Eglises d'Asie

Les Eglises chrétiennes saluent la signature d’un accord entre le gouvernement et la rébellion tamoule au sujet de la distribution de l’aide post-tsunami

Publié le 18/03/2010




Le Conseil national des Eglises du Sri Lanka, qui regroupe les huit plus importantes dénominations protestantes du pays (1), s’est réjoui de la signature, le 24 juin dernier, d’un accord entre le gouvernement de Colombo et la rébellion tamoule. « C’est une autre étape vers la paix a déclaré le pasteur Jayasiri Peiris, secrétaire général du Conseil, soulignant par là que l’accord qui va autoriser la distribution de l’aide internationale post-tsunami dans les zones contrôlées par les rebelles tamouls va dans le sens d’une stabilisation de la situation entre Colombo et les Tigres tamouls du LTTE.

L’évêque anglican de Colombo, Mgr Duleep de Chickera, a toutefois déploré que l’accord intervienne si tard, six mois après que le tsunami du 26 décembre 2004 eut touché les rives du pays et causé la mort ou la disparition de plus de 31 000 personnes. « C’est une décision qui aurait dû être prise plus tôt a estimé l’évêque, soulignant toutefois que la présidente, Chandrika Kumaratunga, avait eu le mérite de signer cet accord en dépit de l’opposition qu’elle a rencontrée jusque dans sa propre majorité parlementaire.

L’accord en question, signé entre le gouvernement et les Tigres, prévoit la mise en place d’« une structure de gestion opérationnelle » commune dont la tâche sera d’organiser la distribution de l’aide dans les zones sinistrées. Ces derniers mois, la présidente avait dit à plusieurs reprises son souhait de conclure un accord avec le LTTE sur la création de cet organe conjoint, mais rien ne s’était fait. D’un côté, la présidente subissait la pression des donateurs internationaux pour qui le déblocage des trois milliards de dollars de l’aide promise après le tsunami ne devait se faire qu’à la condition de relancer le processus de négociation entre Colombo et les Tigres. D’un autre côté, la présidente devait tenir compte de l’opposition de divers éléments de sa majorité, très hostiles à l’idée que le partage de la gestion de l’aide puisse constituer le premier pas vers une reconnaissance de l’autonomie des zones contrôlées par les Tigres.

Parmi les opposants les plus virulents à l’accord du 24 juin figure le Front de libération populaire (Janatha Vimukthi Peramuna, JVP), parti marxiste aux accents nationalistes très marqués. Somawansa Amarasinghe, dirigeant du Front, a qualifié l’accord de « violation de la souveraineté du pays ajoutant que la présidente « n’a[vait] pas le droit de partager la souveraineté avec une organisation quelconque, en particulier un groupe terroriste comme le LTTE qui n’est responsable auprès de personnes sauf de ses pistolets ». Le Front a annoncé son retrait de la coalition gouvernementale et le dépôt d’une mention de censure au Parlement.

Un autre groupe d’opposants résolus à l’accord est formé par le parti de l’Héritage national cinghalais (Jathika Hela Urumaya, JHU), qui a fait entrer neuf moines bouddhistes au Parlement lors des élections législatives d’avril 2004 (2). Dans l’opposition à l’accord du 24 juin, le JHU est apparu en deuxième ligne, mais il n’a pas hésité à s’allier au JVP dans des manifestations publiques, notamment lors des traditionnels défilés du 1er mai. Enfin, des moines, qu’ils appartiennent au JHU ou qu’ils soutiennent le JVP, ont menacé de jeûner jusqu’à la mort. Certains d’entre eux ont mené des grèves de la faim durant six jours.

Le gouvernement de Chandrika Kumaratunga ne dispose que de cinq sièges de majorité au Parlement et sa stabilité dépend du soutien que lui apportent les 39 voix des députés du JVP – sur les 225 sièges que compte la Chambre. Une déstabilisation du gouvernement pourrait, estiment certains analystes, fragiliser la trêve conclue en février 2002 entre le gouvernement et la rébellion tamoule. Globalement respectée, cette trêve se maintient même si les négociations de paix entre les deux parties sont suspendues depuis avril 2003.