Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er mai au 30 juin 2005
Publié le 18/03/2010
POLITIQUE
Le 4 mai, le roi signe le décret abaissant le quorum de l’Assemblée nationale : seule la présence de 74 des 122 députés est requise, au lieu de 84 antérieurement. Cette mesure vise à faciliter le travail de l’Assemblée, surtout depuis le boycott des 24 députés du PSR. Le 18 mai, l’Assemblée approuve cet amendement. Désormais, la présence de sept députés sur dix sera requise pour le vote de textes nécessitant la majorité des deux tiers (vote de confiance, amendement à la Constitution et règlement intérieur, levée de l’immunité parlementaire) et seulement six sur dix pour les autres textes. Les observateurs dénoncent le peu de rendement de l’Assemblée et de l’inutilité parfaite du Sénat.
Ranariddh refuse toute discussion avec Sam Rainsy, en exil en France, avant sa comparution en justice. De même, Hun Sen, qui refuse même de répondre aux questions des députés du PSR. Le 13 juin, la cour d’appel refuse de prendre en compte la plainte de Sam Rainsy contre Hun Sen pour complicité d’homicide volontaire dans l’attentat du 30 mars 1997, « par manque de preuves ». Le 29 juin, la plainte de Sam Rainsy contre le président de l’Assemblée nationale pour corruption est classée sans suite, par « manque de preuves
Le 19 mai, l’Assemblée nationale adopte la loi sur les élections sénatoriales de 2006. Le corps des électeurs comprendra les conseillers municipaux et les députés. Seuls les membres des trois partis au pouvoir seront donc représentés. Le groupe de seize ONG cambodgiennes de défense des droits de l’homme qualifie la loi de « pas libre, injuste et non démocratique et refuse d’observer ces élections qu’il estime être « une perte de temps » et « un non-sens
Le 2 juin, Chhun Yasith, fondateur des CCF (Combattants pour la liberté), est arrêté par les autorités américaines en Californie, pour violation du « Neutrality Act qui stipule de ne pas fomenter des assassinats ou opérations militaires à partir des Etats-Unis. Son mouvement avait lancé une attaque contre des bâtiments officiels cambodgiens le 24 novembre 2000. Lui-même et son épouse sont tenus pour responsables de détournements de fonds de la sécurité sociale américaine.
Une soixantaine de personnes soupçonnées d’être impliquées dans l’affaire de l’« armée de l’ombre » de Cheam Chnnay se sont réfugiées en lieu sûr.
La préparation d’une loi anti-corruption se heurte à l’hostilité de certains membres du gouvernement. Le conseiller du Premier ministre affirme que devoir déclarer ses biens est une atteinte aux droits individuels. « C’est une idée folle et anarchique dit-il.
Le 19 mai, 524 membres du FUNCINPEC sont promus à des postes ministériels, selon les accords passés entre le FUNCINPEC et le PPC. Ces nouveaux fonctionnaires devraient être en place avant le 15 juin, mais, en fait, à la fin juin, ils n’étaient pas encore en fonction. La société civile critique ces nominations qui font passer les intérêts particuliers avant ceux de la nation.
Frontières
Le 9 mai, le roi Sihamoni signe le décret de création du Comité national supérieur des questions frontalières (CNSQF), dont le roi-père Sihanouk est le président, et en fixe les attributions : agir comme observateur et conseiller du gouvernement ; les décisions doivent être prises à l’unanimité et rester secrètes. Ce CNSQF n’a donc aucune autorité. Or, le roi-père, qui pensait détenir un pouvoir comme président de ce comité, avait annoncé qu’il se rendrait sur le terrain pour vérifier les frontières, « soit à pied, en charrette à boufs, à dos d’éléphant, en barque, en pirogue, ou en bateau se voit dépourvu de tous pouvoirs. Le roi-père réagit en refusant désormais d’être tenu pour responsable de l’intégrité territoriale du pays : « Ce sont le gouvernement et l’Assemble nationale qui seront tenus pour responsables sur cette question dit-il. En dépit de la demande de plusieurs députés, le Premier ministre refuse de donne plus de pouvoir au CNSQF, car ce comité n’est pas le gouvernement. C’est lui le Premier ministre, et personne d’autre, tient-il à rappeler.
Le 27 mai, suite aux propositions de Sihanouk, le Mouvement des étudiants pour la démocratisation (MED) enquête dans la région de Snuol et envoie un rapport au roi-père, affirmant que le Vietnam a déplacé les frontières de 17 km. à l’intérieur du Cambodge.
Une première et unique réunion du CNSQF se tient à Pékin le 9 mai, car le roi-père annonce qu’il ne peut rentrer au pays comme prévu, sa tumeur ayant progressé et nécessitant des soins à Pékin. Le 13 juin, le roi Sihamoni signe un nouveau décret plaçant l’Autorité nationale des frontières (ANF) sous la tutelle du Premier ministre, avec un vice-président permanent. Seul le Premier ministre a le droit de signer des traités avec les pays voisins.
Le roi rentre de Pékin le 22 juin. Il se déclare heureux de ce que Hun Sen prenne « toutes les responsabilités concernant les problèmes de frontières Il décline toute velléité d’action politique de quel qu’ordre que ce soit.
Problèmes frontaliers avec la Thaïlande
Le 29 avril, trois avions à réaction thaïlandais pénètrent de 4 km. au Cambodge.
Une certaine tension militaire éclate près du temple de Préah Vihéar : le 13 mai, le Cambodge accuse la Thaïlande d’avoir envoyé 400 militaires dans la « zone blanche » entre les deux pays et ferme la frontière. Les Thaïlandais affirment que les soldats font du déminage. La frontière est fermée. La frontière est rouverte le 8 juin. Les deux pays se mettent d’accord pour effectuer un examen complet du tracé des frontières communes à partir de 2005.
Le président d’une société de tourisme cambodgien découvre des cartes thaïlandaises qui placent Préah Vihéar en territoire thaïlandais !
On accuse régulièrement les forces armées thaïlandaises de tuer des citoyens khmers entrés clandestinement en Thaïlande. La partie thaïlandaise dément, et accuse la presse khmère de diffuser de fausses nouvelles.
Dans la nuit du 6 au 7 mai, six ouvriers cambodgiens, dont deux femmes, sont tués, quatre autres blessés, par trois hommes masqués, dans un foyer, à Chantaburi (Thaïlande). Tous étaient en situation régulière. Il semble s’agir d’un règlement de compte pour des frais de passeurs. Le ministère des Affaires étrangères cambodgien envoie une note de protestation à son homologue thaïlandais, exprimant sa « profonde colère ». Le 25 mai, la police thaïlandaise affirme avoir arrêté les meurtriers.
Frontière vietnamienne
Une concession de 9 000 hectares est accordée à une société d’Etat vietnamienne dans le secteur de O Yadao (Ratanakiri), qui emploiera des ouvriers vietnamiens pour des plantations de caoutchouc, de noix de cajou et des rizières. Beaucoup voient en cette concession un déplacement futur de la frontière en faveur du Vietnam, comme cela se pratique déjà, selon l’enquêteur de ADHOC : « Même sans avoir de concession, des gendarmes vietnamiens chassent les habitants de leurs terres et font reculer la frontière pour planter des hévéas. Quasiment tous les districts de la frontière ont reculé, certains de trois ou quatre kilomètres, d’autres de vingt kilomètres. »
Montagnards
L’association américaine Human Rights Watch continue à faire état de persécution à l’égard des Montagnards vietnamiens, spécialement contre les évangélistes Dega, que le gouvernement considère comme « un mouvement politique séparatiste ». Six d’entre eux se cachent dans la forêt depuis le 25 avril et sont en contact avec l’Adhoc. Trente policiers ont passé dix jours à leur recherche sans succès, mais, le 21 juin, l’UNHCR les a découverts, grâce à l’Adhoc, et transférés immédiatement à Phnom Penh. Plusieurs petits groupes arrivent régulièrement au Cambodge.
L’UNHCR a été autorisé à rendre visite aux réfugiés vietnamiens de retour dans leur pays, et a estimé leur situation satisfaisante.
Le 22 juin, huit Montagnards partent pour le Canada, d’autres pour la Finlande.
JUGEMENT DES EX-CHEFS KHMERS ROUGES
Le 29 avril, Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, notifie au Premier ministre cambodgien que le tribunal pouvait être constitué, les 43 millions de dollars incombant à l’ONU ayant été réunis. Il souhaite que ce tribunal se tienne le plus vite possible. Reste à réunir les 13,3 millions de dollars du gouvernement cambodgien.
Le 5 mai, Hun Sen lance un appel à la communauté internationale pour financer cette part, le pays ne pouvant que payer 1,5 millions en fourniture d’eau et électricité, sécurité locaux, etc. La plupart des pays « se sentent frustrés ». Le Japon fait la sourde oreille à plusieurs appels. Pour la Chine, l’affaire des Khmers rouges est « une affaire intérieure au Cambodge et ne se sent pas concernée par elle. Plusieurs Cambodgiens, dont le PSR, demandent que les Cambodgiens mettent la main au portefeuille, spécialement les grandes sociétés cambodgiennes et les hauts personnages. « Le gouvernement est pauvre, mais les politiciens sont riches dit l’homme de la rue. Refus net de Hun Sen qui accuse le PSR de « démagogie ». Les diplomates s’étonnent d’un tel refus. Pour le directeur de l’Adhoc, c’est le signe patent que le gouvernement ne veut pas de procès. Le Japon, qui a déjà versé 21,5 millions dans le cadre de l’ONU, accorde finalement, le 10 juin, les 11 millions nécessaires sur l’aide bilatérale. En échange, le Cambodge soutient la candidature du Japon à un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le 18 mai, l’Assemblée nationale ratifie à l’unanimité des 89 députés présents un accord bilatéral entre le Cambodge et les Etats-Unis, par lequel les deux pays s’engagent à ne pas exposer les ressortissants de l’autre partie à des poursuites devant la Cour pénale internationale. On passe donc l’éponge sur les crimes scandaleux et non motivés des bombardements américains sur le Cambodge de 1969 et 1973 ! « Que vous soyez puissant ou misérable. »
Les Etats-Unis déclarent qu’ils soutiendront le tribunal en fonction de l’intégrité et de l’impartialité des juges.
ECONOMIE
Le 14 juin, le FMI a revu le taux de croissance du Cambodge à la hausse, le faisant passer des 2,5 % prévus à 5 ou 6 %. Il prévoit 6 % en 2006. La bonne résistance de l’industrie textile, grâce aux mesures prises par l’Europe et les Etats-Unis face à la Chine, est la principale raison de ce réajustement. Le bâtiment et le tourisme restent des valeurs sûres. On assiste également à une meilleure entrée des taxes dans les coffres de l’Etat (27 millions de plus que prévus dans le budget).
Le 17 mai, la ministre chargée des Relations avec le Parlement rend son rapport détaillé : la lutte contre la fraude a rapporté 26,3 millions de dollars. Plusieurs ministères falsifiaient leurs rapports, leurs listes d’invalides, etc. D’après l’opposition, la corruption coûterait entre 200 et 400 millions de dollars chaque année à l’Etat.
En avril, l’inflation s’élevait à 5,94 % par rapport au même mois de l’an dernier. La sécheresse est responsable de 14 % de la hausse du prix du riz. Le prix des produits pétroliers renchérit la vie (26 % des taxes perçues par l’Etat, 70 % plus cher qu’au Vietnam).
A partir du 1er juillet, les salaires au-dessus de 125 dollars seront taxés. Beaucoup trouvent la mesure normale, à condition que les hauts fonctionnaires, le personnel travaillant pour les ONG et pour les ambassades soient également taxés et que l’argent recueilli entre dans les caisses de l’Etat.
Riz
Pour la première fois dans son histoire récente, le Cambodge exporte 39 tonnes de riz de la région de Battambang vers les Etats-Unis (pour la population cambodgienne exilée).
La sécheresse sévit dans la plupart des régions du Cambodge. Les pluies sont insuffisantes pour remplir les réservoirs et canaux creusés pour les retenir. En plus de la sécheresse, des chenilles rouges ont rasé plusieurs semis, en d’autres endroits, ce sont les rats de rizières qui mangent les pousses. Il est vrai qu’on peut attraper les rats pour les manger, ou les vendre à 30 cents d’euro le kilo !
Le groupe Mong Reththy, qui a déjà injecté 20 millions de dollars dans des plantations de palmiers à huile, va lancer un projet-pilote à hauteur de 100 000 dollars sur une centaine d’hectares pour tester la culture du gingembre, du taro, des citronniers et des pommes de terre. Chaque année, le Cambodge importe pour 5 millions de gingembre. Il projette également, avec des investisseurs taïwanais, de déplacer une usine de raffinerie de sucre de Taiwan au Cambodge, et de lancer la mise en culture de 5 000 hectares de cannes, dans la province de Koh Kong.
Un Cambodgien a investi 20 000 dollars dans la culture de la vigne (4 000 pieds sur 2 hectares). Il a récolté 20 tonnes de raisins et produit environ 400 litres de vin.
Le port de Sihanoukville a vu passer 1,7 million de tonnes de marchandises en 2004, pour un chiffre total de 20 millions de dollars.
Bois
Le 9 mai, les pays donateurs d’aide et la Banque mondiale demandent des clarifications sur la concession accordée à la société Heng Brothers pour la coupe de 10 000 m3 de bois précieux dans la province de Ratanakiri pour la construction de l’Assemblée nationale. Le 22 avril, une centaine de villageois de la région avaient manifesté, de peur que l’on ne coupe 20 000 à 30 000 m3. Ces abattages seraient dans la concession de Hero Taïwan, qui détient une concession de 90 000 hectares depuis 1999. On pense que 10 000 m3 seraient suffisants pour la construction de l’Assemblée.
Le 2 juin, Global Witness critique violemment la communauté des donateurs, dont la BAD et la BM, pour avoir accepté le sous-décret gouvernemental autorisant les concessions importantes à des sociétés privées. « Les pays donateurs ont-ils pour but d’aider les pauvres, ou uniquement de justifier le pillage du pays ? » Les services des douanes interdisent l’entrée du rapport de Global Witness au Cambodge, dans lequel l’association met en cause plus de 200 hauts fonctionnaires.
Or
Une société coréenne envisage la prospection et l’exploitation d’une mine d’or dans la province de Mondolkiri, sur 84 km , qui renfermerait de l’or pour une valeur de 1,8 milliard de dollars. Une partie de ce gisement se trouve dans une zone protégée.
Exposition
Hun Sen préside l’inauguration du pavillon Cambodgien à l’exposition universelle d’Aïchi au Japon. Selon le ministre des Affaires étrangères, plusieurs milliers de personnes visitent quotidiennement le pavillon, qui réaliserait plus de 4 000 dollars de bénéfice par jour.
AIDES ET INVESTISSEMENTS
Electricité
La société cambodgienne ASK a signé un contrat d’investissement de 34 millions de dollars pour connecter le réseau cambodgien à celui de la Thaïlande. Les travaux seront achevés dans dix-huit mois.
Une entreprise d’Etat chinoise décroche le contrat de construction d’un barrage hydro-électrique sur la rivière Komchay, dans la province de Takéo, qui nécessite un investissement de 270 millions de dollars et qui produira 180 mégawatts en saison des pluies, et 60 en saison sèche. Les travaux dureront quatre ans. La BAD et les pays donateurs investiront 63 millions dans la construction du réseau d’électricité. Actuellement, seulement 17 % de la population bénéficient de l’électricité. Le gouvernement vise à ce que 70 % de la population soient fournis en électricité en 2020, et 100 % en 2030.
Le 9 juin, une nouvelle centrale électrique de 32 MW, construite par une société cambodgienne, est inauguré près de Phnom Penh. Cette centrale, alimentée par diesel (150 000 tonnes par jour), d’un coût total de 35 millions de dollars, verra sa capacité augmentée à 45 MW en 2006 et couvrirait ainsi 45 % des besoins de Phnom Penh.
Investissements
En 2004, les hommes d’affaires chinois ont investi 217 millions de dollars au Cambodge. La Chine est le premier investisseur au Cambodge.
Le 10 mai, l’Union européenne a mis officiellement fin au programme de développement rural connu sous le nom de PRASAC. Ce programme continuera sous forme d’une institution privée de micro-finance, du nom de Prasac-MFI, dotée de 9,4 millions de dollars, qui accorde déjà des crédits à 55 000 clients, et qui devient le deuxième opérateur de micro-crédit du pays en termes de portefeuilles, et le troisième en termes de clients. Le PRASAC a créé des réseaux d’irrigation, des réseaux routiers, a développé des projets agricoles et du micro-crédit dans les six provinces du sud.
Le 14 mai, la BAD accorde un prêt de 4 millions de dollars pour développer l’aéroport de Ratanakiri. Chaque année, 12 000 personnes visiteraient la province.
Le 15 mai, l’Allemagne lance un programme de coopération pour la promotion du secteur privé avec une enveloppe de 4,5 millions d’euros pour la première année d’un programme de trois ans.
La société thaïlandaise Siam Cement et la société cambodgienne Khaou Chuly Group soumettent un plan de construction d’une usine de ciment à Chakrè Ting (province de Kampot) pour un montant de 800 millions de dollars. La société envisage de produire 850 000 tonnes de ciment par an, sachant que chaque année, le pays en importe 1,2 million. La construction pourrait être achevée en 2008.
La place des techniciens, spécialistes et experts étrangers, dont le nombre est élevé (environ 800 en décembre 2004, 500 actuellement), est de plus en plus remise en question. Souvent leur travail pourrait être fait par des Khmers, à un prix moindre. Leur coût revient à plus de 127 millions de dollars par an, soit 40 % de l’aide internationale. La France supprime presque tous ses postes de coopérants.
Depuis le 1er juin, une ONG américaine, basée à Tbeng Méan Chhey, est passée au statut d’entreprise, et se spécialise dans la pro-duction et le commerce de la soie. Elle fait travailler une trentaine de femmes handicapées. Elle a exporté pour 78 000 dollars de produits en 2004.
Le 2 juin, la BM accorde une aide de dix millions de dollars pour réaliser un projet de compétitivité et la facilitation du commerce, la création d’une interface électronique qui pourrait réduire les délais, ainsi que la réforme des concessions.
Le 6 juin, la BAD accorde un don de 500 000 dollars, fournis par la Grande Bretagne, en assistance technique pour prévenir les inondations et la sécheresse. Le gouvernement s’engage à verser 90 000 dollars.
A l’issue de la troisième réunion de la commission mixte Cambodge-Europe, l’Europe s’engage à verser 54,3 millions d’euros (65,7 millions de dollars) aux termes de deux accords bilatéraux de coopération. 29,3 millions concernent l’ensemble du pays : développement économique des pauvres, soutien au secteur social et à la bonne gouvernance. 400 millions d’euros ont été accordés par l’Union européenne depuis 1992.
Le 27 juin, les Etats-Unis annoncent une aide de 34,7 millions de dollars pour des programmes de développement dans les domaines de la santé et de l’éducation.
Le 30 juin, six mois après la dernière conférence des donateurs en décembre 2004 qui avait accordé 504 millions de dollars au Cambodge (60 % de son budget), les ambassadeurs des pays donateurs rencontrent Hun Sen pour faire le bilan de six mois d’action. Initialement, une grande conférence rassemblant ONG, ministres et donateurs était prévue pour le 14 juin. Le gouvernement l’a remplacée par une conférence restreinte à huis clos. Certains « indicateurs » devaient être analysés : la lutte contre la corruption, le réforme judiciaire, la réforme administrative, le gestion des ressources naturelles et propriétés d’Etat. Les ambassadeurs félicitent le Premier ministre cambodgien qui fait de nouvelles promesses tout aussi convaincantes que les précédentes. Sur le principe de la transparence, il accepte de diffuser quelques informations sur les contrats, mais pas sur les termes précis qui doivent rester secrets « pour ne pas faire fuir les investisseurs ».
SOCIETE
Mouvements sociaux
L’Organisation internationale du travail (OIT) utilisera une dotation de 500 000 dollars en provenance de la Nouvelle-Zélande pour former les différents partenaires impliqués dans les conflits sociaux, et, par là, augmenter la productivité des usines (65 % plus basse qu’en Inde, 62 % derrière la Chine, 10 % derrière le Bangladesh). L’OIT vient d’éditer un code du travail simplifié, en anglais et en khmer. Une traduction en chinois est en cours. D’après le ministre du Travail, les conflits sociaux ont baissé de 80 % durant les dernières années. « Cependant, il en reste un chaque jour affirme-t-il.
Le 5 mai, une centaine d’ouvriers se rassemblent devant leur usine New Born, pour protester contre leur patron qui s’est enfui sans leur verser ni indemnités ni salaires. Depuis deux mois, 70 usines de confection ont fermé leurs portes.
Au début mai, environ cent ouvriers de l’usine de confection Maurea Garment sont en grève pour obtenir satisfaction sur treize points. La direction donne 1 000 dollars aux cinq délégués syndicaux pour les caisses du syndicat, puis les accuse d’avoir extorqué cet argent pour chantage à la grève. Le syndicat crie au piège. Après quelques semaines de prison, les syndicalistes sont remis en liberté.
Le 24 mai, plusieurs des 5 000 ouvriers de l’usine Sam Han, d’autres des 1 400 employés de l’usine Luen Thai, dont les patrons se sont enfuis en novembre dernier, manifestent pour demander que soit appliqué le code du travail : vente de l’usine et des biens du propriétaire pour payer les indemnités.
Le 25 mai, plus de 800 ouvriers de l’usine Hwee Hong se mettent en grève pour demander la réembauche de leur responsable syndical et pour de meilleures conditions de travail.
Le 7 juin, un ouvrier de l’usine Trinonkal Komara est blessé par un garde. Le SIORC porte plainte, plainte qui ne sera jamais examinée. Il y a un an, le responsable du SIORC de cette usine a été abattu.
Le 17 juin, Chum Monthol, secrétaire de la Fédération des syndicats khmers (proche du PPC), se rend à l’usine Best Owner, avec des gardes du corps armés. Les ouvriers venaient de recevoir leur dernier mois de salaire et leurs indemnités de licenciement. Le syndicat était chargé de négocier les indemnités, qui s’avèrent très faibles : 90 dollars au lieu des 300 prévus par le code du travail. Des membres de la Fédération des syndicats des jeunes Khmers (FSJK) font remarquer qu’ils devraient recevoir beaucoup plus. Chum Monthol et ses acolytes agressent alors les membres de ce syndicat et tirent des coups de feu. Le FSJK porte plainte, plainte restée sans suite.
Le 25 juin, 30 employées de l’usine de confection La Cambodia sont pris de malaise : « Elles ne mangent pas assez dit-on. On accuse aussi les statues chinoises que les employés ont brisées le mois dernier pour les remplacer par des statues khmères.
Depuis le 29 janvier, un syndicat de fonctionnaires est formé, avec actuellement environ cent membres.
Les mesures prises par l’Europe et les Etats-Unis pour limiter les importations textiles chinoises aident l’industrie de confection du Cambodge. Depuis janvier, le pays a perdu 30 000 emplois, mais 6 à 7 000 postes nouveaux ont été créés. Le patronat négocie avec les syndicats pour un assouplissement du code du travail afin d’améliorer la compétitivité des usines, notamment sur le travail de nuit (payé 130 % au lieu de 200 %) : cela permettrait de faire travailler 60 000 employés la nuit, au lieu de 1 000 actuellement. Les syndicats demandent en échange de l’augmentation du salaire minimum et l’abaissement des 44 heures hebdomadaires. On ne parle pas de la corruption, qui grève de 12 % le chiffre d’affaires des usines.
Un entrepreneur américain lance une usine de fabrication de paniers.
Travailleurs émigrés
D’après le ministère de l’Emploi, il y aurait près de 180 000 travailleurs cambodgiens en Thaïlande, 3 700 en Malaisie, 1 600 en Corée. Il prospecte Singapour et Hongkong comme d’autres lieux d’emplois. Entre le 21 et 27 avril, 2 477 Cambodgiens, travaillant clandestinement en Thaïlande, sont refoulés au Cambodge.
Spoliations et conflits fonciers
Ratanakiri-Mondolkiri
Le 5 mai, l’OIT lance un programme pour le respect des droits des minorités ethniques, au nombre de 17, réparties en 17 provinces et représentant 150 000 personnes : Stieng, Phnong, Kouy, Kroeung, Proeuv, Sa Ouch, Chomg, Por, Jaray, Kavet, Kachok, Mil, Souy, Radhè, Maonh, Lon et Tampoun. Ce programme, d’un budget de 100 000 dollars, vise à protéger l’environnement et les traditions des minorités, « qui n’ont jamais été autant menacées par les investisseurs et les autorités
A Mondolkiri, dans le région de Dak Dam et Senmonorom, un conflit oppose les Montagnards et les travailleurs de la société chinoise Wuzhishan, filiale de la Phéapimex, proche de Hun Sen. La dite société a reçu une concession pour de 10 000 hectares pour planter des pins, mais les plante près des villages, et sur les cimetières des Phnongs. En toute illégalité, la société aurait reçu la concession de 199 999 hectares. Ceux-ci protestent, mais le représentant de la société refuse de négocier avec les villageois. Le 16 juin, plus de 800 Montagnards convergent de leurs villages vers Senmonorom : ils sont dispersés par la police avec des canons à eau. Six personnes, dont une femme et son bébé, sont blessées. Le 18 juin, ordre est donné par Hun Sen à la société chinoise de cesser ses activités, mais elle continue comme si de rien n’était, avec le soutien du gouverneur de la province. Les Phnongs s’arment de leurs couteaux et arbalètes et bloquent les routes d’accès à la plantation, interdisant même l’entrée de nourriture aux 3 200 ouvriers de la plantation. Ils menacent de mettre à sac les installations de la plantation. La police, armée de fusils, tente de forcer les barrages, mais bat en retraite. Les ouvriers, armés de houes, de couteaux et de bâtons, leur font face. La situation peut tourner à l’émeute sanglante d’un moment à l’autre. Si les Montagnards font preuve de patience et de lucidité, ils ne croient plus dans les promesses des officiels du régime. En dépit des promesses du Premier ministre aux donateurs lors de leur réunion le 30 juin, Wuzhishan n’a pas cessé ses activités, menace les Phnongs et les empêche de rejoindre la forêt.
Pour mémoire, l’entreprise Wuzhisham a à sa tête l’entrepreneur chinois Liu Wei, Kong Triv (patron de KT Pacific) et Lau Meng Khin, conseiller de Hun Sen pour les investissements étrangers et époux de Cheung Sophéap, patronne de la toute puissante Phéapimex. Cette société ne peut être plus proche de Hun Sen !
Selon Adhoc, les revendications et lutte des Montagnards sont justes : « Le gouvernement a attribué une concession sans vérifier le terrain dont les Phnongs ont besoin pour vivre et qui empiète sur leurs cimetières. » On peut se rappeler que la révolte khmère rouge a en partie commencé dans ces régions, en 1968, à cause des exactions du gouverneur Ung Nhach.
Kompong Speu
Les villageois du Phum Baseth, dans la province de Kompong Speu, qui avaient pris le maquis après le kidnapping du chef de leur commune, pour la confiscation de 0,8 hectare de terre, puis délivré par la police, restent pour la plupart dans la forêt et refusent les promesses de clémence faites par les autorités, auxquelles elles ne font plus confiance. Deux villageois sont arrêtés, une plainte est déposée contre onze autres. Le 3 juin, les représentants du village viennent manifester à Phnom Penh. Ils demandent la libération des villageois arrêtés.
Le 28 juin, 130 villageois protestent contre l’attribution de 4 900 hectares pris sur leurs terres à une société taïwanaise, la Colden Land.
Pursat
A Krakor (province de Pursat), une société qui a reçu une concession de 3 000 hectares en 1990, détourne une rivière, seule source d’alimentation en eau des villageois pour irriguer ses plantations. Le 12 mai, 300 villageois manifestent.
Une société coréenne se propose de planter de la citronnelle à la place des acacias sur la concession de 315 hectares accordée à la Phéapimex. Cette dernière a dû céder sur pression de la population (et sans doute de puissants donateurs internationaux) et a retiré son personnel ainsi que son matériel depuis le mois d’avril. Les villageois annoncent que 19 soldats et des policiers défrichent leurs terres, dont chacun a reçu un lopin de 100 m. sur 400. Un villageois incarcéré depuis huit mois, accusé d’avoir proféré des menaces de mort contre les agents de la Phéapimex, est libéré le 24 juin, « pour absence de preuves ». L’association des usagers des forêts de Krakor demande à avoir la gestion de ces 5 000 hectares pour continuer à survivre des produits de la forêt. Mais les autorités locales refusent de signer la demande.
Trente-deux familles du village de Tran Tasenn attendent depuis sept mois que l’on examine leur plainte contre une centaine de militaires de l’unité 14 qui se sont emparés de leurs terres. Ces familles étaient présentes depuis 1993 et ont défriché ces terrains. Les soldats sont apparus en 2004 et les ont chassés, avec un document de propriété en bonne et due forme signé par le gouverneur de la province.
Kandal
Le 16 mai, 132 familles de Russey Kéo (Phnom Penh) reconstruisent leurs abris détruits pour la cinquième fois par les bulldozers de l’armée en quelques jours. Le 24 mai, les militaires détruisent à nouveau les maisons. Le 5 juin, la police brûle les abris et tire des coups de feu en l’air.
Le 24 mai, 200 à 300 villageois en colère manifestent contre la construction d’une ferme de 220 hectares pour l’élevage de crevettes, accordée à 52 vétérans.
La moitié des habitants de Koh Pich, en face du casino de Phnom Penh, acceptent la proposition de la municipalité d’acheter leurs terres à 5,25 ou 6,75 le m (le m vaut entre 25 et 27 !), mais ne sont pas d’accord sur les surfaces mesurées.
Sihanoukville
Le 5 mai, quatre maisons construites dans le secteur de Kbal Chhay sont brûlées par des militaires chargés de reboiser cette zone protégée. L’ONG Adhoc fustige le comportement « indigne » des militaires.
L’ONG Organisation for Transparency and Peace décide de soutenir les 131 familles expulsées du village de Poy Tamoug, à Siha-noukville, par KT Pacific Groupe de Kong Triv. Le 25 mai, la propriétaire d’une guest-house ainsi qu’un autre habitant sont condamnés à huit mois de prison avec sursis et à payer des dédommagements. « Le juge a tout simplement choisi son camp constate l’avocat.
Le 29 juin, un groupe de militaires partis couper du bois frappent les villageois de Bet Traing, dans le district de Prey Nop et tirent des coups de feu en l’air pour les impressionner. D’après le chef de village, le terrain sur lequel sont installées les familles appartiendrait aux militaires.
Siemréap
Le 27 mai, un responsable de l’administration forestière de Siemréap découvre (heureux hasard !) que 8 000 hectares de forêts ont été déboisés et vendus à des particuliers à 8 000 dollars l’hectare. Ce déboisement a commencé début 2004. L’inspecteur accuse les hauts fonctionnaires de la région, les personnages hauts placés. Le PSR est accusé d’avoir fermé les yeux. On estime que 43 000 hectares ont été déforestés et vendus depuis octobre 2004 dans plusieurs provinces. En avril, Hun Sen avait tempêté contre les riches, leur demandant de les rendre aux pauvres (annonce pour Occidentaux seulement).
A Kna, près de Siemréap, 86 familles empêchent les gens du cadastre de mesurer leurs terres que la Cour provinciale a attribuées à un certain Si Chum, proche d’un magistrat.
Battambang
Vingt-huit familles de Ratanak Mondol, dans la province de Battambang, sont en conflit avec le général Ke Kim Yann, général en chef de l’armée cambodgienne qui possédait 1 500 hectares dans ce secteur depuis 1986. Il en a donné 500 aux villageois, à charge d’un fonctionnaire de leur établir des titres de propriété. Celui-ci en a établi sur une superficie de 200 supplémentaires, sans que le général ne le sache, et qui maintenant sont la cause du litige.
Khieu Khanarith, ministre de l’Information, demande l’aide des autorités provinciales pour mettre à la porte 80 villageois dans une ferme qu’on lui a donnée en 1999.
Ventes de biens nationaux
Le 27 avril, plus de 400 professeurs de l’URBA (Université royale des Beaux-Arts) acceptent un dédommagement de 700 dollars de la part de l’entreprise Mong Reththy, pour le déplacement de leur université. Par contre, les quelque 50 familles qui vivent à l’intérieur de l’université continuent à demander 3 500 dollars ou 25 % des terrains actuels où ils sont installés. Cependant, parmi ces familles, seules huit ont été autorisées à s’installer officiellement en 1984. Lors de la date butoir du 30 juin, une soixantaine de familles avaient touché la prime, même si la moitié n’avait pas déménagé. Dès le 1er juillet, les bulldozers de Mong Reththy, escortés de gardes en habits militaires, entrent en action. Trente familles refusent toujours de partir. Mong Reththy repousse la date butoir du départ définitif au 10 juillet.
Le 11 mai, une centaine d’artiste sont convoqués pour apposer leurs empreintes digitales au bas d’une déclaration dans laquelle ils acceptent le transfert du « théâtre brûlé pour 50 dollars de compensation. Ils en demandent 1 400, à l’instar des professeurs de l’URBA. Dans des tracts, ils dénoncent la corruption qui a entouré les transactions de vente de leur théâtre.
Le 11 mai, plusieurs hommes d’affaires proposent d’échanger le bâtiment du ministère de l’Information contre un autre construit sur le modèle du musée, mais dont on ne connaît pas l’emplacement.
Le siège de la police militaire de Sihanoukville est échangé pour un autre endroit, par une société privée. Kith Meng, un magnat de la télévision, a acheté l’ancien commissariat, proche de la plage.
A Siemréap, un monument à la mémoire des soldats vietnamiens morts au Cambodge est détruit, son emplacement vendu à une société chinoise pour construire un hôtel. Un autre mémorial est déjà construit derrière le Grand Hôtel.
L’Institut national du commerce, anciennement lycée Descartes, va déménager pour un terrain plus grand dans la périphérie de Phnom Penh (Stoeung Méan Chhey). La France a demandé de récupérer ce bâtiment, et participera à la construction du nouveau bâtiment.
Une partie de l’ITC (Institut technique du Cambodge) pourrait être cédé à la société Mong Reththy, en échange de quoi elle construirait deux internats, rénovera des réservoirs d’eau, aménagera des terrains de sports.
Le 3 juin, on apprend que les dix hectares du ministère du Transport situé sur le boulevard de Russie, dont le m est évaluée à 110 dollars, est échangé contre cinq hectares à Russey Kéo. C’est l’inévitable Phéapimex, proche de Hun Sen, qui est chargée de l’échange. Des bâtiments de luxe et un supermarché seront construits à l’emplacement actuel.
Le ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports échange l’emplacement du stade de Siemréap avec une société qui promet d’en construire un autre à quatre kilomètres, sur une superficie de dix hectares, soit le double de l’emplacement actuel.
La prison de Battambang va être transférée à 3 km. de son emplace-ment actuel. Les travaux de construction, sur une surface de cinq hec-tares, sont attribués à une société privée, et seront achevés en octobre 2005. Ce transfert plaît aux ONG de défense des droits de l’homme.
Le 13 juin, Hun Sen rappelle que les propriétés de l’Etat ne peuvent être vendues, échangées, ou données en concessions.
Santé
Selon l’ONG Save the Children (Enfant et Développement), le Cambodge est situé au 100e rang sur 110, ce qui concerne les problèmes de santé des mères et des enfants.
Selon l’opposition, 30 % des médicaments gratuits sont distribués par les médecins à leurs proches.
4,6 % des femmes âgées de 15 à 49 ans se sont fait avorter, mais les chiffres pourraient être bien supérieurs. L’avortement est souvent considéré comme un moyen de contraception. Seules 20 % des femmes utilisent des contraceptifs.
Justice
Le 5 mai, Hun Sen, par décret, ferme le Secrétariat du Conseil suprême de la magistrature (CSM), créé en 2001, dont les tâches seront confiées au ministère de la Justice. Ce secrétariat, entre autres, recevait les plaintes concernant les juges, les procureurs et les juges d’instruction. Certains voient en cette fermeture une mise sous tutelle de la Justice.
Par un courrier en date du 6 mai, l’agence japonaise de coopération (JICA) menace de couper son aide au barreau, en proie à une crise interne depuis le 16 octobre 2004 pour le poste de bâtonnier. La JICA fournit 60 % du budget du fonctionnement du centre de perfectionnement professionnel des avocats (194 élèves), avec 40 % par la France et le Canada. Le 16 octobre 2004, Suon Visal est sorti vainqueur des élections au poste de bâtonnier, mais Ky Tech est maintenu à ce poste par une décision de la Cour d’appel, le 19 novembre, lors d’une séance à huis clos. Mais le 2 juin, la Cour suprême annule la décision de la Cour d’appel, sans se prononcer sur le fond de la question. Le 13 juin, 12 membres du barreau, sur 19, soit le quorum, élisent Suon Visal comme bâtonnier, mais Ky Tech refuse l’élection et porte plainte.
Trafics de drogue et trafics d’êtres humains
Le 19 mai, une cinquantaine de propriétaires d’hôtels s’engagent à lutter contre le trafic d’êtres humains et le trafic de drogue dans leurs établissements. Durant les deux derniers mois, on assiste à des prises record d’amphétamines.
Le 3 juin, les Etats-Unis rendent public leur rapport annuel sur le trafic d’êtres humains. Le Cambodge est rétrogradé dans la troisième catégorie, la plus mauvaise, celle dont « les gouvernements ne répondent pas aux standards minimums en compagnie de l’Arabie Saoudite, de la Corée du Nord et du Soudan. L’affaire de l’hôtel Chhay Huor II, qui comme chacun sait était le bordel officiel des grands du Cambodge, en décembre dernier, a motivé cette rétrogradation. Le gouvernement se défend en affirmant avoir arrêté un nombre croisant de trafiquants (400 en 2004, 250 cette année). Le Premier ministre se montre (apparemment) peu impressionné par ce déclassement par un pays qui a respecté les droits de l’homme « en bombardant le Cambodge ». Les Etats-Unis demandent au gouvernement cambodgien de revoir l’instruction de l’hôtel Chhai Hour II, d’arrêter et de poursuivre un certain nombre de fonctionnaires compromis dans l’affaire.
On estime que les Etats-Unis pourraient bloquer les aides du FMI et de la BM pour le Cambodge à partir du 1er octobre. Sans une réelle volonté politique, le Cambodge pourra difficilement éviter ces sanctions.
Sans doute pour apaiser les Etats-Unis, le 24 juin, la police lance un raid contre un club de massage « Club N° 1 du Monde libère 88 jeunes filles, inculpe quatre responsables de l’établissement. Mais les policiers dérobent les avoirs des filles.
De nombreux pédophiles étrangers sont condamnés. La Licadho fait état d’un très fort accroissement durant les trois derniers mois : 51 cas contre 21 l’an dernier durant la même période. Presque quotidiennement, les journaux rapportent des cas de viols sur mineurs, souvent de très jeunes enfants.
Patrimoine
En début d’année, une équipe de l’EFEO et du ministère de la Culture découvre un petit temple au pied de la montagne de Préah Vihéar, qui atteste le lien entre le temple et la plaine. Un village existait autour de ce temple et permettait aux moines du temple de se ravitailler.
Le 21 mai, le commissariat spécial attaché à la protection du patrimoine national découvre sept statues et des têtes de naga pesant chacune plus de 100 kg, dans une forêt située à 60 km de Siemréap. Ce sont les villageois qui ont prévenu les autorités.
Le 24 mai, la gendarmerie de Bantéay Méan Chhey remet plus d’un millier d’objets anciens saisis au cours des dernières années au département provincial de la culture.
DIVERS
Prise d’otages à Siemréap
Le 16 juin, quatre hommes masqués, dont un armé, font irruption dans l’Ecole internationale de Siemréap et séquestrent une vingtaine d’enfants d’un jardin d’enfants avec leurs quatre monitrices. Les preneurs d’otages demandent une rançon très modique, une voiture et des armes. Satisfaction leur est en partie donnée, puis ils sont arrêtés, au moment de leur départ. Un enfant canadien de 2 ans est tué d’une balle dans la tête, vraisemblablement une balle perdue tirée par la police, qui dément. Les animatrices, qui ont initialement affirmé que les preneurs d’otages n’avaient pas tiré, se muent dans un silence craintif. Sept personnes sont arrêtées. Il semble s’agir d’un employé de maison qui voulait se venger de ses patrons.
Institut polytechnique
Le 18 mai est inauguré l’Institut national polytechnique, construit grâce à un prêt de 27 millions de dollars de la Corée du Sud. L’établissement pourra accueillir jusqu’à 1 300 étudiants pour un cursus de deux ans minimum. Comme par hasard, Hun Mana, fille de Hun Sen, fait partie du conseil d’administration, après avoir été directrice de radio Bayon, affiliée au PPC, et de la compagnie aérienne First Cambodia Airlines.
Casino
Le 17 juin est ouvert un casino à Chrey Thom, à la frontière vietnamienne.
Religion
On compte au Cambodge :
– 4 050 pagodes, dont 3 957 mohanikay et 123 tmomayudh ;
– 59 569 moines, dont 58 315 mohanikay et 1 253 thomayuth ;
– 823 écoles de discipline bouddhique soit, 1 102 classes, pour 14 680 élèves moines, 912 enseignants, dont 490 moines ;
– 543 écoles primaires bouddhiques, soit 804 classes pour 14 041 élèves moines et 672 enseignants, dont 357 moines ;
– 19 collèges bouddhiques, soit 61 classes, pour 3 228 collégiens moines et 364 enseignants, dont 24 moines ;
– 8 lycées bouddhiques, soit 21 classes pour 1 176 lycéens moines et 86 enseignants, dont 14 moines.
Des villageois de Roléa Baïer, dans la province de Kompong Chhnang, s’opposent à la construction d’une église évangélique dans la montagne, ce qui la mettrait au-dessus de Bouddha.
Agence universitaire de la francophonie
Le 20 mai, se tient à Phnom Penh la quatorzième assemblée générale de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), à laquelle participent 400 membres représentant 250 établissements. Le Royaume compte huit établissements francophones. L’AUF comprend 535 membres, répartis en 62 pays, dont 55 en Asie du Sud-Est. Son budget annuel est de 40 millions d’euros, alimenté à 80 % par la France.
Le 24 mai, un ultime hommage a été rendu aux restes de 72 militaires français, sur les 296 morts au Cambodge, avant leur rapatriement en France.
Radio
L’Australie propose 2,3 millions de dollars par an, pendant quatre ans, à la radio nationale pour mettre sur pied une émission de dialogue avec les auditeurs afin d’améliorer la démocratie au Cambodge. Cette proposition se heurte à un refus du gouvernement qui tient à garder le monopole des idées. Ces émissions commenceront en novembre prochain et seront diffusées deux à trois fois par semaine.