Eglises d'Asie

Hongkong : les responsables des Eglises chrétiennes rejettent le plan de réformes politiques du gouvernement de la RAS

Publié le 18/03/2010




Le 8 novembre dernier, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, et le pasteur Ralph Lee Ting-sun, président de l’Eglise méthodiste de Hongkong, ont tenu une conférence de presse commune pour dénoncer en des termes vifs le plan de réformes politiques que le gouvernement de la Région administrative spéciale de Hongkong projette de soumettre au vote des députés du Legco (Legislative Council) en décembre prochain. Jugeant que ce plan est « inutile et non démocratique les responsables chrétiens ont appelé les Hongkongais, quelle que soit leur appartenance religieuse, à descendre pacifiquement dans la rue le 4 décembre en faveur du suffrage universel.

Mgr Zen Ze-kiun a déclaré qu’il était possible de débattre avec le gouvernement si le plan qu’il propose – et qui prévoit de donner aux conseillers d’arrondissements, nommés et non élus, le droit de participer au collège de personnalités chargé d’élire le chef de l’exécutif hongkongais – est une étape en vue de l’instauration du suffrage universel. « Mais, en aucune façon, ce plan ne débouche sur le suffrage universel et, aujourd’hui, le gouvernement nous invite à aller faire du tourisme (en Chine) a dit l’évêque de Hongkong, en une allusion à de récents voyages sur le continent d’élus démocrates et de personnalités religieuses qui y étaient jusqu’ici persona non grata (1). « Mais ce plan est inutile a-t-il ajouté, tout en notant que le chef de l’exécutif, Donald Tsang Yam-kuen, ne disposait que de peu de marge de manouvre. Les décisions ont été prises une fois pour toute à Pékin, a souligné l’évêque, en rappelant que c’est Pékin qui, l’an dernier, a écarté toute réforme éventuelle en vue de l’instauration du suffrage universel (2).

Selon l’évêque de Hongkong, les Hongkongais n’ont plus que la seule solution de descendre dans la rue afin de faire valoir leur point de vue et de se faire entendre par Pékin. Il a disqualifié des remarques que Donald Tsang avait faites quelques jours plus tôt et selon lesquelles le plan de réformes politiques en question ne devait pas être le prétexte à des manifestations publiques. « Je dirais que ce plan n’appelle aucun soutien public a-t-il déclaré.

Le Rév. Lee Ting-sun a ensuite rappelé que, les années passées, les Hongkongais avaient su faire valoir leur point de vue en descendant pacifiquement dans la rue (3) et que ces manifestations ne devaient pas être comprises par Pékin comme un geste de défiance mais seulement comme le mode d’expression d’aspirations démocratiques légitimes. « Si nous ne manifestons pas et ne nous battons pas pour une amélioration du plan de réformes, le progrès à venir de la démocratisation est mal engagé a-t-il déclaré, en soulignant que sa démarche n’engageait pas uniquement l’Eglise méthodiste, mais toutes les dénominations protestantes de Hongkong. L’appel à manifester le 4 décembre prochain est en effet signé du Conseil chrétien de Hongkong, structure réunissant les différentes communautés protestantes de la RAS.

Quelques jours plus tôt, un autre responsable protestant, le Rév. Wong Chun-ting, de l’Eglise congrégationaliste chinoise, avait expliqué que, si les responsables religieux s’exprimaient en tant qu’individu, ils avaient le devoir, en tant que responsables religieux, d’expliquer à leurs fidèles le caractère non démocratique des réformes envisagées par le pouvoir exécutif de Hongkong. Le 2 novembre, Mgr Joseph Zen proposait au gouvernement d’organiser un sondage à vaste échelle auprès de la population de Hongkong pour connaître les aspirations des Hongkongais. « Le référendum est un excellent outil pour permettre aux gens d’exprimer leurs vues. Si le mot référendum est trop sensible, nous pouvons l’appeler différemment et procéder à une vaste enquête d’opinion disait-il (4).