Eglises d'Asie

A l’issue du Synode des évêques sur l’Eucharistie, le pape Benoît XVI a envoyé « un salut fraternel aux évêques de l’Eglise en Chine »

Publié le 18/03/2010




Le 23 octobre dernier, place Saint-Pierre, le pape Benoît XVI a concélébré avec les Pères synodaux la messe de clôture du Synode des évêques sur l’Eucharistie et l’année dédiée à ce sacrement. A cette occasion, le pape a tenu publiquement, avec les Pères synodaux et au nom de tout l’épiscopat, à « envoyer un salut fraternel aux évêques de l’Eglise en Chine ». En référence aux quatre évêques chinois invités au Synode qui n’ont pas été autorisés par les autorités chinoises à quitter leur pays pour se rendre à Rome (1), « nous avons ressenti avec beaucoup de peine, a-t-il dit, [leur] absence. Mais je tiens cependant à assurer tous les prélats chinois que, par la prière, nous étions près d’eux, de leurs prêtres et de leurs fidèles. Le douloureux cheminement des communautés qui leur sont confiées est présent dans notre cour. Parce qu’il participe au mystère pascal, à la gloire du Père, ceci ne restera pas sans porter de fruits. »

La veille, le Vatican avait rendu public le texte de la lettre que les Pères synodaux avaient envoyée aux quatre évêques en question, dont l’absence durant toute la durée du synode, du 2 au 23 octobre, a été symbolisée par quatre fauteuils laissés vides dans la salle de réunion des évêques et des délégués au synode. Dans cette lettre, rédigée en latin et adressée à Mgr Li Du’an, Mgr Li Jingfeng, Mgr Jin Luxian et Mgr Wei Jingyi, il était aussi question de « salutations fraternelles et cordiales ». « Votre absence des travaux synodaux a causé une profonde déception dans notre âme. Nous aurions été heureux de vous rencontrer et d’entendre raconter de votre propre voix l’histoire de votre expérience ecclésiale, source de souffrances et de fruits, pouvait-on lire dans la lettre. Tout cela n’a pas été possible, mais nous vous assurons que vous et toute l’Eglise qui est en Chine êtes particulièrement présents dans notre cour et dans notre prière. »

Rappelant que c’est dans l’Eucharistie que tous les catholiques sont « en communion avec le Christ et avec l’Eglise universelle les membres du Synode écrivent encore : « De tout cela, en union avec vous, nous rendons louange au Père éternel, source de tout bien, c’est de son cour que jaillit cet amour qui se déverse en nous à travers l’Esprit du Seigneur ressuscité, qui fait que nous n’avons ‘qu’un cour et qu’une âme’. » Après ce rappel théologique de la source de l’unité des catholiques, ils ajoutent souhaiter que « toutes les communautés ecclésiales en Chine fleurissent dans l’écoute de la Parole, dans la célébration du mystère pascal et dans le service généreux aux frères ». Plus concrètement, ils formulent le souhait « que l’on puisse rapidement trouver des chemins afin de rendre plus visible encore la pleine communion avant de conclure en confiant ces voux « à la Très Sainte Vierge Marie, Mère de l’Eglise ».

Quelques jours plus tôt, le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, avait informé les Pères synodaux que Mgr Lucas Li Jingfeng, au nom des quatre évêques invités par le pape, avait écrit à Benoît XVI. Dans cette lettre écrite en latin et dont le contenu n’a été qu’en partie rendu public, l’évêque du diocèse de Fengxiang, dans le Shaanxi, écrit que lui et ses trois collègues dans l’épiscopat regrettent de ne pouvoir participer aux travaux du synode et disent leur souhait de voir s’établir des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Chine. Mgr Lucas Li y précise aussi qu’en plus de « [sa] maladie d’autres « raisons objectives » l’ont empêché de se rendre à Rome. Arrivée le 6 octobre au Vatican, la lettre n’a pas été immédiatement communiquée à l’assemblée synodale, les responsables du Vatican espérant sans doute que Pékin autoriserait finalement les évêques invités à partir pour Rome. Le 17 octobre, tandis que le synode entrait dans sa dernière semaine, les délégués ont écouté le cardinal Sodano faire état de cette lettre puis ont ensuite spontanément applaudi, exprimant ainsi leur solidarité avec l’Eglise catholique en Chine. Selon l’agence Ucanews, une autre lettre, rédigée celle-ci par Mgr Wei Jingyi, évêque « clandestin » de Qiqihar, a été adressée au pape ; elle est arrivée au Vatican après le début du synode et son contenu n’a pas été dévoilé.

Enfin, on peut noter que le conseil post-synodal, qui a pour tâche d’évaluer les travaux du synode et d’assister le pape pour la rédaction de l’exhortation apostolique post-synodale et dont les membres sont pour partie élus par les évêques et pour partie nommés par le pape, comprend Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong. Lors du synode, Mgr Zen avait affirmé l’unité des communautés catholiques en Chine, les « clandestins » et les « officiels » ne formant « en réalité qu’une seule Eglise parce que tous veulent être unis au pape ». Exprimant l’espoir que, face à ce « sensus Ecclesiae » des catholiques chinois, le gouvernement chinois finira par « voir l’avantage d’en venir à une normalisation de la situation Mgr Zen avait ajouté que « des résistances » à ce changement pouvaient venir d’« éléments conservateurs au sein de l’Eglise « officielle » agissant pour des motifs d’intérêts évidents ». Pour nombre de délégués au synode, l’intervention de Mgr Zen au synode signifiait que, malgré des difficultés telles que celles faites aux évêques chinois invités à Rome par le pape, la situation en Chine évoluait lentement mais sûrement de manière favorable pour les catholiques locaux, les tentatives du pouvoir chinois de briser l’union reliant ces derniers au Saint-Père ayant échoué.