Eglises d'Asie

La destruction par le feu d’une église catholique dans le diocèse d’Anuradhapura a été dénoncée par des responsables religieux catholiques et bouddhistes

Publié le 18/03/2010




La destruction par le feu d’une église catholique dans le diocèse d’Anuradhapura, une première dans ce diocèse, a été dénoncée à la fois par l’évêque du lieu, Mgr Norbert Andradi, qui a affirmé la volonté des catholiques à “ne pas se laisser entraîner dans la spirale de la violence et par le responsable d’un temple bouddhiste du district où s’est produit l’incident. Le vénérable Pahamune Sumangala Thero, supérieur du temple Somawathie Rajamaha, à Polonnaruwa, a condamné l’acte criminel et rappelé qu’il avait assisté à la cérémonie d’inauguration de cette église, construite à 2002.

L’incident s’est produit dans la nuit du 17 juillet dernier à la paroisse de la Sainte-Croix, à Pulastigama, dans la province du Centre-Nord. “A minuit cinq, tout était normal, raconte Wannakuwatte Waduge Anthony Christopher Fernando, le gardien du lieu de culte. Peu après, les aboiements d’un chien ont rompu le silence de la nuit. J’ai entendu un bruit et j’ai aperçu six hommes s’approcher de l’église en venant de la rue. Ils portaient tous un masque rouge et leur véhicule était garé devant le portail. Ils ont mis le feu à l’église en y jetant de l’essence et l’un d’eux m’a attaqué au couteau.” Malgré l’opposition du gardien et de sa femme, les assaillants ont détruit l’autel principal et le crucifix, avant que le feu ne consume l’ensemble du bâtiment. Conduit peu après à l’hôpital, le gardien ne souffre que de blessures légères.

Pour le P. Eric Fernando, le curé de la paroisse de la Sainte-Croix, les motivations des assaillants sont évidentes. Il s’agit d’“un nouvel acte de violence dirigé contre les catholiques a-t-il affirmé, et les assaillants “n’ont pour seule satisfaction que de détruire, de tuer, de verser le sang et de fomenter la guerre”. Selon lui, ces personnes “n’ont aucune véritable compréhension de ce qu’est la religion, pas même de la leur sous-entendant qu’elles se réclament du bouddhisme.

Appelant de ses voux une enquête rapide et impartiale des forces de police, Mgr Norbert Andradi a condamné l’action des assaillants. Responsable d’un diocèse de 12 500 fidèles vivant parmi une population de 1,4 million d’habitants, bouddhistes à 90 % (1), il a souligné que “les catholiques dans le district de Polonnaruwa pratiquaient leur foi dans l’harmonie” et qu’ils “vivaient en bonne intelligence et de manière pacifique, sans perturber la vie des autres (communautés)”.

Succédant à une structure temporaire édifiée il y a plusieurs années, l’église en dur de Pulastigama avait été inaugurée en 2002, lors d’une cérémonie à laquelle avaient assisté une dizaine de moines bouddhistes et une importante foule formée en partie de bouddhistes. Le vénérable Pahamune Sumangala se rappelle que Mgr Oswald Gomis, aujourd’hui archevêque de Colombo et à l’époque évêque d’Anuradhapura, s’était alors engagé à ce que les desservants de cette église ne cherchent pas à convertir des bouddhistes au christianisme.

Les villes d’Anuradhapura et de Polonnaruwa sont toutes deux d’anciennes capitales du Sri Lanka. Anuradhapura est un des principaux centres du bouddhisme sur l’île et, au-delà, en Asie du Sud-Est. Elle se dresse en effet près du lac où, selon la tradition, Bouddha eut les “trois illuminations” et est considérée comme une ville sainte. Dans le diocèse d’Anuradhapura, qui couvre les deux districts d’Anuradhapura et de Polonnaruwa, la cohabitation entre catholiques et bouddhistes a toujours été, ces dernières années, pacifique, les tensions entre communautés religieuses qui ont pu s’exprimer ces derniers temps au sujet d’un projet de loi anti-conversion ayant épargné la région (2).