Eglises d'Asie

Le secrétaire du Saint-Siège pour les rapports avec les Etats estime que les difficultés pour parvenir à établir des relations diplomatiques avec la Chine “ne sont pas insurmontables”

Publié le 18/03/2010




En voyage du 11 au 21 juin dernier dans quatre pays d’Asie du Sud-Est (1), Mgr Giovanni Lajolo, secrétaire du Saint-Siège pour les rapports avec les Etats, a évoqué la question des “relations entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine”. Lors d’une table ronde organisée à Singapour le 17 juin, celui dont la fonction est souvent présentée comme étant celle de “ministre des Affaires étrangères” du Vatican a déclaré que “le Vatican [était] prêt à établir des relations diplomatiques avec la Chine” et que, “si, naturellement, il y a des difficultés celles-ci “ne sont pas insurmontables”. Ces propos ont été rapportés le jour même par le service en langue allemande de Radio Vatican.

Citant à titre d’exemple deux des pays visités lors de son voyage en Asie du Sud-Est, la Malaisie et Brunei, où sont accrédités non pas un nonce apostolique mais seulement un délégué apostolique, Mgr Lajolo a expliqué qu’il était important de distinguer la reconnaissance d’un pays de l’établissement de relations diplomatiques proprement dites avec ce pays. Le prélat a ainsi indiqué avoir reçu un accueil d’“une grande cordialité” en Malaisie et à Brunei. Puis il a déclaré sur le mode interrogatif : “Comment ne pourrions-nous pas reconnaître un pays, comme la Chine, où vivent 1,3 milliard de personnes, avec sa tradition de culture, de poésie et de pensée ?”

Toutefois, s’“il est évident que le Saint-Siège reconnaît l’Etat chinois sans avoir cependant avec lui de relations diplomatiques a poursuivi Mgr Lajolo, “il faut procéder avec prudence et vérifier quelques conditions incontournables de part et d’autre”. Sans s’étendre sur ces conditions, le secrétaire du Saint-Siège a posé comme préalable à l’établissement de liens diplomatiques la reconnaissance par Pékin de “la liberté religieuse tout en précisant : “Je suis certain qu’avec de la bonne volonté et l’esprit d’amitié dont les deux parties veulent être indubitablement animées, on pourra arriver à bon port.”

Deux jours avant les déclarations de Mgr Lajolo à Singapour, le South China Morning Post, à Hongkong, avait publié un article faisant part des évolutions intervenues au sein de la direction chinoise sur le sujet des relations avec le Vatican. Dans un article daté du 15 juin, le journal anglophone faisait état de la prochaine mise sur pied d’un “groupe de travail sur les affaires religieuses” chargé de coordonner le travail des différentes instances gouvernementales impliquées dans le dossier. Ce groupe de travail comprendrait l’Administration d’Etat (ex-Bureau) pour les Affaires religieuses, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Sécurité publique et le Front uni du Parti communiste.

Pour les observateurs, les déclarations de Mgr Lajolo comme les très discrets signaux venus de Pékin laissent penser que le contact a bien été rétabli entre les deux parties. Après l’ordination de cinq évêques au sein de l’Eglise “officielle”, en janvier 2000 à Pékin (2), puis la canonisation de 120 martyrs de l’Eglise en Chine, en octobre 2000 à Rome (3), les contacts avaient été rompus. Dans les mois qui ont précédé la mort de Jean-Paul II, puis à l’occasion de ses funérailles et lors de l’installation de Benoît XVI, des messages ont été échangés (4). La communauté Sant’Egidio a reçu des délégations chinoises et certains de ses responsables ont fait le voyage de Pékin. Un nouveau climat semble donc avoir été établi, même si les questions de fond, telles l’exercice de la liberté religieuse et le mode de nomination des évêques, n’ont pas encore reçu de réponse.