Eglises d'Asie – Chine
Les catholiques de Chine gardent du cardinal Jaime Sin le souvenir d’un ardent promoteur de la formation du clergé chinois et de l’amélioration des relations entre Pékin et le Vatican
Publié le 18/03/2010
D’origine chinoise par son père, le cardinal Sin avait visité la Chine à deux reprises, en 1984 et en 1987, rencontrant même, lors de cette deuxième visite, celui qui était alors le secrétaire général du Parti communiste chinois, Zhao Ziyang, pour discuter d’une possible normalisation des relations entre le Saint-Siège et la Chine populaire. L’époque était alors propice à un rapprochement et, selon Mgr Aloysius Jin Luxian, évêque “officiel” de Shanghai, le cardinal Sin a presque réussi à mener à bien cette tâche, même s’il n’était officiellement chargé d’aucune mission à caractère diplomatique. En novembre 1987, en effet, lorsque Zhao Ziyang reçut le cardinal à Pékin, la télévision d’Etat rendit compte de l’entrevue, montrant le chaleureux accueil que le secrétaire général réserva à son hôte philippin. De retour à Manille, le cardinal Sin déclara à la presse, en décembre 1987, que Zhao Ziyang s’était montré tout à fait ouvert à l’ouverture de négociations en vue de l’établissement de relations diplomatiques avec le Vatican, soulignant que la pré-condition à ces négociations était la résolution de la question des relations entretenues par le Vatican avec Taipeh (2). “Après son entretien avec Zhao Ziyang, le cardinal Sin était très optimiste quant au dialogue entre la Chine et le Vatican. Il a suggéré que le Saint-Siège développe ses contacts avec Pékin, mais l’idée a été rejetée par les autorités au Vatican rapporte Mgr Jin Luxian. Pour Kwun Ping-hung, spécialiste des questions de l’Eglise catholique en Chine, le cardinal Sin a été “le premier cardinal à se rendre en Chine après la mise en place des réformes à la fin des années 1970” et il a “effectivement joué un rôle pour favoriser les contacts entre Pékin et le Vatican à un moment où les circonstances étaient favorables, à la fin des années 1980”. Après cela, la crise ouverte en Chine par Tienanmen, au printemps 1989, a ruiné tout espoir d’une normalisation rapide des relations entre les deux parties.
L’autre plan sur lequel l’action du cardinal Sin a été notable en Chine est celui de la formation du clergé chinois. Dès sa première visite, en 1984, le cardinal a manifesté son souci pour cette question, en invitant de jeunes prêtres, des religieuses et des séminaristes à venir aux Philippines parfaire leurs études. Fondateur de la société missionnaire Lorenzo Ruiz, société diocésaine préparant les prêtres philippins d’origine chinoise pour la mission au sein du peuple chinois (3), il a largement accueilli les étudiants venus de Chine continentale. Aujourd’hui, environ deux cents prêtres, séminaristes et religieuses de Chine populaire étudient aux Philippines, à Manille principalement. Parmi ceux qui sont retournés exercer leur apostolat en Chine, on peut citer le P. John Baptist Zhang Shijiang, aujourd’hui âgé de 41 ans : étudiant à Manille de 1993 à 1996, il est responsable des très dynamiques Presses de la foi, à Shijiazhuang, dans le Hebei ; ou bien Mgr Peter Feng Xinmao : étudiant à Manille de 1990 à 1996, il a été ordonné prêtre en 1998 et évêque en 2003, pour le diocèse de Hengshui, dans le Hebei ; âgé de 40 ans, il se rappelle des encouragements et du soutien matériel que lui prodiguait le cardinal Sin. “Je me souviendrai toujours de lui et je m’efforce de suivre son exemple pour être un bon pasteur a-t-il témoigné.
Selon un prêtre de Pékin, cité par l’agence Fides, le cardinal Sin est aussi celui “qui a donné la possibilité aux jeunes catholiques chinois d’être réellement en communion avec l’Eglise universelle, à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse de Manille, en 1995”. A cette date, une délégation chinoise avait pu faire le déplacement grâce aux démarches entreprises par le cardinal (4).