Eglises d'Asie

Inquiets face à la progression du sida, les représentants des différentes confessions religieuses se rencontrent pour parler de prévention

Publié le 18/03/2010




Les représentants des quatre principales religions présentes au Bangladesh se sont rencontrés récemment, une journée entière, pour voir comment la foi des croyants pouvait contribuer à prévenir la propagation du virus du sida. Ils étaient une trentaine de religieux représentant le bouddhisme, le christianisme, l’hindouisme et l’islam à s’être réunis pour mettre sur pied une stratégie préventive en lien avec la morale et les directives de chacune de leurs religions respectives. Cette journée du 12 octobre, intitulée : « Dialogue interreligieux sur les problèmes du sida (HIV/sida) au Bangladesh avait été organisée, en lien avec les Nations Unies, par le Conseil des mosquées du Bangladesh et l’Agence gouvernementale contre le sida (1). Le président du Conseil national des mosquées, le Maulana Abul Kalam Azad, présidait la rencontre qui s’est tenue au Palais des congrès Spectra de Dacca.

D’après le Maulana Azad, la plupart des habitants du Bangladesh, qu’ils soient chrétiens, musulmans, hindous ou bouddhistes, sont des croyants « qui craignent Dieu ». « Si nous, religieux et gens quelque peu instruits, nous prenons l’initiative d’une campagne de prévention contre l’infection, il nous sera facile d’en parler avec eux a déclaré cet homme qui a autorité sur toutes les mosquées du Bangladesh et anime à Dacca un programme télévisé, diffusé par satellite. En tant que religieux musulman, il a parlé du devoir de « pardon » à l’égard des personnes atteintes par le virus du sida, ajoutant que l’imam ou le responsable de la mosquée avait un rôle vital à jouer dans la diffusion des informations sur le virus.

Le P. Tapon D’Rozario, secrétaire de la Conférence des évêques catholiques du Bangladesh (CBCB), était l’intervenant principal du côté catholique, avec le P. Benjamin Costa, principal du collège Notre Dame (2). Le P. D’Rozario a rappelé les différents modes de transmission du virus et dit que le recours au préservatif permettait de réduire le risque d’infection ; il a aussi ajouté que l’usage du préservatif détournait l’union sexuelle de son but ultime, la don de la vie par un homme et une femme. « Suivant notre foi chrétienne, une telle méthode (la prévention du sida par l’usage du préservatif) est controversée a ajouté le secrétaire de la Conférence épiscopale, tout en précisant que « certains prêtres permettent cette méthode si, dans un couple, l’un des deux partenaires est infecté par le virus ». Selon lui, parce que les religieux sont le plus souvent estimés par les fidèles, « ils peuvent jouer un rôle capital dans la prévention de la pandémie du sida en influençant le comportement des gens ».

Le P. Costa, quant à lui, a abordé le problème du pardon à partir de la distinction classique : « Haïr le péché mais non le pécheur ». Dans cette perspective, a-t-il reconnu, les religieux ont un rôle à jouer dans les efforts de prévention, comme les médecins, les infirmières et les employés de ONG qui sont en contact direct avec les patients.

Revenant sur le rôle important des imams, le professeur Kazi Minhazul Alam, responsable du Département de gestion à l’Université municipale de Dacca, a souligné qu’il y avait 3 000 mosquées à Dacca et 250 000 dans tout le pays. « Si chaque imam enseignait les méthodes de prévention à quelque 100 ou 125 personnes chaque vendredi, le message toucherait un nombre incalculable de musulmans a-t-il fait remarquer. Il a proposé également que les éléments essentiels de la prévention anti-virus fassent partie de la formation donnée aux imams chaque année dans le cadre de la Fondation islamique de Dacca.

Bouddhiste, le professeur Sukomol Borua, de l’Université de Dacca, a souligné que, quand il s’agissait de protéger la vie humaine, toutes les religions présentes se trouvaient en harmonie. « La piété, a-t-il ajouté, est un moyen d’exercer un contrôle de soi pour se prémunir contre les mauvaises habitudes, le stress et la maladie. » Quant au représentant de l’hindouisme, Poresh Chandra Mondol, il a insisté sur l’importance de la piété et la prise de conscience d’avoir à protéger la vie humaine des maladies mortelles.

Enfin, Bridget Gomes, médecin catholique, responsable des programmes de lutte contre le sida au sein de l’unité de la Caritas locale responsable de la régulation naturelle des naissances et de la santé publique, a souligné que cette rencontre du 12 octobre était due uniquement à l’initiative de la communauté musulmane qui souhaitait la participation des responsables et des représentants de toutes les religions présentes au Bangladesh. Une telle rencontre, a-t-elle ajouté, représente le lieu idéal pour que les gens partagent les idées-forces de leur foi, leur conception d’une prévention efficace contre l’extension du virus du sida et, pour les catholiques, d’exposer leur point de vue.