Eglises d'Asie – Chine
A Macao, face à l’évolution de la société, les écoles catholiques cherchent à réactualiser leur mission
Publié le 18/03/2010
Selon les chiffres 2003-2004 du Bureau gouvernemental pour l’Education et la Jeunesse, Macao compte 94 écoles primaires et secondaires fréquentées par 98 255 élèves. Le diocèse de Macao, à travers les instituts missionnaires et d’autres instituts spécialisés, gère 33 de ces écoles où étudient 38 000 élèves. Depuis que Macao a accordé des permis de fonctionner à de nouveaux casinos, en juin 2002, introduisant ainsi la concurrence dans l’industrie du jeu – jusqu’alors dominée par une seule société -, ce secteur de l’économie connaît un boom et l’impact de cette évolution se fait sentir sur la population locale et le corps professoral (1).
Cheong Kun-vai, directeur de l’Escola Dom Joao Paulino (Ecole Jean-Paul), cite en exemple l’augmentation du nombre des joueurs invétérés et son cortège de difficultés familiales. Les casinos sont ouverts 24 heures sur 24. Plus il y a d’emplois proposés par les casinos et plus il y a de familles où les deux parents travaillent et moins ils ont le temps de s’occuper de leurs enfants. « Ces problèmes réclament notre attention et les écoles catholiques ont l’urgent devoir » de les prendre en compte, a expliqué Cheong Kun-vai.
Le P. Pong Ping-fai a indiqué que le Conseil des écoles catholiques de Macao devait se réunir à la mi-juillet pour voir comment répondre à la situation telle qu’elle est analysée par l’ensemble des écoles et reprendre les grandes lignes de la mission de l’Eglise dans son travail d’éducation. Le diocèse rassemble en ce moment les avis des différents secteurs concernés pour ébaucher un document sur la mission propre des écoles catholiques. Le document servira de base de travail pour une action future, a indiqué le P. Pong Ping-fai qui est aussi le principal de l’Escola Dom Luis Versiglia.
Selon Mgr Jose Lai Hong-seng, évêque du diocèse de Macao, les rencontres du Conseil des écoles catholiques ont lieu généralement une fois par an et sont l’occasion pour les responsables de parler ensemble de leurs problèmes. A en juger par les opinions déjà collectées au sein des établissements scolaires catholiques, tous conviennent que l’école doit prêter plus d’attention au développement moral et spirituel en vue d’aider les élèves à développer les valeurs morales essentielles d’une éducation complète.
Choi Chi-u, principal du Colegio Estrela do Mar (Collège Etoile de la mer), explique que l’Eglise catholique est au service des pauvres et qu’elle doit donc donner, sans distinction, une éducation à tous dans un esprit d’amour et de service inspiré du Christ. Il propose que les écoles gérées par l’Eglise « forment les élèves comme s’ils étaient une élite plutôt que de sélectionner une élite pour la former ». Cheong Kun-vai, quant à lui, considère comme important le rôle évangélique des écoles catholiques. Ce qui signifie, explique-t-il, porter toute son attention au développement physique, mental et spirituel des élèves pour en faire des adultes. « Outre la transmission d’un savoir, les écoles catholiques devraient avoir un impact sur les valeurs intellectuelles et morales des étudiants et les aider à comprendre le catholicisme pour que leur foi, telle une semence, puisse germer plus tard ajoute-t-il. Ainsi, les écoles catholiques devraient développer le sens critique des élèves sur des problèmes de société comme l’avortement, l’euthanasie, les familles monoparentales, les migrants et le matérialisme et les pousser, dans ce contexte, à penser au sens de la vie et à leur avenir personnel.
Ces dernières années, les écoles catholiques ont vu diminuer le nombre de leurs élèves et de leurs professeurs catholiques. Sour Maria Chu Sheung, du collège du Perpétuel Secours à Chan Sui Ki, anime un groupe d’élèves catholiques qui se réunissent chaque semaine pour approfondir leur foi. Dans son école, sur 834 élèves, 90 seulement sont catholiques et 12 professeurs sur 40. La majorité des professeurs des écoles catholiques ne sont pas chrétiens et les prêtres pas assez nombreux, explique-t-elle, pour l’éducation morale et religieuse dont ont besoin les étudiants, catholiques ou non. Pourtant, souligne-t-elle, beaucoup de non-catholiques sont intéressés par les récits bibliques. Cheong Kun-vai le souligne lui aussi. Il pense que l’éducation religieuse peut se servir de la Bible pour stimuler la vie quotidienne des jeunes. Par exemple, à propos du tsunami de décembre dernier et de l’élan de solidarité déclenché par ce cataclysme, dans son école, il a été question de la parabole de la pauvre veuve, dans saint Luc, qui donne moins que tous mais dont le don est prélevé sur ce qu’elle a pour vivre.