Eglises d'Asie – Bangladesh
Dans un village du nord-ouest du pays, au sein de la communauté catholique, ce sont les hommes du village qui récitent la prière du rosaire
Publié le 18/03/2010
Cette rencontre hebdomadaire entre hommes consolide la foi et la solidarité de cette petite communauté catholique, relativement isolée dans une population très majoritairement musulmane. « Nous ne nous rencontrons pas seulement pour prier, explique Clément Rozario, un commerçant de 45 ans. Chaque semaine, après la prière, nous parlons de nos problèmes, échangeons nos idées, partageons joies, peines et soucis, sans oublier ceux qui sont en difficulté. »
Les rencontres ont lieu à tout de rôle chez l’un ou l’autre. Après la prière du rosaire, ils lisent un passage de la Bible et le commentent ensemble. Une quête alimente une caisse de secours. Elle a servi, par exemple, à Nirmal Rozario, un ouvrier de 43 ans dont l’état de santé exigeait un traitement au-dessus de ses moyens. L’homme a été soigné, après avoir reçu 5 000 takas (environ 70 euros). Cette caisse de solidarité sert également à assurer des funérailles décentes pour les familles démunies en cas de malheur.
Traditionnellement, ce sont les femmes qui sont les plus assidues à la prière du rosaire, à Uttar Gosaipur comme ailleurs. Mais, dans ce village, les hommes ont pensé qu’il serait bon d’instaurer une tradition de rencontre régulière pendant le mois de mai, le mois de Marie. Par commodité, les femmes prient généralement l’après-midi, pendant que les hommes travaillent ; ces derniers ont donc décidé qu’ils se réuniraient le soir, après le travail. C’est Sudhir Costa, un des villageois, qui, en juin 2001, a suggéré de continuer ces rencontres de prière tout au long de l’année. « Depuis, nous nous retrouvons tous les vendredis chez l’un ou l’autre pour prier explique-t-il. Au Bangladesh, pays musulman, le vendredi est jour chômé.
Le P. Joseph Gariboldi, vicaire de la paroisse locale et prêtre de l’Institut pontifical des Missions étrangères (PIME), a procuré au groupe d’hommes livres de chant en bengali, livres de prières et rosaires. Avant de changer de paroisse, le missionnaire italien participait parfois à leurs rencontres. Selon Jogen Julian Besra, âgé de 45 ans, membre du groupe de prière, l’expérience des hommes de ce village est unique au Bangladesh. Il espère que l’initiative sera reprise ailleurs, dès lors qu’elle a reçu un écho dans le bulletin diocésain, et qu’elle pourra servir d’exemple à d’autres villages catholiques.
Fondé en 1989, le village d’Uttar Gosaipur vit en partie de l’Eglise. En effet, la moitié des foyers ont un membre qui travaille pour une ONG ou une institution liée à l’Eglise. Dans le diocèse de Dinajpur, Uttar Gosaipur est un de soixante-huit villages de la paroisse de Suihari, qui compte 4 000 catholiques.