Eglises d'Asie

Shaanxi : dans le diocèse de Hanzhong, les responsables de l’Eglise catholique et les fidèles s’opposent à la municipalité au sujet de la réalisation d’un projet immobilier

Publié le 18/03/2010




Le 24 octobre dernier, Mgr Louis Yu Runchen, évêque du diocèse de Hanzhong (1), dans la province du Shaanxi, a annoncé que la municipalité avait récemment accepté de stopper des travaux relatifs à un projet de développement conclu entre les autorités locales et l’Eglise, sur un terrain appartenant à l’Eglise catholique. Ce changement d’attitude de la municipalité est survenu après que le clergé et les fidèles du diocèse eurent lancé un appel de soutien aux catholiques de Chine et à l’étranger, le 7 septembre dernier. Dans cette lettre, Mgr Louis Yu dénonçait le non-respect du droit de propriété par le Bureau des Affaires civiles de la ville, alors que la protection de ce droit pour les groupes religieux fait officiellement partie de la politique du pays, définie par le Comité central du Parti pour qui “la religion n’est pas une question de faible importance Par conséquent, continuait Mgr Yu dans la lettre, “l’action du Bureau local porte atteinte à l’image du Parti et du gouvernement 

A l’origine, le Bureau et le diocèse étaient parvenus à un accord au sujet de la construction d’un immeuble de rapport sur un terrain d’une superficie de trois mu (2 000 m2) appartenant au diocèse, mais, rapidement, des divergences sont apparues quant à l’estimation de la valeur du terrain, la propriété des différents étages du bâtiment et la répartition des profits tirés de son exploitation. A l’issue de négociations, il avait cependant été convenu que les deux premiers étages du bâtiment reviendraient à l’Eglise. Les responsables du diocèse prévoyaient de louer les espaces du rez-de-chaussée à des commerçants afin de générer des revenus locatifs, nécessaires au fonctionnement de l’Eglise locale. Ce dernier point avait été clairement mis par écrit dans les documents signés par le diocèse et la municipalité. Selon Mgr Louis Yu, le Bureau des Affaires civiles a unilatéralement rompu cet accord et décidé de ne plus accorder “que deux ou trois pièces par étage” à l’Eglise.

Dans la lettre écrite pour introduire l’appel du 7 septembre, l’évêque de Hanzhong a affirmé que l’Eglise a été trompée et humiliée dans cette affaire. Il a souligné que la municipalité poursuivait la construction du bâtiment malgré l’opposition du diocèse. Il a aussi ajouté que les 30 000 catholiques du diocèse étaient prêts à se rendre sur le site en construction si le gouvernement local continuait les travaux sans qu’un nouvel accord soit signé avec le diocèse.

Ces tensions entre les autorités locales et le diocèse de Hanzhong sont à replacer dans le contexte du développement économique de la Chine. Du fait de la décentralisation des pouvoirs après le lancement des réformes il y a vingt-cinq ans, les provinces et les échelons administratifs inférieurs ont gagné en autonomie et ont vu leurs pouvoirs s’accroître de manière considérable, la carrière des fonctionnaires locaux étant désormais liée aux réussites obtenues en matière de développement économique. Dans de nombreuses villes, des terrains et des biens appartenant à l’Eglise ont été confisqués lors de la prise du pouvoir par les communistes puis rendus lors de la mise en place des réformes. Depuis, nombre de ces propriétés immobilières ont fait l’objet de programmes de rénovation, d’embellissement ou de reconstruction. Pour l’Eglise, qui dispose de très peu de ressources financières, c’est là un moyen de créer une source de revenus réguliers. Pour les autorités locales, c’est un moyen de favoriser le développement économique.