Eglises d'Asie

Le « Forum uni hindou-bouddhiste-chrétien » a mené une journée d’action nationale pour demander l’abolition des amendements qui ont changé le caractère laïque de la Constitution

Publié le 18/03/2010




Comme chaque année depuis 1988, le « Forum uni hindou-bouddhiste-chrétien » a organisé une journée d’action nationale. Le 9 juin dernier, le Forum a mobilisé ses partisans dans les 64 districts du pays pour protester contre le maintien du Cinquième et du Huitième amendement à la Constitution et demander le retour aux fondements laïques du texte constitutionnel (1). Les manifestants, qui étaient au nombre d’un millier dans la capitale, ont mis en avant que le Bangladesh indépendant, lorsqu’il s’est défait de la tutelle du Pakistan occidental, lors de la guerre de libération de 1971, était pensé comme « une terre de paix où les minorités hindoue, chrétienne et bouddhiste, face à la majorité (83 %) musulmane, pourraient vivre sans crainte. Les manifestants ont rappelé que les minorités avaient combattu aux côtés de la majorité musulmane lors de cette guerre de libération et qu’elles avaient donc toutes leur place dans la société d’aujourd’hui, une place, ont souligné les responsables du Forum, mise à mal par la radicalisation des luttes politiques ces derniers temps.

Nimchandra Bhowmik, secrétaire général du Forum, a expliqué pourquoi il refusait les changements apportés à la Constitution originelle. « Tant que ces amendements seront en vigueur, le pays devra subir toutes sortes de conflits et violences entre communautés a déclaré ce responsable hindou, pour qui la construction du pays, selon des lignes communautaristes, est porteuse en elle-même d’attaques menées contre les minorités religieuses.

L’adoption du Cinquième amendement remonte au mois d’avril 1979. Cet amendement venait officialiser une série de changements adoptés durant les quatre années précédentes, sous le régime de la loi martiale du temps de la présidence de Zia Ul Rahman, le mari de l’actuelle Premier ministre, Khaleda Zia. Zia Ul Rahman finit assassiné en 1981. Le Cinquième amendement a, entre autres choses, introduit des idéaux islamiques dans le texte constitutionnel. Avait ainsi été ajoutée l’invocation « Au nom d’Allah, le bienfaisant, le miséricordieux » en tête du préambule. Le principe de laïcité avait été remplacé par « la confiance et la foi en Allah le tout puissant érigée comme un des principes fondamentaux de la politique de l’Etat. Cet amendement éliminait également l’article 12 de la Constitution qui interdisait l’organisation des partis politiques sur une base communautariste.

Le Huitième amendement a été adopté en juin 1988, sous la présidence du général Hossain Mohammad Ershad. Il fait de l’islam la religion d’Etat du Bangladesh.

Pour le journaliste Sahrior Kabir, membre du Forum, « l’actuelle alliance gouvernementale de quatre partis, dirigée par le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), veut faire du Bangladesh un pays islamique où toutes les minorités seront ignorées. L’objectif est de faire du Bangladesh un pays islamique à l’image de l’Afghanistan ou du Pakistan, des pays musulmans fondamentalistes Dans ce contexte, la division en communauté majoritaire et communautés minoritaires, a-t-il ajouté, ne peut rien apporter de bon à la population. Le « Forum uni hindou-bouddhiste-chrétien » demande le retour à la Constitution de 1972, adoptée juste après l’indépendance. Selon les responsables du Forum, elle était laïque et démocratique.

Selon Nirmal Rozario, secrétaire général de l’Association chrétienne bangladaise, les amendements sont mauvais non seulement pour les minorités mais pour tous les partisans de la paix. Les lignes de division qui s’affirment dans la société ces dernières années selon les appartenances communautaires et religieuses se renforceront tant que les amendements critiqués ne seront pas supprimés, a estimé le responsable chrétien. « Nous voulons travailler ensemble pour bâtir ce pays, c’est pourquoi ces divisions ne doivent plus exister a-t-il encore déclaré.