Hung, les Eglises catholique et protestantes à Hongkong ont été privilégiées du temps du mandat britannique ; maintenant que Hongkong est retourné sous le drapeau chinois, avec la rétrocession à la Chine de 1997, les milieux religieux confucéens et bouddhistes attendent que Donald Tsang veille à l’harmonie entre les religions, ce qui, a souligné le responsable confucéen, permettrait de résoudre bien des problèmes de société.

Les 800 membres du Comité électoral sont divisés en quatre secteurs et plusieurs sous-secteurs, dont un est consacré aux groupes religieux. Six à sept sièges sont alloués à chacune des six principales communautés religieuses de Hongkong. Lors de sa campagne électorale, Donald Tsang n’a pas délaissé ce secteur de la société. Il a ainsi envoyé un courrier à chacune des paroisses catholiques de Hongkong pour solliciter leur soutien. Dans cette lettre, datée du 2 juin, il a écrit qu’il priait et demandait l’aide de Dieu pour mieux servir les Hongkongais et écouter leurs aspirations. Il a dit aussi sa volonté de “suivre l’enseignement de Jésus Christ ajoutant qu’il espérait que tous, prêtres, frères et sours catholiques, prieraient pour que soit donné à Hongkong le chef de l’exécutif le plus adapté qui soit.

Le P. Luke Tsui Kam-yiu, membre du Comité électoral, a déclaré qu’il n’avait pas apporté son soutien à Donald Tsang, mais qu’il espérait que le nouveau chef de l’exécutif saurait promouvoir une bonne coopération entre Hongkong et Pékin de façon à ce que la politique résumée par le slogan “un pays, deux systèmes” soit pleinement appliquée.

De son côté, Lina Chan Lai-na, secrétaire générale de la Commission diocésaine ‘Justice et paix’, a fait remarquer que cette élection reflétait seulement les intentions du Comité électoral et certainement pas celles de la population de Hongkong. Elle a ajouté que ‘Justice et paix’ continuerait à réclamer l’application du principe “une personne, une voix notamment lors de la désormais traditionnelle manifestation populaire du 1er juillet (2). Elle a aussi exprimé le souhait que Donald Tsang ne travaille pas seulement au profit du monde des affaires, mais se montre soucieux des classes moyennes et populaires et de la défense de leurs droits.

Jackie Hung, de cette même Commission, a avoué être inquiète de voir Donald Tsang travailler seulement pour le gouvernement central et ceux qui sont au pouvoir. Citant Donald Tsang et son affirmation selon laquelle “les migrants venus de Chine continentale sont la première cause de la disparité des revenus des Hongkongais elle se demande si les migrants continueront à être marginalisés par le gouvernement de Donald Tsang.