Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er juillet au 31 août 2005

Publié le 18/03/2010




POLITIQUE

Haro sur le PSR : jugement de Chéam Channy

Plusieurs fois, la Cour suprême s’est opposée à la libération provisoire de Chéam Channy, député du PSR, arrêté le 3 février 2005, immédiatement après la levée de son immunité parlementaire. Il est accusé d’avoir monté une “armée de l’ombre” pour renverser le gouvernement, alors qu’il affirme, de son côté, avoir établi un comité au sein du PSR pour repérer les exactions commises par l’armée et les faire remonter aux autorités du parti. Bien que civil, il est inculpé par une juridiction militaire. Depuis son incarcération, les députés du PSR boycottent l’Assemblée nationale.

Le 8 août, il passe en jugement et est condamné à sept ans de prison ferme. Khom Piseth, son adjoint, qui a fui le pays et a été admis comme réfugié politique en Norvège, est condamné par contumace à cinq ans. Sept ambassades sont présentes lors du procès qui dure six heures. Aucun des quatre témoins de la défense n’est interrogé, seuls cinq des quatorze témoins à charge sont questionnés, mais sans que la défense puisse poser des questions. Le principal témoin à charge affirme avoir recruté lui-même 40 000 hommes (dans sa première déclaration, il n’en révélait que 40 !), tous vêtus d’un uniforme militaire, dont 70 % de membres du gouvernement. Il se contredit sur son âge, le nom de sa femme, et met ces contradictions sur le compte de “troubles mentaux 

Le 13 août, le juge qui a condamné Chéam Channy donne une conférence de presse dans laquelle il déclare envisager la poursuite en justice de Sam Rainsy pour être à l’origine de cette “armée de l’ombre et menace trois ONG étrangères qui lui auraient suggéré cette opération (International Republican Institute-IRI, National Democratic Institute-NDI et la Fondation Konrad Adenauer). Propos repris avec violence par le Premier ministre le 15 août, qui critique ces “ingérences” et déclare détester “la pression internationale sur le gouvernement cambodgien Le 16 août, il laisse entendre qu’il pourrait rejeter certaines aides étrangères “qui ne servent pas les intérêts du pays. Nous sommes rassasiés de leurs conseils et de leurs leçons”.

L’ambassade des Etats-Unis émet une violente critique du verdict. Tous les observateurs s’accordent pour dénoncer une “parodie de justice” qui vise à affaiblir le PSR. Un juriste cambodgien fait remarquer que “les poursuites devant une cour militaire sont historiquement le fait des dictatures Le 16 août, Peter Leuprecht, haut représentant du secrétaire général de l’ONU pour les droits de l’homme au Cambodge, estime que le verdict “manque de crédibilité” et demande “la libération immédiate et inconditionnelle de Chéam Channy ainsi que la restauration de son immunité parlementaire”. Le 19 août, l’Union européenne condamne le verdict : “La crédibilité du verdict a été sérieusement faussée par le non-respect par la cour militaire d’un certain nombre des droits légaux des prévenus.”

Ce jugement augure très mal de l’éventuel jugement des ex-responsables Khmers rouges. Le gouvernement semble insensible à la pression internationale, qui est peu crédible, car, malgré toutes les mises en garde, les fonds internationaux continuent à arriver et, ce faisant, à renforcer le pouvoir en place. Le Cambodge se tourne résolument vers la Chine qui donne de l’argent et investit, sans se pencher sur les violations des droits de l’homme.

PSR (Parti Sam Rainsy)

Le député PSR Khem Veasna est exclu du parti le 8 juillet, pour avoir tenu des propos anti-monarchistes et pour avoir brisé le boycott du PSR à l’Assemblée nationale. Il perd du même coup son poste (et son indemnité) de député. Le député fait appel à l’Union interparlementaire de l’Europe. Ranariddh accuse le PSR de ne pas respecter la démocratie dans son parti (il oublie qu’il a lui-même exclu Sam Rainsy du Funcinpec en 1994, comme le PPC a exclu trois de ses membres en 2003). Son Chhay, membre du PSR, propose à Ranariddh d’amender la loi, et d’autoriser les députés à changer de parti, tout en gardant leur mandat. Le secrétariat de l’Assemblée nationale invite cependant Khem Veasna à siéger à la session parlementaire qui débute le 22 août. Il siège comme “indépendant alors que la loi interdit ce titre, posant par là un problème politico-légal imprévu.

Chéa Poch, député PSR, qui avait vu son immunité parlementaire suspendue le 3 février, et qui s’était exilé aux Etats-Unis, rentre au Cambodge le 15 août. Sam Rainsy annonce son retour pour la mi-septembre.

Le 22 août, les députés PSR mettent fin à leur boycott de l’Assemblée nationale. Certaines rumeurs avancent que le retour de Chéa Poch a été négocié contre cette suspension du boycott. Le PSR nie et fait une autre analyse : “Nous avons remarqué que, durant les six mois de notre absence, la corruption et la vente de biens nationaux ont augmenté.” La nouvelle loi concernant l’abaissement du quorum et les sanctions concernant l’absentéisme (317 dollars par jour d’absence) sont d’autres facteurs plus incitatifs.

Selon l’opposition, plusieurs dizaines de militants réfugiés en Thaïlande après l’arrestation de Chéam Chany auraient été arrêtés en Thaïlande. Le bureau du HCR à Bangkok constate une augmentation des demandes d’asile en provenance des membres du PSR.

Plusieurs réunions de membres de PSR doivent être interrompues suite à des manifestations de policiers et militaires en civil criant des slogans pro PPC.

FUNCINPEC

Ranariddh menace plusieurs ministres de son parti de révocation pour manque de rigueur dans leur travail. Eng Chhay Ieng, secrétaire général du PSR, ironise, non sans raison : Ranariddh “intimide” certains membres de son parti “dans le but d’obtenir davantage de pots de vin de ses fonctionnaires 

Quatre-vingt seize motos sont données aux militants du FUNCINPEC dans la région de Battambang, pour faciliter leurs rencontres avec le peuple. Ranariddh promet de l’argent (1 dollar) à ses supporters et 100 autres motos à ses militants en cas de victoire aux élections. Le 9 août, Ranariddh annonce une nouvelle distribution de 54 motos (630 dollars pièce) et de 84 bicyclettes équipées de batterie (280 dollars).

Les dirigeants de l’Assemblée nationale et les présidents des neuf commissions parlementaires sont, chacun, dotés d’un land-cruiser flambant neuf. (prix de chaque véhicule : 80 000 dollars).

Le Premier ministre déclare pouvoir gouverner le pays avec le FUNCINPEC pendant encore quinze ans ! Ranariddh se félicite de cette coopération.

Le Comité national électoral (CNE) a reçu un budget de 460 000 dollars pour préparer les élections sénatoriales du 22 janvier prochain. Y participeront 1 100 électeurs, dans 33 bureaux. Le CNE recrutera 600 agents pour assurer le travail dans les bureaux de vote. Les ONG d’observation des élections bouderont cette élection, jugée inutile et coûteuse.

Sok Siphana (PPC) secrétaire d’Etat au Commerce, est nommé directeur de la Coopération technique au Centre du commerce international (CCI), à Genève. Les observateurs regrettent la perte de cet homme compétent et honnête pour le Cambodge.

Frontières

Le 5 juillet, deux comités sont formés par le gouvernement pour superviser le problème des frontières.

Le 4, puis le 19 et le 21 juillet, des militaires vietnamiens entrent sur le territoire cambodgien dans la province de Svay Rieng, arrachent des clôtures plantées par les paysans khmers, en arrêtent plusieurs, leur interdisent de cultiver les rizières. Le ministère cambodgien des Affaires étrangères demande à l’ambassade du Vietnam de faire cesser ces actions “en urgence”.

Cent cinquante fonctionnaires sont affectés à la surveillance de la frontière avec le Laos, pour lutter contre le trafic de drogue et le déboisement illégal.

Le 25 août, le roi-père Sihanouk, après avoir demandé que l’on ôte son portrait et celui de la reine de tous les édifices publics, donne sa démission du Conseil des frontières, créé le 27 avril et dont il était le président sans pouvoir. Hun Sen demande au roi-père de désigner un successeur à la tête du conseil, et nie tout conflit personnel avec le roi.

Deux nouveaux postes frontières internationaux sont créés avec le Vietnam : à Trapéang Srè, dans la province de Kratié, et à Trapéang Phlong, dans la province de Kompong Cham.

Montagnards

Le 20 juillet, une centaine de policiers fortement armés, notamment de bâtons électriques et de fusils d’assaut AK 47, s’introduisent dans un centre de l’UNHCR à Phnom Penh et emmènent de force 101 Montagnards à qui l’UNHCR avait refusé le statut de réfugiés. Ces Montagnards sont reconduits de force à la frontière. Toutes les ONG de défense des droits de l’homme s’insurgent contre la violence excessive déployée par la police. Au moment de passer la frontière, sept d’entre eux révèleront qu’ils sont Cambodgiens et désiraient partir aux Etats-Unis. Le Vietnam garantit que ces réfugiés ne seront pas persécutés à leur retour. Sur les 502 Montagnards hébergés au centre de l’UNHCR de Phnom Penh, 434 sont reconnus comme réfugiés, mais un certain nombre refuse de partir pour un pays tiers ; 210 sont déjà partis pour un pays tiers (179 aux Etats-Unis, les autres au Canada et en Finlande). Vingt-et-un ont d’ores et déjà opté pour un retour au pays.

La cour de Dac Nong (Vietnam) a condamné cinq personnes accusées d’avoir aidé les Montagnards à gagner la frontière, à six ans de prison. Le 2 septembre, à l’occasion de la fête nationale vietnamienne, 28 Montagnards emprisonnés pour “départ illégal à l’étranger” sont libérés.

Les réfugiés montagnards continuent d’arriver par petits groupes au Cambodge, en déjouant la police cambodgienne.

Un groupe de 64 Khmers Krom (Khmers du Sud-Vietnam), se plaignant de mauvais traitements de la part les autorités vietnamiennes, campent devant le siège de l’UNHCR. Ils demandent l’intervention de l’organisme international pour obtenir des changements de traitement pour la minorité khmère du Vietnam. L’UNHCR répond que ce n’est pas son rôle et refuse de leur accorder le statut de réfugiés, puisqu’ils sont Khmers. Dans leur dernière demande, les Khmers Kroms demandent la création d’un Etat indépendant.

Le 9 août, pour la première fois, est célébrée la journée des minorités. Lors d’un rassemblement, les représentants de sept minorités dénoncent les expropriations de leurs terres, et la discrimination dont elles sont l’objet. Du côté gouvernemental, on affirme qu’“un département spécial a été créé en 2001 pour s’occuper de toutes ces questions 

PROCES DES EX-RESPONSABLES KHMERS ROUGES

En date du 30 juin, le secrétariat de l’ONU envoie une lettre demandant à la communauté internationale de lui soumettre cent noms de magistrats avant le 29 août, parmi lesquels elle en choisira treize, dont les noms seront soumis au Conseil suprême de la Magistrature khmère, qui en choisira neuf (huit juges et un juge d’instruction), qui travailleront avec onze juges et un juge d’instruction cambodgien. Ces juges étrangers seront payés 129 400 dollars par an.

Le 24 août, la Chinoise Michelle Lee est nommée comme coordinatrice de l’assistance juridique au tribunal extraordinaire. Mme Lee travaillait pour l’ONU depuis 1974, attachée à la Commission sociale et économique pour l’Asie-Pacifique, à Bangkok, puis au tribunal d’Arusha pour juger les crimes de génocide du Rwanda. Sa nationalité étonne certains observateurs cambodgiens.

Le gouvernement cambodgien refuse de financer la part qui lui est impartie (13,8 millions de dollars) et attend, une fois de plus, la générosité des donateurs, qui, cette fois, se montrent frustrés et impatients, et stigmatisent le manque de volonté du gouvernement de tenir ce tribunal. Le 15 août, Hun Sen relance un appel à tous les pays donateurs pour financer la quote-part du Cambodge. “S’ils ne donnent pas d’argent, je ne veux pas de tribunal dit-il.

“Tout le monde s’est empressé de donner de l’argent, mais personne ne semble s’être posé la question de la crédibilité d’un tel tribunal observe un diplomate occidental qui commence à se poser la question de savoir s’il ne perdait pas son temps et son argent.

ECONOMIE

Inflation

L’indice de hausse des prix à la consommation est monté de 1,43 % entre mai et juin, ce qui porte l’inflation depuis juin 2004 à 7,1 %. La hausse du pétrole est tenue pour responsable de cette inflation, renchérissant tous les produits. Le ministère des Finances prévoit un taux de croissance de 6,3 % pour l’année, contre 7,7 % l’an dernier, au lieu des 2 à 4 % prévus en début d’année. Il prévoit une moyenne de 6 % pour les trois années à venir. Le FMI, qui avait prévu un taux de 2,5 %, relève son évaluation à 5-6 %, dû à la bonne tenue du secteur textile et au boom du bâtiment. Un économiste cambodgien évalue la croissance réelle à 3 %.

Le secteur informel (agriculteurs, coiffeurs, taxi-motos, vendeurs, employés de petites entreprises non enregistrées) qui représente six mil-lions de travailleurs, est au cour de l’économie cambodgienne : il em-ploie 85 % de la main-d’ouvre, et contribue pour 62 % du PIB. On y constate beaucoup de travail non payé, discrimination homme-femme, travail des enfants, accès très difficile au crédit, extorsion de la part des autorités, etc. Ce secteur semble ignoré du gouvernement et des donateurs internationaux, et risque de disparaître. Des syndicalistes de ce secteur rejoignent les syndicats de l’industrie textile.

Taxes et impôts

Le 9 juillet, 570 000 litres d’essence de contrebande en provenance de Thaïlande sont saisis dans treize lieux de la région de Battambang. Cette saisie permet de mesurer l’ampleur de la contrebande. Le Cambodge importe pour 800 millions de dollars de produits pétroliers, soit 15 % de plus chaque année. Le gouvernement perçoit une taxe de 17 % sur les importations de produits pétroliers, ce qui explique la contrebande.

Les taxes et impôts auraient rapporté 251 millions durant les six premiers mois de 2005, soit une augmentation de 28 % par rapport à l’an dernier.

Tourisme

Durant le premier trimestre, le Cambodge a accueilli 682 431 visiteurs, soit une augmentation de 38,4 % par rapport à la même période de l’an dernier. Les Sud-Coréens arrivent en tête avec 19 %, devant les Japonais (8,8 %), 30 % arrivent directement à Siemréap.

A partir du 1er septembre, les établissements hôteliers de tous genres devront payer une taxe de 2 %, en plus de la TVA et des autres impôts auxquels ils sont soumis. L’argent récolté est destiné aux “budgets des provinces et des municipalités”.

La société singapourienne vend Le Royal, de Phnom Penh, et le Grand Hôtel, de Siemréap, au fonds d’investissement américain Colony Capital. Les employés se réjouissent de ce changement de direction qui respectera peut-être davantage les lois sociales.

Agriculture

Des accords sont passés entre la Thaïlande et le Cambodge pour permettre aux produits agricoles cambodgiens d’être vendus en Thaïlande sans taxes d’importation : tapioca, soja, maïs.

Deux cents bovins dans les provinces de Kompong Chhnang et Kompong Thom sont atteints de la fièvre aphteuse. L’épidémie est rapidement jugulée.

La saison des pluies est arrivée avec un bon mois de retard, et les pluies sont très inégalement réparties sur le pays. Certaines provinces subissent une sécheresse sévère (à Kompong Speu, seules 5 % des rizières ont été labourées, idem à Mong Russey). Les eaux du Mékong ont monté très rapidement durant la première quinzaine du mois d’août, dépassant la côte d’alerte à Stoeung Treng, ainsi qu’à Kompong Cham (15,27 m). Les chiffres avancés pour les superficies et les personnes sinistrées sont cependant peu crédibles, variant selon les intérêts politiques du moment ou les demandes d’aides.

Bois

Le 5 juillet, le gouvernement adresse une mise en demeure aux hauts fonctionnaires coupables de s’être accaparés des espaces forestiers, les sommant de les restituer à l’administration des forêts pour les replanter. Les réfractaires devront se démettre de leurs fonctions ou payer un droit d’occupation de 1 000 dollars l’hectare.

Le 18 juillet, quatre responsables de Global Witness, ONG spécialisée dans l’observation des forêts, limogée par le gouvernement, sont interdits d’entrée au Cambodge. En 1999, le gouvernement avait chargé l’ONG de la surveillance des forêts, puis lui avait retiré sa confiance en 2003. L’ONG venait de publier un dossier explosif sur la déforestation dans laquelle la plupart des dignitaires sont compromis. Deux mille exemplaires de ce dossier sont saisis par les douanes.

En dépit du moratoire décidé par le gouvernement, la déforestation continue à très grande échelle, concernant des milliers d’hectares. C’est l’ouvre d’hommes d’affaires et de militaires, en dépit des autorités locales qui ne peuvent rien contre ces “puissants” personnages.

Un rapport de la Société générale de surveillance (SGS), en date du 13 août, fait état de difficultés, (et même d’affrontements armés selon l’ONG britannique Oxfam), entre les agents de l’administration des forêts et les militaires, dans les région de Kratié et de Ratanakiri. Selon Global Witness, des zones de “développement militaire” s’étendraient sur 700 000 hectares, sans que l’on sache exactement ce que recouvre ce terme.

Le 27 août, le ministère de l’Environnement lance un mandat d’arrêt contre cinq contrevenants qui coupent des arbres dans la province de Bantéay Méan Chhey. Tep Kunnal, ancien chef Khmer rouge qui a épousé la veuve de Pol Pot, dénonce un gang armé qui a déboisé plus de 200 hectares depuis 2004 dans une zone protégée.

Selon le gouverneur de Kandal, plus de 1 000 hectares de forêt inondée, lieu de reproduction favori des poissons, ont été coupés dans la région durant les mois de juin et de juillet.

La société SRV, qui possède une agence de voyage à Phnom Penh, est autorisée par le ministère de l’Agriculture à ouvrir deux chantiers dans la province de Mondolkiri, pour récupérer 1 400 m3 d’essences précieuses saisies il y a quelques années. Plusieurs observateurs craignent que ce ne soit un moyen détourné pour lancer des coupes de bois illégales.

Caoutchouc

Le caoutchouc représente 4 % du PIB agricole, 4 % des exportations, occupe 27 000 personnes directement et 40 000 indirectement. Le programme de l’AFD (Agence française de développement) doit se terminer en 2006. Huit cents familles en ont bénéficié depuis son lancement en plantant 2 400 hectares. Cinq cents nouveaux hectares sont plantés chaque année. Le cours mondial du caoutchouc est de 1 343 dollars la tonne (contre 575 en 2001). Les plantations d’Etat échappent à tout contrôle financier de l’Etat.

Le chef de sécurité d’une concession de caoutchouc de Ratanakiri est porté disparu depuis le 5 juillet, sans doute assassiné par des trafiquants de caoutchouc (fonctionnaires, policiers, gendarmes).

Pêche

La BAD accorde un don de 300 000 dollars à l’Institut de recherche pour le développement de la pêche en eau douce. Les pêches intérieures du Cambodge sont au quatrième rang mondial en termes de prises. L’objectif de l’Institut est de pérenniser cette richesse naturelle. Le gouvernement s’engage à verser 60 000 dollars, et le Centre international pour la gestion des ressources halieutiques 50 000.

Deux études sont menées sur le Tonlé Sap et le Mékong, pour un coût de 950 697 dollars, accordés par le gouvernement belge pour connaître les travaux de dragage à effectuer.

King exporte tout le poisson d’eau de mer du Cambodge depuis 1997. Cette société est en train de creuser dix mares sur 13 hectares dans la région de Kompong Speu, pour y élever des poissons d’eau douce. Elle espère exporter 8 000 tonnes de filets de poisson vers les Etats-Unis, et de générer ainsi 28 millions de dollars de revenus. Actuellement le Cambodge exporte 40 000 tonnes de poissons d’eau douce, pour 35 millions de dollars, et 60 000 tonnes de poissons de mer, pour 35 millions.

Textile

La société américaine Gap, qui achète 30 % des vêtements produits au Cambodge, est plutôt satisfaite de l’amélioration des conditions de travail des ouvriers.

Le ministre cambodgien du Commerce se rend à Washington pour demander la suppression des droits de douane à l’entrée des produits cambodgiens aux Etats-Unis.

Grâce aux mesures prises par les Etats-Unis et l’Europe pour limiter les exportations chinoises, l’industrie textile cambodgienne n’a pas souffert de la suppression des quotas prévue par la fin des accords multifibres. La valeur des exportations de chaussures et de vêtements a augmenté de 74,4 % pendant les six premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’an dernier, atteignant 906 millions de dollars. Si neuf usines ont fermé, trente ont été créées. Les exportations vers les Etats-Unis ont augmenté de 19,4 %, alors que celles vers l’Europe ont diminué de 13,4 %. La production textile monte désormais en gamme (Gap, Mark & Spencer), la Chine ayant misé sur les produits bas de gamme, un terrain sur lequel le Cambodge ne peut rivaliser. La productivité peut être améliorée par de meilleures conditions de travail comme commencent à en faire l’expérience plusieurs patrons.

Mines

Une société russe a reçu une concession de 6 km2 dans la région de Païlin (Phnom Troap) pour y exploiter les pierres précieuses.

Une société britannique obtient l’accord de prospection pour l’implantation d’une usine d’aluminium pour une valeur de 3,2 milliards de dollars. Du jamais vu.

INVESTISSEMENTS ET AIDES

Le 6 août, Kit Meng est élu président de la Chambre de commerce du Cambodge. Les 3 000 commerçants de Phnom Penh ont dû élire 25 membres de la chambre sur 29. Comme les petits cadeaux entretiennent l’amitié, les candidats ont distribué des cartes de téléphone, de l’argent ou de l’essence aux électeurs. Kit Meng, 38 ans, est le patron du groupe de télévision CTN et de la compagnie Mobitel, son frère est le patron du consortium Royal Group. Il passe pour être doué dans le domaine des relations internationales, et donc pouvoir attirer des investissements étrangers. Il fait don de 100 000 dollars à la Chambre de commerce, dont les besoins de fonctionnement s’élèvent à 300 000.

Du 3 au 8 juillet, le Premier ministre se rend en Chine. Il en revient avec 400 millions de dons, de prêts et de promesses d’investissement : 300 millions pour la construction d’une centrale hydroélectrique de 180 MW à Phnom Kamchay (Kampot), 30 millions pour la construction du nouveau bâtiment pour le Conseil des ministres, 60 millions pour l’achat de bateaux pour patrouiller les eaux nationales. La Chine fait également don de 200 moto-pompes, de 30 camions anti-incendie. Un prêt est accordé pour terminer la route de Kratié à la frontière laotienne. Avant son départ, le Premier ministre avait déclaré que les barrages hydroélectriques construits par la Chine sur le Mékong n’affectaient pas les pays en aval. Un autre projet hydroélectrique de 40 à 50 millions de dollars est projeté dans les mois à venir à Kirirom. Le 22 août, la Chine fait un nouveau don de 10 millions de dollars en matériel au ministère des Transports.

En plus des prêts et des dons, la Chine est le plus gros investisseur étranger au Cambodge, avec 401 millions de dollars, bien loin devant ses concurrents (Thaïlande 21, Corée du Sud 8,5, Etats-Unis 4,4).

Les diplomates et hommes d’affaires étrangers ne savent pas grand-chose des aides et des investissements chinois. Ils pensent que la Chine veut gagner de l’influence au Cambodge, sans exiger de réformes ni le respect des droits de l’homme, comme d’autres. Pékin espérerait installer une base navale à Réam, près de Sihanoukville, ce qui lui permettrait de surveiller plus facilement le détroit de Malacca, par où transite son pétrole importé du Moyen-Orient. La Chine ne participe pas à la réunion des pays donateurs.

Le 12 juillet, une banque d’Etat vietnamienne s’installe à Phnom Penh sous le nom .

Le 3 août, la compagnie cambodgienne AZ, dirigée par un sénateur PPC, et qui a déjà reçu la concession du péage de la route nationale 4, obtient une licence d’opérateur téléphonique. La Chine a accordé un prêt de 30 millions de dollars au gouvernement qui le remet à AZ. On s’étonne de ce que le gouvernement joue un rôle d’intermédiaire pour une société privée, ce qui peut également nuire aux quatre autres sociétés.

Le 11 août est lancé le chantier de la première zone économique spéciale (ZES), près de Bavet, à la frontière vietnamienne. Une première tranche de travaux, menée par la société Manahan, est prévue sur 80 hectares, sur un total de 240, et demande un investissement de trente millions de dollars. L’électricité viendra du Vietnam, les produits viendront et repartiront par les excellentes autoroutes vietnamiennes. Les six ZES prévues seront toutes proches des frontières thaïlandaises et vietnamiennes (Takéo, Kompong Cham, Snoul, Koh Kong, Poïpet et Païlin) pour attirer les investisseurs des pays voisins qui profiteront d’un système fiscal extrêmement favorable : exemption de taxes à l’import et à l’export, pas d’inspection de la SGS, autorisation d’employer 10 % de travailleurs étrangers, contrôle des syndicats, statut de résident permanent pour les expatriés, les investisseurs, même étrangers, jouiront de la propriété du terrain. Les journalistes et les ONG ne seront pas admis dans ces zones. L’OIT s’inquiète des retombées sociales de tels projets, de la perspective qu’ont les investisseurs d’employer “une main-d’ouvre bon marché, docile et non syndiquée 

La société Atwood investit 89 millions de dollars pour la ZES de Sihanoukville (Stoeung Hauv). La construction commencera en octobre. Déjà dix usines étrangères ont montré leur intérêt pour s’y installer. Comme par hasard, l’épouse du ministre du Commerce est actionnaire de la dite société depuis le 2 juin 2003.

Une société de fournisseurs d’accès à Internet se crée grâce à un prêt de 450 000 dollars de l’association du personnel du ministère des Postes et Télécommunications (MPTC). Treize jours après l’ouverture, les deux créateurs de la société sont licenciés et remplacés par un agent de Camintel, dont 51 % du capital est détenu par le MPTC.

Le 12 août, la société malaisienne Ariston, qui avait reçu des concessions pour onze projets en 1995, pour une valeur de 1,8 milliard de dollars, mais qui n’en a réalisé qu’un seul, rend à l’Etat les terres et propriétés accordées, à l’exception du casino Naga de Phnom Penh. Sur les dix autres projets, Ariston a investi trois millions de dollars qui lui seront remboursés par des exemptions de taxes pendant les trois prochains mois.

La société danoise Carlsberg acquiert 50 % du capital de la brasserie cambodgienne Cambrew. La société est déjà présente en 130 pays.

Le 17 août, sans aucun appel d’offre, la société Sokha Hôtel (appartenant à Sok Kong, patron de la Sokimex, et frère de Sok An, ministre du Conseil des ministres) obtient le renouvellement de son bail pour la billetterie d’Angkor qu’elle détient depuis cinq ans. Désormais, elle ne jouira que de 20 % des bénéfices engrangés au lieu de 25 % comme par le passé. En 2004, les recettes s’étaient élevées à plus de dix millions de dollars. Moeung Son, président de l’association des entreprises de tourisme, s’était porté candidat, mais n’a jamais été contacté. Le même investisseur se propose de construire un centre commercial dans la presqu’île de Chruy Changvar (Phnom Penh) sur une superficie de vingt hectares, pour un coût de cent millions.

Le 29 août, le Japon accorde une aide de treize millions de dollars pour rénover un hôpital à Bantéay Méan Chhey, bâtir des écoles et renforcer un projet de contrôle des maladies infectieuses.

Le 29 août, le Premier ministre fustige ses ministres peu compétents, qui sont “comme des enfants qui sucent leur pouce et les experts étrangers “opportunistes et onéreux qui dépensent chaque année 115 millions de dollars en frais d’avion, hôtels cinq étoiles, en séminaires et rapports inutiles. D’après le responsable d’une ONG d’observation des droits de l’homme, le Cambodge a les ressources humaines nécessaires pour diriger le pays, mais les postes importants sont attribués par clientélisme, et non en fonction de critères liés à la compétence des personnes.

SOCIETE

Salaire des fonctionnaires

Un décret signé le 3 août réorganise les primes mensuelles versées en sus des salaires des fonctionnaires, en fonction de leur ancienneté et de leurs compétences. Les quelque 1 000 hauts fonctionnaires, la plupart du PPC, se voient gratifiés de 175 dollars (250 % d’augmentation), et les enseignants entre 21 et 8 dollars (50 à 100 %). L’instituteur de base gagnera donc désormais 30 dollars (alors qu’il en faut environ 100 pour vivre décemment). Officiellement, cette hausse des salaires provient d’une meilleure collecte des taxes et coûte au gouvernement douze millions de dollars.

Justice

Le 28 juin, Hun Sen adresse une note au ministère de la Justice et au Conseil supérieur de la magistrature, pour leur rappeler sa politique de “main de fer” : prendre des mesures “urgentes” pour mettre fin aux dysfonctionnements de la justice et punir “les juges et procureurs fautifs” qui ont fait libérer plus de 300 criminels dont il avait ordonné la ré-arrestation. Cette mesure place la justice sous la mainmise totale de l’exécutif. Par exemple, le juge Yam Yet, de Battambang, chargé d’instruire le dossier des juges corrompus de Phnom Penh, est suspendu le 13 août, pour avoir déclaré un non-lieu concernant une personne suspectée de vol et réincarcérée sur ordre de Hun Sen, et qu’il déclare innocente.

Deux innocents condamnés pour meurtre en 1998, sont reconnus implicitement innocents le 18 juillet, par la condamnation du vrai meurtrier. Ils restent en prison, car ils ne possèdent pas les 500 dollars qu’on leur demande, pour leur remise en liberté.

Le 15 août, la cour de Battambang prononce un non-lieu à l’égard des 127 policiers et gendarmes mis en examen pour la fusillade du 21 mars à Poïpet, qui a fait six morts parmi des paysans dépossédés de leurs terres. Les suites sont abandonnées contre les 36 paysans accusés d’avoir blessé les policiers. Un gendarme demeure inculpé, mais reste en liberté. “C’est un encouragement pour les forces armées d’utiliser la violence contre le peuple innocent déclare Sam Rainsy. Le Comité d’action de défense des droits de l’homme au Cambodge, représentant dix-huit ONG, dénonce ce non-lieu et demande la réouverture de l’enquête. “Le gouvernement et la cour ont grossièrement violé les droits des 218 familles de Poïpet commente un rapporteur spécial de l’ONU, en visite sur place. Dans un courrier du 11 août, le gouverneur de la province demande aux 218 familles d’aller s’installer ailleurs.

La crise du barreau s’éternise. Ky Tech, bâtonnier qui n’a pas accepté sa défaite aux élections, intente un procès à Suon Visal, le 30 juin, pour avoir fabriqué un sceau et siégé à sa place. Les ONG de défense des droits de l’homme se disent “désorientées” par une telle plainte. Le 19 juillet, l’Association internationale des barreaux, qui comprend 190 associations et 16 000 membres, proteste contre cette plainte. Le barreau est responsable de l’administration des centres d’examens, de l’approbation des listes des candidats en première année, et est chargé de fournir les postes d’enseignants (donc beaucoup d’argent à gagner). Après deux jugements, le 26 juillet, la cour d’appel de Phnom Penh maintient provisoirement Ky Tech à la tête du barreau. L’Agence japonaise de coopération internationale (JICA) boycotte les cérémonies du dixième anniversaire de la création du barreau, le 22 août.

Le 11 juillet, le Conseil supérieur de la magistrature se réunit sous la présidence du roi Sihamoni. Le Conseil décide du principe de la rotation de 25 % des magistrats, pour assurer leur indépendance de pressions diverses. Par exemple, Hing Thirith, qui avait déclaré un non-lieu pour les deux suspects du meurtre de Chéa Vichéa, en mars 2005, se retrouve à Stoeung Treng, puis est suspendu pour un an sans que soient révélé les raisons de cette mesure.

Le 1er août, deux présumés suspects du meurtre du syndicaliste Chéa Vichéa, le 22 janvier 2004, sont condamnés à vingt ans de prison. Tous les observateurs s’accordent à dire que le dossier est totalement vide, que les témoins du crime et de la défense n’ont pas été interrogés : “C’est ridicule “c’est un exemple patent des pressions politiques sur la justice etc. Le roi-père stigmatise le jugement de “honte pour notre pays et donne 200 dollars à chaque famille. La fédération internationale des ouvriers du cuir et du textile, rassemblant 220 organisations et 110 millions de membres en 110 pays, appelle à rechercher les vrais assassins. “Ce procès était une farce, et fait apparaître le Cambodge sous un mauvais jour alors que le pays compte sur sa bonne image dans le domaine des conditions sociales pour trouver des acheteurs à ses produits. Pour le directeur d’ADHOC, la nouvelle politique de Hun Sen, dite de la “main de fer a supprimé l’indépendance des juges qui n’ont d’autre choix que de suivre la ligne gouvernementale, de peur d’être limogés.

30 000 affaires civiles et militaires sont en attente de jugement, par manque de juges. Les juges sont au nombre de 120.

Les autorités déplorent une augmentation du nombre de crimes commis durant la première moitié de l’année, par rapport à l’an dernier (512, dont 300 agressions à main armée, contre 427). En revanche, la police affirme avoir fermé dix bordels, arrêté quatorze de leurs patrons, libéré 114 femmes, confisqué 51 341 pilules de yaba, 1 839 d’ectasy et appréhendé 108 dealers.

Le 17 août, le général Hin Bun Héang, chef des gardes du corps de Hun Sen, menace de traîner en justice tout journal qui affirmera qu’il est responsable de l’attentat du 30 mars 1997 qui a fait 17 mort et plus de 120 blessés. Sa responsabilité est pourtant évidente.

Mouvements sociaux

Les 20 et 22 juillet, quarante-huit employés de l’usine textile Dai Young s’évanouissent, sans doute sous l’effet de vapeurs des textiles, mais sans doute aussi par manque de nourriture équilibrée. Le 15 août, dix-sept autres sont pris de malaises semblables.

Début juillet, les syndicats et la direction de la Compagnie concessionnaire des aéroports signent une convention collective fondée sur le code du travail qui est une convention modèle. Les employés du secteur hôtelier haut de gamme veulent la prendre comme modèle.

Le 8 août, plusieurs centaines d’ouvriers des 476 salariés de l’usine textile Ospinter manifestent contre la fuite de leur patron taïwanais, le 14 juillet, sans avoir réglé le salaire de ses ouvriers des mois de juin et juillet, ni leur prime de licenciement. Les syndicalistes demandent la saisie des biens de leur employeur, et découvrent qu’il possède un terrain d’une valeur de 900 000 dollars, alors que le paiement de leurs salaires et indemnités s’élève à 290 000.

Le 15 août, plus de 130 militaires handicapés, représentant 1 425 soldats démobilisés en 2001, manifestent à Phnom Penh devant la maison de Hun Sen : ils n’ont pas reçu leur pension de deux dollars mensuels en 2001, 2003 et 2005. Leurs pensions de 2002 et 2004 ont été amputées de 20 %. Ils sont expulsés manu militari.

Le 22 août, un syndicaliste est séquestré par la direction de l’usine Universal. Il est libéré, puis licencié.

Spoliations

La plupart des conflits fonciers signalés durant les dernières livraisons restent sans solution, alors qu’éclatent de nouveaux conflits. Un seul cas de résolution au profit des personnes spoliées est à signaler : seize hectares de terres volés par des fonctionnaires sont rendus à la minorité Kreung, dans la province de Ratanakiri.

Selon la Licadho, ONG de défense des droits de l’homme, six des neuf plaintes déposées auprès d’elle pour des litiges fonciers mettent en cause des militaires. L’ONG met en rapport cette augmentation du nombre des litiges avec l’augmentation de la valeur des terrains.

Dans la province de Mondolkiri et Ratanakiri, le 5 juillet, Peter Leuprecth, représentant spécial du secrétaire général de Nations Unies pour le respect des droits de l’homme au Cambodge, demande l’annulation pure et simple de la concession accordée à la société chinoise Wuzhishan, qui continue à planter des pins sur des terres contestées par la minorité Phnong, en dépit d’un décret du Conseil des ministres en date du 17 juin. Un comité interministériel est formé depuis le 29 juin pour régler le problème posé par la société chinoise.

Le 7 juillet, plus de 1 000 Phnongs déterminés manifestent. Le gouverneur de Mondolkiri se sent obligé d’aller à leur rencontre pour éviter des débordements lors de la visite du roi, le 9 juillet, pendant laquelle les manifestants ne peuvent approcher le roi. Le roi exprime toutefois sa tristesse et sa solidarité, et celle de ses parents, avec les minorités. Il recommande le respect de l’environnement.

Par ailleurs, la société Wushishan est accusée d’avoir empiété sur une concession de 10 000 hectares accordée à la société japonaise Marubini pour y planter des hévéas. Le 26 juillet, un comité interministériel ordonne à la société Wuzshishan de rendre 7 000 hectares (déjà plantés en pins) à la société Marubini. Wuzhishan a déjà planté 16 000 hectares (sa concession n’était que de 10 000 !).

Le 2 août, les autorités provinciales détruisent un barrage situé dans la plantation de la Wuzhishan qui contrariait un projet de construction de trois barrages hydrauliques que le Japon finance pour un budget de 377 000 dollars.

Le 19 juillet, le chef-adjoint de la police du srock de Bokéo est tué par un individu qui menaçait de mort la présidente de l’Association des Montagnards. Ce même individu est abattu par la police le 4 août. ADHOC suppose qu’on “a voulu le faire taire”.

Cinq cents dollars seront accordés à chaque village pour faire des offrandes aux esprits de la forêt offensés par les méfaits de la société Wuzhishan. ADHOC craint que ce cadeau ne leur fasse oublier la lutte pour récupérer leurs terres. Les villageois demandent à ce que les plantations s’installent à 10 km. au-delà de leurs villages. La société Wuzhishan plante des pins jusqu’à 500 m de leurs villages. Le 18 août, la société Wuzhishan reprend ses opérations de plantations.

Le 19 juillet, le gouverneur de Mondolkiri demande aux ONG de détailler à l’avance par le menu toutes leurs activités et leurs objectifs. “Ce sera ainsi plus facile de coopérer dit-il. Cette mesure est appliquée également dans les autres provinces.

Les habitants d’un village proche de Lumphat (Ratanakiri) réclament un terrain de 200 hectares qu’un général a discrètement négocié avec les autorités en 1996. Ils proposent aux paysans un prix dérisoire (0,25 c par anacardier planté depuis plus d’un an et 10 dollars par lot). A Bokéo, ce même général a dû rendre un terrain forestier de 1 200 hectares aux paysans, selon les ordres du Premier ministre.

L’ADHOC demande par écrit à l’administration forestière de Ratanakiri d’empêcher la vente de 150 hectares de bois situés dans la commune de Batang (Lumphat) à des commerçants qui affirment en être propriétaires. Vivent dans cette forêt 121 familles.

Kandal

Le 6 juillet, la police, fortement armée, chasse 32 familles d’un terrain de 20 hectares que ces familles occupaient légalement, avec des titres de propriété, depuis 1979, à Russey Kéo (Phnom Penh).

Le 10 juillet, 16 des 25 familles vivant dans l’enceinte de l’université des Beaux-arts (URBA) acceptent un dédommagement de 3 000 dollars pour se déplacer à l’extérieur de la ville, où elles ont reçu un petit terrain de la part du groupe Mong Reththy. Mais le terrain accordé n’a ni viabilité, ni eau, ni électricité. La dernière famille à résister obtient 16 000 dollars et un terrain de 25 m sur 20. Le rapporteur de l’ONU s’interroge sur la légalité du transfert de propriété d’Etat à la société Mong Reththy.

Plus de deux cents familles écrivent au Premier ministre après qu’un homme d’affaires ait annoncé un projet de construction d’un centre commercial et un jardin sur les 8,5 hectares où elles vivent, au bord du Bassac.

Une ONG inconnue, présidée par Chéa Sim, président du Sénat, portant le nom de Kamfith, arrive sans prévenir, avec des bulldozers dans plusieurs villages de Khien Svay, certains hommes sont armés de fusils d’assaut AK 47, pour creuser un canal, tout en détruisant les rizières. L’ONG se propose de raser six villages. Ce terrain de 5 km. sur 4 a été donné en concession au cabinet de Chéa Sim en 1999.

Le 1er août, trois cents maisons de squatters sont rasées par les bulldozers de l’armée, dans le secteur de Russey Kéo, sur une superficie de deux hectares appartenant à un homme d’affaires cambodgien.

Kompong Thom

Le 20 juillet, la police délivre le chef de la commune de Sala Visai (Kompong Thom), séquestré par 200 villageois qui l’accusent d’avoir aidé un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur à vendre 9 863 hectares de leurs terres, en 2004, à la société Amadi, pour y planter des acacias et des pins. Des menaces de mort circulent contre toute personne refusant de vendre son terrain pour 14 dollars l’hectare. 750 familles sont concernées. La société a déjà défriché 200 hectares.

Le 25 juillet, deux cents villageois de Prasat Sambo (Kompong Thom) manifestent contre la spoliation de cent hectares par les autorités locales qui menacent les manifestants de prison.

Pursat

Le 6 juillet, les autorités de Pursat détiennent durant plusieurs heures des agents de trois ONG locales de défense des droits de l’homme qui prenaient des photos de soldats en train de détruire des maisons à Kravanh. La société Ratanak Visal construit un barrage sur une rivière qui coupe les voies d’eau des paysans, et entreprend d’abattre la forêt.

Kompong Speu

Le 23 juillet, trente-cinq villageois de Samrong Thom (Kompong Speu) manifestent à Phnom Penh pour protester contre des militaires qui se sont emparés de 44 hectares où ils vivent depuis 1993. Ils déposent une pétition auprès du Premier ministre.

Un colonel est surpris en train de clôturer un terrain de deux à trois hectares dans le parc naturel de Kirirom comme lui appartenant en propre.

Sihanoukville

Le gouverneur de Sihanoukville menace d’expulser 71 familles installées sur les cinq hectares de la maison royale depuis 1990. Le 26 juillet 1992, le roi avait autorisé ces familles à y demeurer. Peut-être des personnages importants se cachent derrière ces villageois.

Une concession de 53 hectares en bord de mer, accordée jadis à la société malaisienne Ariston, est remise au ministère du Tourisme. Mais la terre est déjà squattée par “de puissants personnages”. “Personne n’ose s’y attaquer, de peur de perdre une étoile.”

Parmi les expulsés de Phum Poy Tamoung par le groupe Kong Triv, deux enfants meurent faute d’avoir pu recevoir des soins, plusieurs expulsés sont dans un état critique.

Des clôtures en briques sont apparues curieusement autour de propriétés d’Etat à Sihanoukville.

Le 9 août, quatorze familles de Koh Kong reçoivent une lettre leur enjoignant de quitter leurs terres dans un délai de 45 jours, pour créer un parc public. Le 5 août, quatre-vingt villageois protestent contre la perte de leurs terres où ils vivent depuis les années 1980, spoliées par un homme de Phnom Penh qui assure en être le propriétaire.

Vingt-et-une familles habitant l’île de Koh Tonsay sont sommées de quitter les lieux qui sont accordés à trois sociétés privées travaillant dans le domaine touristique.

Oddar Méan Chhey

Le 28 juillet, environ cinquante soldats brûlent trois maisons dans un village d’Oddar Méan Chhey et menacent d’en brûler vingt autres si les propriétaires refusent de déménager. Ce terrain, de 300 m sur 600, avait été promis aux soldats démobilisés en 2002.

Kompong Chhnang

Le 28 juillet, une centaine de villageois de Otanes et de Kosomak (Kompong Chhnang) se réunissent devant l’Assemblée nationale pour protester contre la vente de 270 hectares par leurs chefs de village à des sociétés, pour y planter des acacias, sans consultation et sans dédommagement. Le 28 juin, deux villageois ont été emprisonnés. Les villageois sont reconduits de force par camions. Depuis leur retour, ils se cachent, de peur d’être arrêtés par la police. “Ils sont plus cruels que les Khmers rouges déclare l’un d’entre eux.

Le 29 juillet, deux cents familles du village de Trapéang (Snoul) prennent le relais des manifestants de Kompong Chhnang pour protester contre la destruction de leurs maisons et de leurs cultures par la police qui a tout brûlé, le 16 juillet dernier.

Battambang

Le 4 juillet, une mystérieuse ONG de défense des militaires handicapés, armée d’AK-47, détruit sous la menace des rizières au bulldozer dans la région de Bavel et de Banan.

Préah Vihéar

Beaucoup de gens, spécialement des “officiers de haut rang s’approprient les terres proches du temple de Préah Vihéar.

Vente de biens nationaux

La prison de Kompong Cham, qui occupe 1,29 hectare en plein cour de la ville, est cédée à la société Thary Péanic, propriétaire d’une plantation de caoutchouc, qui doit construire une autre prison à Tbaung Kmum, d’une superficie de 2 hectares. On ignore le montant de la transaction. La prison héberge actuellement 425 prisonniers dans huit dortoirs-cellules. Treize d’entre eux se sont évadés le 4 juillet. Le directeur et son adjoint ont été limogés.

Un accord du Conseil des ministres en date du 24 mai accorde à la société Mong Reththy la construction du ministère de la Justice, de la Cour d’appel et de la Cour suprême, sur un terrain de 22 284 m2, près de l’Académie royale. Les travaux devraient durer trois ans et le coût s’élever à dix millions de dollars.

Le 6 juillet, un terrain de 14 170 m2 appartenant jadis au Palais royal, puis au ministère de l’Intérieur, est accordé, sans appel d’offre, à la Phanimex, qui y construira des entrepôts et une école de police sur un terrain de 8 hectares, le long de la nationale 4. Certains voudraient lui acheter ce terrain entre 200 à 300 dollars le m2, mais il en vaut au moins 550, soit une somme totale de 7,9 millions. Le 13 juin, Hun Sen avait interdit toute vente et tout échange de biens nationaux. mais l’accord du Conseil des ministres date du 6 juin. Ranariddh se montre très mécontent de cet échange, car ce terrain appartenait jadis au Palais royal, et la Phanimex risque d’y construire un gratte-ciel.

Le 22 août, un représentant du Haut Commissaire pour les droits de l’homme au Cambodge se rend en plusieurs endroits proches de la capitale où ont éclaté des conflits fonciers non encore réglés.

Education nationale

Avant la tenue des examens du brevet et du baccalauréat, quatre-vingt enseignants sont sanctionnés pour faute lors des derniers examens.

Plus de 1 000 instituteurs de la province de Bantéay Méanchey reçoivent 89 000 dollars d’arriérés pour heures supplémentaires non payées en octobre-décembre derniers. Selon Rong Chhun, secrétaire de l’association indépendante des enseignants du Cambodge, ce retard est à mettre au compte de la corruption des officiels qui placent l’argent et en récoltent les intérêts.

L’USAID accorde un don de 34,7 millions de dollars pour la santé et l’éducation, par le biais de plusieurs ONG. L’aide américaine totalisera 55 millions de dollars cette année.

111 128 élèves passent le diplôme (brevet) dans 4 548 classes, en 235 centres. Des intermédiaires proposent le diplôme contre 80 à 100 dollars, à condition qu’on leur donne le nom de l’élève, sa date de naissance et son centre d’examen. Normalement, un élève doit obtenir 250 points pour être reçu. Mais vu l’état misérable de l’enseignement, et pour avoir de bons pourcentages de réussite, on a abaissé la moyenne jusqu’à 210 en province pour passer en 10ème (seconde française). Ainsi le ministère peut arborer un taux de réussite de 89 % ! Rong Chhun s’insurge : “Nous avons besoin de qualité, non de gens avec un faible niveau d’éducation.”

1,3 million de dollars sont affectés à l’examen du baccalauréat, pour 47 870 élèves, répartis en 84 centres. Comme d’habitude, cet examen est l’occasion de fraudes organisées. La veille de l’examen, Rong Chum, président de l’Association indépendante des Enseignants du Cambodge, a pu acheter un corrigé des épreuves de géométrie et d’algèbre pour 2,5 dollars pièce. Dans les salles d’examen, les surveillants (venant de province) ont exigé un peu plus d’un dollar par élève. Si un candidat était pris en possession d’une anti-sèche, dix dollars suffisaient à faire fermer les yeux (un témoin oculaire).

113 étudiants cambodgiens, dont 83 nouveaux, bénéficient d’une bourse pour continuer leurs études supérieures en France, spécialement en droit et sciences économiques. La France reçoit 250 000 étudiants étrangers par an. Environ 700 Cambodgiens sont inscrits dans l’enseignement supérieur français.

Santé

Bien que la lèpre ne soit plus considérée comme un problème de santé publique (moins d’un cas pour 10 000 personnes), 4 000 nouveaux cas ont été décelés entre 1999 et juin 2004.

Pour la deuxième année consécutive, une délégation d’une trentaine de personnes, dont douze médecins, de l’hôpital d’Hô Chi Minh-Ville, viennent gratuitement opérer des malades des yeux au Cambodge, pendant une semaine. Dans le cadre de la coopération entre Hô Chi Minh-Ville et Phnom Penh, 535 personnes ont ainsi été opérées de la cataracte.

DIVERS

Le 7 juillet, dans la province de Kompong Speu, une femme accusée de sorcellerie est tuée par les villageois en colère.

Le 15 juillet, un plan directeur du développement de Phnom Penh d’ici l’an 2020, établi avec l’aide notamment de la Coopération française, prévoit l’installation de 2,5 millions de personnes. La population actuelle de la ville se situe à environ 1,3 million habitants (1,7 avec son agglomération), et connaît un taux d’accroissement de 3,2 % par an, soit 40 000 nouveaux arrivants chaque année. Il est prévu que la ville s’étende sur un rayon de 30 km. autour du Vat Phnom. Le prix des terrains monte en flèche.

Le 26 juillet, le directeur de l’UNESCO confie au gouvernement la somme de 80 000 dollars pour aider à la sauvegarde du Ballet royal, plus une enveloppe de 2,4 millions pour financer la troisième tranche des travaux de rénovation du Bayon, financée par le Japon et qui doivent durer cinq ans.

Les 150 000 réfugiés cambodgiens aux Etats-Unis forment la plus importante population réfugiée dans ce pays. Vingt ans après leur exode, deux tiers des adultes souffrent d’un stress post-traumatique et plus de la moitié de fortes dépressions.